« En accréditant Patrick Pouyanné PDG de TOTAL, la France dévoile son double jeu : elle permet au plus grand lobbyiste pétrolier français d’accéder aux négociations, alors que, dans le même temps, elle s’est engagé à la COP28 de Dubaï pour la sortie de toutes les énergies fossiles »

À la COP30, TotalEnergies est l’invitée de la délégation française

Cinq émissaires du géant pétrolier, dont son dirigeant Patrick Pouyanné, ont été accrédités à la COP30 dans la délégation française. Les badges onusiens dont ils bénéficient leur permettent d’accéder à des espaces réservés aux négociateurs.

Mickaël Correia

12 novembre 2025 à 08h26 https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/121125/la-cop30-totalenergies-est-l-invitee-de-la-delegation-francaise?utm_source=hebdo-20251115-060509&utm_medium=email&utm_campaign=HEBDO&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[HEBDO]-hebdo-20251115-060509&M_BT=115359655566

12 novembre 2025 à 08h26

« La sortie progressive des énergies fossiles sera un enjeu diplomatique de premier ordre pour la France à cette COP30 »assurait encore la semaine dernière le ministère de la transition écologique. À la table du 30e sommet international sur le climat qui se tient jusqu’au 21 novembre à Belém (Brésil), le gouvernement français a fait de la fin du pétrole, du gaz et du charbon l’une de ses priorités politiques. À ce titre, la France est membre des groupements d’États les plus ambitieux sur le sujet, à savoir la High Ambition Coalition et la Beyond Oil & Gas Alliance.

Mais ce discours à l’international sur l’urgence de nous délester des énergies fossiles pourrait masquer une tout autre partition diplomatique jouée par les autorités françaises. À côté d’associations, du CNRS ou du Haut Conseil pour le climat, le ministère de l’écologie a directement accrédité dans la délégation française présente à la COP30 cinq représentants de TotalEnergies, dont son patron, Patrick Pouyanné.

Comme le dévoile la liste des personnes accréditées à ce sommet, publiée le 10 novembre par l’ONU, le PDG de la multinationale ainsi qu’Aurélien Hamelle, directeur général « Strategy & Sustainability » du groupe et membre du comité exécutif de TotalEnergies, ou encore Karine Boissy-Rousseau, vice-présidente « Sustainability & Climate », ont bénéficié grâce au gouvernement français d’un badge Party Overflow pour la COP30.

« Le terme Party Overflow désigne les personnes qui assistent l’équipe de négociation de leur pays et peut inclure des experts externes ou des conseillers. Les détenteurs d’un badge Party Overflow ont accès à la plupart des lieux de la COP, mais ne peuvent pas s’exprimer au nom de leur pays. Ils ne peuvent pas participer aux négociations, mais peuvent observer s’ils sont accompagnés d’un délégué du pays », a expliqué à Mediapart l’ONU Climat, l’organe-cadre des COP sur le changement climatique.

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Les entrées de la COP30 à Belém (Brésil) le 11 novembre 2025.  © Photo Mauro Pimentel / AFP

La structure onusienne a aussi souligné que chaque pays enregistre lui-même les participants Party Overflow au titre de leur délégation. Chercheur membre de Corporate Europe Observatory, une ONG européenne qui travaille sur l’influence des lobbys, Pascoe Sabido explique : « Si le badge Party Overflow ne permet pas de parler au nom de l’État qui vous a accrédité, il vous permet par contre d’accéder aux zones où il y a tous les négociateurs et les chefs d’État. En terme de lobbying, c’est vraiment l’espace clé. »

Contacté par Mediapart, le ministère de la transition écologique a affirmé avoir accrédité les cinq émissaires de TotalEnergies, mais assure que « les Party Overflow permettent uniquement d’accéder aux espaces de la conférence et aux événements parallèles, sans aucun accès aux salles de négociation. »

L’Hôtel de Roquelaure justifie ce geste en avançant que, sur le sujet des fuites de méthane, un gaz à effet de serre particulièrement nocif pour le climat qui fera l’objet de discussions à la COP30, « la présence et l’implication d’acteurs industriels, dont TotalEnergies, sont nécessaires pour faire progresser concrètement les engagements pris à l’échelle internationale. »

Zone grise de la diplomatie

Le mélange des genres est pour le moins singulier. Alors que la France, gardienne de l’accord de Paris, appelle à « accélérer la sortie des énergies fossiles » pour maintenir le réchauffement de la planète sous les 1,5 °C, TotalEnergies a annoncé il y a deux ans vouloir « augmenter sa production d’hydrocarbures de 2 à 3 % par an » d’ici à 2028. Et le 23 octobre dernier, le fleuron industriel tricolore, qui émet à lui seul autant de gaz à effet de serre que l’ensemble des Français·es, a été condamné par le tribunal judiciaire de Paris pour des communications mensongères sur son ambition climatique.

