Crise de la santé : rémunération des médecins, hôpital, recrutement… ce qu’il faut retenir des annonces d’Emmanuel Macron
Emmanuel Macron prononce ses voeux aux acteurs de la santé à l’hôpital de Corbeil-Essonnes. Photo AFP
Santé, Emmanuel Macron, Politique
Publié le 06/01/2023 à 14:20 , mis à jour à 14:32
l’essentiel
Emmanuel Macron a fait plusieurs annonces en matière de santé, ce vendredi, dans un hôpital de l’Essonne. Face à un système de santé en pleine crise, le chef de l’Etat a annoncé plusieurs mesures. Seront-elles suffisantes pour rassurer les soignants ?
Un Président au chevet de l’hôpital, des infirmières et des médecins généralistes. C’est au sein de l’hôpital de Corbeil-Essonnes dans l’Essonne qu’Emmanuel Macron a fait plusieurs annonces en matière de santé.
Le chef de l’Etat se savait attendu au tournant : les médecins libéraux souhaitent une hausse du tarif de la consultation, Fun appel à la grève illimitée est lancée à l’hôpital et plusieurs médicaments sont en pénurie. Emmanuel Macron a reconnu que les soignants traversaient « un jour de crise sans fin » qui créait de « l’épuisement ». Il assure qu’il n’y a « pas de recette miracle ».
Voici l’essentiel des mesures annoncées par le Président de la République.
Une meilleure rémunération des médecins sous conditions
Les médecins libéraux sont en partie en grève pour demander notamment le passage de la consultation de 25 € à 50 €. Emmanuel Macron n’a pas accédé à cette demande. Mais il veut « mieux rémunérer les médecins qui vont prendre en charge de nouveaux patients », ceux qui « aident aux coups de chauffe » et « ceux qui vont former des jeunes ». La France compte un peu moins de 100 000 médecins généralistes. Ils seront près de 80 000 en 2025 avec les départs en retraite.
10 000 assistants médicaux recrutés
Pour permettre aux infirmières et aux infirmiers de se concentrer sur leur mission de santé, 10 000 assistants médicaux vont être recrutés. Ils seront chargés de traiter « les tâches administratives et logistiques » des infirmières.
Vers la fin de la tarification à l’activité
Emmanuel Macron a annoncé « la sortie de la tarification à l’activité » dans le prochain projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale en janvier 2024. La tarification à l’activité est souvent critiquée pour pousser les hôpitaux à supprimer les soins jugés pas suffisamment rentables.
Un nouveau planning à l’hôpital
Emmanuel Macron souhaite une nouvelle organisation du travail à l’hôpital. Une « équipe projet » est chargée d’y travailler au ministère de la Santé. Les plannings des soignants à l’hôpital vont être réorganisés d’ici le 1er juin. Il faut, pour le président, « rebâtir un système plus cohérent ». Les hôpitaux devront être dirigés par un tandem médecin/personnel administratif.
Une « équipe traitante » pour les malades chroniques sans généraliste
Les malades chronique qui n’ont pas de médecin traitant « auront accès à une équipe traitante » d’ici la fin de l’année 2023. 600 000 personnes seraient dans ce cas en France.
Mieux responsabiliser les patients
Dans son discours, le chef de l’Etat a critiqué les patients qui prennent des rendez-vous médicaux sans les honorer. « Comme la santé n’a pas de prix, elle n’a plus de valeur », estime le locataire de l’Elysée mécontent de « cette désinvolture ». Il assure qu’un « travail en la matière sera lancé avec l’Assurance Maladie pour mettre fin à cette irresponsabilité ».
Emmanuel Macron annonce un plan pour sortir le système de santé d’une « crise sans fin »
Accélérer le recrutement des assistants médicaux, réorganiser le travail, remettre les soignants au cœur des processus de décision… Emmanuel Macron a présenté les grandes lignes de son plan santé.
Temps de Lecture 4 min.

Emmanuel Macron a dévoilé, vendredi 6 janvier, ses projets pour « sortir de ce jour de crise sans fin » dans lequel s’est enfoncé le système de santé français, qui passent par une réorganisation, d’ici au mois de juin, du travail à l’hôpital et une accélération du recrutement d’assistants médicaux.
« Je sais l’épuisement personnel et collectif, ce sentiment parfois de perte de sens qui s’est installé, le sentiment, au fond, de passer d’une crise à l’autre », a déclaré le chef de l’Etat en présentant, pour la première fois depuis son arrivée à l’Elysée, en 2017, des vœux spécifiques aux acteurs de la santé devant des soignants réunis au Centre hospitalier sud-francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes, en banlieue parisienne.
Le président a rappelé les mesures de son premier quinquennat, comme la suppression du numerus clausus, qui plafonnait le nombre d’étudiants en médecine, décidée dans son plan de 2018, ou le Ségur de la santé, qui, après l’irruption de la pandémie de Covid-19 en 2020, avait permis de débloquer 12 milliards d’euros annuels pour mieux rémunérer les soignants et 19 milliards pour investir dans les hôpitaux. Mais, dès sa campagne pour sa réélection, au printemps, il avait reconnu que c’était insuffisant et fait de la santé l’un des deux chantiers majeurs – avec l’école – de son second mandat
Dégager du « temps de médecin » avec le recrutement des assistants médicaux et le maintien des infirmiers à l’hôpital
Rappelant que la formation de nouveaux médecins prendrait du temps et qu’il faudrait ainsi « une décennie » pour « changer » le système, il a prévenu qu’il faudrait « vivre dans les années qui viennent » avec cette pénurie de soignants. « Donc, notre défi collectif, c’est à court terme de dégager du temps de médecin, de soignant face au patient », a-t-il considéré. Emmanuel Macron a ainsi promis d’accélérer le recrutement des assistants médicaux, pour porter leur nombre de près de 4 000 subventionnés par l’Assurance-maladie à 10 000 à la fin 2024.
