Hôpitaux publics et hospitalisation lucrative, une augmentation qui cache un plan d’économie drastique.

Tarifs des hôpitaux : 3,6 milliards d’euros en plus pour les établissements de santé en 2026

Le ministère de la Santé a dévoilé, vendredi 26 décembre, la campagne tarifaire et budgétaire des établissements de santé pour 2026. Les fédérations hospitalières pointent, elles, du doigt le gel des tarifs qui leur est imposé.

29/12/2025 https://www.egora.fr/actus-pro/hopitaux/tarifs-des-hopitaux-36-milliards-deuros-en-plus-pour-les-etablissements-de-sante?utm_source=Newsletter&utm_medium=gms_egora&utm_campaign=En_bref___lundi_29_décembre_2025

Par Chloé Subileau

 La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 (LFSS), adoptée mi-décmebre, prévoit un Ondam de 3,1%, avec 112,8 milliards d’euros pour les établissements de santé. Ce chiffre traduit « une progression des ressources de l’assurance maladie de +3,6 milliards d’euros [pour ces établissements, NDLR], soit une évolution de 3,3% par rapport à 2025 », affirme le ministère de la Santé, dans un communiqué diffusé vendredi 26 décembre détaillant la campagne tarifaire et budgétaire 2026 des établissements de santé.

Rappelant qu’une rallonge de 850 millions d’euros a été adoptée par les parlementaires en faveur de ces structures, le ministère précise que ce rehaussement devra notamment « garantir la stabilité des tarifs hospitaliers pour les activités de médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) et de soins médicaux et de réadaptation (SMR) en 2026 »

Par ailleurs, le cabinet de Stéphanie Rist indique que l’évolution des tarifs hospitaliers « s’appliquera de manière identique à l’ensemble des établissements, qu’ils relèvent du secteur public ou du secteur privé ».

Au moins 1% de hausse des tarifs

Quelques jours avant ces annonces, le 23 décembre, les fédérations hospitalières (Fédération hospitalière de France, Fédération de l’hospitalisation privée, Unicancer et Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs) dénonçaient dans un communiqué commun le gel des tarifs hospitaliers. « Nous venons d’apprendre que [le] Gouvernement a fait le choix de maintenir les tarifs hospitaliers à zéro évolution en 2026 […] Fixer les tarifs à 0%, dans un contexte de sous-financement historique de l’inflation, de reprise d’activité et de tensions majeures en ressources humaines, revient sans l’assumer, à imposer un plan d’économies massif », alertaient les fédérations, appelant le Gouvernement à « un changement radical de méthode ». « La campagne tarifaire de 2026 doit être rapidement revue et ne peut être en deçà de 1% », demandaient-elles, dans leur communiqué.

Lire aussi : Ondam « historiquement bas » pour l’hôpital : « L’équivalent de 20 000 postes d’infirmiers qui ne pourront pas être pourvus » *

Au-delà de ces tarifs, la campagne présentée par le ministère le 26 décembre prévoit 40 millions d’euros pour les activités de soins critiques. Les tarifs de l’hospitalisation à domicile évolueront, eux, de +1% en 2026 « pour soutenir le virage ambulatoire », indique le cabinet de la ministre.

De plus, alors que la Grande cause nationale qu’est la Santé mentale sera prolongée en 2026, 35 millions d’euros seront consacrés à des mesures ciblées dédiées à la pédopsychiatrie, et 10 millions au renforcement de la prise en charge des urgences psychiatriques.

D’autres domaines vont bénéficier de « financement spécifiques », à commencer par les études de médecine (50 millions d’euros), les activités de recherche (35 millions d’euros) ou encore, l’augmentation de l’activité des SAMU et des SAS (14 millions d’euros). 

