Les réanimations pédiatriques déjà saturées

Urgences pédiatriques saturées : 4000 soignants inquiets et à bout écrivent à Emmanuel Macron

  • Une équipe médicale du CHU Purpan à Toulouse avec une maman et son bébé.Une équipe médicale du CHU Purpan à Toulouse avec une maman et son bébé. Photo DDM archives, Michel Viala

Santé,  France – Monde

Publié le 22/10/2022 à 10:0

https://www.ladepeche.fr/2022/10/22/urgences-pediatriques-saturees-4000-soignants-inquiets-et-a-bout-ecrivent-a-emmanuel-macron-10755733.php

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l’essentiel

Pour dénoncer des services de pédiatrie saturés à l’hôpital, 4000 soignants et associations de patients ont adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron.
 

C’est un cri d’alarme que lancent 4000 soignants et associations de patients. Ils ont adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour dénoncer la saturation des services hospitaliers en pédiatrie alors que l’épidémie de bronchiolite s’est installée dans une majorité de régions, y compris en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine.

Dans cette lettre ouverte diffusée dans le Parisien, les soignants écrivent : « Nous dénonçons ici la dégradation criante des soins apportés aux enfants qui les met quotidiennement en danger ». Et de citer plusieurs exemples : prise en charge des enfants dans des lieux non adaptés, sorties prématurées d’hospitalisations ou reports d’interventions chirurgicales.

A lire aussi : Bronchiolite : alerte rouge sur la quasi-totalité de la France dont l’Occitanie

Comme chaque année, les soignants sont confrontés à l’épidémie de bronchiolite qui touche les moins de 2 ans et nécessite bien souvent d’hospitaliser les bébés de moins d’un an. Le seuil épidémique est dépassé dans la quasi-totalité des régions. Seule la région Paca est encore en phase pré-épidémique. La bronchiolite revient chaque automne et se poursuit une partie de l’hiver.

La solution pour ces soignants : rouvrir des lits en pédiatrie. « Il est urgent de pouvoir rouvrir des lits dans les services de pédiatrie en arrêtant la fuite des soignants et en recrutant des jeunes passionnés », écrivent-ils dans le courrier.

La ministre déléguée en charge de l’organisation territoriale et des professions de santé Agnès Firmin Le Bodo a reconnu l’existence de « tensions » sur France Info ce samedi matin. Mais elle prévient que la réponse prendra du temps. « Ouvrir des lits, oui, mais pour ouvrir des lits, il faut des personnels derrière les lits. (…) Ce n’est pas parce que vous allez augmenter les salaires que vous allez former les professionnels de santé. C’est un travail global, c’est un travail de fond qui était engagé depuis le dernier quinquennat, sur lequel nous essayons d’apporter des réponses face à l’urgence, parce qu’on voit bien que ces solutions vont produire des effets dans le temps long ». Les soignants sont prévenus : les conditions de soins vont encore rester dégradées ces prochains mois.

Cy.B.

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Le gouvernement reconnaît un « problème » dans les services pédiatriques et compte sur « la solidarité avec la médecine de ville »

Egalement interrogée sur les éventuels risques de pénurie de paracétamol, pourtant démentie par les industriels du secteur, la ministre chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé a reconnu, samedi, « des tensions mais pas de manque de molécule de paracétamol ». 

Le MondePublié aujourd’hui à 13h44

Temps de Lecture 1 min. https://www.lemonde.fr/sante/article/2022/10/22/le-gouvernement-reconnait-un-probleme-dans-les-services-pediatriques-et-compte-sur-la-solidarite-avec-la-medecine-de-ville_6146930_1651302.html

Le gouvernement est « conscient du problème » dénoncé dans la lettre ouverte signée par des milliers de soignants qui dénoncent la saturation des urgences pédiatriques dans les hôpitaux et compte « sur la solidarité avec la médecine de ville », a déclaré la ministre chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, samedi 22 octobre.