Le chef de l’Etat s’est aussi engagé à « aller encore plus loin » sur les places ouvertes aux concours d’infirmier tout en exprimant la nécessité de travailler sur les études, que trop d’élèves quittent en cours de route. Il a prôné « un système plus responsabilisant » en sortie de cursus pour que les infirmières restent à l’hôpital.
Retrouver un hôpital « humain » en y réorganisant le travail et en y instaurant un « tandem administratif médical » à la tête
Pour retrouver un hôpital plus « humain », le chef de l’Etat a annoncé une réorganisation du travail à l’hôpital « d’ici au 1er juin ». « On doit tout faire pour garder les soignants, ce qui veut dire qu’on doit, ensemble, travailler à une meilleure organisation du temps de travail », a-t-il souligné, déplorant une « hyperrigidité » dans l’application des 35 heures et un système qui « ne marche qu’avec des heures supplémentaires ».
Pour remettre les soignants au cœur des processus de décision, il a aussi expliqué qu’un « tandem administratif et médical » serait instauré à la tête de chaque hôpital. En outre, le président a annoncé la « sortie de la tarification à l’acte » à l’hôpital dès le prochain budget de la Sécurité sociale, au profit d’un financement sur « objectifs de santé publique ».
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Revaloriser le travail en rémunérant plus les permanences de soins et en donnant un médecin traitant à chaque patient
Troisième objectif affiché par Emmanuel Macron : revaloriser le travail des médecins pour qu’ils puissent travailler mieux. Pour la médecine de ville et les généralistes, dont certains sont en grève pour réclamer une augmentation du tarif de la consultation, M. Macron a proposé de « mieux [les] rémunérer » quand ils « assurent la permanence des soins », notamment des gardes, et « prennent en charge des nouveaux patients ». Il a aussi plaidé pour la libéralisation de la « télé-expertise ». Actuellement, un médecin ne peut réaliser, sur une année civile, plus de 20 % de son volume d’activité à distance.
Dès la fin de 2023, le nombre de patients atteints d’une maladie chronique et dépourvus de médecin traitant, estimé à 600 000, s’en verront proposer un, a-t-il promis. A défaut de « médecin traitant », ils auront accès à « une équipe traitante » de soignants de diverses disciplines.
Lire aussi : Emmanuel Macron et les médecins libéraux, une relation entre proximité et défiance
Le premier syndicat de généralistes « inquiet, presque en colère »
Dans un rare communiqué commun, l’ordre des médecins et les syndicats de la profession avaient esquissé, jeudi, leur ligne rouge en affirmant « s’opposer à une médecine à plusieurs vitesses » qui ne respecterait pas leur rôle de « chef d’orchestre » du système. Après le discours du président de la République, les généralistes se sont dits prudents, parfois même « déçus », voire « en colère », contrairement à l’ordre des infirmiers, lequel a exprimé sa satisfaction.
Pour Jean-François Cibien, président de l’intersyndicale de médecins hospitaliers Action praticiens hôpital (APH) et vice-président du syndicat SAMU-Urgences de France (SUdF) : « Nous avons l’impression qu’on pose les jalons de la réforme tant attendue du système de santé, en particulier dans le partage de la permanence des soins et de sa pénibilité [entre l’hôpital et la ville]. Il nous a proposé une méthode, maintenant j’espère qu’on va passer du discours à une feuille de route, et surtout j’espère qu’on va l’écrire ensemble. »
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Le premier syndicat de médecins généralistes, MG France, s’est, lui, dit « inquiet, presque en colère » après les annonces présidentielles, notamment celles qui les engagent à prendre davantage de gardes et de patients contre une revalorisation. « Je n’ai pas vu beaucoup de moyens sur la table, mais j’ai vu se profiler beaucoup de contraintes », a déclaré la présidente de MG France, Agnès Giannotti. « M. Macron ne semble pas avoir écouté les médecins de terrain. Il parle de l’attractivité des hôpitaux mais pas de celle de la ville », a regretté Christelle Audigier, fondatrice du collectif Médecins pour demain, à l’initiative des récents mouvements de grève chez les généralistes. Sans surprise, l’ordre des infirmiers a, au contraire, salué, dans un communiqué, des propos présidentiels annonçant « une plus grande coopération et un meilleur partage des compétences » entre médecins et soignants paramédicaux.
Les médecins libéraux ont manifesté par milliers, jeudi à Paris, point d’orgue d’une grève qui a commencé au lendemain de Noël pour réclamer le doublement de la consultation, de 25 euros à 50 euros. Jeudi, le ministre de la santé s’est dit « prêt à augmenter » le tarif de la consultation, mais en échange d’efforts pour permettre à la population d’accéder plus aisément à un médecin, et certainement pas à hauteur des 50 euros demandés. FO-Santé, deuxième syndicat de la fonction publique hospitalière, a appelé à une grève illimitée à partir du 10 janvier pour protester contre « l’inaction » du gouvernement.
