Une étude publiée mardi par l’association de consommateurs met en lumière les difficultés d’accès aux soins dans de nombreux territoires. Article rédigé par

France Télévisions
Publié le 08/11/2022 06:18Mis à jour le 08/11/2022 07:59
Temps de lecture : 2 min.

La situation est « alarmante ». Une étude publiée par l’association de consommateurs UFC-Que Choisir, mardi 8 novembre, met en lumière les difficultés d’accès à quatre catégories de médecins (généralistes, ophtalmologistes, pédiatres et gynécologues) dans l’ensemble de l’Hexagone. Alors qu’une épidémie de bronchiolite paralyse les urgences pédiatriques cet automne, le système libéral est lui aussi saturé.
Ainsi, 27,5% des enfants vivent dans un désert médical pédiatrique. Autrement dit, quelque 2,1 millions d’enfants âgés de 0 à 10 ans se trouvent sans pédiatre à moins de 45 minutes de chez eux.
En rouge, les territoires en situation de « désert médical » concernant les pédiatres, tous tarifs confondus, selon une étude publiée par l’UFC-Que Choisir, le 8 novembre 2022.
UFC-QUE CHOISIR
Cette étude s’appuie sur la localisation des médecins (avec un indicateur nommé « accessibilité potentielle localisée », APL) et les tarifs pratiqués commune par commune. L’étude prend également en compte l’éloignement géographique et la capacité financière des patients à se soigner. Cette offre de soins a été croisée avec une demande potentielle de soins, ce qui signifie qu’« une commune sans enfants ne se voit pas attribuer un APL pointant un manque de pédiatres », explique l’UFC-Que Choisir.
« L’aspect financier accentue les difficultés »
Le prix des consultations et les dépassements d’honoraires pratiqués par certains praticiens est un indicateur important quand il s’agit d’accès aux soins. S’ils restent moins fréquents pour les généralistes que pour les spécialistes, selon l’UFC-Que Choisir, ils représentent un obstacle pour les patients qui ont peu de pouvoir d’achat. « Quand on pense aux déserts médicaux, on pense aux généralistes et aux campagnes. Mais cette étude montre que l’aspect financier accentue les difficultés d’accès aux soins, notamment pour les spécialistes », souligne auprès de franceinfo Maria Roubtsova, l’autrice de cette étude.
Dans le cas des pédiatres, en prenant en compte uniquement les médecins qui pratiquent le tarif de la Sécurité sociale, près de la moitié des enfants (46,8%) se trouvent dans la catégorie « déserts médicaux » (contre 27,5% toutes catégories confondues).
Une carte représentant les « déserts médicaux » de pédiatres, en rouge, en prenant en compte les dépassements d’honoraires, par l’UFC-Que Choisir, le 8 novembre 2022.
UFC-QUE CHOISIR
L’idée n’est pas forcément de remettre en cause les dépassements d’honoraires, mais de « défendre les patients pour leur éviter qu’ils se retrouvent avec des mauvaises surprises », soutient Maria Roubtsova. « Certaines bases de remboursement doivent aussi être revues, pour les gynécologues par exemple, puisque environ deux tiers de ces spécialistes pratiquent [des dépassements]. On constate clairement une volonté de la Sécu de se reposer sur le remboursement des mutuelles. »
La carte inter-active de la fracture sanitaire:
Pour regarder le temps d’accès à votre généraliste, pédiatre, gynécologue, ophtalmologiste, et la pratique des dépassements dans votre territoire:
https://www.quechoisir.org/carte-interactive-fracture-sanitaire-n21245/
L’UFC-Que Choisir dévoile la carte de l’intolérable fracture sanitaire
Les pouvoirs publics vont-ils enfin agir pour la résorber ?
Publié le : 08/11/2022
Alors que le Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2023 a mis en évidence l’absence d’une quelconque volonté politique du Gouvernement pour permettre un égal accès aux soins pour tous les usagers, l’UFC-Que Choisir rend aujourd’hui publique la carte interactive soulignant l’état déplorable de l’accès géographique et financier aux soins en France. L’UFC-Que Choisir presse les pouvoirs publics d’enfin réguler l’installation des médecins, et de mettre un terme aux dérives des dépassements d’honoraires. Parallèlement, l’association met gratuitement à disposition sur son site internet la carte interactive de la fracture sanitaire, pour que chacun puisse vérifier l’accès aux soins à partir de sa commune et interpeller directement ses parlementaires.
Après deux premières études sur la fracture sanitaire (2012 et 2016), l’UFC-Que Choisir actualise ses constats. Sur la base d’une méthodologie permettant de décrire de manière encore plus fine la situation, son analyse détermine pour chaque commune de la France métropolitaine l’accès à quatre catégories de médecins en accès direct (généralistes, ophtalmologues, gynécologues et pédiatres), en combinant à la fois l’éloignement géographique des médecins et les tarifs pratiqués (Sécurité sociale ou avec dépassements d’honoraires) (1).
PRÉSENCE TERRITORIALE DES MÉDECINS : UNE SITUATION ALARMANTE POUR LES SPÉCIALISTES, SURTOUT POUR LES PÉDIATRES
L’accès à la médecine de ville est particulièrement compliqué pour les spécialistes. En prenant en compte l’offre médicale accessible à moins de 45 minutes de route, notre analyse montre que 19,0 % des habitants du pays (soit 12,3 millions de personnes) résident dans un désert médical pour l’ophtalmologie. En proportion, la situation est encore plus dégradée pour les gynécologues, puisque pour cette spécialité ce sont 23,6 % des femmes qui vivent dans un désert médical. Et la triste palme de la pire répartition des spécialistes revient aux pédiatres, puisque ce ne sont pas moins de 27,5 % des enfants qui vivent dans un désert médical pédiatrique.

