Réforme de la 1ére année des études de médecine: une sélectivité toujours marquée, mais légèrement mieux maîtrisée.

Études de santé : un accès encore très sélectif mais des trajectoires qui se diversifient

Juliette Seblon | 03 Décembre 2025 https://www.jim.fr/viewarticle/Études-santé-accès-encore-très-2025a1000xw2?ecd=wnl_all_251204_jim_daily-doctor_etid7923353&uac=368069PV&impID=7923353&sso=true

La réforme de la première année des études de médecine, avec notamment la création d’une filière alternative via les la Licence avec option Accès à la santé (L.AS) ne cesse d’être décriée. Des récentes données du ministère de l’enseignement supérieur permettent de mieux apprécier dans quelle mesure elle a permis d’atteindre les objectifs fixés et notamment une meilleure diversification des parcours et une réduction du fameux « gâchis » humain provoqué par la multiplication de jeunes gens demeurant sans alternative après trois dures années sans succès.  

Ainsi, à la rentrée 2022, 34 200 bacheliers ont débuté une première année d’études de santé, via l’une des deux voies désormais aménagées : 66 % ont intégré un PASS (Parcours d’accès spécifique santé), soit 22 500 étudiants, tandis que 11 700 ont opté pour une L.AS (Licence avec option Accès Santé). Deux ans plus tard, 40,1 % de cette cohorte avaient été admis en deuxième année de médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie ou kinésithérapie (MMOPK), confirmant une sélectivité toujours marquée, mais légèrement mieux maîtrisée.

Une réussite plus marquée pour les étudiants en PASS 

Parmi les admis, près des trois quarts (72 %) ont réussi dès la première année. Le taux d’admission après une année est nettement plus favorable pour les étudiants issus du PASS. En 2022, 33,8 % d’entre eux ont accédé directement à la deuxième année, contre 19,5 % pour les inscrits en L.AS. Si l’on prend en compte les admissions sur deux ans, l’écart se creuse encore : 13,8 % pour les PASS contre 6,3 % pour les L.AS. Ces chiffres confirment la robustesse du PASS pour l’accès aux filières médicales, bien que les écarts tendent à se resserrer par rapport aux sessions précédentes. 

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En outre, si l’on peut déplorer un relatif échec de la réforme quant à la diversification des parcours (qui était pourtant l’une de ses ambitions), l’objectif de limiter le nombre de candidats ayant « gâché » trois années d’études paraît un peu mieux rempli grâce à la L.AS. En effet, deux ans après leur entrée en première année, 22 % d’entre eux sont déjà inscrits en troisième année d’études supérieures, contre 12 % pour les PASS, ce qui traduit une meilleure fluidité de leur parcours en cas de non-admission en MMOPK.

Une orientation différente selon la filière choisie 

La majorité des étudiants admis poursuivent en médecine, avec une forte concentration d’admis issus du PASS. En revanche, les étudiants venus de L.AS se dirigent plus fréquemment vers la kinésithérapie, en particulier ceux dont la majeure est STAPS. Cela contribue à reconnaître la pertinence de la voie L.AS pour diversifier les profils accédant aux filières de santé, même si son taux d’admission global reste inférieur.

Les passerelles, notamment vers la deuxième année de santé via des licences en sciences fondamentales ou en sciences naturelles de la vie, permettent également à certains étudiants de réintégrer un parcours MMOPK après une première réorientation.

Des redoublements plus fréquents pour les étudiants issus de L.AS 

Et après le couperet de la première année ? Les différences entre PASS et L.AS demeurent et les difficultés paraissent toujours plus nombreuses pour les seconds. En deuxième année de MMOPK, les étudiants venus de L.AS redoublent davantage que ceux du PASS. En 2024, le taux de redoublement global en deuxième année atteignait 8,5 % pour les L.AS contre 4,5 % pour les PASS. L’écart est particulièrement notable en médecine (9,7 % contre 1,7 %). En revanche, il se réduit, voire s’inverse, dans d’autres filières comme la pharmacie ou la maïeutique.

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Ces données suggèrent que la réussite en MMOPK dépend non seulement de la voie d’accès, mais aussi du type de filière choisie et de la préparation académique initiale des étudiants.

Une majorité de réorientations vers des filières scientifiques ou paramédicales 

Parmi les étudiants non admis en MMOPK deux ans après le bac, 16 % sont tout de même inscrits en troisième année d’études supérieures. Ils se tournent majoritairement vers des licences en sciences (sciences pour la santé, biologie, physique-chimie), en psychologie, ou en droit. D’autres intègrent des formations paramédicales comme les IFSI. Le taux d’abandon pur des études reste modéré : 29 % des bacheliers 2022 n’étaient plus inscrits dans l’enseignement supérieur deux ans après leur première inscription.

Des résultats encourageants, mais une sélection toujours forte 

Si l’accès aux études de santé reste difficile, les taux d’admission en filière MMOPK progressent légèrement. Le PASS demeure la voie la plus directe et la plus efficace, mais la L.AS, régulièrement remise en doute, paraît confirmer sa pertinence comme parcours alternatif. Les mécanismes de réorientation semblent de mieux en mieux intégrés et permettent à un nombre croissant d’étudiants de poursuivre leur cursus sans rupture majeure.

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Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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