L’Anses exclut en l’état un lien entre les ondes des téléphones portables et le cancer

« Smartphone et cancer : “Pas de lien mis en avant”, selon l’Anses après l’analyse de 250 études scientifiques »

 Date de publication : 26 novembre 2025 https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=b86a29f5c4df76ed7f84bc60337bc1c5&id_newsletter=22900&liste=0&site_origine=revue_mediscoop&nuid=44baf5968540a6248a8065e80f2f7273&midn=22900&from=newsletter

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Véronique Hunsinger remarque dans Le Parisien que « la question est aussi ancienne que l’utilisation du téléphone portable : les ondes qu’il émet sont-elles dangereuses pour notre santé ? La littérature scientifique sur cette question est pléthorique ».
La journaliste indique que l’Anses « a décidé d’éplucher l’ensemble des études publiées depuis une dizaine d’années afin de remettre à jour ses précédentes expertises datant de 2013 pour les adultes et de 2016 pour les enfants. Et le rapport qu’elle publie ce mercredi au sujet des effets des ondes radiofréquences sur le risque de cancer est finalement plutôt rassurant ».

https://www.anses.fr/system/files/AP2016-SA-0176-RA.pdf


Olivier Merckel, chef de l’unité d’évaluation des risques liés aux agents physiques, précise ainsi : « Nous nous sommes intéressés à l’ensemble des sources de radiofréquences et plus particulièrement celles qui sont émises par les téléphones portables car 98% de la population de plus de 12 ans possèdent aujourd’hui un mobile dont 91% un smartphone. Nous avons décidé de nous focaliser sur les risques de cancer pour lequel un millier de nouvelles études ont été publiées depuis nos dernières expertises ».


Le chercheur fait savoir que « dans les études sur les cellules, on a vu quelques signaux suggérant un mécanisme en lien avec le cancer qui serait provoqué par les ondes sauf que les résultats n’étaient pas du tout cohérents entre eux ».


Véronique Hunsinger note que « les études épidémiologiques sont beaucoup plus intéressantes pour tirer des conclusions. Et notamment l’étude internationale Cosmos à laquelle participent près de 40.000 Français. Les volontaires décrivent régulièrement par questionnaire leur habitude d’utilisation de leur smartphone, ce qui permet de faire un lien éventuel avec l’apparition de maladies ».
Olivier Merckel remarque qu’« au regard de toutes [les] études épidémiologiques dont nous disposons, on peut dire qu’elles sont relativement rassurantes : elles ne mettent pas en avant de lien entre l’exposition au téléphone mobile et l’apparition de cancers ».


La journaliste observe que « cette conclusion ne peut cependant pas être définitive, notamment parce que les cancers peuvent mettre parfois des dizaines d’années à se former dans l’organisme humain. D’où la recommandation de l’Anses de poursuivre la recherche et de l’élargir à d’autres champs comme le risque des ondes sur la fertilité ».
Véronique Hunsinger ajoute que « l’Anses invite également à garder les bonnes habitudes de tenir le téléphone à distance de la tête quand on est en communication grâce au haut-parleur ou à des écouteurs filaires ou non. […] Les émissions d’ondes sont, en revanche, minimes, quand le téléphone n’est pas en utilisation. On peut donc le garder dans sa poche ou le poser sur sa table de chevet pendant son sommeil ».

Le Figaro titre pour sa part : « Les ondes des téléphones portables ne donnent toujours pas le cancer… mais il faudrait rester «prudents» ».
Soline Roy indique que « dans sa première analyse spécifiquement ciblée sur un lien éventuel entre l’exposition aux radiofréquences et l’apparition de tumeurs, l’Anses estime qu’il n’y a pas de lien, mais invite néanmoins à un « usage raisonné » de ces objets entrés dans notre quotidien ».


Olivier Merckel déclare que « nous livrons là notre première expertise sur un effet ciblé, en l’occurrence le cancer. Le nombre d’études menées est devenu considérable, nous ne sommes plus dans la capacité d’évaluer toutes les publications dans tous les champs de la santé ».


Libération retient aussi : « «Pas d’éléments probants» : l’Anses exclut en l’état un lien entre les ondes des téléphones portables et le cancer ».
Le journal explique également qu’« après avoir collecté et passé au crible 250 travaux récents, l’agence sanitaire française a conclu à l’absence de causalité entre les deux éléments, tout en appelant à la prudence, notamment à l’égard des enfants ».

 26/11/2025

Expertise

5 min

SANTÉ ET ENVIRONNEMENT

Exposition aux ondes : de nouvelles études précisent les connaissances sur le risque de cancer

https://www.anses.fr/fr/content/exposition-aux-ondes-de-nouvelles-etudes-precisent-les-connaissances-sur-le-risque-de

L’Anses publie aujourd’hui une actualisation de son expertise sur les effets des ondes radiofréquences, centrée sur le risque de cancer. Depuis ses évaluations de 2013 et 2016, près d’un millier d’études scientifiques ont été menées, enrichissant considérablement les connaissances sur ce sujet. L’évaluation de ces nouvelles connaissances, associées aux précédentes données scientifiques, ne met pas en évidence de lien entre l’exposition aux ondes radiofréquences, principalement émises par la téléphonie mobile, et l’apparition de cancers. Face à des usages qui évoluent très vite et qui peuvent générer d’autres effets sanitaires, l’Agence maintient néanmoins ses recommandations de prudence, en particulier pour les enfants. 