Le Monde avec AF
Emmanuel Macron et les médecins libéraux, une relation entre proximité et défiance
Pris en étau entre la crise de l’hôpital public et la grève des médecins de ville, le chef de l’Etat cherche la parade, alors qu’une part croissante de la population souffre d’un accès difficile aux soins.
Temps de Lecture 5 min.

Il fut le seul, au sein de sa famille, à refuser d’emprunter ce que ses grands-parents désignaient comme « une voie royale ». La médecine ? « Je voulais un monde, une aventure qui me soient propres », écrit Emmanuel Macron dans son livre programmatique Révolution (XO, 2016). Fils d’un neurologue hospitalier et d’une médecin-conseil à la vocation de pédiatre contrariée, frère d’une néphrologue et d’un radiologue, beau-fils d’une psychiatre hospitalière mais aussi neveu d’un généraliste et d’une ophtalmologue, le chef de l’Etat a grandi entouré de professionnels de santé. Cette lignée familiale laisse penser que le président de la République connaît les codes, les contraintes, les joies et les déboires de l’une des professions les plus populaires en France, longtemps choyée par le pouvoir.
Et pourtant. Depuis un mois, en pleine triple épidémie (grippe, Covid-19 et bronchiolite) et surcharge des services d’urgence hospitaliers, le divorce entre les médecins et l’Elysée s’étale dans la presse et les journaux télévisés. Le médecin de ville va mal. Si mal qu’il se met en grève. L’interruption, rare, du 26 décembre 2022 au 8 janvier, de l’activité de ces praticiens, hier confidents dévoués des familles, fait frémir l’exécutif, choqué. « Ça n’est vraiment pas responsable de faire grève, notamment dans cette période de fêtes », s’est indignée la première ministre, Elisabeth Borne, le 3 janvier sur Franceinfo. « Toute grève qui prend en otage la santé des Français, je la condamnerai », a appuyé, jeudi, le ministre de la santé, François Braun, urgentiste qui, lorsque lui-même protestait, collait un sparadrap « grève » sur sa blouse tout en restant à son poste. Quelques heures plus tard, plusieurs milliers de médecins généralistes ont défilé à Paris, sous les fenêtres du ministère de la santé.
Emmanuel Macron veut-il aujourd’hui ressouder le lien avec les médecins libéraux ou « remettre tout le monde d’équerre », comme il a tempêté, jeudi, depuis l’Elysée, lors de la traditionnelle « galette républicaine » ? Mystère. Le chef de l’Etat devait présenter ses « vœux au monde de la santé », vendredi, à Corbeil-Essonnes (Essonne) au service de pédiatrie du Centre hospitalier sud-francilien. Une initiative inédite visant à « donner un cap » décliné en « annonces très concrètes », assure l’Elysée, sans dévoiler l’état d’esprit du chef de l’Etat vis-à-vis des grévistes. Des mesures qui, assure-t-on, ne parasiteront pas les travaux en cours du Conseil national de la refondation consacré à la santé, puisqu’elles seraient le fruit d’« une maïeutique permanente » qui « résulte d’échanges dans un mouvement de fond et d’interaction avec l’ensemble des acteurs à des niveaux divers et variés ».
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Au sein du gouvernement, on rappelle que les blouses blanches n’ont pas été laissées de côté : en 2020, les cabinets de ville fermés durant le confinement ont pu compter sur un fonds de 1,5 milliard d’euros, avant un « Ségur de la médecine libérale » de 800 millions d’euros, le pendant du Ségur de la santé consacré à l’hôpital, doté de 19 milliards d’euros. Mais l’argent n’a pas suffi à panser la « perte de sens », observait le chef de l’Etat, en mars 2022.
« Debout sur les freins pour ne pas les affronter »
Emmanuel Macron, en pourfendeur des corporations et de la rente, entretient un rapport ambivalent à la médecine libérale. Il est le premier président de la République à mettre fin au numerus clausus, ce quota imposé de médecins en formation, mis en place en 1971 pour apaiser une profession inquiète de l’ouverture des études de médecine après Mai 68. En 2022, tandis que l’extrême droite s’empare de la question des déserts médicaux, le président candidat propose, pour la première fois, une « régulation à l’installation des médecins », sans pour autant défendre une obligation « stricte ». Une orientation écrite noir sur blanc dans son programme.
Quelques mois plus tard, l’idée d’une contrainte, partielle ou totale, pourtant défendue au sein de la majorité parlementaire, est écartée. « Ce serait une erreur, au même titre que la création d’un numerus clausus était une stupidité rare », affirme François Braun au Monde. « Ce n’est pas le bon tempo pour braquer les médecins, abonde Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée à l’organisation territoriale et aux professions de santé. Mais 87 % de la France est un désert médical, les médecins ont conscience que la population se retourne contre eux, c’est nouveau. »Le chef de l’Etat craint que l’obligation ne décourage les vocations, alors que la fin du numerus clausus ne produira ses effets qu’en 2030.
Au fond, peut-il se mettre les médecins à dos ? Roselyne Bachelot raconte, dans son livre 682 jours. Le bal des hypocrites (Plon, 288 pages, 20,90 euros), ce tabou politique lorsqu’elle était ministre de la santé de Nicolas Sarkozy :« François Fillon m’obligea (…) à renoncer aux mesures de régulation de l’installation des médecins, sur le mode de ce qui s’est imposé sans problème aux pharmaciens ou aux infirmiers. Nous payons encore aujourd’hui ce refus devant l’obstacle. » Le premier ministre d’alors lui aurait expliqué : « Tu comprends, il faut se réconcilier avec les médecins. » « Et paf ! On a pris dix ans de retard », conclut l’ex-ministre.