En décembre 2023, à la COP28 de Dubaï (Émirats arabes unis), le gouvernement français avait déjà accordé des accès Party Overflow à TotalEnergies. Mais, à l’époque, le ministère de la transition énergétique avait refusé de reconnaître les faits auprès de Mediapart. « Que deux ans plus tard, la France redonne ce type d’accès à TotalEnergies est vraiment un scandale en soi », poursuit Pascoe Sabido.

Pour cette COP à Belém, la France a aussi délivré ces badges, reconnaissables à leur liseré rose, à quatre représentants d’EDF ; cinq émissaires d’Engie – parmi lesquels le président de son conseil d’administration, Jean-Pierre Clamadieu ; ainsi qu’à Nicolas Notebaert, directeur général concessions de Vinci. Soit trois groupes industriels qui possèdent des mégabarrages ou des aéroports en Amazonie brésilienne.

« Dans ces zones ouvertes aux badges Party Overflow, TotalEnergies peut par exemple aller voir des représentants de haut niveau africains qu’elle connaît bien, car la compagnie développe sur ce continent des projets pétrogaziers. Ou elle peut aussi organiser des tête-à-tête comme à la COP27 de Charm El-Cheikh en 2022, où le président du Conseil européen Charles Michel avait rencontré dans cet espace réservé le PDG du pétrolier norvégien Equinor », détaille Pascoe Sabido.

Sollicité par Mediapart, le pétrolier a déclaré que Patrick Pouyanné a été invité à la COP30 pour intervenir à une table ronde sur la décarbonation. Et que le groupe participera à des échanges concernant la « Charte de la décarbonation du pétrole et du gaz », une initiative non contraignante portée par une douzaine de multinationales fossiles pour qu’elles atteignent la neutralité carbone d’ici à 2050. « TotalEnergies ne participe de quelque manière que ce soit aux négociations entre les États, ni n’a accès aux espaces de négociations », assène le groupe.

À LIRE AUSSILes multinationales françaises contribuent à l’écocide amazonien

8 novembre 2025

La firme française est en pleine stratégie d’expansion pétrogazière dans la région amazonienne. En 2023, TotalEnergies, avec entre autres son homologue brésilien Petrobras, a signé un contrat de partage de production de pétrole au Brésil. Dans le pays, elle exploite déjà plusieurs champs d’hydrocarbures au large de Rio de Janeiro, se vantant de produire « 180 000 barils équivalent pétrole par jour »

Le groupe prévoit par ailleurs pour 2028 d’extraire du pétrole au Suriname et vient de signer, le 11 novembre, un nouveau contrat de production d’or noir avec le Guyana.

« En accréditant Patrick Pouyanné, la France dévoile son double jeu : elle permet au plus grand lobbyiste pétrolier français d’accéder aux négociations, alors que, dans le même temps, elle s’est engagé à la COP28 de Dubaï pour la sortie de toutes les énergies fossiles », s’indigne auprès de Mediapart Gaïa Febvre, responsable des politiques internationales au Réseau Action Climat. Qui fait le constat d’« un non-sens total » : « C’est un manque de respect pour toutes les victimes actuelles des impacts climatiques, et celles à venir. »

Mickaël Correia

Voir aussi:

À BELÉM, UNE COP POUR SAUVER L’ACCORD DE PARIS

Les multinationales françaises contribuent à l’écocide amazonien

Mégabarrages, aéroports, gazoduc ou encore financement de projets pétrogaziers : les plus grandes firmes tricolores ont ces dernières décennies investi l’Amazonie brésilienne, aux dépens de la protection de la forêt et des peuples autochtones.

