L’intérim interdit aux médecins qui entrent dans la carrière
Frédéric Haroche | 09 Décembre 2025 https://www.jim.fr/viewarticle/lintérim-interdit-aux-médecins-qui-entrent-2025a1000yim?ecd=wnl_all_251209_jim_daily-doctor_etid7940690&uac=368069PV&impID=7940690&sso=true
Un décret du Premier ministre en date du 28 novembre interdit aux médecins d’exercer en intérim dans les établissements de santé, les laboratoires de biologie médicale et les établissements ou services sociaux ou médico-sociaux, avant qu’ils n’aient deux ans d’exercice au compteur.
Cette mesure était déjà en vigueur pour les paramédicaux depuis juillet 2024. Le décret, pris en application de la « loi Valletoux » du 27 décembre 2023 détermine également le régime de sanctions applicables en cas de non-respect de cette durée pour l’ensemble des professionnels concernés. Le texte est entré en application ce 1er décembre.
Selon un communiqué du ministère de la santé, il vise quatre objectifs : sécuriser et améliorer l’exercice des jeunes professionnels en leur permettant d’évoluer au sein d’équipes pérennes en début de carrière, stabiliser les équipes, garantir la qualité et la sécurité des soins et limiter « les effets délétères » de la concurrence salariale.
L’établissement qui contreviendrait à cette nouvelle règle est passible d’une sanction administrative qui ne pourra excéder 5 % de ses recettes d’assurance maladie dans la limite de 100 000 euros.
De bonnes intentions…inapplicables ? Des trous dans la raquette.
Une faille demeure : seuls sont concernés par cette disposition les contrats d’intérim stricto sensu, c’est-à-dire conclus entre un professionnel et une entreprise de travail temporaire (ETT) qui le met à disposition d’un établissement.
Les contrats dits de gré à gré (conclus entre un professionnel de santé et un établissement public de santé) ne sont pas visés.
Du côté des jeunes médecins et des médecins remplaçants c’est la colère qui domine. Auprès de nos confrères du Quotidien du médecin, le Dr Anna Boctor présidente de Jeunes Médecins, dénonce « une discrimination anti-jeunes inacceptable dont nous ne voyons pas du tout l’intérêt, ni pour faciliter les soins, ni pour réaliser des économies (…) on sanctionne les jeunes praticiens déjà payés au lance-pierre ».
Plus mesurées, les fédérations hospitalières y voient une chance de stabiliser les équipes, mais préviennent d’effets de bord à court terme dans des services déjà fragilisés (aux urgences, en chirurgie, en réanimation…). Du côté des structures médico-sociales, on considère également que la question du remplacement estival, en particulier dans les déserts, sera sensible.