Une explosion dans une usine chimique classée Seveso près de Lyon fait quatre blessés
Les faits se sont produits dans l’usine Elkem Silicones à Saint-Fons, qui produit des matériaux à base de silicone. Par mesure de sécurité, les habitants à proximité ont été confinés durant environ trois heures, avant la levée de cette mesure peu avant 18 heures.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié le 22/12/2025 15:47Mis à jour le 22/12/2025 18:52 https://www.franceinfo.fr/faits-divers/accident/au-moins-quatre-blesses-lors-d-une-explosion-pres-de-lyon-dans-une-usine-chimique-classee-seveso-le-plan-orsec-declenche_7696069.html
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Des pompiers devant l’usine chimique Elkem Silicones de Saint-Fons (Rhône) après une explosion suivie d’un incendie, le 22 décembre 2025. (MANON BILLING / AFP)
Une explosion dans une usine chimique à Saint-Fons, au sud de Lyon, a fait quatre blessés, dont trois graves, lundi 22 décembre. La déflagration s’est produite en début d’après-midi dans l’usine de production de matériaux à base de silicone Elkem Silicones, un site classé Seveso « seuil haut ». Un périmètre de sécurité a été mis en place autour de la zone, mais le confinement demandé aux habitants et la fermeture de plusieurs axes de circulation ont été levés vers 18 heures, quand l’incendie sur le site a été « maîtrisé ». La préfecture a écarté tout risque de toxicité.
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Dans un premier temps, la préfecture avait demandé « aux personnes d’éviter le secteur », et déclenché le plan Orsec, destiné à organiser les secours en cas d’événement grave. Des habitants de Saint-Fons et des communes voisines de Feyzin, Pierre-Bénite et Vénissieux ont été confinés quelques heures, et la circulation interrompue sur l’autoroute A7, sur les voies ferrées proches et sur les eaux du Rhône, avant la levée de ces mesures.
Ces précautions avaient été prises en cas de nouvelle explosion, a déclaré Antoine Guérin, préfet délégué pour la défense et la sécurité du Rhône, à BFMTV et d’autres médias. « On a mis en place un système de vigilance » afin d’éviter ce scénario, permettant d’écarter ce risque, a-t-il justifié.
Comme elle l’affirmait déjà quand l’incendie était en cours, « il n’y a aucun risque de toxicité pour la population », a confirmé la préfecture dans un communiqué en fin de journée, après des « analyses réalisées par la Dréal et les sapeurs-pompiers ». « Des mesures continueront d’être effectuées dans les prochaines 24 heures », ajoute-t-elle.
Des salariés blessés
L’explosion est survenue dans un des laboratoires du site, ont précisé les pompiers à l’AFP. Trois des quatre blessés, tous salariés d’Elkem Silicones, sont gravement touchés, selon la préfecture. Deux sont des blessés « très graves » et le troisième « un peu moins grave », a précisé le préfet délégué devant les journalistes. Il n’y a pas d’autres disparus sur le site, a-t-il précisé.
La déflagration, dont l’origine exacte n’est pas encore connue, est probablement due à l’émanation d’hydrogène « dans un atelier expérimental » où travaillaient cinq personnes, a assuré à la presse Jean-Pierre Laurent, directeur du site.
L’explosion avait été suivie par un incendie dans un bâtiment de 600 m2, selon les pompiers, qui a mobilisé une centaine de soldats du feu et 32 engins. Ils sont parvenus à maîtriser le feu, a annoncé la préfète du Rhône peu avant 18 heures.
En 2016, déjà sur le même site de Saint-Fons, une personne avait été tuée dans l’incendie de fûts de silicone dans un entrepôt de 2 500 m2, qui avait été en partie détruit.
Explosion dans l’usine Elkem près de Lyon : un nouveau mort au travail et de nombreuses questions
24 décembre 2025 | Par Amélie Poinssot
L’une des quatre personnes blessées lundi 22 décembre par l’explosion dans l’usine de silicone de Saint-Fons (Rhône) est décédée mardi. C’est le deuxième accident mortel sur ce site, qui avait déjà fait l’objet de plusieurs alertes par les services de l’État. Deux enquêtes sont ouvertes.
