Le député du Tarn Philippe Bonnecarrère n’admet pas la décision du Conseil constitutionnel qui durcit l’encadrement de la construction de nouvelles mégabassines.

Loi Duplomb, crise de l’eau et nouveau projet de barrage à Sivens : « Nos agriculteurs sont abandonnés » alerte un député

L'encadrement de la construction de nouvelles mégabassines dans la loi Duplomb relance le débat sur l'utilisation de l'eau particulièrement dans l'agriculture.

Écrit parVirginie Beaulieu

Publié le12/08/2025 à 12h19 https://france3-regions.franceinfo.fr/occitanie/tarn/albi/loi-duplomb-crise-de-l-eau-et-nouveau-projet-de-barrage-a-sivens-nos-agriculteurs-sont-abandonnes-alerte-un-depute-3200292.html#at_medium=5&at_campaign_group=1&at_campaign=occitanie&at_offre=4&at_variant=V2&at_send_date=20250812&at_recipient_id=726375-1497345337-da129e8d&at_adid=DM1133709&at_highlight=

Occitanie

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Dans un tweet, le député du Tarn Philippe Bonnecarrère n’admet pas la décision du Conseil constitutionnel qui durcit l’encadrement de la construction de nouvelles mégabassines. Il pointe les problèmes des déficits d’eau pour les agriculteurs, un sujet sensible en pleine canicule au moment où Emmanuel Macron promulgue la loi très controversée.

Philippe Bonnecarrère @PBonnecarrere81

Le bassin Adour Garonne est en déficit d’eau. En écartant la présomption de raison impérative d’intérêt public majeur (considérant 135) dans un tel cas, le Conseil Constitutionnel laisse nos agriculteurs sans solution.

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Emmanuel Macron a promulgué lundi 11 août la loi controversée Duplomb. Dans le Tarn, le député (non inscrit) Philippe Bonnecarrère ne cache pourtant pas son inquiétude. En effet, un volet de la décision du Conseil constitutionnel publiée le 7 août 2025 a été plus discret que l’interdiction du recours à l’acétamipride : la construction de mégabassines ne peut être « présumée répondre à une raison impérative d’intérêt public majeur« , et cela, visiblement, l’élu ne l’admet pas.

Déficit d’eau, « nos agriculteurs sans solution »

Ce type de projets auraient dû être facilités par la loi Duplomb en qualifiant l’autorisation de ces structures de « raison impérative d’intérêt public majeur » mais le Conseil constitutionnel a formulé deux réserves à leur sujet. Et c’est ce que dénonce le député de la 1ère circonscription du Tarn dans son message posté sur X : « Le bassin Adour Garonne est en déficit d’eau. En écartant la présomption de raison impérative d’intérêt public majeur (considérant 135) dans un tel cas, le Conseil Constitutionnel laisse nos agriculteurs sans solution. »

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« Raison impérative d’intérêt public majeur »

Le grand public connaît surtout la loi Duplomb autour du sujet de l’utilisation de l’acétamipride (un insecticide de la famille des néonicotinoïdes) par le biais de la pétition « Non à la Loi Duplomb — Pour la santé, la sécurité, l’intelligence collective »lancée le 10 juillet et qui a dépassé les 2 millions de signataires.
Mais cette loi, portée par les sénateurs Laurent Duplomb (LR – Les Républicains) et Franck Menonville (UDI – union des démocrates et indépendants), permet avant tout la « simplification de la réglementation agricole« . 
Elle vise, par exemple, à assouplir les seuils des polluantes installations agricoles classées pour la protection de l’environnement (ICPE) pour les élevages intensifs. 
Elle prévoyait également que la construction de nouvelles mégabassines soit considérée comme répondant « à une Raison impérative d’intérêt public majeur » (RIIPM), cela laissait la possibilité d’en construire dans les secteurs où se trouvent des espèces protégées.

Loi Duplomb : le Conseil constitutionnel formule deux réserves d’interprétation pour  l’implantation d’ouvrages de stockage d’eau comme les mégabassines, ces grandes réserves d'eau utilisées en agriculture. Image d'illustration.

Le Conseil constitutionnel a formulé deux réserves d’interprétation pour encadrer la portée de l’article 5 relatif à l’implantation d’ouvrages de stockage d’eau. Ainsi, « la loi ne dispense pas l’autorité administrative compétente de s’assurer, sous le contrôle d’un juge, qu’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante et que la dérogation ne nuit pas au maintien, dans un état de conservation favorable, des populations des espèces concernées dans leur aire de répartition naturelle. »
Lorsque le député Philippe Bonnecarrère souligne dans son post sur X que « le bassin Adour Garonne est en déficit d’eau », il rejoint les certitudes des défenseurs de l’environnement. Nous avons contacté France Nature Environnement à ce sujet.

L’eau, une denrée rare ?

Marie Bomare, juriste de France Nature Environnement Charente-Maritime souligne que « seulement 8 à 10 % des agriculteurs irriguent (dont 1 % connecté à des mégabassines), tous les autres agriculteurs dépendent de l’eau de pluie » et précise « il s’agit de l’accaparement de l’eau par une minorité. »

On prend la situation à contre-sens, on ne connaît pas la quantité d’eau dans les nappes phréatiques. L’eau n’était, jusqu’à présent, pas considérée comme une denrée rare. Tout se joue sur les volumes de prélèvements d’eau.Marie Bomare – juriste France Nature Environnement 17, spécialiste des retenues d’eau

L’eau est désormais qualifiée de « ressource naturelle jusqu’à présent abondante en France » dans l’extrait du bilan environnemental 2024 du gouvernement. Il y est précisé que : « l’agriculture est la première activité consommatrice d’eau avec 58 % du total, devant l’eau potable (26 %), le refroidissement des centrales électriques (12 %), et les usages industriels (4 %). Cette répartition est variable selon les bassins : l’eau consommée est attribuée majoritairement à l’agriculture dans les bassins Adour-Garonne (80 % du total d’eau consommée) ».

