« Il y a des gens en grande souffrance, car ils ont des vies de merde et pas moyen de se faire aider » : quand la psychiatrie lutte pour sa survie dans l’Aisne
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Écrit parClaire-Marine Selles
Publié le13/11/2025 à 07h00
Temps de lecture : 19 mins
- France3 Régions sur Facebook
Même si la santé mentale était la grande cause nationale de 2025, dans l’Aisne, l’accès aux soins reste difficile et des soignants en psychiatrie sont mobilisés depuis plus de dix mois pour faire entendre leurs alertes. Les conséquences sont particulièrement graves sur les plus jeunes.
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96 % : c’est la proportion d’habitants de l’Aisne se déclarant insatisfaits de l’accès aux professionnels de la santé mentale, dans un sondage commandé par Ici, pour mieux comprendre les préoccupations des Français avant les élections municipales de 2026.
À en croire cette étude réalisée sur plus de 23 000 personnes, l’Aisne est le département de France où les habitants se déclarent les plus mécontents de l’accès aux psychologues, psychiatres et institutions de soin en santé mentale. Mais quelles réalités se cachent derrière ce chiffre ? Patients en errance, familles désemparées, soignants en lutte et hôpitaux sous pression : dans l’Aisne, le secteur psychiatrique traverse une crise aiguë.
« On a un certain nombre d’appels de détresse auxquels il n’y a pas de réponse« , résume André, bénévole de l’UNAFAM à Saint-Quentin, une association qui vient en aide aux familles de personnes touchées par la maladie psychique.
Souffrances en sourdine
« J’ai fait de très graves dépressions et ça a été difficile de trouver de l’aide« , raconte Elisabeth*, habitante d’un village de 1 400 habitants près de Saint-Quentin. C’est après la perte de son époux qu’elle se met à rechercher un soutien psychologique. Il lui faudra plus d’un an avant de trouver le professionnel de santé dont elle a besoin. « Il y a beaucoup d’attente, des soignants qui vous disent ‘le médecin ne prend plus personne, il sature’. L’Aisne, c’est vraiment défavorisé sur ce plan là« , constate-t-elle.
Face à cette difficulté, certains renoncent même au soin, comme Agnès*, qui vit près de Château-Thierry et fait soigner son cancer à Reims, à soixante kilomètres de son domicile. Après d’importantes complications postopératoires, elle a voulu de l’aide pour se préparer mentalement à une énième intervention chirurgicale, mais aucun rendez-vous chez un psychologue n’était disponible avant sa prochaine opération.
À lire aussi :Maisons de santé, médecins : ce que veulent vraiment les Français, 6 sur 10 insatisfaits de l’offre de soins dans leur commune
« J’ai laissé tomber, de toute façon, je ne pouvais pas repousser l’opération« , raconte Agnès. Elle dit qu’il faudrait qu’elle se remette en quête d’un suivi. Des numéros de psychiatres et psychologues sont bien recensés dans le service d’oncologie où elle fait une radiothérapie « mais c’est à Reims, je préfèrerais que ce soit plus près. Et puis je n’ai jamais pris le temps d’aller en parler à l’accueil : on fait des transports groupés avec la sécu, donc je fais mes rayons et je repars tout de suite.«
Dans l’Aisne, une démographie médicale particulièrement faible rencontre des besoins de soins en santé mentale plus élevés qu’ailleurs. D’après les dernières données disponibles, le département compte 11,2 psychiatres pour 100 000 habitants, soit deux fois moins que la moyenne nationale. C’est aussi le 11ᵉ département le plus pauvre de France et cela potentialise les fragilités.
« Il y a des gens en grande souffrance dans l’Aisne, car ils ont des vies ‘de merde’ – excusez-moi l’expression – et il n’y a pas moyen de se faire aider, ajoute Elisabeth. C’est facile après de leur jeter la pierre en leur disant qu’ils ne font rien pour s’en sortir, mais il n’y a rien pour eux, alors ils cherchent la solution au fond d’une bouteille ou dans la drogue. » En 2021, le taux de suicide dans l’Aisne était 27 % plus élevé que la moyenne française.
