Le Pr François Braun veut en finir avec les urgences « open bar »
Par A.M. le 09-06-2022

A la tête d’une mission sur la crise des urgences confiée par Emmanuel Macron, le président de Samu-Urgences de France a défendu le « principe de tri » des patients en amont et à l’entrée des urgences.
L’idée d’une régulation de l’accès aux urgences fait de plus en plus d’émules. Elle est désormais ouvertement défendue par le Pr François Braun, chargé par Emmanuel Macron d’une mission « flash » visant à proposer des solutions de court terme face à la crise des urgences.
« Les urgences, ça ne peut plus être open bar, on ne peut plus servir à tout », a déclaré le président de Samu-Urgences de France lors d’une conférence de presse donnée au congrès de la Société française de médecine d’urgence (SFMU). Un « principe de tri » est selon lui nécessaire « soit par la régulation » téléphonique, « soit à l’entrée » des urgences, pour traiter en priorité les urgences vitales et réorienter les autres patients vers des médecins de garde, ou des consultations sur rendez-vous selon les cas.
Réguler l’accès aux urgences : solution ou régression ? Deux médecins confrontent leur point de vue *
L’urgentiste a par ailleurs déclaré qu’il fallait « arrêter de faire croire que l’on peut avoir partout des urgences ouvertes 24 heures sur 24, sept jours sur sept ».
La mission doit rendre ses conclusions au début du mois de juillet.
[avec AFP]
« On est arrivé à un point de rupture, les collègues jettent l’éponge » : l’alerte du Pr Salomon
Par A.M. le 10-06-2022

S’il salue les premières annonces de la ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, au congrès des urgentistes, le président de la commission médicale d’établissement (CME) de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris juge qu’il faut aller « beaucoup plus loin » et « plus vite ».
« C’est un tout début, il va falloir aller beaucoup plus loin. Je pense qu’assez vite on peut prendre d’autres mesures », a réagi le Pr Rémi Salomon, président de la CME de l’AP-HP, interrogé ce jeudi matin sur FranceInfo sur les annonces de Brigitte Bourguignon au congrès de la Société française de médecine d’urgence, mercredi. « Je suis pas sûr qu’on ait besoin d’un rapport ou d’attendre la conclusion de la mission flash. »
« Année après année, les difficultés ne cessent de s’aggraver et là on est arrivé à ce que l’on pourrait appeler un point de rupture, il y a une bascule, a-t-il alerté. Il y a comme une sorte de découragement, de désengagement. Moi je suis très inquiet. Les collègues se disent ‘là je jette l’éponge’. On a dit pendant des années ce qui n’allait pas, les politiques, tout le monde est au courant et il ne se passe pas grand-chose », a déploré le médecin.
S’il salue l’annonce concernant le doublement de la rémunération des heures supplémentaires, le néphrologue estime qu’il faut « payer tout le temps additionnel, pas que les heures sup’, mais aussi les gardes, les astreintes ». « Les jeunes générations sont moins prêtes à aller exercer le jour, la nuit, le week-end, les jours fériés », a-t-il souligné.
« Les médecins en ville doivent faire leur travail… et ils le font »
Questionné sur la permanence des soins ambulatoires, Rémi Salomon a défendu une « obligation collective » plutôt qu’individuelle. « Dans chaque territoire, les médecins doivent assurer une permanence des soins et s’assurer collectivement que tous les soirs il y a des médecins pour recevoir des patients », a-t-il répondu. « Les médecins de ville doivent faire leur travail… et ils le font, beaucoup d’entre eux sont à la peine aussi, il n’y a pas que l’hôpital », a-t-il insisté. « Il y a un problème de démographie médicale majeur dans ce pays, qui est lié au numerus clausus mais aussi au fait que chaque médecin travaille moins en moyenne qu’il y a 15 ou 20 ans. »
[avec Francetvinfo.fr]
Hôpital : Rémi Salomon (AP-HP) salue les « premières mesures » face à la crise, mais « il faudrait aller plus vite », selon lui
Publié le 09/06/2022 10:38
Hôpital : Rémi Salomon (AP-HP) salue les « premières mesures » face à la crise, mais « il faudrait aller plus vite », selon lui
Publié le 09/06/2022 10:38

Radio France
Payer double les heures supplémentaires et permettre aux étudiants de commencer sans attendre la remise du diplôme sont de bonnes mesures, selon le Pr Salomon. Mais il faut aussi « payer plus tout le temps additionnel ».
Les heures supplémentaires payées double pour les médecins et les soignants (infirmières, aides-soignants…) sont « une bonne mesure », a estimé Rémi Salomon, président de la commission médicale d’établissement de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) sur franceinfo jeudi 9 juin. Il s’agit d’une des « premières mesures » pour l’hôpital dévoilées par le gouvernement la veille, sans attendre le résultat de la « mission flash » commandée par Emmanuel Macron.
« Payer double les heures supplémentaires, c’est ce qu’on a fait pendant la crise covid », a rappelé celui qui est aussi à la tête de la Conférence des présidents de commission médicale d’établissement des centres hospitaliers universitaires (CHU) de France. Pour lui, « c’est bien de payer double parce qu’on fait [les médecins et les soignants] beaucoup d’efforts et qu’il faut rémunérer cet effort », mais « il faut payer plus tout le temps additionnel, pas que les heures supplémentaires ». « Les gardes » et « les astreintes », par exemple.
Pas besoin d’un énième rapport
Rémi Salomon a aussi salué le « dispositif exceptionnel » annoncé par le gouvernement qui doit permettre que « les élèves infirmiers et aides-soignants ayant achevé leur formation initiale en juin et juillet (puissent) commencent à exercer immédiatement, sans attendre la remise officielle de leur diplôme ». « Ils sont diplômés, c’est juste une question administrative d’avoir le diplôme, donc si on peut gagner quelques semaines, oui, c’est bon à gagner », a-t-il souligné.
CARTES. Crise à l’hôpital : quels sont les services d’urgence en difficulté en France avant l’été ?
« Là, il y a urgence, c’est cet été que ça va être encore plus compliqué », a-t-il insisté. De ce fait, « il faudrait aller plus vite » dans la réponse à la crise que connaît l’hôpital. Il n’est « pas sûr qu’on ait encore besoin d’attendre un rapport ou la conclusion de la mission dite ‘flash’ pour le 28 juin ».
Voir aussi:
Premières annonces pour les urgences de Brigitte Bourguignon **https://environnementsantepolitique.fr/2022/06/08/33003/