« Faire de la prévention santé un investissement »
Date de publication : 10 décembre 2025 https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=1f989a61b7778de3f255fc0079dcbac6&id_newsletter=22994&liste=0&site_origine=revue_mediscoop&nuid=44baf5968540a6248a8065e80f2f7273&midn=22994&from=newsletter

Anne Rodier observe dans Le Monde que « question prévention de la santé au travail, les employeurs peuvent mieux faire.
Le baromètre 2025 publié par l’Observatoire de la qualité de vie au travail […] révèle encore une forte insatisfaction des salariés sur la prise en compte de la santé au travail ».
La journaliste note ainsi que « plus d’un sur deux souligne un déficit important sur la prévention du stress et de l’épuisement professionnel, plus d’un sur trois se plaint de sa charge de travail et un sur trois du manque de souplesse et de flexibilité dans l’organisation des horaires de travail. Ils sont 70% à dénoncer le «manque de temps» ».
Elle souligne que « le stress, par exemple, dont les dégâts sur la santé ne sont plus à démontrer, est entretenu au lieu d’être combattu. […] Plus d’un tiers des salariés mettent en avant le manque de respect des temps de repos et autant le non-respect du droit à la déconnexion, ainsi qu’un accès contraint au télétravail ».
Anne Rodier relève que « la mauvaise santé au travail ayant un coût, les politiques de prévention nécessaires aux salariés pourraient être profitables aux entreprises. […] Les salariés le voient : «Quand l’entreprise agit, le niveau de satisfaction des salariés est 2 à 2,5 fois supérieur à celui relevé dans les autres entreprises», constate Céline Bracq, la directrice générale de l’institut de sondage Odoxa, qui a réalisé le baromètre ».
Sébastien Abgrall, directeur général du Pôle santé Bergère et membre du Cercle vulnérabilités et société, « un think tank qui propose de faire de la prévention une compétence professionnelle à valoriser tout au long de la carrière », remarque que « les entreprises commencent à s’intéresser aux programmes de prévention santé. A leur demande, on analyse la durée, le volume, la fréquence de l’absentéisme, la répartition hommes-femmes, par tranche d’âge, par métier, puis on fait intervenir nos médecins avec des programmes de sensibilisation en priorité sur 4 déterminants : les troubles musculosquelettiques, le risque cardio-vasculaire, la prévention des cancers avec des opérations de dépistage sur site et la santé mentale ».
Edouard de Hennezel, président fondateur du think tank, note pour sa part qu’« il y a de petites initiatives, mais on n’est pas à la hauteur de l’enjeu ».
Anne Rodier relève enfin que « les entreprises mènent plusieurs types d’actions […] : une modification de l’organisation du travail, la mise à disposition de services type conciergerie, des formations au management de soi. Mais le bilan des salariés critique au moins autant les conditions de travail (la charge, la qualité du matériel et des locaux), à l’origine de bien des maux, que la qualité de vie ».
La journaliste observe ainsi que « 40% des salariés interrogés par Odoxa se disent insatisfaits de l’écoute de leur employeur sur les questions de santé ».
BAROMÈTRE ANNUEL DE L’OBSERVATOIRE DE LA QUALITÉ DE VIE AU TRAVAIL – 1ÈRE ÉDITION
PUBLICATIONS05/12/2024 https://www.observatoire-qvt.com/barometre-annuel-de-lobservatoire-de-la-qualite-de-vie-au-travail-1ere-edition/
Santé et reconnaissance : des attentes majeures, des actions à renforcer

Les salariés français sont globalement satisfaits de la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) dans leur entreprise, selon les résultats de l’enquête que l’Observatoire de la Qualité de Vie au Travail a confiée à Odoxa. Mais ils estiment qu’elle a tendance à se détériorer. Ils considèrent aussi que les entreprises ne se préoccupent pas suffisamment de l’enjeu de la QVCT, que, pourtant, la moitié d’entre eux juge très important. Néanmoins, les efforts paient, même si les entreprises doivent les accentuer, en particulier concernant le management et la prise en compte de la santé physique et mentale.
Les chiffres à retenir
· 33% des salariés ne sont pas satisfaits de la qualité de vie et des conditions de travail dans leur entreprise
· 49% considèrent que le niveau de QVCT dans leur entreprise a tendance à se détériorer
· 2 salariés sur 3 signalent des problèmes psychologiques et physiques liés au travail.
