« Le Fascisme en col blanc », un livre d’enquête sur la bascule des années 1930.

« Vider la démocratie de son contenu » : pourquoi le patronat a choisi l’extrême droite dans les années 1930

Dans « Le Fascisme en col blanc », un livre d’enquête sur la bascule des années 1930, le journaliste Xavier de Jarcy revient sur l’implication décisive d’un club d’industriels dans la montée des ligues et de l’extrême droite jusqu’à l’arrivée de Philippe Pétain au pouvoir.

Antton Rouget

25 novembre 2025 à 15h03 https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/211125/vider-la-democratie-de-son-contenu-pourquoi-le-patronat-choisi-l-extreme-droite-dans-les-annees

Derrière l’agitation des ligues d’extrême droite, les réseaux bon teint du patronat français. Dans Le Fascisme en col blanc, publié en octobre aux éditions Critiques, le journaliste Xavier de Jarcy retrace l’importance du soutien des milieux d’affaires dans les mobilisations contre la République, des années 1920 jusqu’à l’instauration du régime de Vichy, après juin 1940.

Pendant sept ans, Xavier de Jarcy a enquêté sur l’histoire d’un club patronal puissant, mais méconnu, le Redressement français, officiellement créé dans une logique de « modernisation de l’économie », mais dont plusieurs dirigeants vont progressivement se rallier à des groupuscules fascistes, participant activement à leur financement.

Admiratifs des programmes de relance de l’économie à l’initiative de Benito Mussolini en Italie ou d’Adolf Hitler en Allemagne, et fermement opposés aux réformes sociales que la gauche souhaite mettre en œuvre après la crise économique de 1929, ces patrons vont notamment soutenir les émeutes de février 1934 puis la création de la Cagoule, organisation secrète soutenue par une partie de l’armée dans le but de préparer un coup d’État.

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Xavier de Jarcy à Paris en novembre 2025.  © Photo Sébastien Calvet / Mediapart

Cette enquête minutieuse et dense (391 pages), basée sur de nombreuses archives, notamment policières et judiciaires, met aussi en évidence les connexions de ces milieux patronaux avec plusieurs personnalités politiques clés de cette période, de l’ancien communiste Jacques Doriot (dont le nouveau parti est financé par une partie de ces chefs d’entreprise) à Philippe Pétain, qui très tôt est perçu comme une « solution » d’apaisement pour négocier avec l’Allemagne nazie. Xavier de Jarcy tire de ce moment de bascule des enseignements contemporains sur l’articulation entre extrême droite et libéralisme. Entretien.

Mediapart : Comment en êtes-vous venu à vous pencher sur la trajectoire et les activités de ce club patronal peu connu, le Redressement français ?

Xavier de Jarcy : Le point de départ, c’est mon enquête sur Le Corbusier [Le Corbusier, un fascisme français, chez Albin Michel – ndlr] parue il y a dix ans, en 2015. L’architecte a fréquenté pendant une vingtaine d’années les milieux fascistes et a travaillé pour le Redressement français, fondé par des industriels, qui s’intéressait à tout un tas de sujets, dont l’urbanisme. 

Le Redressement français pensait transformer le Parlement en une chambre d’enregistrement de lois que les milieux d’affaires écriraient eux-mêmes.

Le Redressement français n’est pas véritablement un syndicat patronal. Il s’agit plutôt d’un club ou d’un groupement de chefs d’entreprise. Qui le compose et pour quels objectifs ?

Le mouvement revendique plusieurs dizaines de milliers d’adhérents. Fondé en 1925 par des polytechniciens de la Lyonnaise des eaux, il est notamment porté par Ernest Mercier, alors dirigeant de l’Union d’électricité, filiale du groupe qui gère à l’époque la distribution d’eau, de gaz et d’électricité, en l’absence de service public de l’énergie. Mercier est également à l’origine de la Compagnie française des pétroles.

Les membres du Redressement français sont souvent des polytechniciens, patrons de grandes entreprises modernes et de pointe, puisque le pétrole, l’électricité sont des secteurs assez récents. Leur idée, c’est qu’il faut diriger la France comme une entreprise.