Auteur de l’article

Chloé Subileau

Cheffe de la rubrique étudiants

*Ondam « historiquement bas » pour l’hôpital : « L’équivalent de 20 000 postes d’infirmiers qui ne pourront pas être pourvus »

A l’instar des syndicats de médecins libéraux, les fédérations hospitalières ont, elles aussi, dénoncé le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 qui traduit « un retour à l’austérité ». 

16/10/2025 https://www.egora.fr/actus-pro/politiques/ondam-historiquement-bas-pour-lhopital-lequivalent-de-20-000-postes

Par Louise Claereboud

Présenté mardi en Conseil des ministres, le budget de la Sécurité sociale pour 2026 prévoit une progression de l’Ondam établissements de santé de 2,1 % par rapport à 2025. Mais « l’augmentation réelle des moyens sera limitée à 1,6 %, une fois intégrée la hausse des cotisations employeurs à la retraite, souhaitent clarifier les fédérations hospitalières dans un communiqué. Autrement dit, près d’un quart de la progression annoncée, déjà trop faible, ne correspond pas à des ressources nouvelles pour les établissements mais à la couverture d’une simple charge supplémentaire. »

Concrètement, ce sont « 1,1 milliard d’euros qui manqueront aux établissements de santé en 2026, soit l’équivalent de 20 000 postes d’infirmiers qui ne pourront pas être pourvus alors même que les recrutements s’améliorent », avancent, inquiètes, les organisations signataires, dont la Fédération hospitalière de France (FHF) et la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP). L’enquête annuelle de la FHF, dévoilée début septembre, montrait en effet une amélioration de la situation des ressources humaines en 2024 dans les établissements publics après des « années Covid » difficiles.

Ce PLFSS  » signerait la pire cure d’économies sur l’hôpital depuis les années 2010″, alertent les fédérations, qui dénoncent un « retour à l’austérité ». « Il revient à demander aux établissements de soigner plus avec moins de moyens », poursuivent-elles. Et de citer des « conséquences négatives concrètes », notamment des tensions accrues sur les personnels ou encore des reports d’investissements. Et, de fait, une dégradation de l’accès aux soins des patients.

Le secteur médico-social se trouve, lui aussi, fragilisé par ce PLFSS, constatent les fédérations. « Les mesures annoncées ne couvrent pas les besoins réels et laissent un déficit de 500 millions d’euros pour les Ehpad, le handicap et les services à domicile, compromettant la création d’emplois et de places indispensables à la transition démographique », lit-on dans leur communiqué. Ces orientations traduisent « une logique purement comptable, éloignée des valeurs fondatrices de solidarité et d’universalité de notre modèle ».

Ne contestant pas la « nécessité de maîtriser les finances publiques », la FHF, la FHP, Unicancer, la Fehap et HD fustigent la stratégie mise en œuvre au travers de ce budget. « Réduire les moyens sans réformer, c’est affaiblir la qualité et l’égalité d’accès aux soins », estiment-elles. Et d’appeler à une trajectoire pluriannuelle de financement « reposant sur des économies partagées constructives et non contre-productives », fondées sur « la pertinence des soins et des parcours », « le développement de la prévention » ou encore les « investissements ciblés ».

Les fédérations appellent le Gouvernement à ouvrir « sans délai » un « dialogue de fond » avec l’ensemble des acteurs « afin de corriger la trajectoire et de porter l’Ondam établissements de santé à +3% » ; un niveau « minimal » pour « préserver les capacités de soin et d’investissement ». Parce qu’il est « indispensable d’avoir une visibilité financière pour 2026 et les années à venir », elles demandent également à Stéphanie Rist, fraîchement nommée ministre de la Santé, d’ouvrir « un dialogue constructif et responsable sur l’avenir de notre système de santé ».

Compte tenu du contexte financier « extrêmement contraint », les fédérations hospitalières appellent enfin les pouvoirs publics à « faire des choix responsables dans l’organisation de l’offre de soins sur les territoires

Auteur de l’article

Louise Claereboudt

Cheffe de rubrique Rencontres 

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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