Plus de quatre mille soignants ont signé une lettre ouverte au président de la République, Emmanuel Macron, publiée par Le Parisienpour dénoncer la saturation des services pédiatriques hospitaliers. Ces derniers, notamment en Ile-de-France, connaissent une saturation liée à l’épidémie de bronchiolite qui sévit actuellement.

Les soignants fustigent des difficultés structurelles, dont les conditions de travail et une prise en charge inadaptées, résultats d’une « inaction politique irresponsable ». Ils dénoncent en outre des « transferts éloignés » d’enfants, parfois dans des villes distantes de « plusieurs centaines de kilomètres » de chez eux.

Lire aussi :   Tensions dans les réanimations pédiatriques d’Ile-de-France en raison du manque de personnel

« Il faut trouver ces personnels et on ne les a pas »

« Il y a un problème et nous le savons », a déclaré la ministre déléguée auprès du ministre de la santé, interrogée sur Franceinfo« Nous comptons sur la solidarité entre les hôpitaux, sur la solidarité avec la médecine de ville et travaillons à l’ouverture plus prolongée le soir des maisons médicales de garde », a-t-elle affirmé, précisant apporter le « soutien » du gouvernement aux soignants.

« Le Ségur de la santé a permis de revaloriser les professions de santé, c’était un rattrapage, nous savons qu’il faut encore travailler sur l’hôpital, a-t-elle concédé. L’hôpital ne va pas bien depuis de très nombreuses années. »

Mme Firmin Le Bodo a par ailleurs souligné :

« Ouvrir des lits, oui, mais avec des personnels de santé. Il faut trouver ces personnels et on ne les a pas (…). Des milliers de lits ont fermé car nous sommes dans un modèle de transformation de la prise en charge avec le développement de l’ambulatoire (…). Mais nous avons su montrer la capacité à rouvrir des lits quand c’était nécessaire. »

Egalement interrogée sur les éventuels risques de pénurie de paracétamol, pourtant démentie par les industriels du secteur, la ministre a reconnu « des tensions, mais pas de manque de molécule de paracétamol ». Elle a invité les pharmaciens à « limiter la vente à deux boîtes par personne » et les consommateurs à ne pas stocker de médicaments chez eux.

Lire aussi :    « Nous ne pouvons plus exercer notre travail et soigner vos enfants correctement »*

Le Monde

« Crise des urgences pédiatriques : 150 millions d’euros, « un sparadrap sur une jambe de bois » »

Date de publication : 24 octobre 2022 Le Parisien – Le Figaro

https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=7cd6985c183987726b84b4eaf6f2bf43&id_newsletter=17314&liste=0&site_origine=revue_mediscoop&nuid=44baf5968540a6248a8065e80f2f7273&midn=17314&from=newsletter

Le Parisien rappelle que « faute de moyens pour accueillir tous les enfants atteints de bronchiolite à l’hôpital, plus de 4000 pédiatres ont interpellé Emmanuel Macron dans nos colonnes. Pour y répondre, le gouvernement a annoncé ce dimanche un fonds d’urgence pour «soutenir les services en tension à l’hôpital» ».


Frédéric Mouchon explique ainsi que « le ministre de la Santé a annoncé […] une enveloppe d’urgence de 150 millions d’euros pour «soutenir les services en tension à l’hôpital». Une réponse directe à la tribune adressée au président de la République […] où ces spécialistes dénonçaient la «saturation des hôpitaux», des «enfants quotidiennement en danger», des soins déprogrammés faute de lits, des transferts de petits malades en dehors de leur région d’origine ou hospitalisés dans des services d’adultes ».


François Braun a notamment déclaré : « Nous prendrons en charge tous les enfants. […] Cette épidémie arrive plus tôt que prévu dans un contexte où l’hôpital est à bout de souffle ».
Vincent Gadjos, chef de service à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart, observe que « même si la bronchiolite est cette année plus précoce, la situation était totalement prévisible, car l’hôpital est à l’os du fait d’une gestion purement comptable et du départ de soignants qui estiment que leur métier n’a plus de sens ».