Celui qui voulait les bousculer hésite, lui aussi, à les froisser. « La relation entre Emmanuel Macron et la profession est faite de prudence et de défiance. Il est maintenant debout sur les freins pour ne pas les affronter, comme tous les gouvernements avant lui », soupire Guillaume Garot, député socialiste de la Mayenne, qui cosigne une proposition de loi visant à réguler l’installation des médecins, à l’image de celle des pharmaciens. « Le président a un immense respect pour les médecins. Il ne fait pas de différence entre les libéraux et les hospitaliers », corrige Agnès Buzyn, ministre de la santé lors du premier quinquennat.
« Donnant-donnant »
Cette bienveillance mêlée de précaution n’a guère été payante pour le chef de l’Etat. Alors qu’il tente de sortir du « quoi qu’il en coûte », les revendications salariales s’accumulent, dont le doublement du tarif de la consultation médicale de 25 euros à 50 euros. « Soyons raisonnables », a réagi François Braun, jeudi, sur France 2. Les médecins libéraux gagnaient en moyenne 120 000 euros annuels en 2017, soit entre 7 000 euros et 35 000 euros par mois selon les spécialités, indique la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques. « Leur salaire médian est plus élevé que celui des 10 % des salariés les plus riches (…), et particulièrement les spécialistes, qui gagnaient 5,1 fois le salaire moyen français en 2019 », comparait l’économiste de la santé Philippe Batifoulier, dans Marianne, fin décembre 2022.
Lire aussi le reportage : « On n’imagine plus un médecin que l’on puisse appeler 24 heures sur 24 ! » : une famille de quatre générations de docteurs raconte les mutations de la profession
L’exécutif n’a pas fermé la porte à une hausse du prix de la consultation, jeudi. Mais si un geste est accordé, ce doit être « donnant-donnant », prévient François Braun. Référence aux gardes et aux astreintes des médecins libéraux qui, depuis 2003, se font uniquement « sur la base du volontariat ». Emmanuel Macron lui-même proposait, en 2022, des permanences dans les déserts médicaux et une « participation plus large » aux astreintes dans les services d’urgence. Comme il le défendait déjà dans le rapport Attali en 2008, le président candidat a aussi proposé d’alléger les médecins en confiant aux pharmaciens et aux infirmiers des « gestes simples », tels que le renouvellement d’ordonnance. « Ce sont des choses pour lesquelles on peut parfois attendre des mois avant de voir son médecin traitant, qui peuvent nécessiter pour certains Français de faire une heure de voiture, ou qui sont impossibles, car le médecin est parti à la retraite », s’insurgeait-il alors.
Une « ubérisation » de la profession, fustige Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France : « On prend d’autres soignants et on leur fait faire les tâches des médecins : le pharmacien vaccine, l’infirmière signe les certificats de décès ? » « On est méprisés », déplore Sophie Bauer, présidente du Syndicat des médecins libéraux, qui redoute, au contraire, une « mise sous chape administrative de la profession ». « C’est très étonnant de la part d’un chef d’Etat qui se dit libéral, cingle-t-elle. Notre modèle, c’est l’entreprise libérale. On ne touche pas de salaires, on a des bénéfices. » En campagne, Emmanuel Macron associait, lui, la médecine à l’idée de service public, alors que six millions de Français n’ont pas de médecin traitant. « Les médecins sont libéraux, oui, mais ils sont rémunérés par la Sécurité sociale », souligne Arnaud Robinet (Horizons), maire de Reims et président de la Fédération hospitalière de France. Pour rappeler aux médecins des villes et des campagnes cette mission, le chef de l’Etat sera-t-il prêt à ouvrir un front ?
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Claire Gatinois et Ivanne Trippenbach
Retrouvez le discours et les annonces d’Emmanuel Macron sur son plan santé
Le chef de l’Etat a adressé ses vœux aux acteurs de la santé dans l’Essonne. « D’ici à juin », il veut réorganiser le travail à l’hôpital, le sortir de la tarification à l’activité et doubler le nombre d’assistants médicaux.
(1)
13:53 L’essentiel
Ce qu’il faut retenir du discours d’Emmanuel Macron
- Emmanuel Macron a promis d’« accélérer le recrutement des assistants médicaux » créés en 2018 pour les porter de « près de 4 000 » actuellement à « 10 000 d’ici la fin de » 2024.
- Dès la fin de 2023, les 600 000 patients avec une maladie chronique sans médecin traitant s’en verront proposer un.
- Le chef de l’Etat a invité à une réorganisation du travail à l’hôpital « d’ici au 1er juin » pour le rendre plus attractif. Il a notamment déploré une « hyperrigidité » dans l’application des 35 heures et un système qui « ne marche qu’avec des heures supplémentaires ».
- Emmanuel Macron a appelé de ses vœux l’instauration d’un « tandem administratif et médical », « sur la base d’un projet » à la tête de chaque hôpital.
- Il a annoncé la « sortie de la tarification à l’acte » à l’hôpital dès le prochain budget de la Sécurité sociale, au profit d’un financement sur « objectifs de santé publique ».
Tout le live
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C’est la fin de ce live
C’est la fin de ce direct. Merci d’avoir suivi avec nous le discours d’Emmanuel Macron sur le système de santé français.
