Baromètre de Santé publique France (SPF): « De la naissance à la fin de vie, les inégalités socio-économiques pèsent sur les parcours de soins. »

« L’état de santé des Français toujours très marqué par les inégalités sociales »

 Date de publication : 12 décembre 2025 https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=9abc8775f85cb944db1af1ff82be48b4&id_newsletter=22996&liste=0&site_origine=revue_mediscoop&nuid=44baf5968540a6248a8065e80f2f7273&midn=22996&from=newsletter

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Mattea Battaglia et Pascale Santi remarquent dans Le Monde : « De la naissance à la fin de vie, les inégalités socio-économiques pèsent sur les parcours de soins. On ne compte plus les alertes, de chercheurs comme de médecins, sur ces écarts qui touchent à la santé de la population, entre ses franges les plus aisées et celles qui le sont moins. L’édition 2024 du baromètre de Santé publique France (SPF) […] permet d’en mesurer l’étendue ».
Les journalistes indiquent ainsi que « 35.000 personnes, âgées de 18 à 79 ans, ont été interrogées, entre février et mai 2024, autour de 20 grands enjeux de santé publique, sur leurs habitudes de vie, leurs connaissances et la perception de leur état de santé. La photographie qui en ressort comporte des «nouvelles encourageantes» mais révèle aussi de «grands défis» ».
Stéphanie Vandentorren, épidémiologiste chez SPF, a souligné : « On observe l’existence d’inégalités socio-économiques de façon systématique pour l’ensemble des critères de santé étudiés ».
Mattea Battaglia et Pascale Santi relèvent notamment que « si les personnes interrogées sont plus de deux sur trois (68%) à déclarer une «bonne» ou une «très bonne» santé générale, le ratio atteint 82,5% parmi les individus à l’aise financièrement, contre 50,4% pour ceux qui déclarent une situation financière difficile ».
Les journalistes poursuivent : « La prévalence du tabagisme continue de baisser depuis 2016, avec 24% de fumeurs chez les 18-79 ans. Ils étaient 32% à déclarer fumer en 2021, mais sur une tranche d’âge différente (18-75 ans). Quant au vapotage, 7,9% des personnes sondées déclarent vapoter en 2024 (6,1% quotidiennement), une tendance qui augmente depuis 2016 ».
Mattea Battaglia et Pascale Santi précisent que « la proportion de fumeurs quotidiens est 2,1 fois plus élevée parmi les ouvriers que parmi les cadres (25,1%, contre 11,8%), et trois fois plus élevée parmi les personnes se déclarant en difficulté financière (30%) que parmi celles qui se disent à l’aise financièrement (10%) ».
« Concernant l’alcool, c’est chez les catégories sociales les plus favorisées, sur le plan des diplômes et de la situation financière perçue, que la consommation apparaît le plus élevée. La part d’adultes dépassant les repères (pas plus de deux verres par jour, pas plus de dix par semaine et plusieurs jours sans consommation dans la semaine) est de 26% parmi les diplômés, contre 19,3% parmi ceux qui ont un niveau inférieur au baccalauréat ou qui sont non diplômés », notent les journalistes.
Mattea Battaglia et Pascale Santi continuent : « Sur la santé mentale, […] les enseignements rejoignent, sans surprise, ceux des nombreuses enquêtes préexistantes. En 2024, «16% des adultes ont vécu un épisode dépressif caractérisé, 1 adulte sur 20 a eu des pensées suicidaires», a rapporté Jean-Baptiste Richard, responsable des enquêtes chez SPF ».
Les journalistes évoquent en outre la vaccination : « En 2024, 80% des personnes participant au baromètre se sont dites favorables à la vaccination. Le ratio peut sembler élevé, mais la baisse est marquée par rapport au début des années 2000 : ils étaient alors 90% à se positionner en ce sens. Le recul s’observe quel que soit le niveau social ».
« Autant d’éléments qui incitent de plus en plus à «des politiques ciblées, des actions de prévention», insiste Caroline Semaille, directrice générale de SPF », concluent Mattea Battaglia et Pascale Santi.

L’état de santé des Français toujours très marqué par les inégalités sociales

Santé mentale, alcool, tabac, sommeil, sédentarité… Santé publique France a publié, jeudi, un baromètre ayant impliqué 35 000 adultes en 2024. Dans cette photographie statistique des comportements, opinions et connaissances en lien avec la santé, le gradient social pèse fortement. 

Par  et Publié le 11 décembre 2025 à 19h32, modifié le 11 décembre 2025 à 23h28

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De la naissance à la fin de vie, les inégalités socio-économiques pèsent sur les parcours de soins. On ne compte plus les alertes, de chercheurs comme de médecins, sur ces écarts qui touchent à la santé de la population, entre ses franges les plus aisées et celles qui le sont moins. L’édition 2024 du baromètre de Santé publique France (SPF), rendue publique jeudi 11 décembre, permet d’en mesurer l’étendue.

Santé mentale, alcool, tabac, sommeil, sédentarité… Au total, 35 000 personnes, âgées de 18 à 79 ans, ont été interrogées, entre février et mai 2024, autour de 20 grands enjeux de santé publique, sur leurs habitudes de vie, leurs connaissances et la perception de leur état de santé. La photographie qui en ressort comporte des « nouvelles encourageantes » mais révèle aussi de « grands défis », ont fait valoir les porte-parole de SPF, jeudi.

