Des membres de l’Atelier d’écologie politique (Atécopol) de Toulouse dénoncent l’utilisation sans regard critique de l’Intelligence Artificielle générative, dans les institutions de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche

« Dans les institutions, il y a une injonction presque morale à l’utiliser » : des chercheurs publient un manifeste contre l’essor de l’intelligence artificielle générative

Une pétition, refusant le déploiement de l'Intelligence Artificielle générative dans les institutions de l'éducation, a été publiée le 1er décembre 2025 et a dépassé 1.000 signatures.
Une pétition, refusant le déploiement de l’Intelligence Artificielle générative dans les institutions de l’éducation, a été publiée le 1er décembre 2025 et a dépassé 1.000 signatures. • © JEAN-MARC BARRERE / Hans Lucas

Écrit parMélissa Le Roy

Publié le08/12/2025 à 12h49 https://france3-regions.franceinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/dans-les-institutions-il-y-a-une-injonction-presque-morale-a-l-utiliser-des-chercheurs-publient-un-manifeste-contre-l-essor-de-l-intelligence-artificielle-generative-3261548.html#at_medium=5&at_campaign_group=1&at_campaign=occitanie&at_offre=4&at_variant=V2&at_send_date=20251208&at_recipient_id=726375-1497345337-da129e8d&at_adid=DM1198736&at_highlight=

Temps de lecture : 3 mins

Des membres de l’Atelier d’écologie politique, à Toulouse, ont publié un manifeste le 1er décembre 2025. Ils y dénoncent l’utilisation sans regard critique de l’IAg, l’Intelligence Artificielle générative, dans les institutions de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Le texte a dépassé les 1.300 signatures.

La Quotidienne Société

ChatGPT, Gemini, Perplexity… Depuis qu’elle est accessible au grand public, l’Intelligence Artificielle générative (IAg) a peu à peu gagné les bancs de l’école. Dans les institutions de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, les chartes de bonne utilisation se succèdent et les élèves et enseignants s’en servent à leur guise.

Mais certains ressentent un « malaise » face à cette technologie encore récente. C’est pour cela que le 1er décembre dernier, des membres de l’Atelier d’écologie politique (Atécopol), un collectif regroupant 300 scientifiques à Toulouse, ont publié un manifeste pour dénoncer le déploiement de cette technologie dans les institutions d’enseignement, sans qu’il n’y ait de véritable regard critique sur son utilisation.

« Une injonction presque morale »

Olivier Lefebvre, chargé de cours en Science, Techniques et Société, est un des auteurs du texte. Comme beaucoup de professeurs, il a observé l’arrivée progressive de l’IAg. « J’y ai été confronté lors de mes cours, explique-t-il. Tous les ans, je donne un livre à lire aux étudiants et ils doivent répondre à une question dessus en classe. Je me suis rendu compte que certains avaient fait résumer le livre par ChatGPT et avaient appris ça par cœur. » Un genre de méthode qui, selon lui, « empêche le processus d’apprentissage ».

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Et ce qui lui pose aussi problème, c’est qu’à force de chartes de bonne utilisation, les institutions poussent les enseignants et étudiants à intégrer l’IAg dans leur pratique. Elles partent du principe que la technologie est là et qu’il faut s’y adapter. La semaine dernière, le CNRS a, d’ailleurs, envoyé un courrier à ses agents pour les informer de « l’ouverture d’Emmy, un agent conversationnel en intelligence artificielle générative », conçue en collaboration avec la société Mistral A.I.

« Ce manifeste vient d’un effet de saturation chez plusieurs d’entre nous. Dans les institutions, il y a une injonction, presque morale, à utiliser l’IAg, constate Olivier Lefebvre. On nous dit si vous ne l’utilisez pas, ce n’est pas bon pour les étudiants, plus tard ils ne sauront pas s’en servir. On aimerait se préoccuper de leur avenir sans être soumis à ces injonctions. »

Une posture d’objecteurs de conscience

Dans ce manifeste intitulé « Face à l’IA générative, l’objection de conscience », les auteurs avancent plusieurs arguments, notamment le fait que l’IAg est énergivore et en incohérence avec les objectifs climatiques de l’Accord de Paris et qu’elle accentue la désinformation du grand public. Les auteurs emploient le terme d’objection de conscience pour signifier leur refus de contribuer au déploiement de cette technologie, qu’ils considèrent comme « incompatible avec les valeurs de rationalité et d’humanisme » qu’ils sont « censés représenter et diffuser ».

Le texte compte, à ce jour, plus de 1.300 signataires, dont « 90% de personnes de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur », estime Olivier Lefebvre. Elle n’a pas pour but de donner des consignes pour contrer l’utilisation de cette technologie, mais de rallier « des personnes qui veulent faire attention à leur usage » et « d’enclencher un mouvement collectif » pour se former un esprit critique ou monter des groupes de discussion.

Selon le chargé de cours, le texte est aussi un moyen de « libérer la parole. Des personnes nous disent qu’elles se sentent moins seules, car elles sont enfin autorisées à penser ce qu’elles pensent. »

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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