Vous pouvez retrouver l’essentiel des annonces présidentielles en remontant le live ci-dessous ou en consultant notre article dédié ici :
Lire aussi : Emmanuel Macron annonce un plan pour sortir le système de santé d’une « crise sans fin »
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Le ministre de la santé veut « redonner du sens aux métiers de santé » et conditionne la revalorisation des rémunérations à la « réponse aux besoins de santé des Français »
Reçu sur l’antenne de RTL après les annonces d’Emmanuel Macron, le ministre de la santé, François Braun, a encore clarifié l’objectif du gouvernement :
Redonner du sens aux métiers de la santé en général et, surtout, faire tomber les barrières. Faire tomber les barrières entre médecins et administratifs, entre médecins et personnels soignants, entre la ville et l’hôpital… Retrouver un peu ce sens qu’on avait au début de la crise Covid où tout le monde travaille la main dans la main.
Vendredi matin, le chef de l’Etat a annoncé la « sortie de la tarification à l’acte » à l’hôpital dès le prochain budget de la Sécurité sociale, au profit d’un financement sur « objectifs de santé publique ». Pour le ministre de la santé, « la rémunération doit être liée à la réponse aux besoins de santé des Français ». Cette « réponse aux besoins des Français s’exprime la nuit et les week-ends, elle s’exprime sur tous les territoires, a rappelé M. Braun. Et quand on participe à cette réponse, il faut avoir une rémunération en conséquence. » Au-delà, il « doit aussi y avoir une rémunération à l’efficience des actes [et] à la qualité de la réponse aux besoins ».
Le ministre de la santé s’est aussi dit favorable, comme Emmanuel Macron, à la revalorisation des rémunérations des médecins généralistes mais il faudra « des contreparties », a-t-il rappelé. « Il faut que les besoins de santé soient couverts, or ces besoins qui ne sont pas couverts, ce sont ces 600 000 [personnes] qui ont des pathologies chroniques et plus de médecin traitant. C’est la nécessité de pouvoir avoir une réponse de santé la nuit et les week-ends. » Ces revalorisations concernent « l’ensemble des professionnels de santé puisque le président a insisté sur cet exercice coordonné ».
Pour ce qui est du montant de la revalorisation, François Braun a dit qu’il « laiss[ait] les négociations avancer » mais appelle les médecins à être « réalistes » car revaloriser la consultation à 50 euros reviendrait à « faire passer le revenu moyen d’un médecin généraliste de 90 000 à 180 000 euros par an ». Par contre, il faut, selon le ministre, « reconnaître l’effort et inciter tout le monde à suivre cette voie vertueuse ».
17:56
Les généralistes prudents ou « déçus », les infirmiers satisfaits
Les annonces d’Emmanuel Macron en vue de la refondation du système de santé ont été accueillies avec prudence et voire fraîcheur par les organisations de médecins, les généralistes se disant même « déçus » voire « en colère », quand l’ordre des infirmiers a exprimé un satisfecit.
Jean-François Cibien, président de l’intersyndicale de médecins hospitaliers Action praticiens hôpital (APH) et vice-président du syndicat SAMU-Urgences de France (SUdF) :
Nous avons l’impression qu’on pose les jalons de la réforme tant attendue du système de santé, en particulier dans le partage de la permanence des soins et de sa pénibilité [entre l’hôpital et la ville]. Il nous a proposé une méthode, maintenant j’espère qu’on va passer du discours à une feuille de route, et surtout j’espère qu’on va l’écrire ensemble. Il va falloir voir comment nos confrères libéraux vont prendre ces mesures.
Justement, le premier syndicat de médecins généralistes, MG France, s’est dit « inquiet, presque en colère » après les annonces présidentielles, notamment celles qui les engagent à prendre davantage de gardes et de patients contre une revalorisation. « Je n’ai pas vu beaucoup de moyens sur la table, mais j’ai vu se profiler beaucoup de contraintes », a déclaré la présidente de MG France, Agnès Giannotti.
« M. Macron ne semble pas avoir écouté les médecins de terrain. Il parle de l’attractivité des hôpitaux mais pas de celle de la ville », a regretté Christelle Audigier, fondatrice du collectif Médecins pour demain, à l’initiative des récents mouvements de grève chez les généralistes et d’une manifestation jeudi à Paris. Le chef de l’État « juge que nos compétences peuvent être transmises aux paramédicaux comme si la réévaluation d’un traitement était une plaisanterie », a critiqué cette généraliste, l’accusant de « mettre de l’huile sur le feu ».
Sans surprise, l’ordre des infirmiers a au contraire salué, dans un communiqué, des propos présidentiels annonçant « une plus grande coopération et un meilleur partage des compétences » entre médecins et soignants paramédicaux.
15:41
« Il manque la prise de conscience de la gravité du problème », juge Frédéric Pain
Emmanuel Macron n’a pas pris la mesure du problème, a jugé vendredi Frédéric Pain, chef du service des urgences du centre hospitalier Nord-Deux-Sèvres et membre de l’Association des médecins urgentistes de France, après la présentation des propositions du chef de l’Etat pour sortir le système de santé de la crise.
« Le diagnostic de M. Macron eût été pertinent il y a dix ans. Actuellement, il reste superficiel et on le verra dans ses propositions très vagues. Il manque la prise de conscience de la gravité du problème », regrette-t-il dans un entretien accordé à BFM-TV.
« Cela fait plus de dix ans que les moyens hospitaliers ne concordent pas avec les besoins. On a tout axé vers la production d’actes et on a oublié le soin, on a oublié que la population vieillissait. Nous annoncer qu’on vient de le découvrir, c’est assez glaçant. Il y a un retard de prise de conscience. On gère des urgences, on gère des crises, mais on ne s’attaque pas à la racine du problème », a ajouté M. Plain.