À lire aussi :Mégabassines : « Un projet jugé inadapté et coûteux », les opposants manifestent et appellent à une réflexion globale sur la gestion de l’eau

Manque d’eau, des solutions adaptées

Face au manque d’eau, certains cherchent des solutions. Ainsi, le département du Tarn subventionne à hauteur de 80 % du montant, les études environnementales nécessaires pour les agriculteurs souhaitant avoir recours à une retenue d’eau allant jusqu’à 35.000 m3.
Une de nos équipes est allée à la rencontre de François-Xavier Latrille, maraîcher à Cadalen (Tarn), qui bénéficie depuis quelques mois d’une retenue d’eau de pluie de 600 m3 d’eau de pluie et qui affirme : « On a un confort de travail exceptionnel par rapport aux autres années quand on n’avait pas la retenue collinaire ».
Il envisage désormais d’installer un système d’ombrage pour éviter l’évaporation de l’eau du bassin à cause de la chaleur.

La question de l’eau est au cœur des préoccupations de ce département rural. Et un projet symbole des tensions entre besoins agricoles et environnement revient sur le devant de la scène.

Un nouveau projet de barrage à Sivens

Dix ans après la mort de Rémi Fraisse, les autorités relancent l’étude pour construire une retenue d’eau à Sivens dans le Tarn, comme l’a révélé le journal La Dépêche du midi. La création d’un ouvrage dans le cadre du schéma hydraulique du bassin du Tescou est à l’étude. Pour Maryline Lherm, présidente de la régie compétente pour ce projet, elle insiste sur la nécessité d’avancer rapidement sur cette gestion du stockage de l’eau.

Mais les discussions, à l’arrêt, se concentrent principalement sur l’implantation et le dimensionnement de la retenue, des points sensibles pour les associations environnementales qui participent au projet sous conditions strictes. Elles demandent notamment que le projet respecte la zone humide et intègre des pratiques agroécologiques, privilégiant l’amélioration des retenues collinaires existantes. La prochaine réunion de cette instance est prévue pour septembre.

Commentaire Dr Jean SCHEFFER:

Cet ancien Maire d’Albi, ancien sénateur, avocat connait parfaitement les méfaits des méga-bassines. C’est dans son département qu’ont eu lieu les grandes manifestations pour empêcher la construction d’un barrage sur la zone humide de Sivens. Elles se sont terminé par le décès d’un manifestant Rémi Fraisse suite à un tir tendu avec une grenade défensive, action condamnée par la justice récemment après 10 ans de procédure*

Voici une revue de presse à la disposition du nouveau député qui était censé empêcher l’élection du représentant du RN (Frédéric Cabrolier), mais qui vote à l’assemblée comme le RN sur les questions environnementales ! (Loi de simplification, A69…)

Son taux de proximité (votes communs) avec le vote RN est de 63% contre 42% avec les socialistes, 37% avec les écologistes et 34% avec la France Insoumise (https://datan.fr/deputes/tarn-81/depute_philippe-bonnecarrere)

La lecture peut commencer avec le top 5 des contre-vérités **

**Mégabassines: le Top-5 des contre-vérités

« L’eau qui atteint la mer est perdue » : les arguments des pro-bassines battus en brèche

23 mars 2023 

https://basta.media/L-eau-qui-atteint-la-mer-est-perdue-les-arguments-des-pro-bassines-battus-en-breche-pluies-secheresse-nappes-changement-climatique

par  Sophie Chapelle

Alors que la bataille autour des mégabassines fait rage, des arguments mensongers parsèment les réseaux sociaux au sujet du cycle de l’eau. Voici le top 5 de ces contre-vérités, analysées et décortiquées.

 ÉCOLOGIE

Argument bidon n°1 : « Le retour des pluies marque la fin de la sécheresse »

«Il parait que c'est la sécheresse en Bretagne»

« Il paraît que c’est la sécheresse en Bretagne »

Le 11 mars 2023, sur twitter.

« Ce n’est pas parce qu’on a une flaque dans son jardin que la sécheresse est derrière nous » rappelle Serge Zaka, agrométéorologue. Trois types de sécheresse doivent être distingués. Il y a d’abord la sécheresse météorologique qui consiste en un manque de précipitations par rapport à la normale.

Vient ensuite la sécheresse agricole qui se traduit par une humidité faible des sols – jusqu’à deux mètres de profondeur – et qui peut conduire à une baisse des rendements des cultures. Enfin, la sécheresse hydrologique se définit par un manque durable de précipitations avec une baisse du niveau des cours d’eau et des nappes phréatiques.

« Grâce aux pluies de ces derniers jours, 90 % de cours d’eau sont dans un état satisfaisant et les sols agricoles sur les 40 premiers centimètres se gorgent d’eau », indique Serge Zaka à partir des données du site de veille Info-sécheresse. Avec des nuances : des départements comme l’Aude et les Pyrénées-Orientales continuent d’avoir des sols agricoles très secs en raison d’une pluie encore trop rare. En cette fin d’hiver, l’Hexagone est plutôt sorti de la sécheresse agricole. Cela laisse espérer pour les agriculteurs la réussite de leurs semis de printemps et la récolte de fourrage dans les prochaines semaines. La sécheresse n’est pourtant pas derrière nous, bien au contraire.