La nouvelle est tombée mardi 23 décembre dans la soirée. L’une des quatre personnes blessées la veille dans l’explosion survenue dans un atelier de production de l’usine Elkem Silicones à Saint-Fons (Rhône), celle dont le pronostic vital était engagé, est décédée, a annoncé la préfecture du Rhône. Trois autres personnes ont été touchées dans l’accident, dont deux grièvement.
Comment en est-on arrivé là ? S’il faut attendre les résultats des deux enquêtes aussitôt ouvertespour connaître les causes précises de l’explosion, suivie d’un incendie qui n’a été maîtrisé qu’au bout de deux longues heures, on sait déjà que l’équipe a été touchée en plein travail, alors qu’elle manipulait des produits, dans cette usine spécialisée dans la production de silicone et classée Seveso seuil haut.
L’accident s’est déclenché au cours d’une opération chimique dans « un atelier expérimental », comme l’a indiqué son directeur Jean-Pierre Lerat lundi soir. La société norvégienne Elkem Silicones, géant mondial du secteur, fabrique là du « silicone hautement spécialisé à partir de différentes familles de produits, telles que les huiles, les gommes, les résines, les caoutchoucs, les produits d’étanchéité », peut-on lire sur le site de l’entreprise.
Elkem a d’ailleurs déposé plusieurs brevets ces dernières années pour décrire des procédés de préparation d’« huiles silicones fonctionnalisées », c’est-à-dire des lubrifiants ou des agents anti-mousse, que l’on peut retrouver dans des produits de traitements de surface ou des graisses techniques, par exemple.

Captures d’écran de vidéos diffusées sur TF1 et BFMTV, de l’explosion d’un site SEVESO, à Saint-Fons près de Lyon, le 22 décembre 2025. © Photomontage Mediapart
« L’explosion a eu lieu au cours d’une opération classique de dévolatilisation d’une huile SIH, c’est-à-dire qui potentiellement libère de l’hydrogène. Très probablement, c’est une explosion d’hydrogène », a précisé le directeur lundi. La dévolatilisation est une opération physico-chimique qui sépare un matériau des composés volatils qu’il contient. En l’occurrence, il s’agissait, à partir d’une huile SIH, composé chimique à base de silicium (Si) et d’hydrogène (H), d’éliminer les composés volatils, un procédé qui permet de rendre l’huile moins dangereuse et plus stable.
Mais une molécule qui n’était pas prévue dans ce procédé s’est invitée, provoquant une cassure incontrôlée de la liaison chimique. C’est ainsi que de l’hydrogène s’est échappé, un gaz incolore, inodore, très léger et extrêmement explosif.
Cela peut alors aller très vite : 100 grammes d’eau introduite de manière accidentelle dans une huile SIH génèrent 133 litres de H2… La fuite de ce gaz peut cependant aussi avoir été provoquée par une réaction avec un alcool, un acide, ou une base. En l’absence de témoignage direct, à ce stade, il est impossible de savoir précisément ce qui s’est passé.
Sous-investissement en matière de sécurité
Les investigations ne font d’ailleurs que commencer. Le parquet de Lyon a d’abord ouvert une enquête pour « blessures involontaires par personne morale suivies d’incapacité supérieure à trois mois », puis, après le décès de l’une des personnes blessées, l’a élargie à « homicide involontaire par personne morale dans le cadre du travail ». Parallèlement, une autre investigation est ouverte par le Bureau d’enquêtes et d’analyses sur les risques industriels (BEA-RI), institution créée après l’accident de Lubrizol, en 2019 à Rouen, afin de déterminer les causes de ce qui est survenu lundi.À lire aussiDOSSIERL’incendie de Lubrizol
L’usine, qui emploie près de 500 salarié·es, a semble-t-il pâti pendant des années de sous-investissement en matière de sécurité. Les nombreux rappels de l’inspection du travail dont elle a fait l’objet attestent de manquements réglementaires sur le risque chimique et le risque incendie.
