Chaque pic de pollution par particules ultrafines est associé à une augmentation de 12 % des hospitalisations pour asthme, particulièrement les 5-14 ans.

Particules ultrafines et asthme pédiatrique ne font pas bon ménage

Dr Bertrand Herer | 13 Novembre 2025 https://www.jim.fr/viewarticle/particules-ultrafines-et-asthme-pédiatrique-ne-font-pas-2025a1000vhv?ecd=wnl_all_251113_jim_daily-doctor_etid7872511&uac=368069PV&impID=7872511&sso=true

Une étude danoise sur 16 000 hospitalisations confirme les soupçons : chaque pic de pollution par particules ultrafines est associé à une augmentation de 12 % des hospitalisations pour asthme, particulièrement les 5-14 ans.

Les particules ultrafines (PUF), également appelées nanoparticules atmosphériques, sont des particules d’un diamètre inférieur à 0,1 micromètre. Bien qu’elles constituent une composante importante de la pollution atmosphérique, elles demeurent mal connues. Ces particules proviennent principalement des activités humaines : trafic routier, chauffage résidentiel, processus industriels et pratiques agricoles. Elles se forment notamment lors de la combustion de carburants fossiles et de biomasse. 

Leur impact sanitaire est particulièrement préoccupant en raison de leur très petite taille. Contrairement aux particules plus grosses, elles peuvent pénétrer profondément dans les voies respiratoires, atteindre les alvéoles pulmonaires et potentiellement passer dans la circulation sanguine. Cette capacité de pénétration, combinée à leur grande réactivité de surface, pose des défis importants pour la santé publique et nécessite une meilleure compréhension de leurs effets à long terme. 

Une étude danoise de type cas-croisé 

M. Bergmann et coll. publient les résultats d’une étude réalisée à Copenhague examinant l’association entre l’exposition à un pic de pollution par PUF et les hospitalisations pour asthme pédiatrique entre 2002 et 2018. Pendant cette période, toutes les hospitalisations pour asthme d’enfants âgés de 0 à 18 ans ont été enregistrées dans l’aire géographique du Grand Copenhague. Les données quotidiennes de pollution atmosphérique ont été obtenues au moyen d’une station unique située au centre-ville. Les capacités techniques permettant de mesurer la concentration de PUF (pt/cm3) ont été considérées comme fiables pour un diamètre compris entre 11 et 700 nm. Les concentrations quotidiennes en PM2,5, NO2, ozone (O3), la température et l’hygrométrie ont également été recueillies. 

Le protocole utilisé était une étude de type cas-croisé, chaque cas étant son propre témoin : l’exposition du sujet dans un délai proche de l’événement sanitaire était comparée à celle d’une période pendant laquelle il n’était pas exposé. Des procédures statistiques appropriées ont été utilisées pour déterminer de façon rigoureuse la pathogénicité propre aux PUF, indépendamment des autres polluants et les variations de cette pathogénicité selon le sexe, l’âge, des éléments socio-économiques et l’anamnèse de l’asthme.

Augmentation du risque de 12 %

Pendant la période considérée (6 209 jours) le nombre d’hospitalisations pour asthme pédiatrique a été de 15 903 dont 47 % ont concerné les enfants les plus jeunes (0 – 4 ans), 43 % les 5 – 14 ans, et 10 % les 15 – 18 ans. 

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La concentration moyenne des PUF a été de : 5 028 (± 2 592) pt/cm3, IIQ 3 070, 44 % de données manquantes ; celle des PM2,5 de 13 (± 8, 8) μg/m3 ; pour le NO2 : 10 (± 5) ppb ; pour l’O3 : 33 (± 8) ppb. Entre 2002 et 2018 les concentrations en PUF et en NOont diminué, les PM2,5ont été stables, et les concentrations d’O3 ont augmenté les mois d’été.

A chaque augmentation de la concentration de PUF d’un IIQ (soit 3 070 pt/cm3), le nombre d’hospitalisations pour asthme pédiatrique augmentait significativement dès le 1er jour du pic : rapport de risque (RR) = 1,12 [IC à 95 % : 1,06 à 1,19], soit une augmentation du risque de 12 %. Le risque maximal était observé 48 heures après le pic de PUF : RR = 1,17 [1,09 à 1,25]. Les auteurs ont calculé que cette pollution avait spécifiquement entraîné 3 526 hospitalisations entre 2002 et 2018, soit 207 hospitalisations par an. Le risque était plus élevé dans la tranche d’âge 5 – 14 ans : RR = 1,26 [1,15 à 1,38], et chez les enfants qui présentaient un antécédent d’hospitalisation pour asthme pédiatrique : RR = 1,24 [1,12 à 1,37]. L’association n’était pas significative pour les 0-4 ans (RR = 1,01).

Pour les autres polluants, l’augmentation du risque d’hospitalisation était de 13 % pour les PM2,5, 4 % pour le NO2 et 18 % pour l’O3.

Les auteurs concluent qu’une exposition à un pic de pollution par PUF est associée à une augmentation du risque d’hospitalisations pour asthme pédiatrique, notamment chez les enfants d’âge scolaire (5 à 14 ans) et en cas d’hospitalisation antérieure pour asthme. L’association est robuste et indépendante des autres polluants atmosphériques. Ces résultats devraient, selon eux, encourager une régulation plus stricte de la pollution par PUF, encore insuffisamment encadrée à ce jour.

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References 

Bergmann M, Andersen ZJ, Massling A, et al. Short-term exposure to ultrafine particles and asthma hospital admissions in children in Copenhagen, Denmark. Thorax. 2025 Oct 15;80(11):796-802. doi: 10.1136/thorax-2024-222465. 

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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