Mickaël Correia

8 novembre 2025 à 09h38 https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/081125/les-multinationales-francaises-contribuent-l-ecocide-amazonien?utm_source=hebdo-20251115-060509&utm_medium=email&utm_campaign=HEBDO&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[HEBDO]-hebdo-20251115-060509&M_BT=115359655566

« Nous sommes Amazoniens. » C’est par ses mots qu’Emmanuel Macron avait en août 2019 inauguré le G7 de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). Les images de la plus vaste forêt tropicale du globe, alors en proie à des incendies monstres, avaient ému le président français.

Quatre ans plus tard, lors d’un sommet international au Brésil, Macron réitérait « l’engagement fort de la France pour la protection de l’Amazonie ». Avant de lancer en 2024, avec son homologue brésilien Lula, un vaste programme d’investissement dans « la bioéconomie » à l’échelle de l’Amazonie brésilienne et guyanaise, afin de lever 1 milliard d’euros de fonds publics et privés d’ici à 2028.

L’objectif ? Protéger la biodiversité et placer les peuples autochtones « au cœur des prises de décisions ».

Cette rengaine sur la protection de l’Amazonie est de nouveau revenue sur la table de la diplomatie internationale à l’occasion de la présence du président français au premier jour du sommet des dirigeants mondiaux sur le climat, en amont de la COP30 de Belém.

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Le président Emmanuel Macron et le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva à la COP30, la conférence des Nations unies sur les changements climatiques, à Belém, au Brésil, le 6 novembre 2025.  © Photo Ludovic Marin / AFP

Mais l’obsession amazonienne de Macron masque une tout autre réalité économique, bien loin des velléités écologiques des chefs d’État français et brésilien. L’Amazonie brésilienne, qui représente 60 % de cet écosystème mondial crucial, est en effet un terrain de jeu pour les fleurons industriels français, dont certains se sont installés dans le pays durant la dictature brésilienne (1964-1985), puis lors de la vague de libéralisation dans les années 1990.

Le groupe bancaire BNP Paribas

Si le géant bancaire français BNP Paribas s’est formellement engagé à ne plus financer aucun projet pétrogazier en Amazonie depuis 2022, des lacunes semblent subsister dans sa politique de responsabilité environnementale.

Selon un rapport daté d’octobre dernier, et piloté par l’ONG nord-américaine Stand.earth, la banque tricolore a investi depuis 2016 un total de 250 millions de dollars dans le secteur pétrolier et gazier amazonien, soutenant par exemple la multinationale pétrolière brésilienne Petrobras. L’an dernier, si l’afflux de capitaux depuis la BNP Paribas en direction des industriels fossiles a nettement diminué, l’établissement bancaire aurait tout de même, selon ce même rapport, fourni 4 millions de dollars de financement direct au pétrole et au gaz amazoniens.

Contactée par Mediapart, la banque assure que « dans la région amazonienne, BNP Paribas ne finance ni n’investit plus dans aucun projet pétrolier et gazier, ni aucune infrastructure associée ».

Par ailleurs, en février 2023, BNP Paribas a été l’objet d’une action en justicedevant le tribunal judiciaire de Paris lancée par l’organisation brésilienne Comissão Pastoral da Terra et l’ONG française Notre affaire à tous pour manquement à son devoir de vigilance.

Cette loi française de 2017 oblige les grandes entreprises françaises à établir un plan de vigilance qui identifie et prévienne les risques humains, sanitaires et écologiques engendrés par leurs activités.

Les deux associations estiment dans leur assignation qu’entre 2019 et 2021 la banque a participé au financement de Marfrig, une compagnie brésilienne parmi les leaders mondiaux de la production de viande bovine, un secteur fortement responsable de la déforestation. Durant ces trois années, BNP Paribas a participé au financement de Marfrig via l’émission d’obligations – dans le cadre d’une opération avec d’autres banques à hauteur de 3 milliards de dollars – et une aide à l’exportation d’un total de 60 millions de dollars.

Or, selon une étude réalisée par le Center for Climate Crime Analysis sur les activités de fournisseurs de Marfrig, le groupe brésilien serait lié à la déforestation illégale de près de 100 000 hectares de territoire amazonien entre 2009 et 2020. Marfrig se serait aussi approvisionné auprès d’éleveurs qui produiraient illégalement du bétail sur des terres appartenant à des peuples autochtones.