« On observe l’existence d’inégalités socio-économiques de façon systématique pour l’ensemble des critères de santé étudiés », a rapporté, devant la presse, Stéphanie Vandentorren, épidémiologiste chez SPF. Dans le flot de statistiques diffusées, beaucoup l’attestent : si les personnes interrogées sont plus de deux sur trois (68 %) à déclarer une « bonne » ou une « très bonne » santé générale, le ratio atteint 82,5 % parmi les individus à l’aise financièrement, contre 50,4 % pour ceux qui déclarent une situation financière difficile.

Lire aussi |  Article réservé à nos abonnés  Santé mentale : un tiers des jeunes présentent des signes de troubles anxieux ou dépressifsLire plus tard

Un changement de méthodologie dans la collecte des données, intervenu en 2024, ne permet pas de mesurer l’évolution dans le temps pour l’ensemble des paramètres. Reste que les inégalités en santé transparaissent, toujours, de manière criante. Tour d’horizon.

Alcool, tabac, sédentarité : des comportements très différenciés

Point positif, la prévalence du tabagisme continue de baisser depuis 2016, avec 24 % de fumeurs chez les 18-79 ans. Ils étaient 32 % à déclarer fumer en 2021, mais sur une tranche d’âge différente (18-75 ans). Quant au vapotage, 7,9 % des personnes sondées déclarent vapoter en 2024 (6,1 % quotidiennement), une tendance qui augmente depuis 2016.

Reste que le gradient social est très prégnant. Ainsi, la proportion de fumeurs quotidiens est 2,1 fois plus élevée parmi les ouvriers que parmi les cadres (25,1 %, contre 11,8 %), et trois fois plus élevée parmi les personnes se déclarant en difficulté financière (30 %) que parmi celles qui se disent à l’aise financièrement (10 %).

A l’inverse, concernant l’alcool, c’est chez les catégories sociales les plus favorisées, sur le plan des diplômes et de la situation financière perçue, que la consommation apparaît le plus élevée. La part d’adultes dépassant les repères (pas plus de deux verres par jour, pas plus de dix par semaine et plusieurs jours sans consommation dans la semaine) est de 26 % parmi les diplômés, contre 19,3 % parmi ceux qui ont un niveau inférieur au baccalauréat ou qui sont non diplômés.

C’est chez les agriculteurs, les artisans, les commerçants, les chefs d’entreprise et les cadres, ou encore chez les professions intellectuelles, que le baromètre recense le plus de déclarations de consommation maximale, quand elle est perçue comme minimale parmi les employés.

Point préoccupant, la sédentarité progresse : plus de 1 adulte sur 4 déclare passer plus de sept heures par jour en position assise, une prévalence supérieure à celle relevée en 2021. Les plus jeunes et les plus favorisés se disent les plus sédentaires.

Sommeil : une durée à la baisse

Les Français dorment, en moyenne, sept heures et trente-deux minutes par vingt-quatre heures en 2024, soit une heure et demie de moins en cinquante ans. Et la qualité du sommeil semble s’être altérée depuis la crise sanitaire de 2020, alors même qu’une durée comprise entre sept et neuf heures pour les adultes est recommandée, rappelle l’agence sanitaire.

Un tiers des adultes souffrent d’insomnie, les femmes et les personnes plus défavorisées étant les plus touchées. Un peu plus d’un cinquième des répondants sont considérés comme de « courts dormeurs » (six heures ou moins). « Plus la situation financière déclarée est difficile, plus le sommeil semble se dégrader, tant en quantité qu’en qualité », souligne le baromètre. Autant de facteurs qui augmentent le risque de maladies et pèsent sur la santé mentale.

Santé mentale : les jeunes et les femmes les plus touchés

Sur la santé mentale, déclarée « grande cause nationale » en 2025, priorité politique reconduite en 2026, les enseignements rejoignent, sans surprise, ceux des nombreuses enquêtes préexistantes. En 2024, « 16 % des adultes ont vécu un épisode dépressif caractérisé, 1 adulte sur 20 a eu des pensées suicidaires », a rapporté Jean-Baptiste Richard, responsable des enquêtes chez SPF.

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Là encore, les inégalités sont marquées: les personnes en difficulté financière sont trois fois plus nombreuses à déclarer ce type d’épisode que celles qui sont à l’aise financièrement (28,3 %, contre 9 %). Les femmes, les jeunes adultes et les personnes précaires ou isolées sont les plus concernés. Ainsi, souligne SPF, « une femme en contrat précaire (CDD, missions d’intérim, vacation, contrat d’apprentissage) sur dix déclare une tentative de suicide au cours de sa vie ». C’est un enchevêtrement de facteurs qui mène jusqu’aux idées ou tentatives de suicide. Parmi ceux qui sont évoqués, les contextes géopolitique, climatique, économique, le poids des réseaux sociaux…

Vaccination : une adhésion inégale

Sur ce sujet, qui revient régulièrement dans le débat public, notamment depuis le Covid-19, les données diffusées permettent des comparaisons dans le temps : en 2024, 80 % des personnes participant au baromètre se sont dites favorables à la vaccination. Le ratio peut sembler élevé, mais la baisse est marquée par rapport au début des années 2000 : ils étaient alors 90 % à se positionner en ce sens. Le recul s’observe quel que soit le niveau social, même si, sur ce sujet encore, le gradient socio-économique pèse : l’adhésion vaccinale est plus élevée parmi les personnes diplômées ou aisées financièrement.

Autant d’éléments qui incitent de plus en plus à « des politiques ciblées, des actions de prévention », insiste Caroline Semaille, directrice générale de SPF.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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