Frédéric Mouchon relève que « les 150 millions d’euros débloqués par le gouvernement, le pédiatre les compare à «un sparadrap sur une jambe de bois» ». Le médecin déclare : « Cela fait 20 ans que je fais ce métier et on ne sait plus faire face aujourd’hui, parce que les moyens sont beaucoup trop faibles ».


Laure Dorey, déléguée générale de l’association Maladies Foie enfants, note pour sa part : « L’épidémie de bronchiolite réveille une situation hospitalière déjà extrêmement difficile du fait de la fermeture de lits. Nous manquons de places en réanimation, ce qui n’est pas sans conséquence sur les enfants atteints de maladies chroniques avec des interventions chirurgicales et des suivis annulés ou reportés ».


François Braun a indiqué que « si on a des problèmes de lits qui ferment, c’est parce qu’on ne trouve pas de personnel, et l’une de mes priorités est précisément de rendre le métier de soignant plus attractif ».


Le journaliste remarque que « pour réduire la pression sur les services pédiatriques, François Braun a exhorté les parents à appeler en priorité le 15 ou leur médecin plutôt que d’avoir le réflexe systématique d’aller à l’hôpital ».


Soline Roy note aussi dans Le Figaro : « 150 millions d’euros pour «les services en tension», la pérennisation de mesures prises cet été, et un appel à ne pas sursolliciter les urgences : le «plan d’action immédiat» promis […] par le ministre de la Santé, François Braun, pour aider les services de réanimation pédiatrique, est loin de convaincre ».


Le Dr Julie Starck, spécialiste de réanimation néonatale et pédiatrique à l’hôpital Armand-Trousseau (Paris), réagit : « C’est complètement inapproprié et inadapté. C’est un affront de recevoir ce type de réponse ! ».


Le Pr Isabelle Desguerre, neuropédiatre à l’hôpital Necker, rappelle qu’« en situation non épidémique, c’est déjà compliqué. Les réanimations ne sont pas ouvertes totalement, faute d’infirmières, et 15% à 20% des lits d’hospitalisation en pédiatrie sont également fermés. […] Un jour, on devra décider, par exemple, que des enfants très handicapés ne sont pas prioritaires pour être réanimés ».


Soline Roy relève qu’« en ce mois d’octobre, 16 enfants atteints de bronchiolite ont déjà été transférés hors d’Île-de-France, indique le ministère de la Santé. C’est beaucoup : l’Igas en comptait une vingtaine pour l’ensemble de l’hiver 2019-2020 ! ».


La journaliste explique que « face à la crise, les mesures prises cet été seront pérennisées : revalorisation des nuits, meilleure rémunération des libéraux venant aider à l’hôpital, aide à la télémédecine… Le gouvernement a aussi débloqué une enveloppe de 150 millions d’euros dont la répartition sera étudiée dans les prochains jours avec les agences régionales de santé (ARS) et les soignants. Mais seule une partie de cette somme ira à la pédiatrie, et «c’est un chiffre dérisoire, qui ne couvrira pas les besoins», dénonce le Dr Starck, qui estime que cela ne suffira pas à attirer des personnels épuisés et découragés par le manque de reconnaissance ».

Voir aussi:

* https://environnementsantepolitique.fr/2022/09/29/les-soignants-de-reanimation-pediatrique-alertent-a-nouveau/

https://environnementsantepolitique.fr/2022/09/27/apres-les-deserts-hospitaliers-les-deserts-en-generalistes-les-deserts-en-specialistes-oublies-et-plus-severes/

https://environnementsantepolitique.fr/2022/08/19/les-services-de-pedopsychiatrie-sont-submerges-par-un-nombre-toujours-plus-important-dadolescents-en-detresse-psychologique-voire-suicidaires/

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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