Pas de lien de cause à effet établi entre ondes et cancer

Depuis les précédentes expertises conduites en 2013 pour les adultes et en 2016 pour les enfants, près de mille nouvelles études investiguant la question du cancer et de son association aux ondes radiofréquences ont été publiées, dont des résultats d’études épidémiologiques de grande ampleur, comme Mobikids, et un ensemble d’études toxicologiques majeures dans le cadre du National Toxicology Program américain. 

Dans ces nouvelles études, des éléments de preuve limités d’effets des ondes sur des mécanismes cellulaires et chez l’animal ont été mis en évidence. Cependant, les études épidémiologiques n’apportent pas d’éléments probants sur l’apparition de cancers chez l’humain. Ainsi, la prise en compte de l’ensemble de ces nouvelles connaissances, associées aux précédentes données scientifiques, conduit à ne pas établir de lien de cause à effet entre l’exposition aux ondes et l’apparition de cancers. 

Cette conclusion repose sur les connaissances disponibles jusqu’en mai 2025 et n’exclut pas la possibilité que de futurs travaux apportent des éléments nouveaux.

Une analyse de l’ensemble des études disponibles sur les effets cancérogènes

Pour ses expertises sur les ondes radiofréquences, l’Anses a développé une méthode d’évaluation des preuves robuste et adaptée qui s’appuie sur les principes méthodologiques de référence établis par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer). L’ensemble des études épidémiologiques, des études expérimentales chez l’animal et des études mécanistiques – celles qui qui recherchent des effets biologiques au niveau cellulaire – ont été analysées. Près de 250 articles scientifiques ont ensuite été retenus, sur la base de leur pertinence, de la qualité des protocoles expérimentaux et de la robustesse des analyses de données, pour évaluer l’effet des ondes sur le cancer.

Une consultation publique et des échanges avec les parties prenantes

L’Agence a organisé une consultation publique en 2024 afin de recueillir les contributions de la communauté scientifique et de parties prenantes avant la finalisation du rapport. Une journée d’échanges a permis de présenter les résultats et apports de la consultation publique, et de répondre aux commentaires et questions adressées. Les parties prenantes ont ainsi pu dialoguer directement avec les scientifiques ayant mené l’expertise. Le rapport publié en novembre 2025 tient compte de ces échanges ainsi que des demandes de précisions et de clarifications exprimées à ces occasions.

Renforcer la surveillance épidémiologique et les connaissances sur les usages réels

L’Agence émet également des recommandations en matière de recherche :

  • harmoniser les protocoles expérimentaux, en particulier entre les études menées chez l’animal et celles portant sur les mécanismes biologiques ;
  • continuer à observer les relations entre exposition aux radiofréquences et cancer, via les registres de cancer notamment ;
  • poursuivre le suivi et le financement de grandes cohortes telles que l’étude COSMOS ;
  • documenter et suivre, au cours du temps, les usages réels des technologies sans fil.

Poursuivre la réévaluation pour d’autres effets sanitaires 

Avec la multiplication des publications sur les radiofréquences, l’Anses concentre désormais ses expertises sur des effets sanitaires spécifiques. Plusieurs nouvelles études suggèrent des effets sur la fertilité. L’Agence recommande donc d’engager la réévaluation de ces effets.

Rester vigilant face à l’évolution rapide des pratiques et des technologies

En 2025, 98 % des Français de 12 ans et plus possèdent un téléphone mobile, dont 91 % un smartphone. Les pratiques évoluent rapidement et modifient l’exposition de la population aux ondes radiofréquences. Par exemple, l’usage vocal traditionnel décline au profit de l’utilisation du haut-parleur ou d’oreillettes, réduisant ainsi l’exposition directe de la tête aux radiofréquences. Mais parallèlement, on constate un développement massif des usages d’Internet en mobilité (vidéos, réseaux sociaux, etc.), favorisé par les évolutions technologiques 4G, 5G et la densification du réseau d’antennes relais, entraîne une augmentation progressive de l’exposition aux radiofréquences dans l’environnement, notamment dans les zones urbaines densément équipées.
Ces évolutions justifient une vigilance continue et un suivi régulier des niveaux d’exposition réels des populations.

Maintenir une utilisation raisonnée du téléphone mobile

L’Anses réaffirme ses recommandations en faveur d’un usage raisonné des technologies sans fil, en particulier pour les enfants : 

  • privilégier un usage modéré du téléphone mobile ;
  • favoriser les dispositifs éloignant le téléphone du corps : oreillettes, haut-parleur ;
  • privilégier les connexions de bonne qualité, notamment en Wi-Fi plutôt que sur les réseaux mobiles en intérieur.

Ces recommandations sont cohérentes avec les résultats d’autres travaux de l’Agence portant sur les effets sanitaires des usages des téléphones mobiles et des écrans, tels que les effets de la lumière bleue sur le sommeil ou encore les impacts de la sédentarité chez les jeunes, fortement liés au temps passé devant un écran. L’Anses rendra par ailleurs début 2026 une expertise sur les effets de l’usage des réseaux sociaux numériques chez les adolescents.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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