L’INVITÉ DE 8H20 : LE GRAND ENTRETIEN
Mardi 17 mai 2022
par Nicolas Demorand , Léa Salamé
Julien Bayou : « Élisabeth Borne, c’est la continuité d’un quinquennat d’inaction climatique »
10 minutes

Julien Bayou, secrétaire national d’Europe écologie-Les Verts, candidat Nupes à Paris pour les législatives, est l’invité de France Inter lundi 16 mai.
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« Enfin une femme à nouveau Première ministre, c’est un vrai signal » se réjouit Julien Bayou. « Par contre, c’est le seul motif de satisfaction, elle n’a pas de bilan au ministère de l’Écologie si ce n’est d’avoir supprimé 1 600 postes », rappelle le secrétaire national d’EELV, qui ajoute qu’elle a « souhaité appliquer les propositions de la convention citoyenne pour le climat, elle n’en a rien fait, le Président a jeté tout cela à la broyeuse« .
On n’en attend rien : c’est la continuité d’un mandat qui a été un quinquennat d’inaction climatique.
« Ne vous laissez pas berner par les mots : si vous vous souvenez, il y a eu un haut-commissaire au plan qui avait été réinventé il n’y a pas si longtemps : François Bayrou, qui n’a rien fait du tout, si ce n’est des rapports que d’autres autorités ont jugé indigents« , reproche-t-il. « On nous a déjà fait le coup : l’ensemble de la population a pu juger sur pièces les ambitions environnementales et sociales d’Emmanuel Macron« .
« Une politique de droite, point. »
Ainsi, dit-il, « la seule garantie pour avoir une action climatique dans les prochaines années, c’est de voter NUPES aux prochaines législatives, c’est d’avoir une majorité de députés écologistes, communistes, insoumis, socialistes« . Même face à une Première ministre qui vient de la gauche ? « Le bilan d’Élisabeth Borne en matière sociale, c’est le bilan d’une femme de droite ; et elle est maintenant Première ministre d’un président de droite », répond-il.
« _Une femme Première ministre, d’où qu’elle vienne, qui s’engage avec comme principal projet la réforme de la retraite à 65 ans, c’est une politique de droite, poin_t ».
Emmanuel Macron a multiplié les attaques contre Jean-Luc Mélenchon, rappelant qu’il n’y a pas de troisième tour. Mais Julien Bayou rappelle de son côté que la dissolution de l’Assemblée nationale de 1997 avait vu la gauche l’emporter et que la cohabitation qui a suivi a mis en place « des acquis gouvernementaux, qui gouvernement encore notre quotidien : la réduction du temps de travail, la loi SRU sur le logement, le Pacs, etc.«
Le burkini, « ça n’a rien à voir avec la laïcité »
Sur la question de l’autorisation du burkini dans les piscines municipales de Grenoble, Julien Bayou dit d’abord que « ça n’a rien à voir avec la laïcité : la loi de 1905 qui reconnait la séparation de l’Église et de l’État, combinée à la neutralité des services publics, garantit l’égalité. La neutralité ne s’applique qu’aux agents des services publics, pas aux usagers« . Pointant du doigt le fait que « toutes les télés de France » ne vont pas à Rennes où c’est l’autorisation existe depuis 4 ans, il affirme : « Si c’est un problème fondamental, ça ne peut pas se régler au niveau municipal. Ce n’est pas un problème : je souhaite que les femmes musulmanes puissent exercer leur religion, et qu’elles puissent se baigner ».
Cela signifie-t-il que, comme Emmanuel Macron, la NUPES « choisit le communautarisme plutôt que l’universalisme » ? « C’est n’importe quoi. Et ce qui est aussi n’importe quoi, c’est quand Laurent Wauquiez, sous couvert de batailler pour la République, attente à l’État de droit quand il dit qu’il va supprimer des subventions à une collectivité territoriale. Si un élu écologiste avait fait ça, qu’il ne subventionnait pas une collectivité parce qu’elle a pris une décision légale qui ne lui plait pas, tout le monde serait en toupie« .