« La bombe à retardement ? Ce sont les nappes pour la production estivale », ajoute l’agrométéorologue. En dépit des récentes pluies, 80 % des nappes phréatiques sont encore déficitairesLes pluies infiltrées durant l’automne sont très insuffisantes pour compenser les déficits accumulés durant l’année 2022 et améliorer durablement l’état des nappes. « Il faut se préparer à passer un été avec des nappes basses », alerte Serge Zaka. La sécheresse hydrologique est toujours d’actualité.

Argument bidon n°2 : « L’eau qui atteint la mer est perdue »

« Et si on stockait ce surplus d'eau en prévision de l'été plutôt que de le laisser repartir à la mer ?»

« Et si on stockait ce surplus d’eau en prévision de l’été plutôt que de le laisser repartir à la mer ? »

Tweet repéré par le site Bon Pote

En période de pénurie vient l’idée de stocker l’eau quand elle est en excès. L’eau douce qui va la mer est-elle perdue ? « Les précipitations sont en partie issues de la vapeur d’eau formée au-dessus des océans »rappelle Florence Habets, directrice de recherche CNRS en hydrométéorologie« On pourrait considérer que les volumes d’eau dans les océans sont bien suffisants pour pouvoir ne pas restituer toute l’eau douce reçue sans affecter trop fortement ce cycle de l’eau », note-t-elle. Mais ce n’est pas sans conséquence.

« Sur le bassin méditerranéen, qui est une mer quasi fermée, les apports d’eau douce à la mer ont été réduits de plus de 20 % du fait de la construction de barrages ayant créé des réservoirs et de l’utilisation de cette eau pour les activités humaines », illustre Florence Habets. Cette drastique réduction des apports à la mer Méditerranée a eu de nombreux impacts sur la circulation de l’eau dans le bassin méditerranéen, avec des modifications de sa salinité et de sa biodiversité.

La mise en service du barrage d’Assouan, dans les années 1960 en Égypte, a par exemple fortement modifié les débits du Nil et conduit à une réduction drastique de la prise de sardines. Sur la côte du delta du Nil, cette dernière est passée d’environ 15 000 tonnes en 1964 à 4600 tonnes en 1965, année du début de la mise en eau du barrage, puis à seulement 554 tonnes en 1966 [1]. Soit une division des prises de sardines par 27. « Les rivières apportent à la mer de l’eau, des sédiments, et de nombreux autres composants chimiques et minéraux qui sont importants pour la biodiversité des écosystèmes marins et estuaires », rappelle Florence Habets.

Argument bidon n°3 : « Seule “l’eau en excès” est captée dans les mégabassines »

«Pomper l'excédent pour remplir les réserves de substitution»

« Pomper l’excédent pour remplir les réserves de substitution »

Tweet repéré par Bon Pote

Les mégabassines ne se remplissent pas en captant l’écoulement de l’eau, mais uniquement par pompage en nappe et en rivière. L’idée d’« eau en excès » est au fondement de ces mégabassines, appelées réserves de substitution par ses promoteurs. La notion de « substitution » consiste précisément à « prélever l’excédent d’eau l’hiver pour la réutiliser l’été » [2]. « Quand il tombe 100 mm en une demi-journée, cette eau-là file directement à la mer et ne vient pas remplir les nappes. Donc, il faut prélever les excès d’eau », argumentait Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, en août 2022.

Quand peut-on considérer l’eau de la nappe « en excès » ? Ce serait a priori lorsque la nappe déborde sur des zones inhabituelles, ce qui peut favoriser les inondations. En réalité, les mégabassines ne prélèvent pas l’eau lorsque il y en aurait trop. Comme le relève Florence Habets, les « excès d’eau » concernés pour le remplissage des mégabassines ne concernent visiblement pas les épisodes conduisant à des inondations par débordement de nappe. Les seuils fixés par la préfecture autorisent ce remplissage même lorsque la nappe est extrêmement basse, souligne le mouvement des Soulèvements de la Terre en s’appuyant sur des cas précis dans les Deux-Sèvres.

« Les niveaux de nappe choisis pour les prélèvements de substitution sont bien inférieurs au niveau de débordement », constate également Florence Habets. Dans le cas du marais poitevin où des retenues de substitution prélèvent dans la nappe, « les niveaux choisis sont plus proches du minimum observé en hiver que de la cote de débordement ».

Argument bidon n°4 : « En prélevant moins d’eau en été, les bassines améliorent les niveaux des nappes »

Les bassines seraient favorables aux débits des cours d'eau

Les bassines seraient favorables aux débits des cours d’eau

Extrait du rapport du bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), juin 2022

Le rapport du Bureau des ressources géologiques et minières (BRGM), publié en juin 2022 sur le sujet, est régulièrement cité par les promoteurs des mégabassines. Il mentionne qu’en prélevant moins en été, on améliore le niveau des nappes au printemps et en été de l’ordre de 6 %. Certaines rivières pourraient avoir un débit estival 40 % supérieur.

Cette base scientifique est contestée par les collectifs opposés aux bassines, dans une contre-expertise publiée fin janvier. D’après Anne-Morwenn Pastier, autrice d’une thèse en hydrologie et géologie, le modèle numérique utilisé manque de précision sur les niveaux de nappe minimum et maximum. La marge d’erreur serait bien trop élevée pour prendre cette étude au sérieux [3]. Impossible dès lors d’affirmer que les bassines amélioreraient l’état des nappes et des cours d’eau. Autre élément, le rapport ne prend pas en considération le réchauffement climatique.