Si les déserts médicaux sont moins importants pour les généralistes (2,6 % de la population), la situation n’en reste pas moins préoccupante puisque 23,5 % des usagers éprouvent des difficultés (2) pour accéder à moins de 30 minutes de route à ce maillon essentiel du parcours de soins.
DES MÉDECINS… « SPÉCIALISTES » DES DÉPASSEMENTS D’HONORAIRES !
L’intérêt de l’approche de l’UFC-Que Choisir quant à l’accès aux soins est de se mettre concrètement dans la situation des usagers. C’est ainsi que sont également pris en compte les tarifs pratiqués par les médecins. Il s’agit effectivement d’un critère central pour les usagers, puisque le frein financier est la première explication (29 % des cas) du renoncement aux soins des patients (3).
Or, lorsque l’on ne prend en compte que l’accès aux médecins ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires, la pénurie de médecins croît de manière affolante. La part des enfants vivant dans des déserts médicaux pédiatriques passe ainsi à 46,8 % (+ 19,3 points), et celle des femmes résidant dans des déserts médicaux gynécologiques à 66,8 % (+ 43,2 points). Le pourcentage de la population vivant dans un désert médical ophtalmologique passe quant à lui du simple à plus du triple (62,8 %, soit + 43,8 points) !
La combinaison de la dimension géographique et financière de l’accès aux soins souligne le fait que, contrairement aux idées reçues, les déserts médicaux concernent aussi bien les zones rurales qu’urbaines.

NOTES
(1) Voir notre étude complète pour prendre connaissance de la méthodologie employée. Notons ici que pour élaborer les constats chiffrés sur la fracture sanitaire, l’UFC-Que Choisir a fait appel l’expertise de la SKEMA Business School pour collecter et traiter les données relatives aux tarifs pratiqués par les professionnels de santé, ainsi que pour calculer finement les temps de trajet pour que les usagers puissent se rendre de chez eux aux cabinets des professionnels.
(2) En prenant en compte les personnes vivant dans des déserts médicaux (accessibilité médicale au moins 60 % inférieure à la moyenne nationale) et celles vivant dans les zones à accès difficile (accessibilité médicale entre 30 % et 60 % inférieure à la moyenne nationale).
(4) 94 M€ sur la seule période allant de 2017 à 2020 d’après un bilan présenté dans une commission interne de l’Assurance maladie et consulté le 18 juillet 2022 par l’AFP.
En rouge zones de déserts médicaux





