Covid-19 : l’absence de danger et l’efficacité des vaccins à ARN messager démontrées par une vaste étude
Une étude d’Epi-Phare, publiée jeudi, répond à la désinformation autour des vaccins qui ont été distribués massivement dans le monde entier pour lutter contre la pandémie.

Près de cinq ans après le début de la vaccination contre le Covid-19, une étude française, publiée jeudi 4 décembre dans la revue Journal of the American Medical Association, vient confirmer la sécurité des vaccins à ARN messager distribués pour la première fois, en 2021, de manière massive dans le monde entier.
Se faire vacciner contre le Covid-19 n’a pas augmenté le risque de mortalité à long terme (jusqu’en mars 2025), qu’elle soit liée au Covid-19 ou à d’autres pathologies, démontre l’équipe d’Epi-Phare, un groupement d’intérêt scientifique placé sous la double tutelle de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé et de la Caisse nationale de l’assurance-maladie. « Cette étude contribue à clore la désinformation véhiculée autour des vaccins à ARN messager, souligne le professeur de santé publique Mahmoud Zureik, directeur d’Epi-Phare. Apporter des données sur l’absence de risque à long terme permet de renforcer la confiance dans ces vaccins qui vont être développés contre d’autres virus ou d’autres maladies. »
Leur analyse des données du Système national des données de santé français a porté sur les plus de 28 millions de personnes de 18 à 59 ans résidant en France au 1er novembre 2021 et ayant reçu un remboursement de santé en 2020. Sur cette population, 79 % ont reçu leur première dose de vaccin contre le Covid-19 entre mai et novembre 2021, qui fut la période de vaccination de masse des adultes en France, le passe sanitaire étant entré en vigueur en juin 2021.
Mortalité inférieure de 25 %
Les résultats sont probants : quatre ans après cette première injection de vaccin à ARN messager, les chercheurs observent une mortalité inférieure de 25 % chez les personnes vaccinées par rapport aux personnes non vaccinées, et ce, quelle qu’en soit la cause. Cette mortalité moindre est liée à trois facteurs. Tout d’abord, les personnes vaccinées sont moins mortes du Covid-19. Dans cette population, l’analyse montre une réduction de 74 % du risque de mourir à l’hôpital à cause du Covid-19. De six à neuf mois après la vaccination, 10,5 % des décédés non vaccinés sont morts du Covid-19, contre seulement 1,9 % des décédés vaccinés. Ces résultats sont en adéquation avec les autres études parues sur le sujet dans le monde.
Deuxième facteur : les effets indirects de la vaccination. Les formes graves de Covid-19, plus présentes chez les non-vaccinés que chez les vaccinés, provoquent des séquelles, notamment cardio-vasculaires, entraînant des risques de mortalité plus élevés dans les années qui suivent l’hospitalisation pour Covid-19. « Le fait que la vaccination prévienne une partie de ces complications amène à réduire la mortalité à long terme de façon indirecte », insiste Mahmoud Zureik.
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Enfin, même si les chercheurs ont lissé au maximum les données statistiques pour pouvoir comparer les deux groupes de population, il n’en reste pas moins que les personnes qui ont choisi de ne pas se faire vacciner contre le Covid-19 ont une relation différente à la prévention et sont généralement plus éloignées du système de soins. Les données sociodémographiques montrent que les non-vaccinés sont plus défavorisés que les vaccinés, 20,9 % d’entre eux ayant une complémentaire santé solidaire, contre 9,2 % pour les vaccinés, et 27 % vivant dans une des communes les plus pauvres, contre 19,1 %.
« Surveillance intense »
L’étude a spécifiquement porté sur les 18-59 ans. « Cette tranche de la population reste largement moins à risque de forme grave du Covid-19 que les personnes âgées. Donc, c’est chez eux que la balance bénéfice-risque des vaccins pouvait être interrogée », précise Mahmoud Zureik. Par ailleurs, la complication postvaccination la plus criante a été rapportée chez les jeunes hommes, chez qui une augmentation des risques de myocardite et de péricardite a été constatée dans la première semaine après la vaccination, particulièrement après la deuxième dose. « Malgré tous ces éléments, notre analyse montre une moindre mortalité à long terme, y compris dans cette catégorie de la population », insiste le médecin de santé publique spécialisé dans l’épidémiologie.
Le fait d’avoir pris en compte toutes les causes de mortalité sur plusieurs années permet de mettre en évidence l’absence de conséquence grave de certains effets indésirables liés aux vaccins. Une étude antérieure avait montré que les complications cardiaques suivant des myocardites postvaccination sont moins importantes que celles liées aux myocardites intervenant après une infection de Covid-19. Plus globalement, les données relatives au suivi de pharmacovigilance des vaccins contre le Covid-19, publiées en décembre 2024 par Epi-Phare, pointent toutes vers la sécurité des vaccins à ARN messager.
« Il n’y a jamais eu de surveillance si intense sur un produit de santé, remarque Mahmoud Zureik. A moins qu’il n’y ait de nouveaux signaux nécessitant une investigation, nous n’allons pas développer davantage de travaux sur le sujet. »