Accidents professionnels: maladies et mortalité en hausse

Les maladies professionnelles poursuivent leur hausse

Les statistiques de l’Assurance Maladie pour 2024 montrent une hausse de 6,7 % des maladies professionnelles. Les plus fortes hausses ? Les cancers hors amiante, les affections psychiques, les pathologies liées à l’amiante et les TMS.

Risques  |  25.11.2025  |

https://www.actu-environnement.com/ae/news/maladies-professionnelles-hausse-statistiques-2024-at-mp-47135.php4#ntrack=cXVvdGlkaWVubmV8Mzg5OA%3D%3D%5BNDExMDgz%5D

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Les maladies professionnelles poursuivent leur hausse

© ursuleLes maladies professionnelles dépassent les 50 000 cas pour la première fois depuis dix ans.

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« L’année 2024 poursuit la tendance constatée depuis 2022, avec une baisse des accidents du travail et une augmentation des maladies professionnelles, ces dernières retrouvant le niveau des années avant Covid-19. » C’est la principale conclusion du rapport annuel (1) sur la sinistralité professionnelle en 2024, mis en ligne le 18 novembre dernier par l’Assurance Maladie – Risques professionnels.

Les accidents du travail (549 614 en 2024) enregistrent en effet une baisse globale de 1,1 % par rapport à 2023, même si les décès intervenus parmi ces accidents sont en hausse (cinq de plus en 2024, pour atteindre 764 sur un total de 1 297 décès tous sinistres confondus) et qu’une hausse importante des accidents concerne les femmes (+ 26 %) masquée par la forte baisse enregistrée chez les hommes (- 40 %). Les maladies professionnelles connaissent, quant à elles, une augmentation de 6,7 % par rapport à 2023 et dépassent les 50 000 cas pour la première fois depuis dix ans (50 598 en 2024).

Hausse des troubles musculosquelettiques

Les plus fortes hausses sont constatées parmi les cancers hors amiante (+ 18,6 %), dont les cancers de la prostate provoqués par les pesticides (+ 125,9 %), les affections psychiques (+ 9 %), les pathologies liées à l’amiante (+ 8,5 %) et les troubles musculosquelettiques (TMS, + 6,6 %). Mais l’augmentation globale des maladies professionnelles est essentiellement due à cette dernière hausse car les TMS représentent près de 90 % des maladies professionnelles.

Dénombrements annuels des maladies professionnelles sur la période 2010 à 2024.© Assurance Maladie – Risques professionnels

Les secteurs d’activités connaissant l’indice de fréquence de maladies professionnelles le plus élevé sont le secteur « Bois, ameublement, papier-carton, textile, vêtement, etc. » (5,4), suivi par les secteurs « Services, commerces, industries de l’alimentation » (3,5) et « Chimie, caoutchouc, plasturgie » (3,4).

Les femmes, bien qu’étant moins nombreuses (47 %) que les hommes dans l’emploi salarié, représentent 52 % des maladies professionnelles, et même 55 % pour les seuls TMS. Les pathologies liées à l’amiante, les cancers d’origine professionnelle, les atteintes auditives… touchent quasi exclusivement les hommes, tandis que la proportion de femmes est plus importante pour les épisodes dépressifs ou les lésions eczématiformes de mécanisme allergique. En termes d’âge, la proportion la plus importante de maladies professionnelles se situe dans la tranche 45-60 ans.

Forte hausse des affections psychiques

« Le nombre de maladies professionnelles psychiques a plus que doublé par rapport à 2020, passant de 840 à 1 805 en 2024 », pointe le rapport. Un peu moins de deux tiers (63 %) des demandes de reconnaissance de maladies professionnelles psychiques concernent des femmes et plus de la moitié (58 %) concerne des salariés de plus de 50 ans. « Près de la moitié des salariés souffrant d’une affection psychique liée au travail et reconnue en maladie professionnelle exercent des professions intellectuelles, de direction ou de type cadre supérieur », ajoute le rapport.

Les affections psychiques peuvent également être reconnues au titre des accidents du travail et pas seulement des maladies professionnelles. Le nombre d’accidents du travail en lien avec des affections psychiques ou des risques psycho-sociaux est estimé à près de 29 000 cas en 2024. « Ce qui est en augmentation de 14 % par rapport à 2023 », relèvent les auteurs du rapport. Ce type d’accidents est concentré sur des secteurs ayant un lien avec le public : secteur médico-social, transport de personnes et commerce de détail.1. Télécharger le rapport 2024 de l’Assurance Maladie – Risques professionnels
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-47135-rapport-2024-accidents-travail-maladies-professionnelles.pdf

Laurent Radisson, journaliste
Rédacteur en Chef de Droit de l’Environnement

Morts au travail : un niveau jamais atteint en 2024

L’Assurance-maladie a recensé 764 accidents mortels au travail l’an dernier. Un chiffre incomplet puisqu’il ne compte pas la fonction publique, les agriculteurs, les chefs d’entreprise et les microentrepreneurs. 