Pour la seule année 2025, selon nos informations,trois contrôles et deux enquêtes ont été diligentés par l’inspection du travail (Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités, DDETS), et en 2024, les mêmes services relevaient un manque d’informations sur l’exposition des employé·es aux produits CMR présents dans l’usine – c’est-à-dire les produits cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques – ainsi que l’absence d’évaluation sur les risques chimiques de ces CMR et des ACD (agents chimiques dangereux).
, des produits non recensés dans les stocks.
La Dreal demandait, entre autres, la liste des produits de décomposition susceptibles d’être émis en cas d’incendie, ainsi que la communication du volume réglementaire retenu dans certains conteneurs. En début d’année, le site avait en outre connu une fuite de produit corrosif et inflammable de quelques litres, heureusement sans conséquence pour les employé·es d’Elkem.
Mardi, la DDETS et la Dreal ont par ailleurs commencé des inspections dans l’usine. Un rapport, avec des recommandations et des mesures à prendre sur le site, est attendu pour le mois de janvier, nous indique la préfecture du Rhône.
De nombreuses questions sont désormais ouvertes : les salarié·es de l’entreprise avaient-ils été correctement formé·es à la prévention du risque « ATEX » (atmosphère explosive) ? Ce risque d’explosion était-il bien pris en compte dans le fonctionnement de l’entreprise ? L’atelier où s’est produit l’accident était-il aux normes ? Les capteurs d’hydrogène y étaient-ils correctement installés et fonctionnels ? Les équipements de secours ont-ils été défaillants ?…
L’entreprise, qui n’a pas répondu à Mediapart, a convoqué de son côté un CSSCT (Commission santé, sécurité et conditions de travail) de crise dès mardi après-midi. L’instance, où sont élu·es des représentant·es du personnel, parmi lesquel·les se trouvent des victimes de l’accident, se réunissait à nouveau ce mercredi après-midi.
Deuxième accident mortel dans cette usine
« Notre soutien va d’abord aux victimes et à leurs familles, explique à Mediapart Estelle Delaune, secrétaire générale de la CFDT Chimie-Énergie pour la région Rhône-Alpes Ouest. Pour nous, la priorité est de les accompagner, en attendant l’arbre des causes qui sera fait en interne. » Mardi, dans un communiqué, la CFDT écrivait que « la sécurité et la santé des salariés » n’étaient pas « une variable d’ajustement ».
« Un tel accident est intolérable, s’est indignée de son côté la CGT mercredi matin. Il interroge lourdement sur l’organisation du travail, l’évaluation des risques, la maintenance et les choix de la direction en matière de prévention. »Le syndicat dirigé par Sophie Binet salue au passage « le professionnalisme et le sang-froid dont ont fait preuve l’ensemble des salariés présents sur le site ainsi que les équipes de secours, pompiers internes et services d’incendie intervenus massivement », dont l’« actioncoordonnée » a été « déterminante pour limiter les conséquences de l’accident ».
Mais la CGT appelle, elle aussi, à un sursaut en matière de sécurité. « La prévention des risques professionnels doit reposer sur des moyens réels et pérennes : des effectifs suffisants, une formation sécurité de qualité, du temps réellement consacré à la prévention, à la maintenance, aux retours d’expérience et aux exercices d’urgence. Ces exigences sont incompatibles avec les politiques de réduction de coûts, de sous-traitance à outrance et d’intensification du travail qui dégradent la sécurité et exposent les salarié·es. »
La commune de Saint-Fons, aux portes de Lyon, compte quatre usines Seveso seuil haut dans un tissu urbain extrêmement dense.
Il se trouve que ce n’est pas le premier accident mortel dans cette usine située en plein « couloir de la chimie », l’une des trois zones en France, avec l’agglomération rouennaise et l’étang de Berre, où la concentration d’usines Seveso est la plus élevée. En 2016, déjà, un employé avait été tué dans un incendie suivi d’une explosion causé par un produit très inflammable échappé d’un fût percé lors d’un transfert.
L’enquête avait révélé qu’il n’était pas parvenu à éteindre le feu avec les extincteurs, et que du matériel était défectueux depuis des mois. La victime, Khalil Abed, un jeune homme de 25 ans, travaillait comme sous-traitant sur le site, et Elkem Silicones (auparavant Bluestar Silicones) avait été condamné à 50 000 euros d’amende.
