DECRYPTAGE. Municipales 2026 : Transports, voiture, mobilités… ce qu’attendent les Français
Municipales 2026, Transports, Urbanisme – Aménagement
Publié le 08/12/2025 à 06:30 https://www.ladepeche.fr/2025/12/08/decryptage-municipales-2026-transports-voiture-mobilites-ce-quattendent-les-francais-13086630.php
À quelques mois des municipales de 2026, la mobilité s’impose comme un enjeu décisif. Investissements, place de la voiture, qualité des transports, conflits d’usage, fracture territoriale… : les enquêtes dessinent des attentes fortes, parfois contradictoires, mais structurantes pour les élus locaux. Deuxième volet d’une série de La Dépêche sur les enjeux des élections.
Qu’il semble loin le temps où Georges Pompidou estimait, en 1971, que « la ville doit s’adapter à la voiture. » Un demi-siècle plus tard, poussées notamment par la lutte contre le réchauffement climatique et les nouvelles demandes de mobilités douces nées avec la pandémie de Covid, les collectivités cherchent au contraire à ce que les voitures, moins nombreuses, s’adaptent à des villes où l’aménagement urbain a été profondément repensé – et on voit d’ailleurs ces derniers mois la multiplication de travaux de voirie.
Attentes fortes sur les déplacements du quotidien
Car à l’approche des élections municipales de mars prochain, les transports et la mobilité occupent une place centrale dans les préoccupations des Français. Les enquêtes publiées ces derniers mois montrent que les habitants attendent des élus des réponses concrètes sur les déplacements du quotidien, depuis l’état des routes jusqu’à la fiabilité des bus et tramways.
Ainsi, dans l’étude Terram, « Infrastructures invisibles : ce que les Français disent de leurs réseaux du quotidien », les transports en commun apparaissent comme la deuxième priorité d’investissement local, cités par 38 % des répondants, juste derrière la voirie (51 %). Ils forment avec les trottoirs, les pistes cyclables et les espaces publics un socle d’infrastructures indispensables à un « cadre de vie praticable », capable d’assurer continuité et sécurité des déplacements.
Cette attente s’inscrit dans un contexte où la voiture reste toujours le premier mode de déplacement quotidien pour 58 % des Français interrogés par l’Observatoire sur « Les mobilités locales » de l’institut Verian. Mais près de la moitié (44 %) dit la subir, faute d’alternatives viables, surtout dans les zones rurales où 35 % jugent leurs déplacements difficiles. Les conséquences sont directes : 41 % des Français ont renoncé à des loisirs, 35 % limité leurs sorties et 24 % envisagé de déménager pour une meilleure accessibilité.
L’état des routes, le stationnement et l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite figurent aussi parmi les principaux points noirs.
La voiture n’incarne plus un horizon désirable
Pour autant, la voiture n’incarne plus un horizon désirable. L’enquête Keolis-Ifop « Mobilités et municipales : un territoire unifié au sein de l’archipel français », publiée début novembre, révèle que 56 % des Français souhaitent continuer à réduire sa place en ville, contre 32 % qui veulent la maintenir et 12 % l’augmenter.
Sur le plan budgétaire, si les habitants pouvaient choisir les dépenses en matière de mobilité, ils consacreraient 45 % aux transports en commun – dont 25 % au développement de l’offre – et seulement 25 % à la baisse du coût du carburant. Une large majorité (64 %) estime d’ailleurs que les investissements publics doivent prioritairement aller aux territoires les moins bien desservis.

Les municipales et les transports. DDM
Le soutien aux transports collectifs se confirme également dans l’Observatoire de la mobilitéréalisé de l’Union des transports publics ferroviaires (UTPF). 90 % des Français souhaitent leur développement et 82 % veulent que les fonds publics les financent plutôt que les aides aux véhicules individuels.
Les répondants identifient clairement leurs effets positifs : accès à la mobilité pour tous (85 %), amélioration de l’espace urbain (82 %) et réduction de la pollution (80 %). Le besoin d’un « choc d’offre » est donc bien installé, même si la sécurité (40 %), la ponctualité (32 %) et la fréquence (29 %) restent les premières attentes.
