Santé mentale : le Gouvernement prolonge la grande cause nationale en 2026
Le Gouvernement a décidé de prolonger en 2026 la grande cause nationale dédiée à la santé mentale pour en faire « une réalité tangible dans la vie quotidienne de chacun ». Cette grande cause avait été annoncée par Michel Barnier en septembre 2024, et lancée début 2025.
Par Sandy Bonin

« La grande cause nationale [de 2025, NDLR] a montré la force d’un pays lorsqu’il avance ensemble. Nous prolongeons une mobilisation qui touche tous les secteurs et qui améliore concrètement la vie des familles et des citoyens. Cette prolongation s’inscrit dans un mouvement collectif, citoyen et interministériel. Nous continuerons à amplifier cette dynamique au service des Français« , s’est félicité le Premier ministre dans un communiqué de presse, diffusé ce jeudi 27 novembre.
À l’issue d’une réunion de travail réunissant Sébastien Lecornu, Stéphanie Rist et Michel Barnier, député de Paris et ancien Premier ministre, le Gouvernement a donc décidé de prolonger en 2026 la grande cause nationale de 2025, dédiée à la santé mentale.
L’année 2026 aura « pour priorité de faire de la santé mentale une réalité tangible dans la vie quotidienne de chacun », précise le communiqué. « Cela implique d’appuyer davantage les initiatives locales, qu’elles viennent des écoles, des entreprises, des clubs sportifs ou du tissu associatif, de mieux faire circuler les repères et les ressources pour que chacun sache où trouver de l’aide, et d’intégrer pleinement la santé mentale dans l’ensemble des politiques publiques », est-il précisé.
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En 2025, plus de 3 000 événements ont été organisés dans toutes les régions et plus de 900 actions ont été labellisées, sous la coordination du ministère de la Santé. « Cette nouvelle phase doit se traduire par des actions plus concrètes et plus visibles pour les Français », espère le Gouvernement.
« La santé mentale traverse toutes nos politiques publiques. Notre rôle est de coordonner, de soutenir, de donner un cap clair et partagé. La prolongation de la GCN [grande cause nationale] nous permet de continuer à travailler avec les familles, les associations, les collectivités et chaque ministère pour que la santé mentale soit pleinement prise en compte dans la vie quotidienne de tous« , a également commenté la ministre de la Santé, Stéphanie Rist.
Auteur de l’article
La santé mentale, grande cause nationale renouvelée pour un an : pour quoi faire ?
Quentin Haroche | 28 Novembre 2025 https://www.jim.fr/viewarticle/santé-mentale-grande-cause-nationale-renouvelée-an-2025a1000xdz?ecd=wnl_all_251128_jim_daily-doctor_etid7910942&uac=368069PV&impID=7910942&sso=true
Le gouvernement a annoncé que la santé mentale serait de nouveau la grande cause nationale de l’année 2026. Le signe que les choses n’avancent que très lentement sur le sujet.
Michel Barnier n’aura été Premier Ministre que durant trois petits mois, entre septembre et décembre 2024, mais son héritage devrait perdurer durant encore un an. Lors de son passage express à Matignon, l’ancien commissaire européen avait décidé de faire de la santé mentale la grande cause nationale de l’année 2025, indiquant pudiquement qu’il était personnellement touché par le sujet. Ce jeudi, alors que l’année touche bientôt à sa fin, son successeur Sébastien Lecornu a indiqué que cette grande cause nationale serait prolongée d’un an.
Fin octobre, Michel Barnier avait publiquement demandé sur X au Premier Ministre que la grande cause nationale soit poursuivie. « Après onze mois et malgré les efforts des ministres, les résultats restent insuffisants en partie à cause de l’instabilité politique » constatait celui qui est devenu député de Paris le 29 septembre dernier, mettant en avant « la nécessité d’apporter une réponse forte, mieux coordonnée et plus durable sur les maladies mentales qui touchent une famille sur 5 dans notre pays et de mieux accompagner les acteurs de la santé, les élus et les associations. »
Le gouvernement reconnait, à demi-mot, l’absence de mesures concrètes
L’ancien Premier Ministre avait réitéré cette demande la semaine dernière devant la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale sur les politiques publiques de prise en charge de la santé mentale. « Il y a les changements de premier ministre, de ministres, le rythme de changement des ministres de la Santé absolument insensé. Donc, je pense qu’il faut plus de temps » avait plaidé celui qui fut l’une des victimes de cette instabilité politique.
Sa demande aura donc été entendue, Sébastien Lecornu ayant annoncé la reconduction de cette grande cause nationale après un entretien avec son prédécesseur et la ministre de la Santé Stéphanie Rist. « 2026 permettra de consolider le travail déjà engagé et d’accélérer la transformation amorcée » indique ainsi le communiqué du gouvernement. L’exécutif se vante ainsi du bilan de son action pour la santé mentale en cette année 2025 (« plus de 3 000 événements ont été organisés en régions et plus de 900 actions labellisées pour sensibiliser à la santé mentale » peut-on lire dans le communiqué), tout en reconnaissant qu’en onze mois, peu d’actions concrètes ont été prises pour améliorer la santé mentale des populations et l’état de la psychiatrie. « Cette nouvelle phase doit se traduire par des actions plus concrètes et plus visibles pour les Français et cela implique d’appuyer davantage les initiatives locales » explique le gouvernement.
Pas de déremboursement de la psychanalyse
La reconduction de cette grande cause nationale constitue donc, implicitement, un constat d’échec : pris entre une instabilité politique chronique et des questions budgétaires, le gouvernement n’a pas vraiment pu prendre le problème à bras le corps. Son grand plan en faveur de la santé mentale, présenté en juin dernier et découpé en 26 mesures, avait déçu presque tout le monde. Les associations de patients et de psychiatres s’étaient notamment plaint que le plan ne contenait aucune mesure financière, alors même que la psychiatrie manque de moyens.
En attendant donc 2026 et la deuxième phase, qu’ils espèrent plus concrète, de cette grande cause nationale, les psychiatres tournent leur regard vers le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS), actuellement débattu au Parlement, et espèrent qu’en découleront des crédits supplémentaires pour la psychiatrie. Les professionnels de la santé mentale n’auront d’ailleurs pas manqué de noter que samedi dernier, l’amendement au PLFSS porté par la sénatrice Jocelyne Guidez visant à dérembourser la psychanalyse a finalement été retiré. Une décision qui risque de faire du bruit dans la profession, très divisée sur la question.
Santé mentale : la « grande cause nationale » prolongée en 2026, annonce Matignon
Il y a une semaine, l’ancien premier ministre Michel Barnier avait plaidé pour la prolongation d’un an de la grande cause, devant une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les défaillances des politiques publiques de prise en charge de la santé mentale et du handicap.
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La « grande cause nationale » 2026 sera, comme en 2025, consacrée à la santé mentale, avec des « actions plus concrètes » : Matignon a annoncé, jeudi 27 novembre, cette prolongation après une réunion entre Sébastien Lecornu, la ministre de la santé, Stéphanie Rist, et l’ancien premier ministre Michel Barnier.
Cette cause, annoncée par Michel Barnier en septembre 2024 puis lancée en janvier 2025, a « ouvert un nouveau chapitre dans la manière d’aborder la santé mentale en France : une parole simple, directe, bienveillante et accessible partout sur le territoire », juge Matignon dans un communiqué.
Maintenant que « la France a commencé à changer son regard sur la santé mentale », l’objectif est « d’aller plus loin : renforcer la coordination interministérielle, amplifier le soutien aux familles, aux associations et aux territoires, et poursuivre l’élan collectif qui a émergé en 2025 », selon le gouvernement.
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Mesures insuffisantes
« Cette nouvelle phase doit se traduire par des actions plus concrètes et plus visibles pour les Français », ajoute son communiqué, et « cela implique d’appuyer davantage les initiatives locales », des écoles aux associations en passant par les entreprises, de mieux faire connaître les ressources d’aide, et d’intégrer la santé mentale à toutes les politiques publiques.
Il y a une semaine, Michel Barnier avait plaidé pour la prolongation d’un an de la grande cause dédiée à la santé mentale devant une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les défaillances des politiques publiques de prise en charge de la santé mentale et du handicap.
L’ancien locataire de Matignon, redevenu député de Paris et attaché personnellement à ce sujet, s’était déclaré « très frappé (…) que la volonté s’émousse si elle n’est pas soutenue. Il y a les changements de premier ministre, de ministres, le rythme de changement des ministres de la santé absolument insensé. Donc, je pense qu’il faut plus de temps ».
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Depuis le début de la grande cause nationale, « les actions n’ont pas été assez vite par rapport aux difficultés sur le territoire » et « on prend du retard sur la santé mentale déjà des jeunes », avait alors alerté Nicole Dubré-Chirat (EPR), présidente de la commission d’enquête.
Le gouvernement a dévoilé en juin un plan pour mieux repérer et soigner les troubles psychiques et rendre plus attractive la psychiatrie publique, sans convaincre nombre de soignants, qui ont regretté des mesures insuffisantes et une insuffisance de moyens financiers.

