Les psychodrames de nos politiques en 2925 vus par « Mariane »

Bilan

Par  Martin Bot

Publié le 24/12/2025 à 18:22 https://www.marianne.net/politique/bayrou-glucksmann-le-maire-2025-n-a-pas-ete-tres-tendre-avec-eux?at_medium=Email_marketing&at_campaign=NL_La_Quotidienne&at_format=jours_ouvres&_ope=eyJndWlkIjoiOGFhNDgzMzIwMWE0MDhlOGE1ZDc3NmFjMGI4NDRiYmMifQ%3D%3D

La politique française a réservé à l’année 2025 son lot de psychodrames. Certains de nos dirigeants risquent de passer des fêtes assez moroses.

FRANÇOIS BAYROU

On ne le présente plus. François Bayrou, aspirant père la rigueur, a rythmé notre début d’année. Il devait incarner le compromis entre la droite et la gauche, mais finalement, les dissensions ont déchiré jusqu’à son propre camp. Chaque jour, il nous parlait de dette, « d’effort » et de jours fériés en moins… Pas rigolo. Les Français se sont vite lassés de ces ritournelles agaçantes. Tout l’été a gonflé sur les réseaux sociaux le mouvement « Bloquons tout ! », réclamant son départ.

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L’appel à la mobilisation a fait pschitt à la rentrée, mais elle a poussé le Premier ministre à jouer le tout pour le tout, et à annoncer un vote de confiance le lundi 8 septembre à l’Assemblée. Les députés devaient accepter ses orientations budgétaires ou le renvoyer. Le match était plié d’entrée de jeu : il a dû faire ses valises. C’est la première fois qu’un gouvernement chute de cette manière.

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Sacré échec, quand on se rappelle que neuf mois auparavant, il faisait des pieds et des mains auprès d’Emmanuel Macron pour obtenir le poste. Sans doute parce qu’il a trop tiré sur la corde – zéro jour de vacances cet été, y a qu’à voir – il est terrassé par une grippe à la fin de l’automne. Le destin s’acharne. Pour 2026, on lui souhaite un bon rétablissement.

RAPHAËL GLUCKSMANN

C’était le chouchou du centre gauche. Le poulain d’un camp déboussolé, sans « cap clair », alors que Jordan Bardella et Marine Le Pen caracolent en tête des sondages. Mais patatras : le 18 novembre, invité pour débattre pendant trois heures sur la chaîne de télévision LCI, il livre une prestation catastrophique, qui restera dans les annales. Quand un jeune homme de 22 ans lui assène qu’il n’est « pas un homme de gauche », et face aux attaques d’Éric Zemmour, il baragouine poussivement.

Les réseaux sociaux isolent des séquences et s’en donnent à cœur joie. Les médias embrayent sur sa déconnexion, sa méconnaissance des sujets et son faible charisme. Des éléments qu’on pouvait soupçonner depuis longtemps, mais qui éclatent au grand jour. Même ses soutiens perdent espoir, et parlent d’un « naufrage ». Certains y croient encore, mais son capital de présidentiabilité est désormais réduit à peau de chagrin.

BRUNO LE MAIRE

On l’a moins vu cette année. Et pour cause : il est parti se réfugier en Suisse, à Lausanne, où il est devenu professeur. Après sept ans à la tête du ministère des Finances, beaucoup le tenaient pour responsable de la dérive des comptes publics. Il jure à plusieurs reprises que la politique, c’est fini. Mais l’équipe présidentielle trouve les mots pour le convaincre d’accepter le portefeuille de la Défense dans le gouvernement Lecornu. Dimanche 5 octobre, la liste du gouvernement est dévoilée. Bruno Le Maire est de retour.

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Le tollé médiatique est instantané. Tout le monde croit à une blague. Fâché avec cet ex-sarkozyste rallié au macronisme, le patron des Républicains Bruno Retailleau annonce réunir dès le lendemain les stratèges de son parti. La nomination de celui qu’il nomme « l’homme aux 1 000 milliards de dette » devient un motif de rupture avec le gouvernement. À tel point que Sébastien Lecornu remet sa démission, douze heures à peine après l’avoir présenté. C’est vrai que traître et incompétent, ça fait beaucoup.

MARINE LE PEN

Le 31 mars, le couperet tombe : Marine Le Pen écope d’une peine de cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, pour détournement de fonds publics. Cela douche instantanément ses rêves d’accéder à l’Élysée. Aïe. Elle interjette appel, mais la conséquence de l’exécution provisoire est de l’empêcher de se présenter à une élection tant que son cas n’est pas jugé à nouveau. Sa stratégie première est de s’enfermer dans le déni, et d’affirmer à qui veut l’entendre qu’elle reste la candidate du Rassemblement national.

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Mais dès le mois de mai, un sondage pour la présidentielle teste Jordan Bardella plutôt que Marine Le Pen. Rebelote le 25 novembre, avec un sondage qui donne le dauphin du RN victorieux dans tous les cas de figure. Ce dernier jure de sa loyauté envers la cheffe du parti. Mais il commence à lui faire beaucoup d’ombre. Ça doit être vexant. Toujours est-il que le procès de Marine Le Pen en appel aura lieu en janvier 2026. De quoi lui redonner le sourire, ou précipiter son effacement.

EMMANUEL MACRON

Ça commence à secouer. La dissolution, OK. Essayer avec Michel Barnier, pourquoi pas. Bon, le plantage magistral de François Bayrou, ça commence à faire beaucoup. Mais après la démission en un temps record du gouvernement Lecornu, il devient impossible de dissimuler la dérive totale de ce second quinquennat. Emmanuel Macron lui-même s’en rend compte. Il est filmé déambulant sur les quais de la Seine, comme un personnage romantique en proie au désespoir.

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Son propre camp se retourne contre lui, Gabriel Attal qui déclare « ne plus comprendre ses décisions », et surtout Édouard Philippe, qui réclame « une élection présidentielle anticipée ». Après ce désaveu cinglant, pas de quoi faire le fier. Encore moins alors que sa cote de confiance dégringole à 11 %. Un record que seul son prédécesseur François Hollande était parvenu à atteindre. Qui sait, peut-être parviendra-t-il à faire encore mieux en 2026.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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