Stéphanie Rist a confirmé une réforme des agences régionales de santé (ARS), quinze ans après leur création

Les ARS ne seront pas supprimées mais réformées, annonce Stéphanie Rist

Christophe Gattuso

02 décembre 2025 https://francais.medscape.com/viewarticle/ars-ne-seront-pas-supprimées-2025a1000xd4?ecd=WNL_mdplsfeat_251202_mscpedit_fr_etid7919648&uac=368069PV&impID=7919648

Alors que plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer leur suppression, Stéphanie Rist a confirmé une réforme des agences régionales de santé (ARS), quinze ans après leur création. La nouvelle ministre de la Santé a annoncé qu’une nouvelle articulation des tâches avec les préfets devrait être menée. Elle défend également la mise en œuvre de France Santé, le réseau qui doit garantir une solution de santé en moins de 30 minutes et un rendez-vous médical sous 48 heures.

Il est nécessaire de faire évoluer ces administrations créées il y a 15 ans et qui mécontentent 90% des élus

Stéphanie Rist

Vers plus de pouvoirs aux préfets

L’idée que la France compterait trop d’agences sanitaires n’est pas nouvelle. Et une petite musique se fait de plus en plus entendre autour de la suppression des agences régionales de santé (ARS). Cette mesure figurait cet été parmi les recommandations du député Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot)Jean-François Rousset, dans son rapport sur l’organisation du système de santé et sur les difficultés d’accès aux soins. Les jugeant inutiles et incompétentes il préconisait la suppression des ARS et que leur personnel et missions soient confiés à la préfecture et à une sous-préfecture déléguée à l’accès aux soins.

Le temps est venu de réformer en profondeur les ARS

Sébastien Lecornu

Devant l’association des départements de France, le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé, le 14 novembre, qu’était venu « le temps de réformer en profondeur les ARS ». Il a plaidé pour le transfert, aux préfets ou aux départements, de certaines prérogatives en matière de santé et indiqué que le préfet pourrait être par exemple « responsable » des analyses de l’eau et de la gestion des grandes crises. La nouvelle ministre de la Santé Stéphanie Rist a confirmé, jeudi 20 novembre, que le gouvernement ne souhaitait pas supprimer les ARS mais les réformer, lors d’un échange organisé à Paris par l’Association des journalistes de l’information sociale (AJIS). 

« Les ARS sont le réceptacle de tout ce qui ne va pas dans notre système de santé, elles sont le symbole de la suradministration. Elles ont pourtant une efficacité très importante et il est primordial de garder ce bras armé de l’État qui est une ligne directe entre le ministère et ses administrations, a indiqué la ministre. Pour autant, il est nécessaire de faire évoluer ces administrations créées il y a 15 ans et qui mécontentent 90 % des élus. »

« Nous avons à travailler sur comment on fait évoluer ce modèle à l’échelon départemental« 

Stéphanie Rist

Une dernière chance pour l’agence tout Rist

Dans un courrier adressé aux directeurs d’ARS, le 14 novembre dernier, Stéphanie Rist avait déjà exprimé son souhait de « moderniser le réseau des ARS et clarifier les responsabilités ». « Les ARS ont vocation à rester un maillon essentiel du pilotage territorial de la politique de santé, au contact des élus, des professionnels et des usagers, écrivait-elle. Il ne s’agit donc pas de les démanteler, mais d’en faire les bras armés du ministère de la Santé dans les territoires, tout en renforçant leur articulation avec les préfets, en particulier pour la gestion des crises, la gestion des risques environnementaux et la mise en œuvre de France Santé. » Le principal changement devrait porter sur le recentrage des ARS à l’échelon plus local, la ministre appelant à « plus de proximité ». « Nous avons à travailler sur comment on fait évoluer ce modèle à l’échelon départemental. »

« Imaginer qu’en matière de santé, l’échelle pertinente serait le département est une erreur« 

