Sport en ville : la pollution atténue les bénéfices
Patrick Laure | 05 Décembre 2025 https://www.jim.fr/viewarticle/sport-ville-pollution-atténue-bénéfices-2025a1000y32
Une vaste étude montre qu’au-delà de 25 μg/m3 de particules fines, les bénéfices de l’activité physique sur la mortalité sont divisés par deux. À 35 μg/m3, la protection contre le cancer disparaît presque totalement.
L’activité physique de loisirs réduit significativement la mortalité toutes causes confondues, qu’elle soit cardiovasculaire ou liée au cancer. Parallèlement, la pollution de l’air – notamment les particules fines PM2,5 issues de la combustion (transports, chauffage, industries, feux de forêt) – est responsable de millions de décès annuels dans le monde. Cette situation crée un dilemme sanitaire : les bénéfices d’une activité physique pratiquée en extérieur peuvent-ils être annulés, voire inversés, dans un environnement fortement pollué ?
Cette question demeurait jusqu’ici sans réponse claire pour une raison méthodologique : la plupart des études ont été menées dans des environnements peu à modérément pollués, où la variabilité des niveaux de PM2,5 reste limitée. Ces travaux suggéraient certes que la pollution n’altérait pas les bénéfices de l’activité physique, mais l’absence de contrastes d’exposition suffisants empêchait d’identifier un éventuel seuil d’atténuation. À cela s’ajoutent la diversité des méthodes employées, l’hétérogénéité des contextes géographiques et le manque d’analyses comparatives systématiques. Une question centrale restait donc en suspens : à partir de quel niveau de PM2,5 les effets protecteurs de l’activité physique commencent-ils réellement à diminuer ?
Deux approches complémentaires : 2,4 millions de participants
Pour répondre à cette question, une équipe internationale de chercheurs a tenté de combler cette lacune en conduisant une étude combinant une revue systématique avec méta-analyse et une analyse de données individuelles issues de trois grandes cohortes (UK Biobank, Taiwan Biobank, MJ Cohort).
La première a identifié dans les bases de données (MEDLINE, Web of Science, Embase, et SPORTDiscus) 585 articles sans doublons, dont sept ont été inclus dans l’analyse, représentant 1,51 million d’adultes avec un suivi médian de 12,3 ans, et 115 000 décès.
La seconde regroupait 869 000 personnes, avec un suivi moyen de 11,3 ans et 45 000 décès.
Les résultats étaient convergents. À des niveaux faibles ou modérés de PM2,5 (<25 μg/m3), atteindre les recommandations internationales d’activité physique (7,5 –15 MET-h/semaine) était associé à une réduction d’environ 30 % de la mortalité.
Au-dessus de 25 μg/m≥, les bénéfices chutaient de 12 à 15 %.
Au-delà de 35 μg/m3, les bénéfices diminuaient fortement, particulièrement concernant la mortalité par cancer, pour laquelle l’effet protecteur n’était plus significatif. Ces tendances s’observaient, quel que soit le sexe, l’âge ou la présence préalable de maladies cardiovasculaires.
Si bouger est un excellent investissement pour la santé, le faire dans un air « propre », peu chargé en particules, en maximise le rendement !
References
Ku PW, Steptoe A, Hamer M, et al. Does ambient PM2.5 reduce the protective association of leisure-time physical activity with mortality? A systematic review, meta-analysis, and individual-level pooled analysis of cohort studies involving 1.5 million adults. BMC Med. 2025 Nov 28;23(1):647. doi: 10.1186/s12916-025-04496-y.