30 000 décès prématurés (en baisse), secondaires à la pollution de l’air en 2019 en france, 307 000 dans l’UE

La mortalité liée à la pollution de l’air dans l’UE baisse mais reste importante

Avec 307 000 décès prématurés en 2019 dans l’Union européenne, la mortalité causée par les particules fines affiche une baisse de 10 % en un an. La tendance pourrait continuer si les nouveaux objectifs de qualité de l’air fixés par l’OMS étaient respectés. 

Le Monde avec AFP Publié le 15 Mai 2022, mis à jour à 07h06  

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https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/15/la-mortalite-liee-a-la-pollution-de-l-air-dans-l-ue-baisse-mais-reste-importante_6102066_3244.html?xtor=EPR-32280629-%5Ba-la-une%5D-20211115-%5Bzone_edito_2_titre_6%5D&M_BT=53496897516380

La pollution aux particules fines a provoqué 307 000 décès prématurés dans l’Union européenne (UE) en 2019. Si le chiffre reste alarmant, il a néanmoins diminué de plus de 10 % en un an, selon un rapport de l’Agence européenne de l’environnement (AEE), publié lundi 15 novembre.

En 2018, le nombre de morts lié aux particules fines PM 2,5 (particules en suspension dans l’air dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres) était estimé à 346 000. La nette baisse de 2019 s’explique en partie par des conditions météorologiques favorables mais surtout par la poursuite de l’amélioration progressive de la qualité de l’air en Europe, selon l’AEE.

Au début des années 1990, les particules fines, qui pénètrent profondément dans les poumons, provoquaient ainsi près d’un million de décès prématurés dans les vingt-sept pays de l’UE, d’après ces données. Un chiffre déjà tombé à environ 450 000 en 2005.

Près de 30 000 décès en France

Parmi les principaux pays de l’UE, la pollution aux particules fines a été responsable, en 2019, de 53 800 décès prématurés en Allemagne, 49 900 en Italie, 29 800 en France et 23 300 en Espagne, selon l’AEE. Avec 39 300 morts, la Pologne est le pays le plus touché relativement à sa population.

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L’agence, sise à Copenhague, mesure également les décès liés aux deux autres principaux polluants de l’air dangereux pour la santé, mais n’additionne pas les bilans car cela conduirait, selon elle, à des doubles comptages.

Pour les particules d’ozone (O3), la tendance en 2019 était aussi à la baisse avec 16 800 morts prématurées, soit un recul de 13 % sur un an. Pour le dioxyde d’azote (NO2), gaz produit principalement par les véhicules et les centrales thermiques, les décès prématurés ont diminué d’un quart entre 2018 et 2019, passant à 40 400.

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La pollution de l’air reste la menace environnementale la plus importante pour la santé des Européens. Les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux sont les causes les plus fréquentes de décès prématurés imputables à la pollution atmosphérique, suivies par les maladies pulmonaires et les cancers du poumon, rappelle l’AEE. Chez l’enfant, la pollution atmosphérique pourrait entraver le développement des poumons, provoquer des infections respiratoires et aggraver l’asthme.

Une mortalité dans le monde proche de celle du tabagisme

Même si la situation s’améliore progressivement, l’AEE avait averti en septembre que la plupart des pays européens étaient encore au-delà des limites, qu’il s’agisse des recommandations européennes ou de celles plus ambitieuses de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon cette dernière, la pollution de l’air fait 7 millions de morts prématurées par an dans le monde, un bilan qui la place à des niveaux proches du tabagisme ou de la mauvaise alimentation.

Ce lourd bilan l’a poussée, à la fin de septembre, à établir des limites plus contraignantes pour les principaux polluants de l’air*, pour la première fois depuis 2005.

« Investir dans un chauffage, une mobilité, une agriculture et une industrie plus propres permet d’améliorer la santé, la productivité et la qualité de vie de tous les Européens, notamment des plus vulnérables », a plaidé le directeur de l’AEE, Hans Bruyninck.

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L’UE s’est fixé comme objectif d’avoir réduit d’au moins 55 % en 2030 le nombre de décès prématurés causés par les particules fines, par rapport aux niveaux de 2005. Si la pollution de l’air diminue au rythme actuel, l’agence estime que cet objectif serait atteint d’ici à 2032.

Toutefois, les tendances au vieillissement et à l’urbanisation pourraient affecter certains des gains sanitaires associés à la réduction des concentrations de pollution de l’air.

