La phrase du chef d’état major « accepter de perdre ses enfants » a créé une polémique.

Le chef d’état-major des armées insiste sur le besoin « d’alerter et de se préparer » face aux menaces de guerre ; Emmanuel Macron lui apporte son soutien

Quatre jours après ses propos devant les maires où il avait affirmé qu’il fallait « accepter de perdre ses enfants » face à l’éventualité d’une guerre avec la Russie, le général Fabien Mandon a justifié ses propos samedi soir sur France 5. Emmanuel Macron lui a réitéré sa « confiance ». 

Le Monde avec AFP

hier à 19h55, modifié hier à 20h13 https://www.lemonde.fr/international/article/2025/11/22/le-chef-d-etat-major-des-armees-insiste-sur-le-besoin-d-alerter-et-de-se-preparer-face-aux-menaces-de-guerre-emmanuel-macron-lui-apporte-son-soutien_6654471_3210.html

Le chef d’état-major des armées, Fabien Mandon, le 4 septembre 2025 à l’Elysée.
Le chef d’état-major des armées, Fabien Mandon, le 4 septembre 2025 à l’Elysée.  LUDOVIC MARIN / AFP

Critiqué par une partie des responsables politiques après avoir dit, lors du congrès des maires de France, qu’il fallait « accepter de perdre ses enfants » face à l’éventualité d’une guerre avec la Russie, le chef d’état-major des armées, Fabien Mandon, a justifié ses propos, samedi 22 novembre.

« Je mesure à quel point certains ont pu être inquiétés », a déclaré le général dans l’émission « C à vous » sur France 5. Mais « le rôle de cette intervention » était « d’alerter et de se préparer », a-t-il expliqué, car « le contexte se dégrade rapidement » et « il me paraissait important de partager avec les maires ce constat ».

Mardi, devant le congrès des maires de France, le général – dans la lignée des discours tout aussi alarmistes de ses homologues européens –, avait jugé nécessaire que le pays restaure sa « force d’âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l’on est » et soit prêt à « accepter de perdre ses enfants », dans un contexte international de plus en plus tendu.

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Jean-Luc Mélenchon, le dirigeant de La France insoumise, avait immédiatement exprimé son « désaccord total » après le discours prononcé par M. Mandon« Ce n’est pas à lui d’aller inviter les maires ni qui que ce soit à des préparations guerrières décidées par personne », a-t-il dénoncé sur X.

Une phrase sortie « de son contexte pour faire peur », estime Emmanuel Macron

« C’est NON ! 51 000 monuments aux morts dans nos communes, ce n’est pas assez ? Oui à la défense nationale, mais non aux discours va-t-en guerre insupportables ! », avait, de son côté, tonné le patron du Parti communiste français, Fabien Roussel. Du côté du Rassemblement national,pour le vice-président de l’Assemblée nationale, Sébastien Chenu, le général Fabien Mandon n’avait pas « la légitimité » pour tenir ces propos et il a dénoncé « une faute » de sa part.

Le chef d’état-major des armées a reçu le soutien du président de la République samedi. En déplacement à Johannesbourg pour le sommet du G20. « Il a toute ma confiance (…) Je vois assez bien de quoi il peut s’agir, sortir une phrase et la sortir de son contexte pour faire peur », a estimé Emmanuel Macron. Jeudi, la ministre des armées, Catherine Vautrin, avait aussi regretté sur X que les propos du général aient été « sortis de leur contexte à des fins politiciennes ». Pour la ministre, ceux-ci « relèvent du langage militaire d’un chef qui, chaque jour, sait que de jeunes soldats risquent leur vie pour la Nation ».

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Au cours de deux auditions, devant les commissions de la défense de l’Assemblée nationale et du Sénat, le 22 octobre et le 5 novembre, le général Fabien Mandon avait déjà eu des propos alarmant sur fond de menace russe. « La Russie ne peut pas nous faire peur, si on a envie de se défendre », avait-il déclaré aux députés, alertant sur le fait qu’elle pourrait être prête à agresser l’OTAN « dans trois ou quatre ans ». 

