« “Un scandale sanitaire de très haute volée” : une étude lancée sur des prothèses de hernie douloureuses »
Date de publication : 17 décembre 2025 https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=1d645c45ecf94ea1bfdd264eae74979d&id_newsletter=23044&liste=0&site_origine=revue_mediscoop&nuid=44baf5968540a6248a8065e80f2f7273&midn=23044&from=newsletter
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Nicolas Berrod observe dans Le Parisien que « près de 200.000 patients en France sont implantés chaque année pour traiter une hernie. […] Les études suggèrent qu’environ 10% d’entre eux pourraient souffrir de douleurs, plus ou moins pénibles, plusieurs mois après l’opération ».
Le journaliste explique qu’« en février dernier, l’agence du médicament (ANSM) a annoncé une surveillance renforcée de ce type de prothèses après avoir été alertée sur des «douleurs persistantes pouvant altérer la qualité de vie» chez certaines personnes opérées. Elle a reçu une trentaine de signalements d’effets indésirables en 2024, puis 75 durant les 5 premiers mois de l’année 2025 ».
« Mais cela reste très sous-représentatif, car beaucoup de gens ne pensent pas à signaler des problèmes. Le 11 juin, l’ANSM a fini par convoquer des représentants des patients et des médecins », indique Nicolas Berrod.
Il fait savoir que « plusieurs décisions ont été prises dans la foulée. […] Une étude épidémiologique a été lancée, menée par le groupement scientifique Epi-Phare. Elle vise très large car elle englobera tous les patients et toutes les prothèses, mais sans pouvoir distinguer les marques. Le but est d’avoir des chiffres précis sur les complications, jusqu’à 10 ans après l’opération ».
Le journaliste ajoute qu’« une campagne d’inspections auprès des fabricants et des distributeurs est lancée en parallèle, sachant qu’une vingtaine de groupes […] se partagent le marché. Un bilan détaillé des déclarations reçues sera bientôt rendu public, et régulièrement actualisé. Toutes ces mesures doivent aboutir «dans le courant du premier semestre ou début du second semestre 2026», nous indique l’ANSM ».
Nicolas Berrod souligne que « la justice pourrait aussi avoir à se prononcer. Plusieurs dizaines de victimes, en France et dans d’autres pays, pourraient se lancer dans des actions de groupe ».
Pierre Debuisson, leur avocat, fait savoir : « La première sera contre les laboratoires pour leur demander réparation des préjudices, la deuxième contre l’État et les agences sanitaires qui ont failli dans la surveillance, et la troisième contre les médecins qui ont failli dans l’information sur les risques d’effets indésirables auprès des patients ».
L’avocat poursuit : « Pourquoi les notices pour un implant permanent partent à la poubelle, si celles des médicaments sont accessibles en pharmacie ? », évoquant un « scandale sanitaire de très haute volée ».
Le journaliste note que « chirurgiens et fabricants de prothèses vantent, de leur côté, une opération le plus souvent sans risque et efficace pour soigner une hernie. […] L’intérêt de ces implants, souvent en polypropylène ou en polyester, «est démontré par de très nombreuses études bien menées sur d’importantes populations», argue pour sa part la Société Française de Chirurgie Pariétale, Club Hernie (SFCP-CH) ».