Suite aux critiques, le BRGM précise, dans un communiqué publié mi-février, que ses simulations ne montrent qu’une « tendance […] à prendre avec précaution ». Il ajoute que « la prise en compte des évolutions climatiques, non simulées dans l’étude, est importante : en effet, la récurrence de périodes de sécheresse hivernale pourrait conduire de manière répétée à des niveaux de nappe inférieurs aux seuils réglementaires, compromettant le remplissage des réserves certaines années ».

Peut-on comparer sur ce point la situation française à ce qui se joue déjà aux États-Unis ? « La Californie revient régulièrement dans l’actualité avec ses incendies et ses barrages à moitié vide : c’est ce à quoi on peut s’attendre dans nos régions si on continue à émettre à ce point des gaz à effet de serre », estime Florence Habets [4]

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Argument bidon n°5 : « Les bassines sont adaptées au changement climatique »

Intervention de Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, le 6 novembre 2022.

Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau défend becs et ongles les réserves de substitution. Il n’hésite d’ailleurs pas à s’appuyer sur les rapports du Groupement intergouvernemental des experts du climat (Giec) pour faire état de l’accentuation des sécheresses dans les années à venir.

Or, que dit précisément le Giec à ce sujet ? « Les réservoirs coûtent cher, ont des impacts environnementaux négatifs, et ne seront pas suffisants partout pour des niveaux de réchauffement élevés » [5]. SUR LE MÊME SUJET

« Vouloir compter sur de grosses retenues artificielles pour faire face aux sécheresses, c’est vraiment une solution de maladaptation », juge Agnès Ducharne, hydrologue et directrice de recherche au CNRS.

La « maladaptation », terme utilisé dans la littérature scientifique, renvoie à des changements engagés contre le réchauffement climatique, mais qui ne font qu’accroître la vulnérabilité de la société face à ce risque. Pour la chercheuse, « ce type de retenue va favoriser la persistance de pratiques agricoles très demandeuses en eau, alors qu’on sait très bien que les ressources en eau vont diminuer ».

Sophie Chapelle

Photo de une : Manifestation contre les méga-bassines le 22 septembre 2021 / © Guy Pichard

Notes

[1] Voir « L’eau qui atteint la mer est une eau perdue » : anthropocentrisme et dégradation des écosystèmes aquatiques, Frédéric Julien, dans « Éthique et environnement à l’aube du 21e siècle : la crise écologique implique-t-elle une nouvelle éthique environnementale ? », Vertigo vol. 10, 2010.

[2] Extrait du rapport Bisch, en page 6

[3] Alors que la marge d’erreur est estimée à 2 centimètres par le BRGM, la valeur d’incertitude se situerait davantage entre 1,20 et 2,2 mètres.

[4] Extrait de sa conférence « Quels impacts du dérèglement climatique sur la ressource en eau ? État des lieux, projections et prévisions », le 8 novembre 2022.

[5] Extrait de la contribution du deuxième groupe de travail au 6e rapport du Giec, Chapitre 13.2.2.2 Water Resources Management

Bonnes lectures monsieur le député:

*https://environnementsantepolitique.fr/2025/02/28/drame-de-sivens-il-aura-fallu-plus-de-dix-ans-et-lappui-de-la-cour-europeenne-des-droits-de-lhomme-pour-que-la-responsabilite-de-letat-francais-dans-la-mort-de-remi-frais/

**https://environnementsantepolitique.fr/2023/04/04/megabassines-le-top-5-des-contre-verites/

***https://reporterre.net/Megabassines-barrages-Le-prix-a-payer-c-est-un-effondrement-de-nos-ecosystemes

https://environnementsantepolitique.fr/2023/05/21/le-lac-illegal-de-caussade-un-reportage-bien-clement-dune-journaliste-de-mediapert-vis-a-vis-des-agriculteurs-de-la-coordination-rurale/

https://environnementsantepolitique.fr/2023/04/01/comme-pour-les-retraites-le-president-ne-va-pas-dans-un-sens-dapaisement-vis-a-vis-des-opposants-aux-megabassines-lagriculture-encore-epargnee-par-le-plan-eau-de-macron-et-par-une-une-volonte-de/

https://environnementsantepolitique.fr/2023/03/30/les-megabassines-posent-le-probleme-du-partage-de-leau-et-de-leurs-consequences-sur-les-nappes-phreatiques/

https://environnementsantepolitique.fr/2023/01/25/megabassines-condamnes-avant-detre-construites-avec-le-changement-climatique-il-va-falloir-que-les-activites-humaines-sadaptent/

Toutes les forces réactionnaires des PO (FDSEA, JA,élus locaux, artisans, dirigeants de stations de ski et même chasseur…) manifestent contre le tribunal administratif limitant les prélèvements d’eau dans le « Têt » https://environnementsantepolitique.fr/2023/01/28/40784/

https://environnementsantepolitique.fr/2023/03/28/le-traumatisme-sainte-soline/

https://environnementsantepolitique.fr/2023/01/20/cest-la-dependance-a-lirrigation-quil-faut-remettre-en-cause-en-changeant-dorientation-agricole-olivier-hebrard-expert-consultant-en-agroecologie-permaculture/

https://environnementsantepolitique.fr/2023/01/15/comment-truquer-le-rapport-dun-organisme-public-le-bureau-de-recherches-geologiques-et-minieres-brgm-a-propos-des-megabassines-des-deux-sevres/