Quelques fois, il suffit d’un psychologue, mais s’il n’y a pas de psychologue, cela peut engendrer des problèmes.Bénédicte Heuillard
Cadre de santé
Les difficultés sociales des patients s’aggravent depuis la crise sanitaire, à en croire Alexandre de Bossoreille, directeur de la clinique privée de la Roseraie à Soissons. « Les prises en charge sont de plus en plus lourdes, affirme-t-il. Aujourd’hui, on n’a pas que de la dépression, on a des addictions lourdes, des patients qui socialement, sont de plus en plus compliqués à gérer, avec des dettes, de la recherche de logement. Avant, dans une structure psychiatrique, vous pouviez vous permettre de ne pas avoir de temps plein d’assistante sociale, aujourd’hui, c’est essentiel.«
« La précarité peut engendrer des troubles émotionnels ou psychiatriques. Quelques fois, il suffit d’un psychologue, mais s’il n’y a pas de psychologue, cela peut engendrer des problèmes« , observe pour sa part Bénédicte Heuillard, cadre de santé qui gère plusieurs structures du centre de psychothérapie de l’hôpital de Saint-Quentin. Elle estime qu’il faut « trois semaines à un mois » pour obtenir un rendez-vous médical au centre médico-psychologique (CMP) de sa structure. Plusieurs autres témoignages évoquent des délais d’un an d’attente, dans certains CMP du département.
Cherche psychiatre, désespérément
Le manque de psychiatre entraîne des réactions en chaîne. Au centre hospitalier de Saint-Quentin, les deux services d’hospitalisation complète ont été fermés en octobre 2023 après le départ des quatre médecins qui y exerçaient. Un « virage ambulatoire » a été opéré : les services d’hospitalisation de jour et les équipes mobiles ont été renforcés avec le personnel issu des services fermés. Des entretiens infirmiers sont proposés pour rencontrer les patients dans l’attente d’un rendez-vous avec un psychologue ou un psychiatre. Mais cela ne suffit pas à faire face à toutes les situations.
« Il existe une chronicité dans la maladie psychique qui demande parfois des hospitalisations complètes, dans des services fermés, développe la cadre Bénédicte Heuillard. Nous orientons les patients des urgences soit vers les partenaires du secteur privé, pour les hospitalisations libres, et pour les hospitalisations sous contrainte, vers l’établissement départemental de Prémontré. » Une clinique privée existe à Saint-Quentin, une autre à Soissons.
Cette dernière a des lits et même six psychiatres, mais ne peut pa répondre à toutes les demandes, explique son directeur Alexandre de Bossoreille : « J’ai beaucoup de demande pour des patients qui ne sont pas sous injonction de soins, mais ne peuvent pas être en hospitalisation libre. Je ne peux pas prendre trop de personnes dans un état trop critique, cela surchargerait mes équipes, les patients que nous accueillons doivent avoir une autonomie.«
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L’établissement public de Prémontré (EPSMDA), lui, est situé quarante kilomètres au sud de Saint-Quentin. 13 000 personnes y sont suivies au moins une fois par an. 10 postes de psychiatre y étaient vacants en 2021, sur 59 au total.
D’après sa direction, le manque chronique et généralisé de psychiatres est la raison qui justifie la fermeture les Unités de proximité, de petites structures d’hospitalisation complète gérées par l’établissement dans plusieurs villes du département. Celle de Laon a fermé le 1er octobre dernier, avec ses 12 lits d’hospitalisation. Celle de Villiers-Saint-Denis a disparu pendant l’été 2024.
« Nous devons sans cesse nous adapter plutôt que de subir la situation, écrit Laurent Barret, directeur de l’EPSMDA de Prémontré. (…) D’où notre volonté de réduire le recours à l’hospitalisation et d’intervenir au plus près des lieux de vie de nos concitoyens. » Là aussi, le « virage ambulatoire » est donc à l’ordre du jour.
Ambulatoire : un virage qui divise
Laurent Barret précise que son établissement travaille sur le renforcement des équipes mobiles et de la présence infirmière aux urgences des hôpitaux généraux « afin de limiter le recours à l’hospitalisation« . La création de postes d’infirmiers coordinateurs doit, d’après lui, « prévenir la chronicisation » des troubles en améliorant le suivi des patients. Treize infirmiers en pratique avancée (IPA) sont employés pour alléger la charge de travail des médecins. « Nous finalisons le déploiement de la télémédecine« , indique-t-il enfin.