Par Jules Thomas

Publié le 21 novembre 2025 à 20h05, modifié le 22 novembre 2025 à 11h26 https://www.lemonde.fr/emploi/article/2025/11/21/morts-au-travail-un-nouveau-record-en-2024_6654366_1698637.html

Devant des photos de victimes d’accidents du travail, lors d’un rassemblement à Paris, le 4 mars 2023.
Devant des photos de victimes d’accidents du travail, lors d’un rassemblement à Paris, le 4 mars 2023. STEPHANE DE SAKUTIN/AFP

Sept cent soixante-quatre : c’est le nombre d’accidents du travail mortels en 2024, selon le « Rapport annuel de l’Assurance-maladie – Risques professionnels », publié mardi 18 novembre. C’est cinq de plus qu’en 2023, qui était déjà une année record. S’y ajoutent 318 victimes d’accidents de trajet (entre domicile et travail notamment) et 215 des suites d’une maladie professionnelle, soit un total de 1 297 personnes.

Des chiffres lourds mais comme chaque année incomplets, puisqu’ils concernent seulement les salariés du privé affiliés au régime général, excluant ainsi la fonction publique, les agriculteurs, les chefs d’entreprise et les microentrepreneurs.

Les deux catégories les plus touchées, au sens de la Caisse nationale d’Assurance-maladie, sont celles regroupant les métiers des transports, de l’eau, du gaz, de l’électricité, du livre et de la communication (178 morts, en hausse de 13 % par rapport à 2023), et le BTP (146 morts, – 2 %). Le secteur de l’alimentation voit son nombre d’accidents mortels s’accroître de 20 % en un an.

Lire aussi l’enquête |  Morts au travail : une prise de conscience timide et tardive

Si plus de la moitié des décès sont la conséquence de malaises sur le lieu de travail, un quart des accidents mortels ont une origine professionnelle identifiée (chutes de hauteur, manutention manuelle…). « Plus de 20 % des décès sont survenus dans l’année qui suit la prise de poste », ajoute le rapport. Vingt-deux décès concernent des salariés de moins de 25 ans, contre 33 en 2023.

« Phénomène de société »

Le nombre global d’accidents du travail, quelle que soit leur gravité, continue, lui, de reculer : on compte 26,4 accidents du travail pour 1 000 salariés en 2024, contre près de 45 en 1998. Le rapport de l’Assurance-maladie rappelle néanmoins que si le nombre d’accidents a chuté depuis 2000, il a augmenté de 26 % chez les femmes, une hausse particulièrement concentrée sur les dernières années.

Le nombre d’accidents mortels se maintient donc toujours à un niveau élevé, malgré plusieurs campagnes du gouvernement, notamment axées sur la prévention dans les entreprises. Au début de l’été, une circulaire des ministères du travail et de la justice avait amorcé un renforcement de la politique pénale en matière d’accidents graves et mortels du travail. L’ex-ministre du travail Astrid Panosyan-Bouvet (décembre 2024-octobre 2025) avait aussi annoncé un plan de lutte plus large contre « ce phénomène de société », à mettre en œuvre dès 2026, prévoyant de responsabiliser davantage les entreprises.

« Le ministre Jean-Pierre Farandou a clairement exprimé sa volonté de renforcer la lutte contre les accidents du travail du travail graves et mortels », répond-on au ministère du travail, notamment par le nouveau « plan santé au travail » pluriannuel, le cinquième du genre, qui devra être publié au 1er semestre 2026 après concertation avec les partenaires sociaux. Une nouvelle campagne de sensibilisation devrait aussi arriver, mais pas de nouvelles du grand plan de l’ancienne ministre.

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« Avec les changements de gouvernement successifs, on n’a même plus de contacts, alors que l’on attendait beaucoup de la rentrée de septembre, déplore Fabienne Bérard, présidente du Collectif familles : stop à la mort au travail. Il y a un peu de dépit, car les drames continuent d’arriver chaque jour. »

Mise à jour le 22 novembre à 11 h 26 : ajout de la réaction du ministère du travail.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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