« La gestion de la dermatose par l’Etat est calamiteuse » : arbres, barbelés et tracteurs, blocus en cours des agriculteurs contre l’abattage d’un troupeau

Écrit parCatherine Léhé , Justine Salles et Adeline Raynal
Publié le10/12/2025 à 08h16Mis à jour le10/12/2025 à 10h46 https://t5.nl.france3.fr/r/?id=hdbd1ca3,6fda13ce,60cbb393&e=cDE9b2NjaXRhbmllJnAyPVYyJnAzPTIwMjUxMjEwJnA0PTcyNjM3NS0xNDk3MzQ1MzM3LWRhMTI5ZThkJnA1PURNMTE5OTg5MiZwNj0&s=LszeBRWbUGiKUOoO_IJb-Cp5vpauymOcebeatUPT6m0
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Des agriculteurs de la Coordination rurale sont mobilisés depuis cette nuit en Ariège pour tenter de faire barrage à l’abattage d’un troupeau de 208 bovins, prévu ce mercredi 10 décembre 2025, suite à l’infection de l’un des animaux par la dermatose nodulaire bovine.
Après la découverte d’un cas de dermatose nodulaire dans une ferme de l’Ariège, les agriculteurs de la région se sont mobilisés dans la nuit de 9 au 10 décembre. Des arbres coupés, des barbelés ainsi que des dizaines de tracteurs bloquent ainsi l’accès à une ferme située au lieu-dit Mouriscou à la Bordes-sur-Arize en Ariège, comme le montrent ces images prises par notre équipe de France 3 Occitanie sur place :De nombreux tracteurs entravent les voies depuis cette nuit • © Justine Salles – Adeline Raynal FTV
C’est dans cette exploitation agricole qu’a été confirmé, la veille, un cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) par la préfecture au sein d’un troupeau de 208 vaches.
Un expert de la Direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP) est attendu sur place.De nombreux agriculteurs ont fait le déplacement en Ariège pour soutenir l’éleveur qui risque de perdre son troupeau. • © Justine Salles – Adeline Raynal FTV
Les agriculteurs de la Coordination rurale de l’Ariège et d’autres départements se sont mobilisés depuis cette nuit pour empêcher l’abattage de l’ensemble du troupeau comme ils l’ont annoncé hier soir à France 3 Occitanie et le confirment sur leur compte Facebook :
« Depuis le début, nous disons NON à l’abattage total, une mesure absurde, destructrice, qui ruine les élevages sans résoudre les problèmes sanitaires. On nous a ignorés. On a préféré imposer la force plutôt que d’écouter ceux qui connaissent le terrain », lance le syndicat présidé ariégeois par Sébastien Durand.208 blondes d’Aquitaine doivent être abattues suite à l’infection de l’une d’entre elle à la dermatose nodulaire contagieuse en Ariège. • © Justine Salles – Adeline Raynal FTV
Les agriculteurs sur place réclament « l’arrêt de l’abattage total », martèle encore Eloi Nespoulous, arrivé à deux heures du matin. « On veut de la vaccination et trouver d’autres solutions que celle de l’abattage total qui a un coût moral pour les éleveurs, ils vont avoir du mal à s’en remettre ! « commente-t-il auprès de France 3 Occitanie.
« Les bêtes sont euthanasiées, piquées sur place, chargées comme de la vulgaire marchandise et incinérés, rien de valorisé que du gaspillage. On se demande encore si la France est assez riche pour faire ça ! « Eloi Nespoulous, président de la Coordination rurale Occitanie
Huit départements mobilisés
La mobilisation pourrait encore se durcir avertit l’organisation syndicale : « Nous ne serons pas seuls : des collègues de plus de 8 départements d’Occitanie nous rejoignent pour soutenir l’éleveur et défendre la profession. Nous serons là, unis, déterminés. »
« C’est la dernière action que l’on peut tenter avant la violence », prévient quant à lui, Pierre-Guillaume Mercadal, porte-parole de la CR du Tarn-et-Garonne dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux et filmée, alors qu’il était en route pour l’Ariège.
La préfecture de l’Ariège confirme le blocage ce mercredi matin de plusieurs axes routiers sur son compte X :
Il s’agit notamment de la RD 26 aux abords de cette exploitation agricole.
Une stratégie jugée « calamiteuse »
Pour les agriculteurs, l’abattage total du troupeau revient à détruire l’héritage génétique du cheptel et le travail de toute une vie. « Jamais mêmes les enfants n’arriveront à remonter un troupeau comme çà au niveau génétique, c’est pas de l’argent, c’est du temps et dut travail »,s’agace encore Sébastien Durand. « On voit bien que la gestion de la DNC depuis le 26 juin par l’Etat est calamiteuse, pourquoi on continue ? Est-ce qu’elle (la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, ndlr) est mal conseillée? », s’interroge-t-il encore.
En déplacement dans le Doubs samedi 6 décembre, la ministre de l’Agriculture, a réaffirmé la stratégie de lutte contre la DNC avec pour seule issue l’abattage total du troupeau. Un foyer confirmé récemment à Pouilley-Français (Doubs) avait donné lieu à l’euthanasie de 83 bovins et provoqué la révolte du monde agricole.