« Retenues de substitution » cela effraye moins que « mégabassines », pourtant avec le pompage des nappes phréatiques c’est toujours inadapté au changement climatique https://environnementsantepolitique.fr/2023/01/10/39730/

https://environnementsantepolitique.fr/2022/12/29/megabassines-laccaparement-dune-ressource-au-profit-de-quelques-uns/

https://environnementsantepolitique.fr/2022/10/30/les-mega-bassines-largent-public-ne-doit-pas-servir-a-sauver-un-modele-insoutenable/

https://environnementsantepolitique.fr/2022/08/14/rarefaction-de-la-ressource-en-eau-bassines-retenues-colineaires-barrages-pompage-de-nappe-phreatique-discours-opposes-de-la-confederation-paysanne-et-de-la-fnsea/

https://environnementsantepolitique.fr/2021/11/24/il-faut-arreter-la-construction-des-megabassinesen-poitou-charentes-assechement-des-nappes-phreatiques-et-pollution-de-lagriculture-industrielle/

https://environnementsantepolitique.fr/2021/11/11/les-bassines-des-deux-sevres-font-polemique/

https://environnementsantepolitique.fr/2021/10/24/16-seize-reservoirs-deau-geants-destines-a-lagriculture-a-debute-fin-septembre-pres-du-marais-poitevin/

https://environnementsantepolitique.fr/2021/10/21/varenne-agricole-de-leau-une-parodie-de-consultation/

https://environnementsantepolitique.fr/2020/09/19/stocker-en-surface-les-pluies-dhiver-en-prevision-de-lete-est-une-idee-denoncee-par-les-hydrologues-qui-defendent-au-contraire-une-recharge-des-nappes-souterraines/

https://environnementsantepolitique.fr/2020/09/11/bassines-et-barrages-une-mauvaise-solution-les-hydrologues-defendent-au-contraire-une-recharge-des-nappes-souterraines/

***Mégabassines, barrages… « Le prix à payer, c’est un effondrement de nos écosystèmes »

Par Lorène Lavocat

25 octobre 2024 à 15h53Mis à jour le 28 octobre 2024 à 15h22

Pour la chercheuse Julie Trottier, les infrastructures d’irrigation sont une « maladaptation » au changement climatique. « Il faut sortir de cet imaginaire porteur de sa propre perte », car se passer d’irrigation, c’est possible !

Rémi Fraisse, jeune botaniste tué par un gendarme dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, se battait contre la construction d’un barrage pour l’irrigation agricole : le barrage de Sivens, dans le Tarn. Cet ouvrage — abandonné après la mort du manifestant —, tout comme les mégabassines, s’inscrivent dans un modèle agricole du passé, dit Julie Trottier, directrice de recherche au CNRS et spécialiste de l’irrigation : « Il faut sortir de cet imaginaire sociotechnique qui est porteur de sa propre perte. »
Reporterre — Il y a dix ans, Rémi Fraisse était tué, victime d’un tir de grenade… mais aussi victime d’un conflit exacerbé autour de l’eau. Comment analysez-vous ce qui s’est passé autour du barrage de Sivens 

Julie Trottier — À Sivens, des imaginaires sociotechniques antagonistes s’affrontaient. D’un côté, on avait des gens, comme Rémi Fraisse, qui pensaient l’eau comme un flux, en interaction avec de multiples formes du vivant — humain et non-humain. De l’autre côté, on avait des personnes, principalement des agriculteurs, qui percevaient l’eau comme une ressource, dans le cadre d’un processus économique. Ces deux imaginaires étaient complètement incompatibles, d’où le conflit. C’est toute l’ambiguïté de l’eau, qui fait partie du vivant mais qui est aussi considérée comme une marchandise.



Depuis, les conflits autour de l’eau se sont multipliés en France — mégabassines, neige artificielle, mise en bouteilles, pollution aux pesticides. C’est devenu un sujet de lutte, à tel point que certains parlent de « guerre de l’eau ». Qu’en pensez-vous 

À l’échelle mondiale, des recherches scientifiques ont montré qu’il n’y avait pas de guerre interétatique pour l’eau. Au contraire, plus il y a des problèmes d’eau, plus il y a des coopérations entre États. On l’a vu notamment entre l’Inde et le Pakistan, pays régulièrement en conflit, mais qui ont su collaborer autour de la gestion du fleuve Indus. Ils y sont parvenus car ils partagent le même imaginaire sociotechnique, avec cette idée d’une ressource à contrôler, à canaliser, avec des barrages.

Localement, en revanche, on voit des conflits se multiplier et surtout se durcir, comme à Sainte-Soline. Là encore, il s’agit d’un affrontement entre deux imaginaires antagonistes. Le collectif Bassines non merci considère l’eau comme un flux vital pour la vie des écosystèmes. De l’autre côté, la réflexion est purement économique et court-termiste.



Le barrage (abandonné) de Sivens et les mégabassines sont des retenues d’eau pour l’irrigation du maïs. Ces infrastructures sont pointées par les militants comme une maladaptation au changement climatique. Êtes-vous d’accord 

Ce sont des maladaptations dans le sens où elles visent à perpétuer un système arrivé à bout de souffle. Avec le changement climatique, les températures moyennes augmentent, ce qui va avoir un impact sur les régimes pluviométriques. Même s’il existe encore de nombreuses incertitudes, on doit s’attendre à des périodes de sécheresse plus grandes et un changement dans le régime des pluies. Il va donc falloir s’adapter.

