Commentaires Dr Jean SCHEFFER
Il y a 12 ans la Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité avait édité un tableau comparatif lors de ses assises à Decazeville
« L ‘exemple même de ce qu’il ne faut pas faire, mettre la charrue avant les boeufs »
Comment faire comprendre à des élus, et aux usagers que maison de santé libérale pluri-professionnelle et centre de santé public sont deux structures très différentes.
Souvent les maisons de santé pluri-professionnelles ressemblent plus à une usine à faire du fric qu’à une maison de santé élaborée avec un projet de santé en accord avec l’agence régionale de santé, comme cela doit être au minimum le cas. Il faut cependant reconnaitre que certaines maisons de santé pluri-professionnelles sont proches dans l’esprit des centres de santé publics, avec actions de prévention, d’éducation sanitaire, un projet de santé et un contrat passé avec l’ARS, pas de dépassements…
L’avantage d’un centre de santé public, c’est le tiers payant, l’absence de dépassements d’honoraires, un projet de santé répondant aux besoins du territoire et élaboré démocratiquement avec élus, usagers, professionnels de santé et médico-sociaux.
Les centres de santé publics sont davantage destinés à diminuer les déserts médicaux, ce qui n’est pas toujours le cas des maisons de santé libérales. Mais les deux ne sont pas le remède miracle pour les faire disparaitre, ces déserts étant en plus multiples (déserts hospitaliers, PMI et crèches, médecine scolaire et universitaire, médecine du travail, santé publique, santé pénitentiaire…Seul « un clinicat assistanat pour tous » pourrait améliorer rapidement la situation (« Vision Globale -Solution globale »: https://1drv.ms/w/s!Amn0e5Q-5Qu_sAoKetf_T8OKk2Io?e=GfjeRj?e=4YzGt2)
La différence entre maison de santé libérale et centre de santé public est bien synthétisée sur le tableau de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité (tableau ci-dessous).
Bien sûr des jeunes peuvent être intéressés par une activité dans une maison de santé libérale, mais les frais de location élevés, ne peuvent que les inciter à multiplier les actes, à faire des dépassements d’honoraires. Le financement par un promoteur privé est bien loin de l’intérêt général des patients et des besoins de santé réels du territoire.
Il faut noter ces dernières années la création ou l’aide à la création de centres de santé publics par des départements (Saône et Loire, Orne, Yonne) des régions (Occitanie…), des villes (Grenoble, Paris…).
Mais pour brouiller les cartes depuis 2018, les centres de santé peuvent être créés pars des cliniques lucratives. Depuis 2 ans ont voit se créer à l’initiatives de grands groupes à but lucratif ( Ramsay santé, ) des centres de santé avec des médecins salariés, des unités de soins non programmés (Ramsay, Vivalto, Urgencemed du groupe Santé Cie) dont le but principal est de faire du profit. On est loin de l’éthique des centres de santé publics.
En outre, ces centres de santé et ces unités de soins non programmés sont une porte d’entrée pour un recrutement ultérieur vers les grosses unités de soins du même groupe, clinique lucrative ou Hôpital privé.
Ramsay Santé: Centres de santé en Rhône-Alpes à Pierrelatte (26), Oyonnax (01) et Bourg-de-Péage (26) ; En Île-de-France à Argenteuil (95) et Ris-Orangis (91), Saint Ouen, En quelques mois, Ramsay Santé a ouvert 11 ANP, rebaptisés « SOS Soins Urgents »d’ accueil non programmé à Paris 13e « Les Peupliers », en PACA à Montélimar , en Île de France à Saint-Ouen… Urgencemed du groupe Santé Cie: Paris, Créteil, Bégles, 4 à Marseille, Montpellier, Avignon, Dijon Vivalto santé n’est pas en reste: 14 « unités » de soins non programmés à ce jour Bretagne 29 – Finistère Morlaix : Clinique de la Baie, 35 – Ille-et-Vilaine, Saint-Malo : Clinique de la Côte d’Emeraude, 56 – Morbihan Pontivy : Polyclinique de Kério
Hauts-de-France 62 – Pas de Calais Coquelles : Clinique des 2 Caps, Saint-Martin-Boulogne : Centre MCO de la Côte d’Opale Île-de-France 78 – Yvelines Mantes-la-Jolie : Clinique de la Région Mantaise, Saint-Germain-en-Laye : Clinique Saint-Germain Normandie 14 Calvados Vire clinique Notre Dame, 50 – Manche Avranches : Hôpital Privé de la Baie, Bois-Guillaume : Clinique Saint-Antoine, Dieppe : Clinique Mégival Nouvelle-Aquitaine 16 – Charente Saintes : Clinique Richelieu Pays de la Loire 49 – Maine-et-Loire, Cholet : Polyclinique du Parc
ATTENTION : tout n’est évidemment pas systématique et toute structure sanitaire regroupée est déjà un progrès.