13:53 L’essentiel
Ce qu’il faut retenir du discours d’Emmanuel Macron
- Emmanuel Macron a promis d’« accélérer le recrutement des assistants médicaux » créés en 2018 pour les porter de « près de 4 000 » actuellement à « 10 000 d’ici la fin de » 2024.
- Dès la fin de 2023, les 600 000 patients avec une maladie chronique sans médecin traitant s’en verront proposer un.
- Le chef de l’Etat a invité à une réorganisation du travail à l’hôpital « d’ici au 1er juin » pour le rendre plus attractif. Il a notamment déploré une « hyperrigidité » dans l’application des 35 heures et un système qui « ne marche qu’avec des heures supplémentaires ».
- Emmanuel Macron a appelé de ses vœux l’instauration d’un « tandem administratif et médical », « sur la base d’un projet » à la tête de chaque hôpital.
- Il a annoncé la « sortie de la tarification à l’acte » à l’hôpital dès le prochain budget de la Sécurité sociale, au profit d’un financement sur « objectifs de santé publique ».
13:29
« Je serai dans la durée aux côtés de l’hôpital »
« Je serai dans la durée aux côtés de l’hôpital. (…) Comptez sur mon engagement personnel et, de manière régulière, je viendrai à vos côtés pour à la fois continuer de voir ce qui fonctionne et ne fonctionne pas, pour m’assurer surtout de la mise en œuvre de ce qu’on se dit, mais surtout, surtout et avant tout, pour qu’on bâtisse l’hôpital et le système de santé que notre pays mérite », dit Emmanuel Macron en conclusion de son discours.
13:21
Les « 600 000 patients avec une maladie chronique » qui n’ont pas de médecin traitant s’en verront proposer un avant la fin de l’année, promet Emmanuel Macron
Ces malades se « verront proposer un médecin traitant avant la fin de l’année » ou à défaut « une équipe traitante », a complété M. Macron.
13:19
« Comme la santé n’a plus de prix pour beaucoup de nos compatriotes, elle n’a plus de valeur », juge Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a jugé nécessaire de responsabiliser les patients. « Comme la santé n’a plus de prix pour beaucoup de nos compatriotes, elle n’a plus de valeur », a-t-il estimé. « Trop de temps médical est gaspillé par un excès d’imprévoyance, de la désinvolture avec, en particulier, des rendez-vous non honorés. (…) Et, pour supprimer cette perte sèche de temps médical, un travail sera engagé avec l’Assurance-maladie pour responsabiliser les patients lorsque plusieurs rendez-vous ne sont pas honorés. (…) On fait avec notre système de santé ce qu’on ne fait avec rien d’autre dans la vie de notre société : on pense que le droit de tirage est absolu, illimité, que le respect n’a plus cours parce qu’on ne paye jamais. Ce n’est pas possible », a-t-il ajouté.
13:17
Emmanuel Macron veut revaloriser le rôle des généralistes
Emmanuel Macron propose de revaloriser le rôle des médecins généralistes, « d’abord en les aidant à prendre en charge davantage de patients avec la rémunération qu’on va mettre en place, avec la multiplication aussi des aides ».
13:13
Emmanuel Macron juge nécessaire de « bâtir un nouveau pacte avec la médecine libérale »
« Il faut bâtir un nouveau pacte avec la médecine libérale, un pack de droits et de devoirs. Nous avons besoin de notre médecine libérale », a déclaré le président.
Il faut mieux récompenser, mieux inciter toutes celles et ceux qui veulent travailler ensemble et donc dans chaque territoire. Il va s’agir de construire une forme de solidarité collective pour les médecins spécialistes. (…) C’est d’ici à la fin de cette année que chaque citoyen, en quelque sorte, pourra avoir accès, dans son bassin de vie, à une offre de soins. Alors, appelons ça un réseau territorial.
13:11
« Les Français doivent [pouvoir] trouver facilement un médecin de garde »
« Il faut redresser, stabiliser et inciter à avoir une permanence des soins en ville. Les Français doivent [pouvoir]trouver facilement un médecin de garde », déclare Emmanuel Macron.
13:09
Emmanuel Macron promet d’ouvrir le chantier de la rémunération du travail de nuit et de la permanence
Emmanuel Macron veut « mieux rémunérer » les médecins de ville qui assurent la permanence des soins et « prennent en charge des nouveaux patients », afin que les Français « trouvent facilement un médecin de garde ».
C’est une vraie réponse, à la fois à la permanence des soins dans les lieux très tendus, et aux déserts médicaux. Et c’est là que nous allons concentrer l’effort financier des négociations conventionnelles qui ont vocation à s’achever à la fin du premier trimestre. (…) Il faut mieux rémunérer en quelque sorte celles et ceux qui vont être prêts à former des jeunes et prendre des internes auprès d’eux, à prendre de nouveaux patients, à aider au coup de chauffe quand ils existent, à participer à une offre de soins sur le territoire. C’est ça qu’il faut mieux aider, mieux rémunérer.
13:04
Emmanuel Macron propose de sortir de la tarification à l’activité à l’hôpital dès le prochain projet de financement de la Sécurité sociale
« La tarification à l’acte a créé beaucoup de dysfonctionnements », a souligné le chef de l’Etat.
Beaucoup des débats sont crispés autour de cette fameuse tarification à l’activité. (…) Le mode de rémunération (…) prend mal en compte le soin non programmé. Il prend mal en compte les activités les plus complexes qui vont prendre du temps.