Le Monde avec AFP

Après les propos du chef d’état-major des armées, la pédagogie sur l’effort de défense en terrain miné

Éditorial

Fabien Mandon a pris à témoin les maires sur la nécessaire prise de conscience de la montée des menaces liées à la guerre en Ukraine. Sensibiliser les élus n’a rien de choquant même si la polémique suscitée montre qu’il y a peut-être eu une maladresse affaiblissant le but recherché.

Publié hier à 11h30, modifié hier à 11h56  Temps de Lecture 2 min. https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/11/22/apres-les-propos-du-chef-d-etat-major-des-armees-la-pedagogie-sur-l-effort-de-defense-en-terrain-mine_6654432_3232.html

S’exprimer sur le rapport que la nation peut entretenir à sa défense est un exercice extrêmement sensible, voire périlleux. Le chef d’état-major des armées, Fabien Mandon, en a fait l’expérience après son discours prononcé, mardi 18 novembre, devant le Congrès des maires. Nos soldats, a-t-il affirmé devant les édiles, « tiendront dans leur mission s’ils sentent que le pays tient avec eux. Si notre pays flanche, parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants – parce qu’il faut dire les choses –, de souffrir économiquement – parce que les priorités iront à de la production de défense, par exemple –, si on n’est pas prêt à ça, alors on est en risque ».

Cette prise de parole visait à prendre à témoin les élus sur la nécessaire prise de conscience de la montée des menaces liées à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et des risques d’élargissement du conflit aux membres de l’OTAN, à commencer par la France. Cet exercice de sensibilisation a rapidement tourné à la polémique sur des mots lourds de sens dans le contexte de tension actuel. L’expression « accepter de perdre ses enfants » a été fustigée à gauche – Jean-Luc Mélenchon reprochant au général Mandon de se livrer à des « préparations guerrières » – comme à l’extrême droite.

La prise de parole du chef d’état-major des armées n’a rien d’intempestif. Elle se situe dans une série de déclarations au plus haut sommet de la défense qui vont dans le même sens. « On doit se préparer à une guerre de haute intensité, car c’est la meilleure solution pour l’éviter », avait déclaré le général Burkhard, juste avant de céder son poste durant l’été à Fabien Mandon. Fin octobre, ce dernier avait également demandé aux armées de « se tenir prêtes à un choc à une échéance de trois à quatre ans, qui serait une forme de test ».

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Faire de la pédagogie sur la réalité de la menace russe est une nécessité. Les survols de drones au cœur des pays de l’OTAN, la guerre informationnelle permanente menée par Moscou, les actes de sabotage comme l’explosion d’une voie ferrée en Pologne mi-novembre, sans oublier un énième plan russo-américain qui n’est pas de nature à désamorcer l’agressivité de la Russie montrent que, si l’Europe n’est pas en guerre, elle n’est plus tout à fait en paix. Dans ce contexte, sensibiliser les maires, l’échelon de représentation le plus proche de la population, sur la façon de pouvoir participer à l’effort de défense nationale n’a rien de choquant.

Le général Fabien Mandon, chef d’état-major des armées durant la séance d’ouverture du 107ᵉ congrès des maires, à Paris, le 18 novembre 2024.
Le général Fabien Mandon, chef d’état-major des armées durant la séance d’ouverture du 107ᵉ congrès des maires, à Paris, le 18 novembre 2024.  GUILLAUME HERBAUT/VU’ POUR « LE MONDE »

Mais, dans le contexte politique actuel, ravagé par les effets de la dissolution de l’Assemblée nationale et la pression budgétaire, la pédagogie sur la défense se fait en terrain miné. A gauche, La France Insoumise, comme les communistes, n’a pas voté la loi de programmation militaire adoptée en 2024, qui doit permettre de faire remonter en puissance l’armée française d’ici à 2030. Le parti de M. Mélenchon est aussi farouchement opposé aux efforts de défense lancés par les Européens et au rôle de la France au sein de l’Alliance atlantique. « La France vaut mieux que ce bal d’autruches », a regretté de son côté vendredi Raphaël Glucksmann, le leader de Place publique.