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« Une population plus âgée est plus sensible à la pollution atmosphérique, et un taux d’urbanisation plus élevé signifie généralement que plus de personnes sont exposées aux concentrations de particules fines, qui ont tendance à être plus élevées dans les villes », souligne l’AEE dans son rapport, appelant à redoubler les efforts.

Le Monde avec AFP

*Pollution de l’air : l’OMS durcit drastiquement ses normes

Les seuils d’exposition aux deux plus dangereux polluants, les particules fines et le dioxyde d’azote, sont divisés par deux et quatre respectivement. 

Par Stéphane MandardPublié le 22 septembre 2021 à 12h00 – Mis à jour le 22 septembre 2021 à 15h53  

https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/22/pollution-de-l-air-l-oms-durcit-drastiquement-ses-normes-pour-eviter-7-millions-de-morts_6095590_3244.html

Temps de Lecture 5 min. 

Une vue aérienne montre Bangkok recouverte par la brume en mai 2020. La mauvaise qualité de l’air est redevenue un sujet de préoccupation dans la capitale après que le département de contrôle de la pollution a détecté des niveaux dangereux de fines particules de poussière dans les cinq stations de surveillance de la qualité de l’air.
Une vue aérienne montre Bangkok recouverte par la brume en mai 2020. La mauvaise qualité de l’air est redevenue un sujet de préoccupation dans la capitale après que le département de contrôle de la pollution a détecté des niveaux dangereux de fines particules de poussière dans les cinq stations de surveillance de la qualité de l’air. PORNPROM SATRABHAYA / BANGKOK POST VIA AFP

On reproche souvent à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) d’être timorée. Cette fois, elle n’a pas fait dans la demi-mesure. L’institution onusienne a dévoilé, mercredi 22 septembre, ses nouvelles lignes directrices en matière de qualité de l’air, avec un durcissement significatif des normes censées protéger la santé. Les seuils fixés pour les deux plus dangereux polluants de l’air, les particules fines(PM 2,5, inférieures à 2,5 micromètres), aux sources multiples (transports, industrie, chauffage, agriculture, etc.), et le dioxyde d’azote (NO2), gaz toxique émis principalement par le trafic routier, sont drastiquement abaissés.

La limite d’exposition annuelle à ne pas dépasser pour les PM 2,5 est divisée par deux : elle passe de 10 microgrammes (µg) par mètre cube à 5 µg/m3. Celle pour le NO2 est divisée par quatre : de 40 à 10 µg/m3.

L’enjeu est à la hauteur du péril : chaque année, la pollution de l’air est à l’origine d’environ sept millions de morts prématurées, rappelle l’OMS. Au point d’être devenue la « principale menace environnementale pour la santé humaine ». Cancer du poumon, accident vasculaire cérébral (AVC), infarctus, maladies pulmonaires chroniques obstructives (broncho-pneumopathies, asthme…) : la pollution de l’air est aujourd’hui considérée comme un facteur de risque aussi important que le tabagisme ou la mauvaise alimentation. Aucune région du monde n’est épargnée, mais certaines paient un tribut plus lourd. On estime à 1,6 million le nombre de décès prématurés attribués chaque année à l’exposition aux particules fines en Inde, contre 400 000 en Europe et environ 40 000 en France.

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Les lignes directrices de l’OMS en matière de qualité de l’air avaient besoin d’un sérieux lifting. Elles remontaient à 2005. L’OMS a passé en revue plus de 500 publications scientifiques pour élaborer ses nouvelles recommandations. Depuis quinze ans, les données s’accumulent sur les effets délétères et multiples (retards de croissance, maladies neurodégénératives ou encore diabète) de la pollution de l’air à des concentrations bien plus faibles qu’on ne le pensait. Ainsi des particules fines, les plus dangereuses car elles ne s’arrêtent pas aux voies respiratoires mais pénètrent profondément dans l’organisme par le système sanguin jusqu’au cœur et au cerveau.

L’Islande, seul pays sous le nouveau seuil

Le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus « exhorte tous les pays et tous ceux qui luttent pour protéger notre environnement à utiliser [les nouvelles lignes directrices] pour sauver des vies ». Une gageure. Aujourd’hui, plus de 90 % de la population mondiale vit dans des zones où les concentrations de PM 2,5 dépassent le seuil de référence de 10 µg/m³ fixé en 2005.