Onze anciens ministres de la Santé

D’anciens ministres à la rescousse

Si la suppression des ARS semble faire consensus chez les parlementaires, la réforme n’est pas du goût de tout le monde. Dans une tribune au Monde, onze anciens ministres de la Santé* dont un grand nombre ont exercé pendant la mandature d’Emmanuel Macron, ont dénoncé le projet de Sébastien Lecornu. « Le schéma esquissé par le Premier ministre aboutirait à affaiblir la qualité de la prise en charge de nos concitoyens, écrivent les signataires de la tribune. Imaginer qu’en matière de santé, l’échelle pertinente serait le département est une erreur : sur certains sujets, seules les communes ou les intercommunalités sont les bons interlocuteurs, sur d’autres, seule une organisation à l’échelle régionale ou nationale est pertinente. »

Les fédérations hospitalières (FHF, FHP, FEHAP, FNEHAD) sont aussi montées au créneau pour défendre les ARS. « Les ARS constituent un acteur structurant et stabilisateur de la régulation sanitaire et médico‑sociale sur les territoires. Si certaines de leurs missions peuvent être recentrées sur leur cœur de métier, leur remise en cause fragiliserait la cohérence du pilotage de l’offre de soins et l’égalité d’accès des citoyens à la santé. »

France Santé, une solution aux déserts médicaux ?

Devant l’AJIS, la ministre de la Santé a par ailleurs défendu la création du label France Santé, adopté à l’Assemblée le 9 novembre dernier, qui doit permettre de garantir à tous les Français une solution de santé en moins de 30 minutes et un rendez-vous médical sous 48 heures.

Dans les territoires où il n’y a pas de médecins mais où il y a une pharmacie et une infirmière pas loin, il est possible de les faire travailler ensemble

Stéphanie Rist

À la manière de France Services, France santé labelliserait des structures de proximité, maisons de santé pluriprofessionnelles, centres de santé ou cabinets médicaux, qui répondraient à un cahier des charges (garantir la présence d’un médecin et d’une infirmière, offrir des consultations sans dépassement d’honoraires, être ouverte au moins 5 jours par semaine, participer au service d’accès aux soins [SAS]).

D’ici à l’été 2026, 2 000 structures seront labellisées avec un budget de 150 millions d’euros. L’objectif est de porter à 5 000 le nombre de structures labellisées en 2027, a précisé Stéphanie Rist.

« Dans les territoires où il n’y a pas de médecins mais où il y a une pharmacie et une infirmière pas loin, il est possible de les faire travailler ensemble, par exemple, de mettre en place une téléconsultation et de créer un noyau de coopération professionnelle, avance la ministre de la Santé. C’est un véritable outil d’aménagement du territoire. Cela montre à nos concitoyens qu’ils ne sont pas abandonnés et permet de rendre plus attractifs les territoires pour les médecins », a-t-elle ajouté.

*Signataires de la tribune parue dans le Monde : Roselyne Bachelot (2010 – 2012), François Braun (2022 – 2023), Agnès Buzyn (2017 – 2020), Geneviève Darrieussecq (2024), Claude Évin (1988 – 1991), Agnès Firmin‑Le Bodo (2023 – 2024), Yannick Neuder (2024 – 2025), Aurélien Rousseau (2023), Marisol Touraine (2012 – 2017), Frédéric Valletoux (2024) et Olivier Véran (2020 – 2022).

Voir aussi:

https://environnementsantepolitique.fr/2025/11/30/quinze-ans-apres-leur-creation-le-bilan-objectif-des-ars-conduit-a-un-constat-dechec/

https://environnementsantepolitique.fr/2025/11/26/les-associations-de-malades-de-france-assos-sante-nous-demandons-a-etre-associes-a-une-eventuelle-evolution-des-ars/

* 11 anciens ministres de la santé et 24 organisations volent au secours des ARS
https://environnementsantepolitique.fr/2025/11/19/11-anciens-ministres-de-la-sante-volent-au-secours-des-ars/

Dernière trouvaille des sénateurs: le transfert des attributions des agences régionales de santé (ARS) aux services régionaux et départementaux, sous l’autorité des préfets. https://environnementsantepolitique.fr/2025/07/04/63612/

Gilbert HANGARD • Abonné Président, Élus Santé Publique et Territoires 2 sem. 