Or le fonctionnement d’une entreprise est plus proche d’une dictature que d’une démocratie, avec un chef au sommet, une hiérarchie… C’est donc ce modèle qu’ils cherchent à mettre en place, mais tout en expliquant qu’ils ne veulent pas conduire directement à une dictature, ce qui peut paraître contradictoire. En fait, ce qu’ils veulent, c’est vider petit à petit la démocratie de son contenu, en transformant le Parlement en une chambre d’enregistrement de lois que les milieux d’affaires écriraient eux-mêmes.

Quel est l’impact de l’arrivée de la gauche au pouvoir en France, en 1924, dans la création de ce mouvement un an plus tard ?

Après sa victoire aux élections de 1924, le Cartel des gauches cherche à mettre en place ce qu’on appelle déjà l’État-providence. Et ça, ce n’est pas possible pour le Redressement français. Il n’est pour eux pas question que ce soit l’État qui s’occupe de la protection sociale : ils estiment qu’il faut laisser cela aux entreprises, dans une forme de logique paternaliste. 

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Ernest Mercier, fondateur du « Redressement français ».  © Photo DR

L’objectif est donc de faire tomber le Cartel de gauche, et d’ailleurs, ils y contribuent en 1926, puisque le gouvernement est renversé au moment où il y a une crise financière. Le franc s’effondre, il y a une spéculation énorme, ce qui fait basculer les radicaux, le centre-gauche, en faveur d’un gouvernement de droite. 

Le Redressement français se prépare dès lors activement pour les élections législatives suivantes, en 1928. Il est tout à fait prêt à financer les candidats qui sont favorables à son programme. Le mouvement essaye en même temps de rallier à lui les radicaux, pour scinder la gauche et que les communistes et les socialistes se retrouvent seuls. La droite passe en 1928.

L’implication de ces chefs d’entreprise est-elle seulement souterraine ?

Certains dirigeants du mouvement se présentent eux-mêmes à des élections locales, pas directement sous l’étiquette du Redressement français, mais plutôt sous la bannière de l’« Union nationale anticommuniste ».  Ces candidats sont aidés par un autre mouvement, cette fois clairement identifié à l’extrême droite, qui s’appelle les Jeunesses patriotes, notamment pour assurer la sécurité des réunions publiques.

Pour le Redressement national, Mussolini est un personnage formidable, un grand humaniste qui a accompli des choses merveilleuses.

Juste après les législatives de 1928 survient la crise économique de 1929. Quelle position le mouvement adopte-il ? 

Le Redressement français abandonne complètement son discours social, et en revient à un ultralibéralisme pur et dur. Il s’agit désormais de mettre en place une politique d’austérité. Or, la gauche remporte les élections de 1932, et elle se divise sur l’intérêt de mettre en place une politique d’austérité : les radicaux sont plutôt favorables, les socialistes sont contre. Le jeu politique est bloqué, ce qui suscite tout un discours antiparlementaire de la part du Redressement français.

De plus en plus, on commence à parler de dictature, puisqu’à partir de 1932, l’Allemagne met en œuvre une politique d’austérité. Et que pour maintenir cette politique, faite de bas salaires et de suppressions de postes dans la fonction publique, il va falloir recourir à une dictature. Et si l’Allemagne le fait, il faudra faire pareil en France, voilà leur logique.

Vous insistez également sur une autre source d’inspiration : l’Italie de Benito Mussolini.

En 1935, Ernest Mercier, dirigeant du Redressement français, se rend en Italie avec tout un groupe d’industriels. Mussolini [au pouvoir depuis 1922 – ndlr] est à leurs yeux un personnage formidable, un grand humaniste qui a accompli des choses merveilleuses dont il faut s’inspirer. Toute une partie de la droite et de l’extrême droite se tourne vers lui. Il y a vraiment, à cette époque-là, un moment Mussolini très impressionnant. La crise économique joue un rôle, mais il ne faut pas oublier que le fascisme en France est déjà là dans les années 1920. On a des mouvements comme Le Faisceau, les Jeunesses patriotes, ou l’Action française.

