« Sucre et alcool, des liaisons dangereuses »
Date de publication : 21 novembre 2025 Temps de lecture: 3 min

Soline Roy remarque dans Le Figaro que « pour certains, le sucre est une sorte d’«alcool sans l’ivresse». Il ne provoque pas d’addiction au sens strict du terme, mais entraîne dans notre cerveau des réponses neurochimiques très semblables à celles générées par l’alcool ».
La journaliste explique que « dans les deux cas, le cerveau est soumis à un afflux de molécules impliquées dans la récompense et l’addiction.
Autre point commun, sucre et alcool font les mêmes dégâts sur notre foie, pouvant aller jusqu’à la cirrhose. Mais des chercheurs américains montrent que sucre et alcool pourraient partager bien plus encore : leurs effets semblent se renforcer mutuellement, via le métabolisme ».
Soline Roy évoque ainsi « le métabolisme du sucre, ou plus précisément du fructose, [selon ce travail paru] dans la revue Nature Metabolism des scientifiques de l’Université du Colorado. Le fructose est un type de sucre apporté par l’alimentation, mais qui peut aussi être produit par notre organisme lui-même à partir du glucose quand celui-ci est absorbé en trop grande quantité ».
La journaliste relève que « l’éthanol [molécule d’alcool] stimule la production de fructose en activant une enzyme, la kétohexokinase, dans l’intestin où elle renforce les effets de récompense associés à l’alcool, et dans le foie où elle favorise l’accumulation de graisses et l’inflammation, et accroît encore l’appétence pour l’alcool ».
« Les chercheurs ont donc mis au jour un cercle particulièrement vicieux : lorsque l’éthanol détourne le métabolisme du fructose, cela renforce l’addiction à l’alcool, et aggrave les lésions hépatiques ! », souligne Soline Roy.
Elle précise que « les chercheurs ont travaillé avec des souris génétiquement modifiées ou chimiquement traitées pour bloquer cette voie métabolique aboutissant à la production endogène de fructose. Et ils ont constaté qu’elles semblaient ne plus préférer l’alcool lorsqu’elles avaient le choix de le consommer ou non. L’attirance pour l’alcool serait donc, «au moins en partie, dépendante du métabolisme du fructose», écrivent les auteurs ».
La journaliste ajoute que « ce moindre goût pour l’alcool semble en partie «associé à une sensibilité accrue aux propriétés sédatives et hypothermiques de l’éthanol». Le blocage de la voie métabolique inhiberait par ailleurs la libération, dans l’intestin, d’une hormone qui a régulièrement les honneurs de l’actualité : GLP-1, cible des nouveaux médicaments contre l’obésité et dont une étude a récemment montré qu’ils ralentissaient l’absorption de l’alcool ! ».
« Les souris montraient aussi une moindre activité dans les régions cérébrales liées à l’addiction. En outre, leur foie semblait protégé des lésions associées à la consommation excessive de sucre ou d’alcool : la graisse s’y accumulait moins, et il montrait moins d’inflammation », continue Soline Roy.
La journaliste conclut qu’« il faudra s’assurer que les mêmes processus sont à l’œuvre chez l’homme, et mieux les caractériser. Mais si ces résultats étaient confirmés, ils pourraient rapidement déboucher sur de nouveaux traitements de l’addiction ».