Un seul pays, l’Islande (4,7 µg/m³ en moyenne annuelle, selon les dernières données de l’Agence européenne de l’environnement), affiche un indice conforme au nouveau seuil de 5 µg/m³. Avec 10,6 µg/m³, la France en est loin. Mais la marche est encore plus haute pour nombre de pays. En Inde, la concentration moyenne en particules fines dépasse 70 µg/m³, soit quatorze fois la nouvellerecommandation de l’OMS.

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Aussi, pour permettre aux régions du monde les plus touchées de rattraper leur retard, l’institution propose des objectifs intermédiaires : 35, 25, 15, 10 µg/m³ . Pas de calendrier, pas de cadre juridique contraignant non plus. Les lignes directrices de l’OMS sont « un outil fondé sur des données factuelles permettant aux décideurs d’orienter leur législation et leurs politiques au niveau international, national ou local ».

La Commission européenne doit se réunir jeudi 23 septembre pour examiner les nouvelles recommandations de l’institution onusienne. En mai, le Parlement européen a demandé d’aligner les normes continentales sur celles de l’OMS et de dépoussiérer les directives sur la qualité de l’air, qui datent de 2004 et de 2008. Pour les PM 2,5, la limite européenne est ainsi aujourd’hui de 25 µg/m3, cinq fois plus que la nouvelle. Et l’Union européenne (UE) n’a toujours pas adopté de limite quotidienne, quand l’OMS abaisse la sienne de 25 µg à 15 µg/m3.

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De nombreuses morts pourraient être évitées

Picture taken 28 October 2006 on a polluted industrial landscape with railways, a telecommunication tower, cranes, a chimney, in Xi’an’s suburb. AFP PHOTO PATRICK KOVARIK (Photo by PATRICK KOVARIK / AFP)

Le processus de révision des directives sur la qualité de l’air doit déboucher au troisième trimestre de 2022 sur une proposition législative. Débuteront ensuite les négociations avec les Etats. Elles s’annoncent compliquées. Plusieurs Etats, dont la France, font déjà l’objet de condamnations devant la Cour de justice de l’UE pour non-respect des actuels standards européens. « Nous soutiendronsfermement l’alignement complet et sans délai des niveaux maximums de polluants dans l’Union européenne sur les lignes directrices de l’OMS », réagit Sophie Perroud, du réseau européen Health and Environment Alliance (HEAL), qui regroupe plus de 70 organisations spécialisées en santé et environnement.

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Pour inciter les décideurs à passer à l’action, l’OMS a estimé le nombre de vies qui pourraient être sauvées si les niveaux de pollution actuels étaient ramenés à ceux recommandés dans les nouvelles lignes directrices. Près de 80 % des décès liés aux PM 2,5 pourraient ainsi être évités. Et, selon les projections de l’OMS, l’objectif intermédiaire d’atteindre le seuil fixé en 2005 permettrait déjà de diviser de moitié le nombre de morts dues aux particules fines. Ce sont les pays les plus peuplés et à bas revenus qui en tireraient le plus de bénéfices : − 60 % en Afrique et − 57 % en Asie du Sud-Est.

La lutte contre la pollution de l’air est bénéfique en termes de santé humaine, mais aussi pour le climat, rappelle l’OMS. Car non seulement certains polluants (l’ozone ou le carbone suie, une composante des particules fines) participent au réchauffement, mais les principales sources de pollution de l’air sont aussi celles qui émettent le plus de gaz à effet de serre : la combustion d’énergie fossile ou de biomasse pour se déplacer (véhicules à moteur thermique), se chauffer (chauffage au bois ou au fioul) ou produire de l’énergie (centrale à charbon).

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De ce point de vue, pour l’OMS, deux enseignements doivent être tirés de la crise du Covid-19 pour renforcer la lutte contre la pollution de l’air. Tout d’abord, parce que celle-ci est un facteur d’aggravation de l’épidémie en termes de mortalité : selon une étude publiée fin 2020 dans la revue Cardiovascular Researchenviron 15 % des décès dans le monde dus au Covid-19 pourraient être attribués à une exposition à long terme aux particules fines. Ensuite, parce que la réduction de l’activité et en particulier du trafic routier – liée notamment au développement du télétravail –, induite par le confinement, a entraîné une chute brutale des niveaux de pollution : jusque 70 % pour le NOdans certaines métropoles européennes. Des enseignements à prendre en compte dans les plans de relance post-Covid, juge l’OMS.

Stéphane Mandard

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Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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