Parmi les pays de l’OCDE, la France est l’un des rares pays où la part de médecins immigrés est en diminution.

18 % (seulement) des médecins exerçant en France sont des immigrés

Quentin Haroche | 04 Novembre 2025 https://www.jim.fr/viewarticle/18-seulement-des-médecins-exerçant-france-sont-des-2025a1000ubg?ecd=mkm_ret_251204_jim_genmarketing_&uac=368069PV&impID=7922931&sso=true

Parmi les pays de l’OCDE, la France est l’un des rares pays où la part de médecins immigrés est en diminution.

Lorsqu’il s’agit, dans le débat politique, de lister les bénéfices de l’immigration, c’est souvent l’immigration médicale que l’on évoque. Les politiciens de gauche et les syndicats sont ainsi prompts à parler de ces hôpitaux qui ne tiennent que par le dévouement de médecins ou d’infirmiers immigrés parfois formés hors d’Europe (dont les fameux PADHUE). Face au vieillissement de la population qui augmente les besoins de santé et diminue le nombre de soignants disponibles, la France a en effet recours à des médecins immigrés et elle est loin d’être le seul pays développé à faire appel à une main d’œuvre immigrée dans le domaine de la santé. 

Selon le rapport publié ce lundi par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui regroupe les pays les plus riches de la planète (Amérique du Nord, Europe, Japon et Australie), on comptait en 2023 au sein des pays de l’OCDE plus de 600 000 médecins immigrés (18 % des médecins en activité) et 733 000 infirmières immigrés (8 %). « Entre 2001 et 2021, dans la zone OCDE, le nombre total de médecins et d’infirmiers nés à l’étranger a augmenté de 86 % et de 136 % respectivement » indique l’OCDE dans son rapport. « Le nombre de médecins et d’infirmiers formés à l’étranger a quant à lui augmenté de 62 % et de 71 % respectivement depuis 2010 ». Le nombre total de soignants n’a pourtant augmenté sur la même période que de 38 % pour les médecins et de 25 % pour les infirmières.

38 % des médecins exerçant au Royaume-Uni n’y ont pas étudié

Certains pays occidentaux ont connu une très forte augmentation du nombre de professionnels de santé nés à l’étranger ces dernières années. C’est notamment le cas de la Finlande, où la part de médecins immigrés a triplé et celle d’infirmières immigrées a été multiplié par huit en vingt ans, ou de l’Allemagne, où le pourcentage de médecins immigrés a également triplé. Dans ce contexte de flux migratoire médical important, la France se distingue comme étant l’un des rares pays occidental (avec le Portugal et Israël) où la part de médecins immigrés a diminué ces dernières années. Cela s’explique par « l’augmentation du nombre de médecins nés dans le pays plus rapide que celle du nombre de médecins nés à l’étranger » indique l’OCDE, le numerus clausus restreignant le nombre de médecins formés en France ayant été fortement élargi à partir du milieu des années 2000 puis supprimé en 2020. 

La France compte ainsi 18 % de médecins et 6 % d’infirmières immigrés, soit des taux similaires à la moyenne de l’OCDE.

Notre système de santé repose donc bien moins sur l’immigration que ceux d’autres pays, comme l’Australie (54 %), l’Irlande (49 %) ou le Royaume-Uni (41 %), où la part de médecins immigrés dépasse les 40 %. Si l’on se concentre sur la part de professionnels de santé formés à l’étranger, la France se retrouve en-dessous de la moyenne : 13 % des médecins exerçant en France n’y ont pas fait leur études (20 % dans l’OCDE) et 3 % des infirmières (9 % dans l’OCDE). Par comparaison, 38 % des médecins travaillant dans le NHS britannique n’ont pas étudié outre-manche.

L’OCDE s’inquiète de la fuite des cerveaux

Pour l’ensemble de l’OCDE, le principal pays d’émigration médicale est de loin l’Inde (près de 100 000 médecins nés en Inde exercent au sein de l’OCDE), suivi plus étonnamment de l’Allemagne (31 000 médecins allemands ont quitté leur pays) et de la Chine (30 000). Une quinzaine de pays africains et des Caraïbes ont des taux d’immigration médicales supérieurs à 50 %, ce qui signifie que les médecins et infirmiers de ces pays travaillent davantage à l’étranger que dans leurs pays d’origine. Par exemple, 90 % des infirmiers et 58 % des médecins nés en Jamaïque n’exercent pas dans leur pays. 

Une fuite des cerveaux qui nuit aux états les plus pauvres de la planète et qui inquiète l’OCDE. « Les principaux pays d’accueil devraient poursuivre les efforts mis en œuvre pour renforcer leurs capacités de formation et améliorer la rétention du personnel de santé afin de réduire les pénuries et les problèmes de répartition à l’échelle nationale » plaide l’organisation internationale. Elle s’inquiète notamment de flux migratoires en cascade, qui se font au détriment des pays les plus pauvres. Par exemple, la Suisse accueille des médecins allemands, l’Allemagne les remplace par des médecins polonais et la Pologne doit faire venir des médecins africains et asiatiques. 

Mais de manière quelque peu contradictoire, l’OCDE appelle également les pays occidentaux à mieux accueillir les médecins et infirmières immigrés. « La reconnaissance des qualifications et l’autorisation d’exercer demeurent des obstacles majeurs à l’insertion professionnelle des immigrés à la hauteur de leurs compétences dans le secteur de la santé » déplore ainsi l’OCDE. Elle félicite plusieurs pays, dont la France, d’avoir « simplifié les formalités nécessaires à la reconnaissance des qualifications étrangères et renforcé leur offre de formations passerelles ». En mai dernier, le gouvernement a en effet simplifié le parcours de régularisation des médecins diplômés hors d’Europe exerçant déjà en France.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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