Cette fois-ci, selon nos informations, la victime est un homme salarié d’Elkem Silicones, par ailleurs élu syndical CFDT.
Si, lundi, les dégâts ont pu être contenus au périmètre de l’usine, qui s’étend sur 24 hectares à deux pas du Rhône, les répercussions ont été considérables, dans une zone très exposée aux risques industriels. La commune de Saint-Fons, située aux portes de Lyon, dans un tissu urbain extrêmement dense, compte quatre usines Seveso seuil haut.
Lundi après-midi, la population vivant sur le plateau des Clochettes, qui s’étale sur une partie de Saint-Fons et de trois autres communes, a été confinée pendant deux heures, et des personnes ont été accueillies dans un gymnase. Un vaste périmètre de sécurité, long de 2 kilomètres, a été interdit d’accès, et la circulation sur l’autoroute A7, qui longe l’usine, a été suspendue pendant plus de quatre heures. Des mesures exceptionnelles qui n’avaient pas été vues depuis des années.
Explosion dans une usine près de Lyon : l’un des quatre blessés est mort
La déflagration a eu lieu lundi en début d’après-midi dans l’usine chimique Elkem Silicones à Saint-Fons. Trois autres personnes ont été blessées. Le parquet a ouvert une enquête pour « blessures involontaires par personne morale suivies d’incapacité supérieure à trois mois ».

Une des quatre personnes blessées lundi dans l’explosion dans l’usine chimique Elkem Silicones à Saint-Fons, près de Lyon, est morte, mardi 23 décembre. La victime, un homme âge de 47 ans dont le pronostic vital était engagé, « est décédée des suites de ses brûlures », a rapporté la préfecture à l’Agence France-Presse (AFP), confirmant une information de RTL.
Les blessés et la personne qui est morte travaillaient dans l’atelier pilote du site, classé Seveso seuil haut, au moment de l’explosion, avait précisé à l’AFP, plus tôt dans la journée, Guillaume Artois, chargé de la communication. « Le pronostic vital est engagé pour une personne », avait-il également affirmé, sans plus de précisions.
Le parquet de Lyon a rapporté avoir ouvert une enquête pour « blessures involontaires par personne morale suivies d’incapacité supérieure à trois mois ». La division de la criminalité organisée spécialisée (DCOS, ex-PJ), et la direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS) ont été saisies pour déterminer les causes et circonstances de l’explosion, selon le parquet. La déflagration a pu être causée par l’émanation d’hydrogène « dans un atelier expérimental », avait déclaré, lundi, Jean-Pierre Lerat, le directeur du l’usine.
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Une centaine de pompiers mobilisés
Selon le porte-parole, Guillaume Artois, cet atelier était une « unité bien particulière, le laboratoire pilote, qui n’est pas connecté au reste du site ». Il avait été installé en 2021 et répondait aux exigences des « dernières normes de sécurité », a-t-il assuré à l’AFP. Une équipe y testait une méthode de dévolatilisation d’huiles de silicone hydrogénées, une « manipulation relativement courante dans un atelier pilote », a-t-il poursuivi. « Il y avait une réaction qui se passait mal et l’équipe est intervenue. Pendant l’intervention, il y a eu une émission, probablement d’hydrogène gazeux, qui a pu déclencher l’explosion », a-t-il ajouté.
Pour éteindre l’incendie qui a suivi, une centaine de pompiers ont été mobilisés. L’autoroute 7, les voies ferrées et fluviales sur le Rhône à proximité de l’usine avaient été coupées, et environ un millier de personnes autour de la zone avaient été confinées le même temps.
En 2016, déjà sur le même site Elkem de Saint-Fons, une personne avait été tuée dans l’incendie de fûts de silicone dans un entrepôt de 2 500 m2.
Un site classé Seveso est un établissement industriel qui manipule ou stocke des substances dangereuses en quantités importantes, au point de présenter un risque d’accident majeur pour les personnes, l’environnement ou les biens.