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Le Monde avec AFP


Commentaire Geneviève Hénault, Psychiatre Hôpital public
Prolongation de la grande casse nationale.
Ma première émotion en lisant ce communiqué est un tel dégoût que la sensation de nausée prend corps avant d’être vite rejointe par une colère que je ne saurais exprimer ici. Il faudrait leur hurler en face, à ces si satisfaits de leur bullshit, le désespoir des patient·es, des familles et des professionnel•les du soin psychique. Il faudrait les attacher 10 jours sur un brancard aux urgences, comme celles et ceux dont ils prétendent se soucier. Il faudrait qu’ils et elles attendent 18 mois pour une consultation pédopsychiatrique pour leur enfant suicidaire. Il faudrait qu’ils et elles passent des nuits blanches à cause des cris de leur voisin qui attend une place en hospitalisation. Il faudrait qu’ils et elles soient, une journée seulement, cette psychiatre qui a honte de sa psychiatrie publique.
Ce texte est répugnant, vraiment.
Si l’un•e de ces sinistres irresponsables passait par là, je l’invite à jeter un œil à ma triste série « Pendant ce temps-là » : https://lnkd.in/eMwFHfpz
Voir aussi:
Le plan psychiatrie et santé mentale annoncé le 11 juin par le gouvernement manque d’une approche globale https://environnementsantepolitique.fr/2025/08/09/64288/
Refonder la psychiatrie sans moyens https://environnementsantepolitique.fr/2025/06/15/refonder-la-psychiatrie-sans-moyens/
https://environnementsantepolitique.fr/2025/06/13/un-plan-pour-la-sante-mentale-sans-moyens/