Présence de nanoparticules de dioxyde de titane (TiO₂), dans des produits de beauté en vogue

Alerte sur la présence de nanoparticules de dioxyde de titane dans les cosmétiques pailletés

Des tests pratiqués par l’association de veille sur les nanotechnologies révèlent la présence de cette substance chimique potentiellement dangereuse dans des produits de beauté en vogue. Le ministère de la santé annonce qu’il va saisir « très prochainement » l’Agence nationale de sécurité sanitaire. 

Par Publié aujourd’hui à 06h00, modifié à 08h07 https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/12/18/alerte-sur-la-presence-de-nanoparticules-de-dioxyde-de-titane-dans-les-cosmetiques-pailletes_6658469_3244.html?lmd_medium=email&lmd_campaign=trf_newsletters_lmfr&lmd_creation=a_la_une&lmd_send_date=20251218&lmd_link&&M_BT=53496897516380#x3D;autrestitres-title-_titre_5

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Des danseuses de cabaret, se maquillent dans leur loge à Paris, le 12 mars 2024.
Des danseuses de cabaret, se maquillent dans leur loge à Paris, le 12 mars 2024.  MIGUEL MEDINA/AFP

« Poussières d’étoiles », « Poudre d’or », « Terre de soleil Sunbay » , « Bronzer shimmer irisé », « Lait soin sublimant nacré »…

Ces cosmétiques aux effets scintillants, nacré ou irisé popularisés par les magazines féminins et par TikTok sont-ils dangereux pour la santé ?

Une étude publiée jeudi 18 décembre par l’Association de veille et d’information civique sur les enjeux des nanosciences et des nanotechnologies (Avicenn) alerte sur la présence de nanoparticules de dioxyde de titane (TiO₂), une substance chimique soupçonnée notamment d’avoir des effets génotoxique (toxique pour l’ADN) et interdite dans les cosmétiques sous forme nanoparticulaire en dehors d’un usage anti-UV dans les crèmes solaires.

Avicenn a fait analyser dix produits (poudre pailletée, poudre bronzante, spray pour cheveux, corps et visage, lait pour la peau…) de grandes marques au Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE). Tous contiennent des nanoparticules de TiO₂ dans des quantités plus importantes et des tailles encore plus petites que celles mises en évidence par des études précédentes dans des maquillages mats ou des crèmes solaires.

Dans la totalité des échantillons analysés, elles sont inférieures à 100 nanomètres, la plupart mesurant entre 25 et 50 nanomètres environ. C’est cette taille nanoscopique qui confère à ces cosmétiques leur effet « perlescent » (brillance particulière, effet irisé ou nacré) mais les rend également potentiellement dangereux pour la santé.

Susceptibles de pénétrer dans les poumons

Par leur taille infiniment petite, ces particules sont encore plus susceptibles de pénétrer profondément dans l’organisme et en particulier dans les poumons où elles peuvent entraîner des inflammations. Sur les dix produits testés, neuf se présentent sous forme de spray ou de poudre et sont donc inhalables.

« De très nombreux produits sont concernés, il y a urgence à traiter ce dossier de santé publique, commente la déléguée générale d’Avicenn, Mathilde Detcheverry, Les consommateurs qui les utilisent et qui sont en majorité des consommatrices inhalent des nanoparticules de TiO₂ parfois quotidiennement. Et dans les ateliers de fabrication des cosmétiques, comme dans les rayons des enseignes cosmétiques, le personnel respire ces particules toute la journée. »

Avicenn a transmis ses résultats au ministère de la santé. Ce dernier les a jugés suffisamment sérieux pour décider de saisir l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Contactée par Le Monde, la direction générale de la santé précise que « l’Anses va être formellement saisie très prochainement » et que « des échanges sont d’ores et déjà en cours sur le sujet des connaissances sur les ingrédients de type “pigments perlescents” utilisés dans les produits cosmétiques ».

Les entreprises de cosmétiques défendent que les « pigments perlescents » sont des « matériaux composites » constitués de plaques (de taille microscopique) de mica (minéral doré) sur lesquelles sont fusionnées plusieurs couches de particules de TiO₂ et qu’ils sont donc conformes à la réglementation et sans danger. Or, les analyses réalisées en laboratoire mettent en évidence que des nanoparticules de TiO₂ se détachent de ces plaques de mica. Les clichés fournis par le LNE montrent le relargage de nanoparticules de dioxyde de titane à partir de plaques craquelées, effritées voire brisées.

« A notre connaissance, il n’y a pas de relargage de nanoparticules de titane à partir des plaques de mica, réagit Erwan Poivet, conseiller scientifique à la Fédération des entreprises de beauté (Febea), qui regroupe les fabricants de cosmétiques. Si c’est le cas, il faudra identifier dans quelle proportion même si, aujourd’hui, nous n’avons pas de signalement de risque sanitaire en cosmétologie. » De son côté, Mathilde Detcheverry redoute un « effet report » après les restrictions au niveau européen sur l’usage des microplastiques dans les cosmétiques : « plusieurs marques communiquent désormais sur les plaques de mica associées au dioxyde de titane ».

Dernier constat « préoccupant » formulé par Avicenn : contrairement à ce qu’elle avait pu observer dans les crèmes solaires dans une étude publiée fin 2022, les nanoparticules de TiO₂ détectées dans les cosmétiques scintillants ne semblent pas être enrobées. Aussi l’association craint-elle qu’elles soient susceptibles d’émettre des radicaux libres, délétères pour l’ADN. Outre le ministère de la santé, l’ONG a également transmis les résultats de ses tests à la Commission européenne et au Comité européen scientifique pour la sécurité des consommateurs.

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Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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