Quand Hitler arrive au pouvoir, les gens du Redressement français sont en réalité assez prudents. Ils parlent de dictature en France, mais ils ne vont pas dire qu’il faut imiter exactement cet exemple. Ils sont plutôt dans la logique de ce qu’ils appellent le corporatisme, c’est-à-dire la solution de l’État dirigé par la force économique.

Mais progressivement, relatez-vous, le mouvement va se durcir encore. À travers quel processus ? 

L’année 1933 est marquée par des événements importants : la France connaît beaucoup de manifestations, notamment de contribuables ou de ligues contre le parlementarisme à cause de la situation politique bloquée. Le Parti socialiste refuse de soutenir la politique d’austérité, donc on tape sans arrêt sur les socialistes. Notamment la Fédération nationale des contribuables, qui est en fait une ligue d’extrême droite, pro-Action française.

Le climat est très violent, et à la fin de l’année 1933, on commence à parler d’émeutes, notamment chez les dirigeants du Redressement français. Et c’est à ce moment-là qu’Ernest Mercier, fin 1933, adhère aux Croix-de-Feu dirigés par le lieutenant-colonel de La Rocque, qui vient lui-même des réseaux militaires du Redressement français. 

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Quelques semaines après l’adhésion d’Ernest Mercier, les Croix-de-Feu descendent dans la rue en février 1934, sous le prétexte de l’affaire Stavisky, pour renverser le gouvernement. Comme en 1926, le gouvernement de gauche d’Édouard Daladier est remplacé par un gouvernement de droite, dirigé par Gaston Doumergue, qui va commencer à mettre en place cette fameuse politique d’austérité. Contrairement à d’autres mouvements, pour qui février 1934 n’est que le début de la révolution nationale, le Redressement français se satisfait du gouvernement Doumergue, même s’il considère qu’il ne va pas assez loin.

Le groupe patronal en profite alors pour continuer d’affaiblir la gauche. Comment s’y prend-il ?

Une des conséquences de février 1934, c’est que la gauche s’organise contre le fascisme. Et l’union de la gauche, à nouveau, fait très peur au Redressement français, qui va se rapprocher de Jacques Doriot. Ce dernier est en conflit avec la direction du Parti communiste. Le patronat va attiser la division en soutenant Doriot et en l’aidant à lancer un nouveau parti. Dès 1934, c’est dans la tête des dirigeants du Redressement français. Ils voient que cela permet d’enfoncer un coin entre le Parti communiste et le Parti socialiste, alors même que Doriot, au moment des émeutes de février, était pourtant favorable à une union de la gauche contre le fascisme.

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Xavier de Jarcy à Paris en novembre 2025.  © Photo Sébastien Calvet / Mediapart

On passe, en quelques semaines, d’un Doriot unificateur de la gauche à un Doriot diviseur, sous l’influence notamment du milieu patronal. Au moment de la création de son Parti populaire français (PPF), deux ans plus tard, Doriot bénéficie d’importants financements de leur part. Aujourd’hui, la droite aime bien parler de Doriot parce que, pour elle, c’est la démonstration que le fascisme vient de la gauche, mais manque de pot, derrière Doriot, il y a tout un tas d’hommes d’affaires.

Mais cette stratégie paraît encore trop timorée pour certains patrons. Pourquoi ?

Avec Doriot, on en est encore dans le jeu politique public, ouvert, dans une certaine légalité.

Mais derrière tout cela, il y a certains industriels, notamment du Redressement français, qui s’est dissous fin 1935, mais dont les ex-membres n’hésitent pas à financer la lutte clandestine armée d’extrême droite, en soutenant notamment la création en 1936 de l’Osarn, l’Organisation secrète d’action révolutionnaire nationale, bientôt connue sous le nom de la Cagoule. Le mouvement est lancé par Eugène Deloncle, un autre polytechnicien, qui est ingénieur-conseil aux chantiers navals de Saint-Nazaire, et qui connaît très bien Ernest Mercier, qui est lui-même administrateur de ces chantiers navals. 