Une des réponses consiste à vouloir continuer comme aujourd’hui, dans un modèle agricole mis en place après la Seconde Guerre mondiale, grâce à des technologies telles que les mégabassines. Le problème, c’est que cette solution ne permettra qu’à quelques acteurs de s’en sortir. Une mégabassine résout le problème de l’accès à l’eau pour une minorité, qui peut continuer à cultiver du maïs… mais laisse de côté la majorité des agriculteurs.

Dans la lutte contre le barrage de Sivens comme dans celle de Sainte-Soline, «  il s’agit d’un affrontement entre deux imaginaires antagonistes  » : d’un côté l’eau est un flux vivant, de l’autre une ressource économique. Flickr / CC BY-NC-ND 2.0 / Metronews Toulouse

Quand on crée une mégabassine, on pompe dans les nappes phréatiques pour la remplir [1] : or l’eau qu’on a retiré de l’aquifère aurait dû continuer son chemin. L’eau dans le sol n’est pas une ressource immobile, enfermée dans une poche : elle poursuit une trajectoire. Elle alimente toute la biodiversité dans le sol, puis dans les zones humides, comme le marais poitevin. Quand elle arrive à la mer, elle apporte des nutriments essentiels aux écosystèmes côtiers. 24 % de la biodiversité du monde est dans le sol : elle est cruciale, car c’est elle qui permet aux plantes et aux écosystèmes terrestres de vivre. Les champignons connectés aux racines — les mycéliums — agissent comme de minicanaux qui acheminent l’eau souterraine jusqu’à l’intérieur des cellules des racines des plantes.

« 24 % de la biodiversité du monde est dans le sol » 

Bref, ce chemin de l’eau est essentiel à la vie, et quand on construit une mégabassine, on arrête cette trajectoire. In fine, on transforme le sol en désert. Tout ça pour produire du maïs qui sera vendu à l’autre bout de la Terre. Le prix à payer pour ces infrastructures d’irrigation, c’est un effondrement de nos écosystèmes en France. Il faut sortir de cet imaginaire sociotechnique qui est porteur de sa propre perte.



Si on vous suit, l’imaginaire qui sous-tend le modèle des mégabassines paraît basé sur une mauvaise compréhension des cycles de l’eau… 

Il y a trois grandes confusions autour de l’eau, largement partagées et diffusées. Premièrement, on voit généralement l’eau comme un stock, et pas comme un flux. Or quand on la perçoit comme un stock, on peut se dire qu’il s’agit juste de la répartir, de la partager entre tel et tel acteur. Non, l’eau n’est pas un gâteau. C’est un flux qui interagit avec nombre d’êtres vivants, humains et non-humains, dans l’espace et le temps.

Deuxièmement, on confond bien souvent consommation et utilisation de l’eau, alors que ça n’a rien à voir. Quand on se lave les mains au robinet, on utilise l’eau mais on ne la consomme pas, car elle finit par retourner dans le milieu naturel, après épuration. Il n’existe que trois manières de consommer l’eau : quand elle s’évapore, quand elle est transpirée — les plantes étant les principales « transpiratrices » — ou quand elle rejoint la mer. Ça ne veut pas dire qu’elle est gaspillée, mais qu’elle ne sera plus utilisable par d’autres êtres vivants dans la partie terrestre de son cycle. On devra attendre qu’elle revienne à cette portion terrestre, sous forme de précipitation, pour qu’elle puisse à nouveau y être utilisée. 

Donc l’objectif devrait être de multiplier les utilisations de l’eau avant que celle-ci ne soit consommée. Cela signifie la faire sinuerla faire méandrer, sous la surface du sol, pour qu’elle soit utilisée — puis restituée aux milieux — par un maximum d’êtres vivants.

La troisième grande confusion, c’est de considérer qu’un besoin en eau est synonyme d’une demande. Pas du tout. Quand des promoteurs de golf disent qu’ils ont besoin d’eau, c’est faux : ils expriment une demande économique. Un besoin est physiologique : le ver de terre a besoin d’une certaine quantité d’eau pour ne pas mourir. La demande, c’est la quantité d’un bien qu’une population est prête à acheter pour un prix donné : il s’agit d’un concept économique. On peut gérer et moduler une demande, pas un besoin.

Un exemple : le beurre Charente Poitou correspond à une Appellation d’origine protégée, et sa production répond donc à un cahier des charges. Aujourd’hui, celui-ci stipule que les vaches doivent manger une grande portion de maïs au sein de leur alimentation. Il suffit de changer une ligne de ce cahier des charges, en mettant « herbe » à la place de « maïs ». Les vaches seront ravies, et la demande économique en eau pour irriguer le maïs diminuera.



Ces crispations autour de l’eau prennent place dans un contexte de crise et de très grande vulnérabilité du monde agricole. Comment répondre à la détresse des agriculteurs tout en respectant les besoins de chacun en eau 

Les agriculteurs sont coincés dans un modèle post-Seconde Guerre mondiale, dont ils ont hérité. Beaucoup sont pris à la gorge et produisent juste assez pour rembourser la banque. Mais ce n’est pas en les poussant dans ce modèle à bout de souffle qu’on va les aider. Il faut leur offrir des portes de sortie, comme par exemple ce que propose Eau de Paris en rémunérant les paysans qui passent au bio. Les mégabassines font le contraire : elles enferment les agriculteurs dans une impasse.

Eau de Paris tente de limiter toutes les activités qui pourraient contaminer l’eau. En premier lieu : les activités agricoles.

