Date de publication : 8 décembre 2025 https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=8de8d158d51f3a46ec4c774826b50436&id_newsletter=22980&liste=0&site_origine=revue_mediscoop&nuid=44baf5968540a6248a8065e80f2f7273&midn=22980&from=newsletter
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Sabrina Champenois note dans Libération que « le cyclisme professionnel file toujours plus vite. […] Mais à quel prix ? L’interrogation prend elle aussi de l’ampleur. Et si l’ombre du dopage et ses dommages collatéraux plane toujours sur les pelotons professionnels, il est de plus en plus question, ces dernières années, du facteur maigreur ».
La journaliste explique qu’« hommes comme femmes, les forçats de la route sont toujours plus nombreux à s’affiner, toujours plus aiguisés, asséchés de toute graisse, à en ressembler à des marathoniens. Si les quadriceps restent dessinés, les bras-baguettes se multiplient. […] Ça donne, par exemple, dans la Grande Boucle 2025 mais côté femmes, l’impressionnant raid en solitaire de Pauline Ferrand-Prévot […] lors de l’étape du col de la Madeleine, à quelques encablures de sa victoire finale ».
Sabrina Champenois souligne que « c’est précisément dans le peloton féminin qu’on tire le signal d’alarme, ces derniers temps. Il a notamment retenti lors du Tour de France, actionné par la grimpeuse Cédrine Kerbaol, huitième au classement général ».
Cette dernière a déclaré : « Ce qui se passe, c’est que quand on a des personnes qui réussissent [en étant très maigres], elles vont être regardées par les autres et elles deviennent des modèles inconsciemment ».
La journaliste relève que « la course à la maigreur peut carrément menacer le métabolisme, et les femmes sont particulièrement touchées. Le cas de Veronica Ewers en fournit un exemple flagrant. L’Américaine de 31 ans vient d’annoncer qu’elle mettait fin à sa carrière en raison du syndrome Red-S, et ce qu’elle décrit est un péril généralisé ».
La coureuse a déclaré : « Je n’ai plus mes règles depuis 2014. J’ai les os fragiles. Mon système digestif est catastrophique ».
Sabrina Champenois explique que « ce syndrome […] est un déficit énergétique lié à la pratique du sport : l’athlète dépense trop d’énergie comparée à celle qu’il ou elle accumule par la nutrition. Un déséquilibre énergétique classique suffit à perturber les menstruations et la santé osseuse, une activité sportive de haut niveau avec sous-alimentation y ajoute des répercussions immunitaires, gastro-intestinales et même psychologiques ».
La journaliste poursuit : « Avoir momentanément une masse maigre, de façon encadrée, n’est pas problématique, fait partie de la routine du haut niveau. Mais de là à une héroïsation de la maigreur, il n’y a qu’un pas, qui semble être franchi de façon systémique ».
Sabrina Champenois rappelle que « le Comité international olympique a pourtant reconnu le Red-S comme une maladie à part entière en… 2014. Alors que la maigreur carbure plein pot dans les pelotons, la prévention est manifestement lanterne rouge ».