En ajoutant la difficulté à régler le dépassement d’honoraire



*Pourquoi 59 % des Français ont-ils déjà dû renoncer à des soins ?
Coût, délai d’attente, peur du diagnostic… Un sondage réalisé par OpinionWay pour « Les Echos » et Harmonie Mutuelle décrypte les raisons qui poussent une majorité de Français à ne pas se soigner.Lire plus tardCommenter
Par Julie Le Bolzer
Publié le 19 nov. 2019 à 9:00
Payer des actes médicaux serait-il un luxe ? Au regard du sondage « Les Français et le renoncement aux soins », réalisé par OpinionWay pour « Les Echos » et Harmonie Mutuelle, il apparaît que l’argument financier constitue la première raison justifiant de ne pas se soigner. Sur les 59 % de répondants qui confient avoir déjà dû renoncer à des soins médicaux, 29 % invoquent le manque d’argent. Chez les jeunes actifs de 25 à 34 ans, ce chiffre s’élève à 37 %, et les CSP + sont, eux aussi, concernés, puisque 26 % d’entre eux avancent également les raisons financières comme frein aux soins.
Face aux fins de mois compliquées, certains soins médicaux apparaissent bien superflus… Ainsi, les soins dentaires sont sacrifiés en premier (61 %), suivis par le changement de lunettes (55 %), le bilan de santé complet (34 %) ou encore la consultation de cardiologie (22 %). « En cas de précarité ou de baisse du pouvoir d’achat, les Français renoncent d’abord à ce qui leur semble le moins dommageable pour leur santé. Ce qui est préoccupant, c’est la sous-estimation, passé un certain âge, d’un bilan de santé général ou cardiologique. Confronté à une situation financière difficile, on ignore certains risques qui ne sont pas forcément perceptibles », alerte Ronan Chastellier, sociologue.
Renoncement aux soins : les causes irrationnelles
Autres éléments constituant des entraves aux soins, l’éloignement géographique (cité par 8 % des personnes interrogées), le délai d’attente trop important (24 %) et l’impossibilité d’obtenir un rendez-vous aux horaires souhaités (19 %). « L’impression de moments d’attente vertigineux avec les organismes médicaux joue comme un repoussoir pour tous ceux qui n’ont pas de flexibilité et de capacité à s’organiser », analyse Ronan Chastellier, ajoutant que « si ce sont les salariés qui en pâtissent en chef, le délai d’attente et la difficulté à obtenir un rendez-vous concernent tout le monde ».
Le renoncement aux soins peut aussi avoir une cause irrationnelle. Ainsi, 12 % des 25/34 ans, 10 % des plus de 50 ans et 10 % des CSP + concèdent que c’est la peur du diagnostic qui les éloigne du médical. De l’avis de Ronan Chastellier, on peut voir dans cette réponse le rejet d’« une nouvelle pratique de la médecine, moins humaine, plus fonctionnaliste et plus économique, qui semble autoriser une sorte d’automédication via les sites médicaux ou les réseaux sociaux ».
Diminution du temps de travail
En revanche, que dire des comportements irresponsables de certains 25/34 ans, qui renoncent aux soins pour préserver leur budget sortie (29 %), partir en vacances (25 %), faire du shopping (22 %)… ou acquérir un nouveau smartphone (22 %) ? « On croyait les dépenses de santé un peu à part, mais dans une société largement consumériste, certains mettent en concurrence le remplacement d’une couronne dentaire et un week-end à la montagne, le renouvellement d’une paire de lunettes ou l’achat d’un écran plat. On renonce à des soins en fonction de la dernière envie du moment », observe Ronan Chastellier.

Quelles que soient les raisons justifiant de renoncer à des soins, les Français sont 41 % à considérer que cela a des répercussions sur leur activité professionnelle : 20 % s’estiment moins concentrés, 21 % des moins de 35 ans et 19 % des CSP + disent que cela impacte leurs horaires, 30 % des indépendants y voient la cause d’une diminution de leur temps de travail, etc. « Il y a un coût économique, avec des impacts quantitatifs et qualitatifs sur le travail. La renonciation au soin contribue à cette fatigue généralisée, voire à une désimplication au travail », estime le sociologue.
Dans ce contexte général, l’employeur apparaît comme un acteur essentiel : 53 % des sondés croient au rôle des entreprises dans la prévention santé, et 28 % sont demandeurs de conseils, directement sur leur lieu de travail.
Julie Le Bolzer
Publié le 09/11/2022
L’UFC-Que Choisir dénonce un « déplorable » accès aux soins en France