On peut développer des modes d’agriculture en se passant d’irrigation, mais ça implique beaucoup de choses : par exemple, reformuler la politique agricole commune pour que les primes ne soient plus attribuées en fonction de la surface mais du nombre d’emplois générés.



Quelle serait, selon vous, une meilleure gouvernance de l’eau 

Il existe aujourd’hui un cadre de gouvernance de l’eau en France, à travers les Schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (Sdages) entre autres. C’est un cadre précieux, mais imparfait.

On aurait pu éviter le drame de Sivens si on avait eu un autre processus de décision. L’idée serait de reconstruire une « tenure » de l’eau au niveau local. La tenure de l’eau désigne l’ensemble des interactions entre les êtres humains autour de l’eau, dans un territoire donné. Il peut s’agir des interactions formelles, à travers les Sdages [2], mais aussi informelles, comme les tours d’eau, les accords oraux autour d’une source partagée…

Il s’agit donc de rendre toutes ces interactions visibles, et de construire une vision d’ensemble et partagée, pour ensuite prendre des décisions collectives. Il faut bien entendu accompagner les habitants dans ce travail, par exemple avec des projets de sciences citoyennes. Dans les Cévennes, nous commençons un travail avec les habitants de Mandagout (Gard) pour recenser tous les aménagements hydrauliques — sources, canaux —, mesurer l’humidité des sols, décrire l’ensemble des règles, tacites ou non, autour de l’eau… C’est avec ce type de démarche qu’on pourra déminer les conflits — et éviter des drames comme à Sivens ou à Sainte-Soline [dans les Deux-Sèvres, plusieurs manifestants avaient été grièvement blessés par les forces de l’ordre].

Sivens : dix ans après où en est-on ?

Un projet de territoire pour la gestion de l’eau sur le bassin versant du Tescou (PTGE Tescou) est en élaboration depuis 8 ans (2017 – 2025)

https://www.collectif-testet.org

Le risque d’un passage en force  pour imposer un nouveau barrage à Sivens est au plus haut !

Il y a quelques jours, nous avons appris qu’un rapport, communicable dès août 2023, a été rédigé par les 2 experts nommés en 2021 par Bérangère ABBA, secrétaire d’Etat à la Biodiversité, afin d’aider à surmonter les tensions au sein du projet de territoire. Ces tensions se cristallisaient autour d’un protocole prétendument validé en assemblée.

Aujourd’hui, c’est un appel d’offre pour une étude à projet qui est lancé sans notre consentement, ce qui est contraire à notre règlement intérieur du PTGE Tescou.

Le rapport caché aux acteurs du projet de territoire s’intitule « Appui à I‘aboutissement du projet de territoire pour Ia gestion de l’eau du bassin versant du Tescou – Un travail de co-construction à valoriser ».

Le Préfet en poste à ce moment-là nous avait pourtant affirmé qu’il n’y aurait pas de rapport !

Deux questions se posent : Qui l’a caché ? Pourquoi ?

 Qui ? nous n’en saurons probablement rien. Mais pourquoi ? cela nous paraît évident à la lecture de ce rapport !

Pour exemples (et il y aurait beaucoup à écrire) :

  • Il nous a été soutenu que le Projet de Territoire du Tescou était dispensé d’un diagnostic initial, préalable à tout scénario envisagé. Le rapport contredit formellement cette affirmation.

Il est écrit : « La mission formule plusieurs recommandations pour parvenir à mettre en œuvre un PTGE sur le bassin du Tescou. Il est incontournable de répondre aux attendus des instructions du Gouvernement relatives au PTGE – celle du 7 mai 2019 et son additif du 17 janvier 2023 – sans chercher à faire valoir des exceptions au titre de l’antériorité des réflexions menées sur ce territoire. »

  • Le volume de 800 000 m³, avancé dans le protocole que nous avons refusé de valider, partait de l’hypothèse que le volume de besoins pour l’irrigation estimé à 473 000 m3 et le volume nécessaire au milieu, évalué à 200 000 m3 s’additionnaient. Là aussi, le rapport dément cette affirmation.

Il est notamment précisé que : « le volume de 200 000 m³ qui est qualifié de « volume pour le milieu » est en réalité presque totalement un volume destiné à compenser les prélèvements d’eau effectués en période d’étiage dans les cours d’eau et nappes connectées du Tescou non réalimenté. L’addition de ce volume avec celui des prélèvements pour l’irrigation du projet est inappropriée. »

Ce sont deux exemples parmi de nombreux autres qui nous permettent de comprendre les raisons pour lesquelles ce rapport nous a été caché. Il aura fallu faire appel à la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA), pour l’obtenir ! Ce rapport est aujourd‘hui accessible sur Internet.

Une autre question à se poser : qui avait connaissance de ce rapport ?

Ce qui nous paraît certain, c’est qu’au sein du projet de territoire s’expriment 2 visions de l’avenir clairement différentes :

  • Une vision courtermisme basée sur la poursuite de la « course au toujours plus » et la croyance en une croissance infinie.
  • Une vision consciente du fait que nous atteignons les limites de ce que peut supporter notre planète et qu’il est nécessaire d’évoluer vers la sobriété, avec la prise en compte des retenues existantes, en favorisant la réutilisation, d’aller vers une agriculture respectueuse des sols et des paysans, indispensables à notre société.

Ce sont aussi ces 2 visions qui s’affrontent également concernant  l’autoroute « A69 ».

Malheureusement de nombreux élus restent dans la vision du « toujours plus », nous conduisant vers le désastre.