13:03 Sur le terrain
Les vœux d’Emmanuel Macron au personnel soignant à Corbeil-Essonnes



13:00
Emmanuel Macron souhaite la mise en place d’un « tandem administratif et médical » à la tête des hôpitaux
« Très longtemps on a dit “ce ne doit pas être les soignants qui dirigent l’hôpital, ce doit être les administratifs”. Après on a dit “le problème c’est les administratifs qui dirigent” », a observé le chef de l’Etat. Il a appelé de ses voeux la présence à la tête des hôpitaux « un vrai tandem sur la base d’un projet ».
12:55 Urgent
Emmanuel Macron veut une réorganisation du travail à l’hôpital « d’ici à juin »
Le président souhaite une réorganisation du travail à l’hôpital « d’ici au 1er juin » pour lui permettre de garder les soignants qui le quittent et de le rendre plus attractif. « On doit tout faire pour garder les soignants » à l’hôpital, a souligné le chef de l’Etat. « Ce qui veut dire qu’on doit ensemble travailler à une meilleure organisation du temps de travail », a-t-il ajouté, déplorant une « hyperrigidité » dans l’application des 35 heures et un système qui « ne marche qu’avec des heures supplémentaires ».
12:51 Urgent
Emmanuel Macron veut faire passer le nombre d’assistants médicaux de 4 000 aujourd’hui à 10 000 à la fin de l’année prochaine
« On a aujourd’hui près de 4 000 assistants médicaux qui ont déjà signé un contrat et ce qui est un vrai succès. (…) On doit arriver à 10 000 d’ici à la fin de l’année prochaine, a annoncé le chef de l’Etat. Et ça, c’est faisable. Et donc je souhaite qu’on les généralise. On va continuer et donc on va accroître les financements pour le faire (…). Ça permet de délester des tâches périphériques aux soins. Et ce que je veux, c’est qu’on puisse aussi l’appliquer à l’hôpital où nous basculerons des personnels administratifs, logistiques, techniques, au plus près des services pour permettre aux soignants de se concentrer sur le cœur de leur métier. »
12:38 Urgent
Ce n’est pas seulement « une crise de moyens », dit Emmanuel Macron
« La crise que nous vivons (…) n’est pas simplement une crise de moyens, parce qu’en fait on a déjà beaucoup répondu sur les moyens. Et, je le dis à tous les soignants que vous êtes, elle est multifactorielle, dit Emmanuel Macron. Elle est en fait beaucoup plus complexe que si c’était simplement un problème d’argent, parce qu’on a fait le plus gros effort financier de notre histoire du système de santé au moment du Covid. »
12:34
Emmanuel Macron commence ses vœux aux acteurs de la santé
12:21 Pour approfondir
Face à une saturation de la prise en charge des patients, les revendications des médecins et autres professionnels se multiplient
L’année 2023 a débuté, pour les soignants, sous les mêmes auspices que 2022 s’était terminée : des services de réanimation franciliens au service d’aide médicale urgente (SAMU) de Rouen, des urgences de Metz-Thionville (Moselle) – celles-là mêmes où exerçait François Braun avant d’être nommé ministre de la santé – aux centres de SOS-Médecins, les voyants, les uns après les autres, ont viré au rouge en ces premiers jours de janvier. Et même au « rouge vif », commente-t-on dans les services et les cabinets médicaux pris d’assaut. Urgences débordées, cabinets médicaux fermés ou engorgés, laboratoires mobilisés… Médecins et autres professionnels attendent des réponses de M. Macron, qui doit présenter ses vœux aux acteurs de la santé vendredi.
Lire aussi : Urgences débordées, cabinets médicaux fermés ou engorgés, laboratoires mobilisés… : un « janvier noir » pour le système de santé
12:10 Sur le terrain


11:53
« C’est très dur », disent des soignantes à Emmanuel Macron
Emmanuel Macron, qui est accompagné du ministre de la santé, François Braun, a pu prendre en direct le pouls du système de soins lors d’un échange avec les équipes du service d’urgences pédiatriques du CHSF. « C’est très dur », « on veut vous témoigner notre fatigue », « la rémunération n’est certainement pas à la hauteur des efforts accomplis », lui ont déclaré infirmières, sages-femmes et puéricultrices.
11:35

11:31 Pour approfondir
Dans le Finistère et en Ille-et-Vilaine, certains services doivent fermer la nuit faute d’effectifs
Depuis plusieurs semaines, les urgences du centre hospitalier de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) voyaient déborder leur étroite salle d’attente. Les 9 et 10 décembre, la fréquentation a atteint 245 patients en une journée. Le personnel a tiré la sonnette d’alarme. « On savait qu’on serait dans le rouge », soupire le docteur Christian Brice, médecin urgentiste.