Ces nouvelles orientations ne font pas l’unanimité. « C’est pour nous une façon dévoyée d’utiliser ce qu’on souhaite, c’est-à-dire plus de soin hors hospitalisation » constate Marie-Laurence Fouquet, déléguée régionale de l’UNAFAM, l’association qui vient en aide aux familles de personne atteintes de troubles psychiques.
Sa permanence reçoit une quinzaine d’appels à l’aide par mois, principalement des familles qui ne trouvent pas de prise en charge pour un proche atteint d’une maladie psychique. Elle reconnaît la « bonne volonté » de l’EPSMDA mais est atterrée par les difficultés d’accès à l’hospitalisation et le manque de suivi, avant et après les passages à l’hôpital. Pour elle, la fermeture des Unités de proximité est un drame.
« On me parle d’équipes mobiles, je ne les trouve pas assez nombreuses ni assez étoffées. Les Unités de proximité permettent parfois de faire accepter l’hospitalisation, près du domicile, dans un cadre familier, observe Marie-Laurence Fouquet. Mon fils, par exemple, doit parfois passer quatre ou cinq semaines à Prémontré et ensuite, le retour direct au domicile serait difficile. Donc il passe deux semaines à l’Unité de proximité de Soissons où les gens le connaissent, ça fait un sas, un retour progressif à la sociabilisation.«
Pour défendre ces Unités de proximité, dont trois perdurent pour l’instant à Soissons, Chauny et Hirson, des soignants syndiqués à la CGT de l’EPSMDA de Prémontré sont mobilisés depuis janvier 2025. Ils sillonnent le département au chevet d’une psychiatrie en souffrance.
Des soignants en lutte depuis dix mois
Cette « caravane syndicale » s’est rendue, une fois par mois entre janvier et juin, dans différents centres hospitaliers du département pour prendre le pouls des soignants en psychiatrie. Les syndicalistes ont aussi rencontré la population et les élus pour alerter sur l’état du soin en santé mentale dans le département. Ils attendent actuellement un rendez-vous avec la préfète de l’Aisne, venue les rencontrer lors de l’annonce de la fermeture de l’Unité de proximité de Laon.
« Le GIGN débarque de plus en plus souvent pour des situations complexes qui relèvent de prise en charge psychiatrique : fermer les structures d’hospitalisation, ça ne rassure pas les élus du coin« , commente Olivier Fenioux, secrétaire départemental de la CGT Santé de l’Aisne. Pour les membres de la caravane syndicale, l’hôpital de Prémontré est déjà sous pression et chaque fermeture d’Unité de proximité aggrave un peu plus la situation.
« Une dame en hospitalisation libre, qui aurait dû aller en Unité de proximité, s’est par exemple retrouvée à Prémontré dans un service avec des patients chroniques, elle n’allait pas bien, elle a eu très peur des autres patients, elle s’est enfermée dans sa chambre, relate Olivier Fenioux. Mélanger les prises en charge n’aide pas les patients. » Si les élus se montrent plutôt réceptifs à cette démarche de la CGT, Olivier Fenioux déplore l’absence de dialogue avec sa direction.
Le 23 octobre dernier, les soignants en colère ont porté un cercueil de carton jusqu’au bureau du directeur de l’EPSMDA pour dénoncer les dégâts causés par la réduction des moyens alloués à la psychiatrie. « On en est à étudier comment faire un droit d’alerte au procureur« , annonce le représentant syndical.
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Pour les membres de la mobilisation, les fermetures de lits et le « virage ambulatoire » sont surtout une stratégie pour réduire le coût du soin psychiatrie. En 2021, le contrôleur des lieux de privation de liberté observait à propos de l’EPSMDA que « la politique de soins a été abandonnée paralysée par le déficit budgétaire. Les moyens financiers attribués par la tutelle sont insuffisants.«
Alors, pour continuer à alerter, la caravane syndicale a prévu de se remettre en route en janvier 2026. Avec pour cette deuxième saison une attention particulière portée à la pédopsychiatrie : si la situation du soin en santé mentale semble sombre pour les adultes, pour les plus jeunes, tous s’accordent à dire qu’elle est catastrophique.