Au sein du projet de territoire nous continuons à défendre une issue préservant la zone humide du Testet et un accès à l’eau aux quelques agriculteurs qui en ont besoin. Il est à noter que, selon les données de l’OUGC, seulement 4 ont de réelles difficultés d’accès à l’eau et 13 demandent plus d’eau mais ont déjà une retenue.

Aujourd’hui, nous avons décidé de porter sur la place publique ces 2 visions, afin d’espérer trouver un avenir soutenable et désirable pour ce territoire de la vallée du Tescou.  

Une cagnotte a été ouverte sur Hello asso pour financer cette campagne de communication.

 Pour accéder à la cagnotte (https://www.helloasso.com/associations/collectif-pour-la-sauvegarde-de-la-zone-humide-du-testet/formulaires/1)

Les deux scénarios:

https://www.collectif-testet.org/uploaded/2025/Support_communication/sivens-panneaux-a0-version-numerique.pdf

Sivens Acte 2 : des solutions préservant la zone humide du Testet existent

https://www.collectif-testet.org/actualite-474-sivens-acte-2-des-solutions-pry-servant-la-zone-humide-du-testet-existent.html

Vendredi 10 janvier 2025, une table ronde était organisée au musée de Lisle-sur-Tarn à l’occasion du dixième anniversaire du massacre des dessinateurs et collaborateurs de Charlie HEBDO, victimes, il a y a 10 ans de l’intolérance, de la radicalité religieuse, rejetant caricature, humour et liberté d’expression.

Faisant écho à ce souvenir, un petit rassemblement se tenait devant l’édifice communal.

Les personnes rassemblées usaient de leur liberté d’expression.

Elles présentaient chacune une affiche d’hommage en y associant une caricature du dessinateur SAMSON représentant un barrage à Sivens sur la digue de laquelle est inscrit « Barrage Rémi Fraisse » avec une personne qui déclare « Comme je le dis toujours : gouverner, c’est faire des compromis ».

D’autres dessins réalisés par des dessinateurs de Charlie, dont certains par des dessinateurs assassinés durant les attentats de 2015, étaient montrés aux personnes allant assister à la table ronde, qui s’arrêtaient pour échanger.

L’objectif de cette action était de dénoncer le passage en force des pro-barrage pour imposer un nouveau barrage à Sivens alors que d’autres solutions existent, respectueuses de l’environnement et des zones humides. Elles existent, pourvu qu’on prenne en compte les ressources existantes et potentielles et le développement de l’agroécologie permettant de réduire les besoins d’irrigation.

La présence des forces de l’ordre dans le cadre de la prévention des actes terroristes a côtoyé l’expression pacifique et la bonne humeur des manifestants.

Aucun incident n’est à déplorer, hormis le filtrage des entrées du musée, à la « tête du client »,  par Madame le maire, sous le prétexte fallacieux de la nécessité d’inscription, qui a choqué les personnes rejetées.

Nul doute que les humoristes avaient là matière à  bons dessins, s’amusant que dans les libertés l’on puisse trier les gens selon le bon vouloir de l’édile de la commune. Bête et méchant.

Les alternatives au barrage de Sivens :

Concernant l’agriculture

Les objectifs fixés au barrage sont de sécuriser les revenus, sécuriser et diversifier les productions. Pour atteindre les mêmes objectifs, voici des alternatives moins chères et plus efficaces à long terme que les pouvoirs publics doivent soutenir :

Des contrats de longue durée avec les collectivités territoriales pour fournir la restauration collective

De nombreux agriculteurs de la vallée du Tescou (éleveurs, maraichers, céréaliers…) peuvent fournir les cuisines centrales qui préparent les repas pour les collèges, les lycées, les écoles primaires, les résidences de personnes âgées, etc. L’argent public doit servir à structurer les filières notamment à investir dans les infrastructures (abattoirs, légumeries, stockages…) car seule cette alternative garantit des revenus stables et rémunérateurs aux agriculteurs sur le long terme. Elle répond aussi aux attentes de la population (relocalisation de l’économie, alimentation de qualité, réduction des transports de longues distances…).

En savoir plus…

Les économies d’eau à travers le choix des cultures (sorgho, tournesol…), le choix variétal (maïs à cycle plus court…), des pratiques agronomiques (couverture agro-végétale, agroforesterie…) et des pratiques d’irrigation adaptées (utilisation du matériel, performance des équipements…). 

Voir 5 courts-métrages illustrant ces propositions.

Des petites réserves d’eau au niveau des fermes qui en sont dépourvues

Ces réserves (20 000 à 50 000 m3) seraient hors cours d’eau et remplies en hiver/printemps avec interdiction de prélever pendant l’étiage.

Concernant le « soutien d’étiage » 

30 % de l’eau du barrage ont été prévus en 2001 pour diluer des pollutions. La principale pollution n’existe plus depuis 2006.  Les pollutions restantes (agriculture chimique, stations d’épurations), beaucoup plus faibles, doivent être réduites à la source. Le Tescou est un ruisseau qui a, naturellement, un débit faible pendant l’été mais reste suffisant pour la vie aquatique comme le démontre la pêche électrique menée sur une centaine de mètres le 25/11/13. Dans les filets : 73 lamproies de Planer, 92 goujons, 51 vairons, 8 chevennes, 1 perche et 7 loches.

Pour améliorer le soutien d’étiage, il faut :

  • mettre aux normes les 185 retenues collinaires du bassin afin qu’elles respectent le débit réservé (débit minimum réservé à la rivière en aval).
  • empêcher les comportements égoïstes de certains irrigants qui conduisent à assécher le Tescou (source CACG 2001 & Jeanne 2010)

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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