Les patrons français sont politiquement totalement germanophobes, mais ils ne pensent qu’à faire des affaires avec les Allemands.

La Cagoule est une armée secrète, qui veut renverser la République par un putsch. Elle s’appuie sur l’obsession anticommuniste de l’armée française. Des officiers rejoignent cette organisation pour former sa branche militaire, qui est aussi secrète. 

La stratégie repose essentiellement sur l’idée que la France est menacée d’un putsch communiste imminent. Quelle est sa réalité ?

Depuis la victoire du Cartel de gauche en 1924, le mythe du complot communiste ne cesse d’être alimenté, véhiculé par la presse d’extrême droite. Alors que cela ne repose sur rien. On le voit dans les enquêtes de police : les communistes n’ont pas l’objectif, ni les moyens de renverser la République.

En Espagne, Franco utilise la même rhétorique en 1936…

C’est leur autre grand modèle. Franco est admiré sur le fait qu’il a libéré l’Espagne du « péril rouge ». La Cagoule a des liens très étroits avec les franquistes. Deloncle et son acolyte, le général Édouard Duseigneur, se rendent en Espagne pour établir des relations, et d’ailleurs rendent service aux franquistes espagnols qui opèrent en France, avec la complicité des services italiens, pour déstabiliser le Front populaire en organisant des attentats. 

Quelles sont alors les capacités militaires réelles de la Cagoule ?

L’objectif est de constituer une armée secrète de 10 000 personnes en région parisienne. Il faut énormément d’armes, énormément d’argent, donc la première chose à faire, c’est d’aller voir les industriels. Certains sont tout à fait disposés à contribuer. Je pense à Pierre Michelin, le cogérant du fabricant de pneumatiques Michelin, totalement impliqué dans l’opération Deloncle, ou à Jacques Lemaigre Dubreuil, ancien dirigeant patron de Lesieur, qui est un ancien dirigeant de la Cagoule.

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On récolte de l’argent, avec lequel on va acheter des armes à l’étranger. Au départ, ils essayent la Belgique, grâce à un ami du fasciste belge Léon Degrelle, fondateur du mouvement rexiste, mais les douaniers interceptent les livraisons. On se tourne vers l’Italie. Toutes les grenades de la Cagoule, près de 10 000, sont de fabrication italienne. Et puis on s’organise avec les Allemands pour acheter des mitraillettes. C’est une internationale fasciste dont l’objectif est de renverser la démocratie française.

La germanophobie a-t-elle subitement disparu ?

On voit les limites de leur nationalisme. On est prêts à s’allier, y compris avec les nazis, alors que ces gens-là se disaient tout à fait anti-Allemands jusqu’en 1936. Mais l’antisémitisme et l’anticommunisme aidant…

Le problème des patrons français, c’est que politiquement, ils sont totalement germanophobes, mais qu’ils ne pensent qu’à faire des affaires avec les Allemands. C’est ce qui se passe dans les années 1920, avec tout un tas d’accords qui sont conclus avec la République de Weimar. 

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© Photo Sébastien Calvet / Mediapart

À partir de l’arrivée de Hitler au pouvoir en 1933, les liens économiques entre les entreprises françaises et allemandes sont plus compliqués du fait de la politique d’autarcie de la partie allemande. Mais côté français, on voit bien que, grâce au réarmement allemand, l’économie repart. Et on aimerait bien pouvoir en profiter. Donc on fait pression sur le gouvernement français pour pouvoir négocier des accords commerciaux avec l’Allemagne, pour rouvrir les marchés. Et c’est ce qui va avoir lieu, puisque des accords commerciaux sont signés en 1937 et en 1939, notamment dans le domaine des échanges de fer et de charbon, dans des volumes très importants.