Enfants entre les mailles du filet
Le Dr. Foumy Ndiaye est pédopsychiatre depuis vingt-cinq ans. Après dix-huit ans passés dans le service public, il a rejoint le secteur privé pour ne plus subir une charge de travail qui menaçait sa santé. Son cabinet n’est ouvert que trois demi-journées par semaine car « quand j’ouvrais toute la journée, j’avais vingt patients par jour« , souffle-t-il.
Tous les autres départements débarquent dans mon cabinet, d’Amiens, Paris, Valenciennes et je dis non, priorité aux gens de mon secteur où je connais les autres acteurs du soin.Dr. Foumy Ndiaye, pédopsychiatre
L’autre moitié de son temps, il la consacre à l’hôpital de jour pour enfants et adolescents de la Clinique Saint-Monique, à Saint-Quentin. Le pédopsychiatre y rencontre des jeunes qui, par manque d’accès au soin, sont passés inaperçu jusqu’à ce que leur souffrance ne devienne trop critique. Comme cet adolescent resté enfermé quatre ans chez lui avant que son autisme ne soit diagnostiqué.
Ou encore cette jeune fille qui n’allait plus à l’école car elle était déprimée. « On s’est rendu compte qu’elle avait une dysphasie majeure qui n’avait pas été détectée : un véritable handicap, passé entre les mailles du filet. Dès qu’on a pu identifier les choses, sa situation s’est améliorée, on a aménagé sa scolarité, observe Foumy Ndiaye. Et ça, il y en a de plus en plus : si le service public se délite, c’est compliqué de les identifier.«
Car le pédopsychiatre a conscience des limites du secteur privé : « Ici, le soin est vraiment personnalisé, à la carte. Ça fonctionne, mais c’est à la marge. On se retrouve avec une file active très longue, les personnels ne sont pas à temps plein, ce n’est pas suffisant. » Il souligne que les prises en charges sont collectives : le manque de professionnels dans d’autres disciplines, par exemple l’orthophonie, aggrave la situation. Il trouve que la capacité à travailler en équipe a reculé ces dernières années.
Le Dr. Catherine Stef est elle aussi pédopsychiatre, à Laon. Elle observe depuis vingt ans un changement dans les modes de prise en charge qu’elle trouve délétère : « Il y a eu un virage extrêmement brutal. On pose des étiquettes sur les enfants dès la perception du moindre trouble. Il m’arrive de rencontrer, de plus en plus souvent, un jeune de 17 ou 18 ans, épinglé TDAH à 7 ans, qui a pris de la Ritaline pour traiter son agitation pendant des années. Mais qu’est-ce qu’il y a derrière cette agitation ? Il arrive avec un gros passé de souffrances dont il n’a jamais pu parler à personne. Il y a parfois des passages à l’acte violents. On a l’impression que la souffrance psychique n’est plus du tout considérée. On ne s’intéresse pas au sujet, à ce qu’il a à dire sur sa souffrance.«
Renouer les liens à petite échelle
Le Dr. Stef a adressé des lettres ouvertes au rectorat, à la préfecture et à l’ARS pour les interpeller sur le manque d’accès au soin en pédopsychiatrie et le recul du contact humain, par manque de moyen. « Les plateformes de diagnostic ne remplacent pas les structures de soins« , écrit-elle à l’ARS en avril 2025. Pour elle, la fermeture des Unités de proximité est une nouvelle étape dans la disparition d’un lien précieux.
« Quand j’ai commencé en 1986, il y avait la sectorisation : tout était organisé par unité de 70 000 habitants, c’était formidable, cela permettait un accès au soin de proximité pour toute la population. J’ai vu tout au long de ma carrière réduire, transférer les compétences, (…) les ‘pôles’ se sont substitués au secteur mais il n’y a plus cette dimension de proximité« , regrette le Dr. Catherine Stef. Elle s’est aussi rendue à plusieurs haltes de la caravane syndicale et soutient le collectif qui s’est créé autour de ce mouvement.
On constate que les collègues soignants ne savent plus comment répondre à toutes les sollicitations et que le monde enseignant est complètement désarmé.Olivier Fenioux
Secrétaire départemental CGT santé de l’Aisne
Car les soignants en lutte en sont convaincus : ils doivent rassembler pour obtenir des avancées. En plus des consultations avec les équipes des services de pédopsychiatrie, les prochaines mobilisations s’adresseront donc aux acteurs de l’éducation et au monde associatif, des partenaires essentiels.