La polémique suscitée montre qu’il y a peut-être eu une « mauvaise appréciation de situation », comme disent les militaires. Une maladresse, qui peut affaiblir le but recherché. Néanmoins, la forme des mots prononcés par le chef d’état-major des armées ne doit pas faire oublier la gravité de l’objectif : se tenir prêt à résister à l’agressivité militaire russe, si ce scénario se présentait.

Le Monde

**L’inquiétude du chef d’état-major des armées français partagée par ses homologues européens

Le général Mandon a fait polémique en invitant la France à « accepter de perdre ses enfants », évoquant l’éventualité d’une guerre avec la Russie. Mais plusieurs chefs d’état-major européens ont tenu récemment des propos tout aussi alarmistes. 

Par 

hier à 06h41, modifié hier à 10h26 https://www.lemonde.fr/international/article/2025/11/22/l-inquietude-du-chef-d-etat-major-des-armees-francais-partagee-par-ses-homologues-europeens_6654401_3210.html

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Fabien Mandon, chef d’état-major des armées, à Paris, le 11 novembre 2025.
Fabien Mandon, chef d’état-major des armées, à Paris, le 11 novembre 2025.  BENOIT TESSIER/AFP

Les propos du chef d’état-major des armées ne relèvent pas d’une posture nouvelle. Le général Fabien Mandon a dit, mardi 18 novembre, lors du congrès des maires de France, qu’il fallait « accepter de perdre ses enfants » face à l’éventualité d’une guerre avec la Russie. Ses déclarations ont suscité l’émoi et une levée de boucliers de la part d’un certain nombre de responsables politiques, mais s’inscrivent dans la droite ligne de celles plus alarmistes les unes que les autres de la plupart de ses homologues européens, ces derniers jours.

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Dès le 18 septembre, deux semaines seulement après sa prise de fonctions, le général Mandon, dont chaque prise de parole est soupesée, avait déjà livré à ses troupes un long réquisitoire relativement atypique contre le « relativisme ». « Voilà ce que je nous demande : ne pas mentir à nous-mêmes, regarder les choses en face pour être à la hauteur de ce qui nous attend », avait-il déclaré. Le relativisme, avait-il précisé, c’est ce qui fait dire : « Ce n’est pas si grave »« cela n’en vaut pas la peine » et « tout se vaut ».

Lors de deux auditions devant les commissions de la défense de l’Assemblée nationale et du Sénat, le 22 octobre et le 5 novembre, le général Mandon avait aussi eu des interventions au ton particulièrement grave, qui avaient marqué les parlementaires présents. « La Russie ne peut pas nous faire peur, si on a envie de se défendre », avait-il déclaré aux députés, alertant sur le fait qu’elle pourrait être prête à agresser l’OTAN « dans trois ou quatre ans ». Devant les sénateurs, il était allé jusqu’à préciser que le président russe, Vladimir Poutine, pourrait agir dès la fin du mandat du président américain, Donald Trump, évoquant « un accord » de non-agression passé avec lui, auquel M. Poutine pourrait ne plus se sentir tenu après son départ.

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« Un conflit systémique »

Du côté des homologues européens du général Mandon, les mots se sont durcis aussi, récemment, dans les discours publics, alors que la pression russe sur l’Ukraine et l’Europe, par le biais d’attaques hybrides, ne cesse de s’accroître, le tout sur fond d’investissements massifs dans la défense.

« Je suis sûr et convaincu » que la Russie est prête « à prendre d’énormes risques stratégiques pour obtenir tout ce qu’[elle] juge possible », a ainsi déclaré à Politico, le 19 novembre, le commandant en chef des forces armées suédois, le général Michael Claesson, évoquant « un conflit systémique » qui pourrait durer le temps « d’une génération ».

Le chef d’état-major général des armées polonais, le général Wieslaw Kukula, a, lui, considéré, le 18 novembre, à la suite du sabotage d’une voie de chemin de fer, que son pays était clairement entré dans une phase « d’avant-guerre ». Une déclaration dans la continuité des propos du premier ministre, Donald Tusk, qui avait été le premier à utiliser cette expression, en mars 2024. « L’ennemi a commencé à se préparer à la guerre. Il crée les conditions visant à saper la confiance du public dans le gouvernement, les forces armées et la police, tout en préparant le terrain pour une éventuelle agression sur le sol polonais », a précisé le général Kukula.