Afin de récupérer des lits rapidement, le représentant breton de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) a demandé à sa direction de déprogrammer des opérations courtes de chirurgie ambulatoire. Celles-ci ne requièrent pas d’hébergement et sont réalisées en grande partie par des praticiens libéraux au sein des hôpitaux. Le quadragénaire désabusé déplore : « Sur trente-neuf opérations, deux seulement ont été reportées… Résultat : nous avions pendant ce temps vingt-cinq patients malades sur des brancards dans les couloirs, sans aucune intimité. »
Une situation loin d’être unique en France… et la Bretagne n’est pas une exception. Depuis le début de décembre, les annonces alarmistes s’enchaînent. A Lorient (Morbihan) et Quimperlé (Finistère), le Groupe hospitalier Bretagne sud a demandé à la population de se rendre aux urgences « avec une parcimonie extrême », quand l’hôpital de Paimpol (Côtes-d’Armor) a alerté sur la saturation du service et a conseillé de privilégier d’autres choix – médecin traitant, maison médicale – avant de venir. Du côté de Landerneau (Finistère) a été décidée la fermeture toutes les nuits du 23 décembre au 2 janvier, « du fait de l’absence de médecin urgentiste », affirme la direction par voie de communiqué. Scénario identique à Redon (Ille-et-Vilaine), depuis la mi-octobre, pour les mêmes raisons d’effectif resserré.
Lire aussi : En Bretagne, les services d’urgence saturent : manque de lits, manque de bras, manque de tout
11:21
Emmanuel Macron promet d’agir avec « engagement, respect et intelligence »
« Il y a des demandes qui existent et qui ont leur part de légitimité, qu’il faut entendre », a déclaré Emmanuel Macron, répondant à BFM-TV à son arrivée au Centre hospitalier sud-francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes. « Il y a aussi une situation à laquelle on doit tous faire face et une responsabilité collective pour que nos compatriotes aient des soignants et puissent trouver pour eux-mêmes, leurs enfants, leurs parents, une réponse. On va essayer de faire tout ça avec engagement, respect, intelligence », a ajouté le chef de l’Etat, qui doit présenter ses vœux aux personnels soignants vers midi.
11:03
Emmanuel Macron, en visite dans un hôpital de l’Essonne, doit dévoiler son plan pour le système de santé
Le président de la République est très attendu, vendredi, pour ses vœux aux soignants dans un hôpital de l’Essonne. Emmanuel Macron a annoncé qu’il allait « donner un cap aux soignants », pour leur permettre de « retrouver du sens dans leur métier » et faciliter l’« accès aux soins » des Français, selon l’Elysée. Il doit dévoiler des « mesures très concrètes, avec des clauses de revoyure précises et rapprochées pour s’assurer de leur exécution ».
Signe du caractère prioritaire accordé à la crise qui frappe l’hôpital mais aussi la médecine de ville, c’est la première fois depuis qu’il est arrivé à l’Elysée, en 2017, qu’Emmanuel Macron consacre une cérémonie de vœux aux « acteurs de la santé, hospitaliers et libéraux ».
Pour l’occasion, il se rend au Centre hospitalier sud-francilien (CHSF), en banlieue parisienne. Accompagné du ministre de la santé, François Braun, il doit visiter les urgences pédiatriques, soumises, comme ailleurs en France, à des tensions extrêmes ces derniers mois.
10:59
Bienvenue dans ce direct
Nous allons suivre ici le discours attendu d’Emmanuel Macron, à l’occasion de ses vœux aux acteurs de la santé, qu’il va prononcer depuis le Centre hospitalier sud-francilien de Corbeil-Essonnes.
Commentaires Dr Jean SCHEFFER
On est loin du compte
10 000 assistants médicaux pour 100 000 généralistes cela ne fait que 1 pour 10 médecins
Un baril de poudre:
La remise en cause des 35h à l’hôpital
Un déni de la réalité:
« chaque citoyen, en quelque sorte, pourra avoir accès, dans son bassin de vie, à une offre de soins. Alors, appelons ça un réseau territorial. » 12 millions de Français sont dans un désert médical, loin d’un médecin traitant et 30% vont partir d’ici 2030
Par quel miracle le Président va trouver un médecin traitant aux 600 000 patients chroniques qui en sont dépourvus , même avec l’aide d’une équipe de paramédicaux ?
Une démocratie interne à l’hôpital insignifiante:
Ce n’est pas un simple binôme administratif-médecin à la tête de l’hôpital qui peut créer un partage de la gestion et une relance d’attractivité. D’ailleurs dans les faits il existe déjà.
Conclusions:
On a l’impression d’un catalogue de mesures éparses et pas du tout d’une vision globale et d’une capacité à refonder notre système de santé.
Il y a des manques criants: la santé environnementale, la prévention, les multiples déserts médicaux. On ne parle que des déserts en généralistes, mais il y a tout le reste: les déserts hospitaliers (40% de postes vacants dans nos Hôpitaux généraux et psychiatriques, avec poursuite des départs), les CMP, la PMI, la médecine scolaire et universitaire, les crèches, la médecine du travail, la santé publique, la médecine pénitentiaire, la recherche médicale…La seule solution avec le « Clinicat Assistanat pour tous », obligatoire pour tous en fin d’internat n ‘est bien entendu pas évoquée (proposé par l’Académie de médecine pour 1 an, et par l’A CCDM (Association de Citoyens Contre les Déserts Médicaux); la durée devrait être de 2 ou 3 ans).
Ne parlons pas de l’accès aux soins avec un refus de régulation de l’installation des médecins libéraux, refus du retour de l’obligation de garde pour tous les libéraux, multiplication des dépassements d’honoraires qui auraient pu être progressivement diminués au fur et à mesure d’une augmentation des actes les plus dévalorisés. Et à contrario diminution de la valeur des actes des spécialistes les mieux rémunérés (Ophtalmologues, radiologues, isotopistes, radiothérapeutes, Anesthésistes-Réanimateurs avec des revenus annuels > 200 000€)
Pas un mot sur les centres de santé publics qui pourraient être un des moyens pour diminuer les déserts médicaux