« La plupart des maladies psychiatriques partageraient une base biologique commune »
Date de publication : 22 décembre 2025 https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=ed2602d9f5905dfa1dd9c4a6c3f686ee&id_newsletter=23098&liste=0&site_origine=revue_mediscoop&nuid=44baf5968540a6248a8065e80f2f7273&midn=23098&from=newsletter
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Anne Prigent observe dans Le Figaro : « Schizophrénie, trouble bipolaire, dépression, anxiété, autisme, addictions ou troubles obsessionnels compulsifs… Derrière la diversité des symptômes, les frontières entre ces troubles psychiques seraient en réalité bien plus poreuses qu’on ne le pensait ».
La journaliste fait savoir qu’« en analysant les données génétiques de plus de 1 million de personnes souffrant de troubles psychiatriques, une équipe internationale de chercheurs montre en effet que la majorité de ces maladies partagent une base biologique commune, bien au-delà des catégories diagnostiques traditionnelles ».
Le Dr Boris Chaumette, psychiatre et enseignant-chercheur à l’université Paris Cité, coauteur de ce travail paru dans Nature, remarque ainsi que « pendant longtemps, nous avons mené des études maladie par maladie. Ce que montre cette publication, pour la première fois à cette échelle, c’est que les mêmes gènes peuvent prédisposer à différents troubles ».
Anne Prigent explique que « cette étude, menée par le consortium international Cross-Disorder Psychiatric Genomics Consortium, identifie cinq grands facteurs génétiques communs à 14 maladies psychiatriques majeures. Ce qui explique pourquoi dans certaines familles une personne peut souffrir de schizophrénie, son frère de bipolarité et un cousin de dépression ».
La journaliste note que « les chercheurs ont ainsi mis en évidence cinq grands « clusters » de maladies, qui recoupent étroitement l’observation clinique : un ensemble anorexie mentale-TOC, un autre schizophrénie-trouble bipolaire, un troisième dépression-anxiété-état de stress post-traumatique, un cluster autisme-TDAH, et enfin un cluster addictions ».
Le Dr Chaumette ajoute qu’« à l’intérieur de chaque cluster, il existe des facteurs génétiques partagés. L’environnement, ensuite, oriente la trajectoire individuelle ».
Anne Prigent précise que « ces résultats ne permettent pas, à ce stade, de poser un diagnostic génétique individuel. […] Les variants génétiques identifiés sont fréquents dans la population et n’augmentent le risque que de manière modeste ».
« En revanche, les implications thérapeutiques sont considérables. En croisant les données génétiques avec les types de cellules cérébrales concernées, les chercheurs ouvrent la voie à des traitements ciblant des mécanismes communs à plusieurs troubles », continue la journaliste.
Anne Prigent conclut que « la prochaine étape sera d’identifier les variants génétiques rares, à fort impact, avec un réel potentiel diagnostique. Dans ce domaine, la France dispose d’un atout majeur grâce au Plan France Médecine Génomique 2025 ».
Le Dr Chaumette indique que « chez des patients avec des formes sévères ou atypiques de schizophrénie ou de trouble bipolaire, on trouve aujourd’hui des variants explicatifs dans 20% à 25% des cas. C’est énorme pour des maladies aussi complexes ».