· 44% sont insatisfaits de la transparence et de la communication dans leur entreprise
· 46% déplorent l’absence de reconnaissance de leur travail
1. UN TIERS DES SALARIÉS NE SONT PAS SATISFAITS DE LEUR QUALITÉ DE VIE ET DE LEURS CONDITIONS DE TRAVAIL
La QVCT s’affirme plus que jamais comme une priorité pour 92% des personnes interrogées, 45% la jugent même « très importante ».
Un résultat qui fait toutefois ressortir des disparités :
- les femmes y sont plus sensibles que les hommes (+6 points) ainsi quelques agents publics par rapport aux salariés du secteur privé (+7 points),
- les salariés des grandes entreprises y accordent plus d’importance que ceux des TPE-PME : 56% des collaborateurs d’entreprises de plus de 5 000 salariés jugent la QVCT « très importante » contre seulement 31% des personnes travaillant dans des TPE de moins de 10 salariés.
La satisfaction des salariés s’avère mitigée : 67% se déclarent globalement satisfaits mais la moitié (49%) considère que le niveau de QVCT dans leur entreprise a tendance à se détériorer.
Un constat que font plus particulièrement les 50-64 ans (53%), les femmes (52%), les salariés de très grandes entreprises (60%) et ceux du public (55%).
2. SEULS 6 SALARIÉS SUR 10 PENSENT QUE LEUR ENTREPRISE SE PRÉOCCUPE DE LEUR QVCT
La perception des efforts des entreprises en la matière s’affiche, elle aussi, en demi-teinte : 54% des salariés considèrent que leur employeur est à l’écoute de leurs attentes et de leurs besoins, et constate des actions concrètes pour améliorer les choses.
Là encore, ils se sentent « mieux traités » dans les petites entreprises que dans les grandes structures, malgré les moyens financiers souvent plus élevés de ces dernières. 61% des salariés des entreprises de moins de 10 salariés se sentent écoutés en termes de QVCT, mais seuls 48% dans celles de plus de 5000 salariés…
Mais quand les entreprises s’engagent, les efforts paient ! Lorsqu’une amélioration ou une action est mise en place, 75% des salariés concernés jugent alors que leur qualité de vie et leurs conditions de travail ont tendance à s’améliorer.
3. SANTÉ AU TRAVAIL ET MANAGEMENT : LES EMPLOYEURS PEUVENT MIEUX FAIRE
- La santé des salariés en tension
Les messages des campagnes de prévention en matière d’équilibre de vie sont bien passés et les salariés affichent des comportements globalement positifs en matière de bien-être personnel.
80% estiment maintenir une bonne hygiène de vie, 79% respectent le devoir de déconnexion, 75% déclarent pratiquer régulièrement des activités de loisir et 73% disent avoir une vie sociale épanouie.
Mais 72% de salariés ressentent des états de stress ou d’épuisement professionnel (qui se reproduisent « souvent » pour un quart d’entre eux), reflétant l’impact des exigences professionnelles sur l’équilibre psychologique.
Et 69% des répondants souffrent de problèmes physiques, notamment musculosquelettiques – première cause de maladies professionnelles en France – ou liés à la sédentarité.
Or, trop peu d’entreprises agissent. Chez les 38% d’employeurs qui mettent en place des actions pour aider leurs équipes concernant le bien-être en dehors du cadre professionnel, l’impact est significatif : 85% des salariés sont satisfaits de leur QVCT, contre 55% dans celles qui ne le font pas (+ 30 points).
- Le management néglige la transparence, la communication et la reconnaissance du travail
En dépit d’un taux de satisfaction globale très positif en matière d’organisation du travail et de management, des frustrations subsistent chez les actifs français.
74% des salariés apprécient particulièrement l’autonomie qui leur est laissée, 69% le respect du droit à la déconnexion et 64% la charge de travail. Même si les femmes se montrent nettement plus critiques sur ces sujets avec des écarts pouvant aller jusqu’à 12 points par rapport aux perceptions des hommes.
Deux dimensions clés de la QVCT, en revanche, sont épinglées par près d’un salarié sur deux : seuls 55% sont satisfaits de la transparence et de la communication de leur entreprise, et à peine plus d’un sur deux, 53%, s’estime satisfait de la reconnaissance de son travail. Les femmes se déclarent toujours moins satisfaites que les hommes avec des écarts pouvant aller jusqu’à 12 points.
C’est également le cas des salariés des grandes entreprises (5 000 collaborateurs et plus) par rapport à ceux des petites entreprises avec 16 points d’écart.