« Dernier été de paix »

Aucun des homologues du général Mandon n’est allé jusqu’à agiter les inquiétudes sur l’avenir des jeunes. Seul le chef d’état-major des armées allemand, le général Carsten Breuer, s’était confié sur un ton relativement inhabituel, en février, au détour d’une interview accordée à la chaîne de télévision canadienne CTV« Nous constatons que la Russie se renforce, qu’elle se dote de nouvelles structures, qu’elle produit de plus en plus de chars de combat (…) cela m’effraie. Cela me fait peur », avait-il notamment déclaré, considérant que la Russie représentait une « menace imminente ».

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Le 15 novembre, lors d’un entretien au Frankfurter Allgemeine Zeitung, l’un des principaux quotidiens allemands, le ministre de la défense allemand, Boris Pistorius, a précisé ce calendrier. Alors que les experts militaires et la plupart des services de renseignement estimaient jusqu’à présent que la Russie pourrait être en mesure de lancer une attaque contre un Etat membre de l’OTAN « à partir de 2029 », il s’est fait l’écho d’évaluations récentes plus alarmantes. « Certains historiens militaires pensent (…) que nous avons déjà connu notre dernier été de paix », a lâché M. Pistorius.

Voir aussi:

Après des propos de Fabien Mandon, chef d’état-major des armées, la porte-parole du gouvernement promet que « nos enfants » n’iront pas « combattre et mourir en Ukraine »

Maud Bregeon a réagi sur TF1 à la polémique ayant suivi les propos du chef d’état-major des armées, pour qui la France devrait « accepter de perdre ses enfants ». 

Le Monde avec AFP

le 21 novembre 2025 à 09h55, modifié le 21 novembre 2025 à 12h12 https://www.lemonde.fr/international/article/2025/11/21/nos-enfants-n-iront-pas-combattre-et-mourir-en-ukraine-promet-la-porte-parole-du-gouvernement_6654269_3210.html

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La porte-parole du gouvernement français, Maud Bregeon, à la sortie du conseil des ministres, à l’Elysée, à Paris, le 19 novembre 2025.
La porte-parole du gouvernement français, Maud Bregeon, à la sortie du conseil des ministres, à l’Elysée, à Paris, le 19 novembre 2025.  THOMAS SAMSON / AFP

« Nos enfants n’iront pas combattre et mourir en Ukraine », a promis la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, vendredi 21 novembre ; mardi, le chef d’état-major des armées avait déclaré que la France devrait « accepter de perdre ses enfants », suscitant la polémique.

« On va être très clair : nos enfants, au sens où on l’entend, ne vont pas aller combattre et mourir en Ukraine », a déclaré Mme Bregeon sur TF1, rappelant que la France avait « une armée de métier ».

« Le chef d’état-major des armées parlait de tous ces soldats qui, et il le dit un petit peu avant cette séquence, sont déployés partout dans le monde et ont entre 18 et 27 ans, a-t-elle ajouté. On ne peut pas ignorer qu’un certain nombre de ces soldats sont tombés en opérations extérieures. »

Mardi, devant le congrès des maires de France, le général Fabien Mandon avait jugé nécessaire que le pays restaure sa « force d’âme pour accepter de [se] faire mal pour protéger ce qu[’il] est » et soit prêt à « accepter de perdre ses enfants ».

Les réactions politiques n’ont pas tardé. Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) s’est dit « en désaccord total » avec cette affirmation. Pour Louis Aliot (Rassemblement national), « il faut être prêt à mourir pour son pays », mais dans une guerre « juste » ou qui engage « la survie de la nation ».

« Le principal risque, ce serait de ne pas voir ce qui se passe et de ne pas voir les dangers qu’on encourt », a insisté Maud Bregeon.

Interrogée sur la création d’un service militaire volontaire, elle a précisé qu’« une réflexion [était] en cours » pour « adapter » le service national universel (SNU). « Mais nous n’en sommes pas là », a-t-elle conclu.

Le Monde avec AFP

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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