Démanteler les ARS ? Avant de tout casser, posons enfin un vrai diagnostic.

https://www.linkedin.com/in/gilbert-hangard-7b95b7162/recent-activity/all/

Alors que certains proposent de supprimer ou de placer les ARS sous tutelle, une question s’impose : comment peut-on prétendre réformer la santé… en s’attaquant à ceux qui la structurent ?
Depuis des années, le système de santé souffre : manque de médecins, services saturés, inégalités territoriales qui explosent, prévention sacrifiée, santé environnementale sous-financée. Et la réponse serait de fragiliser encore davantage le pilotage territorial ?
Soyons clairs :  Subordonner les ARS aux préfets, ce n’est pas moderniser. C’est transformer la santé publique en outil d’ordre public.
Transférer les compétences au département, ce n’est pas simplifier. C’est créer un patchwork inégalitaire où la qualité des soins dépendra de la richesse locale.
Les affaiblir, ce n’est pas réformer. C’est prendre le risque d’un effondrement silencieux de la cohérence sanitaire nationale.
Pendant ce temps, les questions essentielles restent sans réponse :
– Comment réduire les inégalités de santé ?
– Comment renforcer la prévention, pourtant vitale ?
– Comment faire face au vieillissement, aux crises sanitaires, aux enjeux climatiques ?
– Comment garantir les mêmes droits en santé partout, du rural à l’ultramarin ?
On ne soigne pas un système malade en cassant ses os porteurs.
Les ARS ne sont pas parfaites — aucune institution ne l’est. Mais elles sont aujourd’hui le seul espace où se rencontrent soin, médico-social, prévention, santé environnementale et réponse aux crises. Les affaiblir, c’est casser la colonne vertébrale sans savoir comment on fera tenir le corps.
Ce qu’il faut ?
– Une refondation réfléchie, pas un mikado institutionnel improvisé.
– Une vision à long terme, pas une réaction politique à court terme.
– Une loi de programmation solide, ambitieuse, concertée.
– Et surtout : de la cohérence.
Parce qu’on ne joue pas avec la santé publique.
Parce qu’on ne laisse pas les territoires fragiles devenir les oubliés de demain.
Parce que la santé n’est pas un domaine où l’on expérimente “pour voir”.
Avant de toucher aux ARS, posons-nous la seule question qui vaille : voulons-nous un système de santé plus juste, plus fort, plus résilient — ou simplement un système plus facile à contrôler ?

Olivier CAS • 3e et +

Chirurgien viscéral et digestif, (Cabinet de Chirurgie digestive) https://www.linkedin.com/in/olivier-cas-324113172/recent-activity/comments/

J’ai rien contre l’idée, mais comment faire ?


On nomme une mission d’enquête ?
On analyse l’efficience sur quels critères ? Le nombre de commissions, la durée des réunions, ou comme la HAS le volume de café consommé (ce n’est ironique, c’est une analogie au volume de solution hydroalcoolique pour évaluer la prévention des infections liées aux soins en établissements de santé…).
Quand on vit les méandres administratifs préalables aux autorisations d’activités et les justificatifs fumeux pour expliquer aux établissements que bien qu’ils satisfassent aux seuils d’activité et qu’ils aient les critères requis c’est un autre établissement situé à 200km qui sera autorisé et pas eux, et qu’on se rend compte que ça n’améliore en rien les délais et la qualité de la prise en charge des patients, il y a des doutes à avoir sur l’analyse des besoins réels.
Quand un deuxième scanner est refusé parce que l’établissement en dispose déjà d’un et de 2 IRM et que la « norme » est de 3 appareils radiologiques lourds, alors que les délais de scanner s’allongent au point que s’écoule un mois entre une échographie de ville et un RV de scanner pour une cholécystite aiguë.
Est-ce qu’on parle d’un raisonnement ou d’un « résonnement » administratif ?