La cohabitation difficile des mobilités
Mais les transports ne suffisent pas à apaiser un paysage de mobilité marqué par les tensions. Plus de sept Français sur dix, selon Keolis-Ifop, perçoivent une hausse des conflits entre usagers. Environ un tiers juge les mobilités douces « dangereuses et inconfortables ».
En réponse, 54 % souhaitent créer davantage d’espaces dédiés, signe que la cohabitation demeure difficile malgré les transformations engagées. Les centres-villes, qui restent un lieu apprécié par 62 % des Français, n’échappent pas à ces tensions. Un quart des habitants s’y rendent moins souvent ; seuls 33 % s’y sentent pleinement « à leur place » tandis que 39 % évoquent des gênes ou un sentiment d’insécurité.
La fracture territoriale demeure par ailleurs un marqueur fort. Hors des zones denses, 47 % des habitants de petites communes se sentiraient isolés sans voiture et 55 % estiment que leur droit à la mobilité n’est pas respecté. Les niveaux de satisfaction divergent fortement : 6,4/10 dans les grandes métropoles, 5,5 dans le périurbain et 4,8 dans les zones rurales, principalement en raison du manque de dessertes et de continuité de service.
Les maires notés 12/20 sur leurs politiques de mobilités
Enfin, la transition vers la mobilité électrique, clé de la transition écologique, reste hésitante. Selon l’Observatoire Verian, seuls 21 % des non-détenteurs envisagent d’acheter une voiture électrique. Le coût d’acquisition (62 %), l’autonomie (51 %) et le manque de bornes (62 %) constituent les principaux freins. À peine 40 % estiment disposer de bornes accessibles près de chez eux et près de sept sur dix jugent les efforts de leur commune insuffisants.
Au final, les Français attribuent une note de 12/20 aux politiques de mobilité menées par leurs maires, selon Keolis-Ifop. Pour le prochain mandat, 41 % placent le développement des transports en commun en tête des priorités, devant la sécurité dans les réseaux (20 %) et la baisse de leur coût (11 %).
Reste à définir un rythme clair : 36 % souhaitent poursuivre les politiques actuelles, 16 % les ralentir et 14 % revenir en arrière.
Municipales 2026 : la gratuité des transports est-elle la solution pour demain ou un faux bon plan ?
Transports, France – Monde, Municipales 2026
Publié le 08/12/2025 à 06:34 https://www.ladepeche.fr/2025/12/08/municipales-2026-la-gratuite-des-transports-est-elle-la-solution-pour-demain-ou-un-faux-bon-plan-13090996.php
À l’approche des municipales 2026, la gratuité des transports revient au cœur du débat. La Cour des comptes en souligne les limites financières, tandis que la quarantaine de villes qui a franchi le pas défend une mesure de pouvoir d’achat et de transition écologique. Tour d’horizon.
Plus de 2,8 millions de Français vivent avec des réseaux de transport publics totalement gratuits, un chiffre multiplié par quatre en une décennie. Environ quarante collectivités ont franchi le pas, dont plusieurs grandes agglomérations. Le poste transport représentant près de 13 % des dépenses des ménages, un budget qui a bondi de plus de 50 % depuis 2020.
À lire aussi : Gratuité des transports à Toulouse : comme à Montpellier, « c’est possible ! », promet le PCF 31
Pour autant, un rapport de la Cour des comptes publié en septembre dernier rappelle que « la gratuité entraîne des pertes de recettes significatives pour les autorités organisatrices » et souligne que « lorsqu’un usager ne paie plus, c’est la collectivité qui assume l’intégralité du coût ».
Montpellier : un modèle assumé
Le maire de Montpellier Michaël Delafosse dénonce un rapport « à charge » et défend « une mesure de pouvoir d’achat » et « une mesure pour le climat ». C’est lui qui a instauré la gratuité totale en 2023 pour les 31 communes de la métropole. Il assure que la fréquentation a grimpé de 27 % en un an, et que la qualité de l’air montre des signaux d’amélioration depuis la mise en œuvre de la mesure.
La Cour des comptes reconnaît ce dynamisme, tout en soulignant qu’on ne sait pas encore combien d’automobilistes ont réellement laissé leur voiture au garage.