« On constate que les collègues soignants ne savent plus comment répondre à toutes les sollicitations et que le monde enseignant est complètement désarmé, donc cette caravane est aussi faite pour lui, annonce Olivier Fenioux. Sur cette deuxième caravane, on va faire un maillage plus large que l’hôpital : rencontrer le monde associatif car beaucoup de parents s’y retrouvent désarmés, aller vers les structures de formation des jeunes et sur les marchés des quartiers, pour rencontrer les premiers concernés.«
La caravane a déjà prévu ses haltes : première étape au CMP et à la Maison de l’enfance de Laon le 16 janvier 2026. Elle passera ensuite par Saint-Quentin en février, Soissons en mars, Mondrepruis près d’Hirson en mai et Château-Thierry en juin. Une restitution des témoignages collectés est prévue en septembre 2026.
Malgré les reculs et les difficultés, soignants, associations de familles de patients et représentants syndicaux sont déterminés à faire entendre la voix de la psychiatrie dans l’Aisne, pour qu’elle ne s’affaiblisse pas dans l’indifférence.
* Certains répondants au sondage ont été recontactés pour les besoins de cet article. La psychiatrie étant encore un sujet sensible, ils préfèrent être désignés uniquement par leurs prénoms.
VOTRE AVIS – En vue des élections municipales de mars 2026, ICI lance un grand cycle de consultations et propose tous les mois un questionnaire thématique afin de comprendre les attentes et les rapports des citoyens avec leurs maires, leurs communes.
Commentaire:
Geneviève Henault Psychiatre à l’hôpital public
Il y a 5 jours • Visible de tous sur LinkedIn et en dehors
Plus de 23 000 Français ont répondu à un sondage où ils ont pu exprimer leur préoccupation quant à l’accès aux soins : 60% se disent insatisfaits de l’offre de soins dans leur commune.
Pour la santé mentale, c’est à dire l’accès aux soins psychiques et psychiatriques, 73% des Français jugent l’offre locale insatisfaisante (1)
Et dans l’Aisne, département faisant l’objet de cet article (2) ❓
96 % des habitants se déclarent insatisfaits de l’accès aux professionnels de la santé mentale ‼️
👉 11ᵉ département le plus pauvre de France
👉 département comptant 11,2 psychiatres pour 100 000 habitants, soit deux fois moins que la moyenne nationale
👉 taux de suicide dans l’Aisne 27 % plus élevé que la moyenne française
Depuis quelques mois, l’Aisne perd des lits d’hospitalisation sur les « unités de proximité ». Le virage ambulatoire est jugé insuffisant : ❝ On me parle d’équipes mobiles, je ne les trouve pas assez nombreuses ni assez étoffées. Les Unités de proximité permettent parfois de faire accepter l’hospitalisation, près du domicile, dans un cadre familier, observe Marie-Laurence Fouquet (déléguée régionale de l’Unafam). Mon fils, par exemple, doit parfois passer quatre ou cinq semaines à Prémontré et ensuite, le retour direct au domicile serait difficile. Donc il passe deux semaines à l’Unité de proximité de Soissons où les gens le connaissent, ça fait un sas, un retour progressif à la sociabilisation.❞
Pas mieux en pédopsychiatrie où la Dre Catherine Stef note : ❝ Il y a eu un virage extrêmement brutal. On pose des étiquettes sur les enfants dès la perception du moindre trouble. Il m’arrive de rencontrer, de plus en plus souvent, un jeune de 17 ou 18 ans, épinglé TDAH à 7 ans, qui a pris de la Ritaline pour traiter son agitation pendant des années. Mais qu’est-ce qu’il y a derrière cette agitation ? Il arrive avec un gros passé de souffrances dont il n’a jamais pu parler à personne. Il y a parfois des passages à l’acte violents. On a l’impression que la souffrance psychique n’est plus du tout considérée. On ne s’intéresse pas au sujet, à ce qu’il a à dire sur sa souffrance.❞
Une caravane syndicale tente de mobiliser largement en sillonnant le département à la rencontre des équipes de soins mais aussi aux acteurs de l’éducation et au monde associatif.
Soutien à la caravane syndicale !
(1) https://lnkd.in/e7SqG_RD
(2) https://lnkd.in/emV9CZX7