Paris, le mercredi 9 novembre 2022
https://hubtr.newsletter.jim.fr/clic132/8274/1244477/14?k=8bab0b2f8ddfefe33f1995b118148433
Mois après mois, les études ou analyses sur la « désertification » médicale en France se multiplient, décrivant une situation de plus en plus préoccupante. L’association de consommateurs UFC-Que choisir enfonce encore le clou en publiant ce mardi son étude sur la répartition des médecins sur le territoire. Elle souligne « l’état déplorable de l’accès géographique et financier aux soins en France » et dénonce une « intolérable fracture sanitaire ». L’association a également mis en ligne une carte interactive, qui permet à tout chacun de connaitre l’état de l’accès aux soins sur son territoire.
Pour établir cet état des lieux, l’association s’est concentré sur la présence des généralistes, mais également des ophtalmologues, des pédiatres et des gynécologues, trois spécialistes pour lesquels les Français ont un accès direct sans passer par leur médecin traitant. Les auteurs de l’étude ont croisé deux critères : la présence d’un médecin à moins de 45 minutes de route et les tarifs pratiqués par ces médecins. La zone est considérée comme étant « à accès difficile » lorsque l’accessibilité médicale est inférieure de 30 à 60 % à la moyenne nationale et est qualifié de désert médical lorsque cette accessibilité est inférieure de 60 %.
Un quart des enfants vivent dans un désert pédiatrique
Avec ces données, on constate que 2,6 % de la population vit dans un désert médical et 23,5 % dans une zone à accès difficile s’agissant des médecins généralistes (le ministère de la Santé évalue lui à environ 10 % la part des Français vivant dans une zone sous-dotée en généraliste). La situation serait en revanche bien plus préoccupante concernant l’accès aux spécialistes : 19 % des Français vivent dans un désert ophtalmologique, 23,6 % des femmes dans un désert gynécologique et 27,5 % des enfants dans un désert pédiatrique.
Comme d’autres études l’avaient déjà démontré précédemment, ce sont les zones rurales et les périphéries des grandes villes qui sont le plus touchés par cette désertification médicale, tandis que les grands centres urbains et la côte méditerranéenne attirent les praticiens.
L’ampleur du phénomène de fracture médicale est encore plus inquiétante lorsqu’entre également en jeu le critère financier. Ainsi, si on prend en compte uniquement l’accès à des médecins ne pratiquant pas de dépassement d’honoraires, ce sont 62,8 % des Français qui vivent dans un désert ophtalmologique, 46,8 % des enfants dans un désert pédiatrique et 66,8 % des femmes dans un désert gynécologique.
Des chiffres loin d’être étonnants puisque près de la moitié des pédiatres et les deux tiers des ophtalmologues et des gynécologues pratiquent des dépassements d’honoraires. Lorsque les critères géographiques et financiers sont combinés, on constate que même les grands centres urbains sont concernés par la difficulté d’accès aux soins.
Le programme radical d’UFC-Que Choisir
Pour l’association UFC-Que Choisir, les mesures d’incitations financières mises en place par le gouvernement ces dernières années par le gouvernement pour pallier la désertification médicale sont insuffisantes, tout comme la création d’une quatrième année d’internat de médecine générale à effectuer en zone sous-dense, inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2023.
L’association prône elle un programme radical, en demandant la mise en place d’un conventionnement sélectif, qui interdirait aux médecins de s’installer dans une zone sur dotée sauf en cas de remplacement où si la zone manque de médecins en secteur 1. UFC-Que Choisir demande également de supprimer l’accès au secteur 2 : les médecins désirant s’installer n’auraient plus que le choix entre le secteur 1 et l’adhésion à l’OPTAM, le dispositif d’encadrement des dépassements d’honoraires. Enfin, elle demande de supprimer les aides publiques à tous les médecins qui ne sont ni en secteur 1, ni en OPTAM.
Des propositions qui n’ont que bien peu de chances d’aboutir, le ministre de la Santé François Braun ayant plusieurs fois affirmé son rejet de toute contrainte à l’installation.
Nicolas Barbet