Niort : une gratuité qui fragilise
L’expérience est moins concluante à Niort, où la gratuité a été instaurée en 2017. Avant la réforme, la billetterie couvrait environ 11 % du coût du service. La disparition de ces recettes a entraîné une réduction de l’offre de près de 30 %, avec des lignes supprimées et des temps d’attente doublés sur certains axes. Une partie des usagers est même revenue à la voiture, signe qu’une gratuité mal financée peut produire l’effet inverse de celui recherché.
Dunkerque : la réussite
Dunkerque offre le contre-exemple le plus cité. Avant la gratuité instaurée en 2018, la billettique pesait moins de 10 % du coût du réseau. En parallèle, plus de 65 millions d’euros ont été investis dans une refonte complète du système : cinq lignes de bus à haut niveau de service, des fréquences renforcées, une amplitude horaire élargie.
Résultat : la fréquentation a bondi de 65 % en semaine et jusqu’à 125 % le week-end dès la première année. Le report modal reste difficile à mesurer précisément, mais la gratuité s’est accompagnée d’une transformation structurelle du réseau.
Nantes : la solution intermédiaire
Nantes a opté pour une gratuité limitée au week-end. Le coût annuel du dispositif avoisine 20 millions d’euros, dont la moitié liée à la perte de recettes. Le réseau continue néanmoins d’investir, notamment dans l’achat de nouvelles rames de tram et l’extension de plusieurs lignes. La gratuité attire un public plus occasionnel, mais entraîne aussi des saturations ponctuelles le samedi sur certains tronçons.
Un choix de société
Les bilans divergent, mais une constante apparaît : la gratuité n’est efficace que si elle s’appuie sur un réseau performant et financé durablement. Elle peut booster la fréquentation et soutenir les ménages, ou au contraire dégrader l’offre si les moyens ne suivent pas.
La question pour 2026 ne sera donc pas seulement « gratuit ou non ? », mais « comment financer un réseau performant, durable et capable de concurrencer réellement la voiture ? ».
ENTRETIEN. Vers l’instauration de péages urbains ? L’idée de ce chercheur pour décongestionner les villes et financer les grands projets
Transports, Municipales 2026, France – Monde, Economie
Publié le 08/12/2025 à 06:34 , mis à jour à 08:18 https://www.ladepeche.fr/2025/12/08/entretien-municipales-2026-des-peages-urbains-pour-decongestionner-les-villes-et-financer-les-projets-de-transport-13092922.php
Congestion, étalement urbain, technologies et financement… Marc Ivaldi analyse les défis des villes en matière de mobilité, à trois mois des élections municipales. Chercheur à la Toulouse School of Economics et directeur de la Conférence mondiale sur la recherche en transport 2026, il plaide pour des solutions plus efficaces, dont le péage urbain.
La congestion est-elle aujourd’hui le principal défi des villes ?
Oui. Les réseaux routiers comme les transports publics sont saturés, ce qui crée des pertes de temps massives. Même lorsque des investissements arrivent, ils ne suffisent pas toujours à absorber une demande de déplacement en hausse constante. La congestion est le point de départ de tous les autres problèmes : elle réduit la productivité, détériore la qualité de vie et complique l’organisation quotidienne des usagers.
Pourquoi considérez-vous le péage urbain comme une solution plus efficace que la ZFE ?
Parce qu’il agit réellement sur la congestion tout en finançant les infrastructures. La ZFE a été présentée comme une mesure écologique, mais c’est en réalité une taxe indirecte qui oblige à changer de voiture et ne rapporte rien aux villes. À l’inverse, un péage urbain permet de moduler le prix selon l’heure : on peut faire payer plus cher aux heures de pointe et inciter ceux qui le peuvent à se déplacer autrement ou plus tard. C’est ce qu’ont fait Londres, Stockholm ou Barcelone, avec des effets immédiats sur le trafic. J’ai calculé qu’un péage urbain à Toulouse rapporterait entre 150 et 200 millions par an, soit de quoi financer une part considérable de projets de transport. En dix ans, c’est près de deux milliards.

nullMarc Ivaldi dirige la World conference on transport research qui se tiendra à Toulouse du 6 au 10 juillet 2026. DDM – MICHEL VIALA
L’intermodalité reste laborieuse pour les usagers dans la plupart des agglomérations. Pourquoi ?