En 1938, plus de cent membres de la Cagoule sont interpellés. C’est un coup dur pour cette armée secrète. Mais vos recherches montrent que plusieurs dirigeants importants passent entre les mailles du filet…

La police arrête Deloncle, le général Duseigneur et quelques autres après avoir infiltré la Cagoule. Il y a quand même 104 interpellations, et finalement 71 personnes renvoyées devant la justice. Mais la police passe à côté du comité directeur secret, dans lequel on trouve par exemple Alibert et Lemaigre Dubreuil…

S’agit-il d’un loupé ou d’une volonté d’épargner ces personnalités ?

C’est une bonne question. C’est vrai qu’aucun bailleur de fonds n’est inquiété. La police a établi des listes de grands industriels, mais la justice ne s’en empare pas. On recherche les crimes effectifs, c’est-à-dire les meurtres, les attentats, mais il est beaucoup plus compliqué d’aller rechercher les échanges d’argent. Les bailleurs de fonds s’en sortent totalement impunis, notamment Ernest Mercier, qui est interrogé mais n’est pas poursuivi.

Vous racontez que Philippe Pétain est cité plusieurs fois dans cette enquête sur la Cagoule. Quel est son rôle ?

Pétain est effectivement très proche des cagoulards. Dans les années 1920 et 1930, Philippe Pétain avait fait partie d’un groupe de réflexion du Redressement français sur les questions militaires. Il est interrogé par écrit dans l’enquête judiciaire sur la Cagoule, au même titre que d’autres responsables de l’armée. Alors que beaucoup d’historiens expliquent qu’on ne pouvait pas soupçonner Pétain d’être un factieux jusqu’en 1940. 

Les dirigeants économiques français sont finalement un peu restés en 1936. Ils n’ont jamais accepté les conquêtes sociales.

Évidemment, quand il est interrogé, Pétain dit qu’il n’a rien à voir avec tout ça. Or son officier d’état-major, le commandant Loustaunau-Lacau, était le chef de la Cagoule militaire. J’ai comptabilisé huit cagoulards dans l’entourage de Pétain, dont Raphaël Alibert, son conseiller constitutionnel, qui va rédiger en juillet 1940 les textes fondateurs du régime de Vichy.

À partir 1936-1937, le nom de Pétain émerge dans les milieux d’extrême droite comme une solution possible. Il fait l’unanimité. Du côté des milieux industriels, un petit groupe d’hommes d’affaires proches de la Cagoule mène ouvertement campagne en sa faveur à partir de 1938. Il y a une opération Pétain qui est lancée, lui-même est parfaitement au courant. Il est le favori des milieux défaitistes : on sait qu’en cas de guerre avec l’Allemagne, il cherchera à tout prix à faire la paix avec Hitler. 

En miroir, comment le mouvement antifasciste perçoit-il ces événements-là ? 

Ernest Mercier est régulièrement attaqué comme un soutien financier des ligues fascistes. Dès 1936, la presse de gauche publie des articles très documentés, elle dénonce par exemple les ventes de minerai de fer à l’Allemagne pour fabriquer des armes. Mais, malheureusement, cela ne suffit pas à enrayer la machine.

Peut-on dresser des parallèles avec la situation actuelle, notamment à travers la bascule d’une partie grandissante du patronat vers l’extrême droite ?

Il y a quelques années encore, les dirigeants économiques français n’étaient pas vraiment les amis de l’extrême droite française. Le rapprochement en cours rappelle effectivement ces années-là.

Tous ces gens-là sont finalement un peu restés en 1936. Ils n’ont jamais accepté ce qui s’était passé à partir de 1936, c’est-à-dire les conquêtes sociales, et ils en sont encore à essayer de revenir dessus, en appliquant le même discours sur le fait qu’il faudrait diriger la France comme une entreprise.

On voit aussi très bien que l’extrême droite, derrière un discours social qu’elle avait déjà à l’époque, se range finalement derrière le patronat. Pour moi, le point commun entre l’extrême droite et le libéralisme est la notion de guerre. Pour le libéralisme, ce qui compte, c’est la guerre entre les entreprises et entre les individus. Pour l’extrême droite, c’est la guerre entre les races et entre les nations.

Antton Rouget

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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