A 80 ans, « Je suis le dernier rhumatologue libéral du Tarn Sud. Il n’y en a plus à Castres ni à Lavaur.

Tarn : à 80 ans, ce médecin de Mazamet ne trouve personne pour le remplacer

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  • Alain Chambat dans son cabinet de rhumatologie à Mazamet.Alain Chambat dans son cabinet de rhumatologie à Mazamet.  – Photo DDM, EMILIE CAYRE

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Publié le 03/12/2022 à 10:56 , mis à jour à 11:36 https://www.ladepeche.fr/2022/12/03/tarn-ce-medecin-mazametain-ne-trouve-personne-pour-le-remplacer-10844352.php?fbclid=IwAR1-46d-0ZN-hb_5N0-cN0yvDZj22w8wx_Osxs0mhEoXIDtX2UAnYkWBlq0

l’essentiel

À Mazamet, le rhumatologue André Chambat exerce depuis 50 ans. Il désire prendre sa retraite, mais ne trouve aucun praticien pour le remplacer, alors que sa patientèle est nombreuse et fidèle.

Un pan de vie. André Chambat vient de fêter ses 50 ans d’exercice de médecin rhumatologue. « J’ai ouvert mon cabinet à Mazamet le 13 novembre 1972. Je suis toujours là, avec la même passion ».

Reste qu’à 80 ans, il a envie de tirer le rideau de sa vie professionnel. La question de son remplacement devient de plus en plus prégnante. « Je suis le dernier rhumatologue libéral du Tarn Sud. Il n’y en a plus à Castres ni à Lavaur. Si je pars, que vont devenir mes patients, quand on sait qu’à l’hôpital de Castres, il y a six mois d’attente pour un rendez-vous ? » Etre médecin, il l’a désiré depuis l’âge de 12 ans. « Au départ, je voulais être généraliste à la campagne. Comme je travaillais bien à la fac, on n’a dit de me diriger vers une spécialisation. Après un stage en rhumatologie avec un remarquable professeur, j’ai choisi cette voie. »

Depuis, il a élargi sa gamme avec l’ostéopathie, l’acupuncture, la rééducation fonctionnelle, la médecine du sport. « Il faut toujours évoluer dans nos métiers. » Dans son cabinet atypique, des masques africains, des sculptures et de nombreuses photos accueillent le patient. « La photographie, j’adore ça. J’ai même fait un stage avec Dieuzaide. » Il travaille en famille avec sa femme et l’une de ses filles qui s’occupent de l’accueil et du secrétariat. Le vrai problème, c’est qu’il ne trouve personne pour le remplacer. « J’ai envoyé des courriers à l’ensemble des facultés. Aucune réponse. Quand je rencontre quelqu’un, il me dit qu’il ne viendra pas, car il y a trop de travail. »

« La médecine française est en déclin »

Il s’énerve contre les hôpitaux qui ne veulent plus faire d’infiltrations par peur d’une infection. « Moi j’en fais 60 à 70 par semaine, sans aucun problème. Au fil des ans, je me rends compte que la médecine française est en déclin », ajoute-t-il. « Il y a une grosse dérive. Pour les jeunes praticiens, les patients n’existent pas. Dès la moindre consultation, on envoie faire un IRM, sans s’intéresser à leurs problèmes, leurs douleurs. Pour moi, un bon médecin, c’est écouter, examiner, aimer. » Il revient sur son cas.

« Je ne comprends pas que je ne trouve pas un remplaçant. Il y a tout ici. Le cabinet marche très bien. On voit même des personnes venir des Pyrénées-Orientales, du Gers, de Paris, car ils ne trouvent pas de rhumatologue disponible sur leur territoire. » L’homme est inquiet pour l’avenir de la médecine sur son territoire.

« Je sais. Je suis un rhumatologue marginal, désenchanté et pessimiste. Mais les chiffres sont là. Depuis des années, aucun spécialiste n’est remplacé sur le Mazamétain. Côté généraliste, il en reste 10 alors qu’il faudrait une vingtaine. On ne trouve personne. Ils veulent tous travailler dans une structure où ils sont salariés avec des heures fixes. On a même deux généralistes qui ont démissionné. L’un aujourd’hui fait dans la vigne, le second dans la restauration. C’est n’importe quoi. » Pendant ce temps, les patients déboulent dans le cabinet. André Chambat s’interroge. « Je ne vais pas tout de même les laisser sans personne. Ce n’est pas ma philosophie. »
 

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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