Parce que nous n’avons pas encore un système cohérent. Aujourd’hui, un trajet peut nécessiter trois titres de transport différents. Les interfaces tarifaires sont éclatées, les horaires ne sont pas toujours coordonnés et les passages d’un mode à l’autre génèrent des coûts de transaction et des pertes de temps. La technologie existe pourtant : les données, l’intelligence artificielle, les outils de paiement intégrés pourraient rendre l’expérience fluide. On avance, mais trop lentement.
L’étalement urbain renforce-t-il les difficultés ?
Oui. Dès qu’une ville s’étale, les distances augmentent, les besoins de déplacement aussi, et la congestion suit mécaniquement. L’expansion des zones résidentielles, des zones d’activités et des pôles économiques crée un besoin permanent de nouvelles infrastructures. C’est un cercle difficile à rompre : l’étalement appelle le transport, qui lui-même encourage l’étalement.
Les problèmes sont-ils différents selon la taille des villes ?
Très clairement. Par exemple, dans une petite ville, la gratuité des transports peut être soutenable avec quelques lignes de bus. Dans une grande agglomération, les réseaux sont trop vastes pour absorber un tel coût. Mais la taille offre aussi des opportunités : elle permet de financer des métros ou des réseaux lourds, qui n’auraient aucun sens dans des territoires moins denses. La dimension est un facteur structurant : plus c’est grand, plus c’est complexe, plus c’est coûteux.
Quel rôle peuvent jouer la technologie et l’intelligence artificielle dans ce tableau ?
La technologie a un rôle central à deux niveaux. D’abord pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et de polluants : les innovations sur les véhicules, les systèmes de pilotage, la gestion des réseaux sont essentielles. Ensuite pour organiser un système de transport cohérent et facile d’utilisation. Par l’échange de données et l’intelligence artificielle, on peut mieux coordonner les différents modes, simplifier les parcours, limiter les ruptures de charge et les achats multiples de titres de transport. C’est exactement ce dont nous avons besoin pour aller vers une mobilité vraiment durable.
Municipales 2026 : Transports, mobilités… le soutien des Français aux grands aménagements
Municipales 2026, Transports, LGV Bordeaux-Toulouse
Publié le 08/12/2025 à 06:31 https://www.ladepeche.fr/2025/12/08/municipales-2026-transports-mobilites-le-soutien-des-francais-aux-grands-amenagements-13086675.php
Alors que la LGV Toulouse-Bordeaux et l’autoroute A69 pourraient s’inviter dans les débats des élections municipales, en Occitanie les grands projets d’aménagement continuent de bénéficier d’un large soutien populaire. Selon plusieurs enquêtes Odoxa, ces infrastructures jugées utiles par une majorité de Français transcendent les clivages politiques et sont perçues comme des leviers d’amélioration du quotidien.
Si les transports en commun et les mobilités sont un incontournable pour tous les candidats aux élections municipales, les grands aménagements occuperont aussi la campagne et, en Occitanie, plusieurs chantiers occuperont les esprits comme la ligne à grande vitesse (LGV) Toulouse-Bordeaux, ou l’autoroute A69 sur laquelle la cour administrative d’appel de Toulouse doit rendre une décision au fond, jeudi 11 décembre, sur la validité des autorisations environnementales.
Ces grandes infrastructures, si elles soulèvent des controverses et des oppositions, sont souvent massivement soutenues par l’opinion.
87 % d’opinions positives dans le Sud-Ouest pour la LGV Toulouse-Bordeaux
La LGV, par exemple, bénéficie d’une large approbation. Selon un sondage Odoxa paru début octobre, la Ligne nouvelle Sud-Ouest (LNSO) bénéficie d’un soutien écrasant avec 87 % d’opinions positives dans le Sud-Ouest et 76 % à l’échelle nationale. Politiquement, le projet transcende les clivages puisque 79 % des sympathisants écologistes y sont favorables, tout comme 93 % des électeurs LR, 88 % des proches de Renaissance ou encore 85 % de ceux de LFI. 70 % des personnes interrogées pensent que la LNSO améliorera leur vie quotidienne.
Autre enquête Odoxa, réalisée en mai pour Coriolink sur le « Regard des Français sur les grands projets d’aménagement » : 81 % des Français jugent utiles les grands projets d’aménagement – infrastructures énergétiques, autoroutes, lignes ferroviaires – pour le pays