– la qualité des professionnels est généralement bonne dans les deux structures, personne ne remet en cause leur intégrité et professionnalisme.
– l’implication des professionnels n’est pas directement liée à la forme du regroupement.
– il y a quelques maisons de santé qui font comme les centres : participation des usagers, protocole de santé les prenant mieux en compte…
– il y a de bonnes maisons de santé et il y a de mauvais centres de santé
Mais le bon sens (tenir compte des évolutions des demandes des jeunes en formation), la primauté et la cohérence du choix public, l’exigence d’un accès aux soins pour toutes et tous au moindre coût et impliquant le plus les patients font pencher nettement en faveur du centre de santé par rapport aux maisons et cabinets de groupes.
Bibliographie récente:
Un exemple dans l’Albigeois (Lescure) d’une maison de santé pluridisciplinaire libérale
Lescure-d’Albigeois. Une maison de santé très appréciée des Lescuriens
Les Lescuriens peuvent compter sur de nombreux professionnels de santé. Photo DDM
Publié le 05/01/2023 à 05:09
https://www.ladepeche.fr/2023/01/05/une-maison-de-sante-tres-appreciee-des-lescuriens-10905162.php
Les Lescuriens bénéficient d’une maison de santé pluridisciplinaire, qui permet d’améliorer la prise en charge des patients, de diversifier l’offre des soins, d’accueillir de nouveaux praticiens et de faciliter la coordination entre professionnels. Les praticiens nous ont reçus et répondu à nos questions.
Un mot sur le fonctionnement de cette maison de santé pluridisciplinaire ? Nous regroupons plusieurs professionnels de santé avec deux médecins généralistes, une sage-femme et une infirmière. Un cabinet d’infirmiers libéraux, la pharmacienne, la pédicure podologue et la psychologue font également partie de la maison de santé.Quels en sont les avantages ?
À l’heure actuelle et sachant les difficultés que traverse la médecine de ville, il est important de se rassembler pour travailler à plusieurs, et ce pour une meilleure prise en charge des patients et pour le bien-être des professionnels de santé. Nous nous réunissons lors des réunions pluriprofessionnelles pour échanger autour des patients complexes et afin de créer des projets de santé publique.
Et ce qui change pour les patients ? Nous travaillons avec un logiciel médical partagé, ce qui permet à tous les praticiens de la Maison de santé pluridisciplinaire (MSP) d’avoir accès aux dossiers médicaux. Ainsi un patient peut être pris en charge par tous les praticiens de la MSP.Allez vous prendre de nouveaux patients lescuriens ou d’autres communes ?
Pour l’instant, malheureusement, les médecins généralistes ne peuvent pas prendre de nouveaux patients. Nous essayons de tout mettre en œuvre pour répondre à la difficulté d’accès aux soins pour les patients sans médecin traitant de la commune. En effet, nous espérons pouvoir attirer deux nouveaux médecins généralistes dans les prochains mois. Le travail en équipe pluridisciplinaire et les nouveaux locaux modernes sont des arguments attractifs forts pour attirer de jeunes médecins dans notre territoire. Nous sommes persuadés que ce travail va porter ces fruits, et nous demandons juste un peu de patience aux habitants de Lescure.
Et financièrement, cela se passe comment ?Cette maison de santé est financée en grande partie par la mairie de Lescure avec l’aide de subventions du département du Tarn et de l’état. Les professionnels présents dans le bâtiment payent un loyer à la mairie en tant que locataire des lieux.
Alain Rey
Santé-Environnement-Politique 