Transfert de compétences des ARS aux Départements : AXESS dénonce une reforme inquiétante menée sans concertation et sans approche globale

(Communiqué AXESS Employeurs Santé Social )

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02/12/2025 https://toute-la.veille-acteurs-sante.fr/238560/transfert-de-competences-des-ars-aux-departements-axess-denonce-une-reforme-inquietante-menee-sans-concertation-et-sans-approche-globale-communique/

Émis par : AXESS

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A la suite des déclarations du Premier Ministre Sébastien Lecornu concernant le transfert des compétences de solidarité des ARS vers les départements,  AXESS dénonce avec fermeté ce projet de réforme, tout sauf réfléchi et très inquiétantElle appelle de ses vœux une politique de long terme avec une appréhension holistique de la santé et des solidarités intégrant la consultation de l’ensemble des parties prenantes.  

A l’occasion des Assises des Départements de France mi-novembre, le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé vouloir transférer la compétence « santé » aux préfets de région et « réformer en profondeur les Agences Régionales de Santé » en confiant aux départements un certain nombre de compétences sociales et médico-sociales aujourd’hui assurées par les ARS. Les départements deviendraient ainsi la « collectivité des solidarités ». Une intention qu’il a réitérée dans un courrier adressé lundi 24 novembre aux présidents de conseils départementaux.

AXESS ne souhaite pas opposer les conseils départementaux aux ARS, ni privilégier l’un par rapport à l’autre mais dénonce, une nouvelle fois, le manque de réflexion globale et d’appréhension systémique de la gouvernance et du financement du secteur de la Santé et des solidarités.

Cette gouvernance est aujourd’hui dérégulée et génératrice d’iniquités territoriales de plus en plus criantes. Si l’on prend l’exemple de l’accord du 4 juin 2024 relatif au Ségur pour tous, force est de constater qu’une grande part des départements ne s’acquittent pas de leur obligation. Et ce, malgré l’accord Etat-Départements conclu le 29 avril dernier dans lequel l’Etat s’engage à compenser à hauteur de 50% les sommes dues par les départements.

Là où le Premier ministre entend défendre plus d’égalité, le risque est au contraire de se retrouver face à un éclatement de la gouvernance et du financement avec autant de politiques locales que de départements.

Par ailleurs, Sébastien Lecornu souhaite affecter aux conseils départementaux une part de la contribution sociale généralisée(CSG), aujourd’hui destinée à la branche autonomie de la Sécurité sociale. Cette mesure serait loin de suffire à régler le problème systémique du financement des solidarités, à l’heure même où aucune solution n’a été trouvée pour faire face au mur du vieillissement et ses conséquences financières.

Au-delà des effets d’annonce et des stratégies politiciennes, AXESS s’interroge également sur ce qu’il en serait concrètement de la mise en œuvre de ce dispositif et de son suivi, a fortiori dans le contexte politique incertain que nous traversons.

« A l’heure où le Premier ministre entend présenter en décembre son projet de réforme de l’Etat pour « clarifier les compétences de chaque acteur public » (sic),AXESS appelle de ses vœux une politique de long terme avec une appréhension holistique de la santé et des solidarités intégrant la consultation de l’ensemble des parties prenantes avant tout projet de loi relatif à des transferts de compétences qui pourrait s’avérer délétère pour le secteur et l’accompagnement des plus vulnérables », insiste Marie-Sophie Desaulle, présidente d’AXESS.

Contact presse pour AXESS :
Maryse de Wever
Directrice de la communication et des relations institutionnelles
Maryse.DeWever@fehap.fr

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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