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Vaches dans une ferme à Buritis, dans l’État de Rondônia, au Brésil, le 13 juillet 2021. © Photo Victor Moriyama / The New York Times – Redux – Rea

Alors que l’audience pour cette action en justice est attendue pour le second semestre 2026, la banque BNP Paribas a expliqué à Mediapart qu’elle exige de tous ses clients produisant ou achetant du bœuf et du soja issus de l’Amazonie d’avoir mis en œuvre une stratégie « zéro déforestation » d’ici la fin 2025.

Le groupe bancaire est aussi ciblé par une plainte déposée en novembre 2023 par l’ONG Sherpa. BNP Paribas, de même que le Crédit agricole, la BPCE et Axa, est suspecté d’avoir réalisé entre 2013 et 2021 des investissements d’un montant de près de 70 millions de dollars au profit de Marfrig et de JBS, un géant brésilien de l’agroalimentaire. 

« L’enquête préliminaire, lancée par le parquet de Paris, est en cours depuis mars 2024. Les investissements dces quatre banques leur ont rapporté en tout 12 millions de dollars de bénéfices entre 2018 et 2022, indique Jean-Philippe Foegle, juriste chargé de contentieux et plaidoyer chez Sherpa. JBS est une société très problématique, puisqu’on estime que 50 à 60 % du bétail qu’elle vend est issu de terres récemment déforestées. »

Les groupes de grande distribution Casino et Carrefour

Sherpa et une coalition d’associations ont aussi assigné le groupe Casino devant le tribunal judiciaire de Paris en mars 2021, là encore pour manquement à son devoir de vigilance.

Avant une crise financière liée à son endettement à partir de 2021, Casino se posait comme un des leaders de la grande distribution au Brésil à travers sa filiale Grupo Pão de Açúcar. Or, Sherpa estime que « plusieurs fermes responsables de déforestation et d’accaparement de terres autochtones ont été identifiées dans la chaîne d’approvisionnement en bœuf » de Grupo Pão de Açúcar. Une analyse publiée cette année par l’Instituto Centro de Vida au Brésil a en outre calculé que 327 000 hectares de forêt amazonienne ont été détruits en lien avec la viande de bœuf vendue par Casino au Brésil entre 2018 et 2023. 

Bien que, depuis 2023, Casino ne détienne plus que 22,5 % de Grupo Pão de Açúcar, l’audience de plaidoiries pour cette action en justice a été fixée à septembre 2026. Les associations requérantes demandent réparation pour les dommages causés avant la perte de contrôle par Casino de sa filiale brésilienne. 

Ne souhaitant pas commenter la procédure judiciaire en cours, le groupe français a répondu à Mediapart qu’avant la cession de sa participation majoritaire à Grupo Pão de Açúcar, Casino « avait mis en place des mécanismes de vigilance renforcés sur sa chaîne d’approvisionnement brésilienne, en s’appuyant sur des standards internationaux et des audits réguliers ».

Pointé du doigt en 2022 puis en 2023 pour se fournir auprès de la controversée entreprise JBS, Carrefour, champion de la grande distribution au Brésil où il est installé depuis près de cinquante ans, a pour sa part lancé il y a deux ans une Plateforme transparence forêt où près de deux cents fermes suspectées de déforestation ont été exclues. Carrefour a affirmé à Mediapart que pour les fournisseurs directs ou indirects au Brésil, 100 % de la viande de bœuf est désormais « absente de déforestation ».

Les énergéticiens Engie et EDF

Fin 2016, Engie a inauguré dans l’ouest de l’Amazonie brésilienne son plus grand projet hydroélectrique à l’échelle mondiale, le mégabarrage de Jirau, sur le fleuve Madeira, dans l’État de Rondônia.

Détenue à 40 % par le groupe français, cette immense infrastructure produirait, aux dires d’Engie, l’équivalent en électricité de la consommation de plus de 10 millions de foyers. L’entreprise hexagonale est, notamment grâce à ce barrage, le premier producteur privé d’électricité du Brésil. 

Nécessitant un investissement de plus de 5 milliards de dollars, le projet est marqué, comme l’a rapporté depuis 2013 l’Observatoire des multinationales, par de multiples controverses en matière d’impacts sur l’environnement (déforestation, déclin des populations de poissons) comme sur les peuples autochtones. L’Observatoire des multinationales rappelle aussi que le chantier de Jirau a connu « deux émeutes ouvrières de grande ampleur, et des sous-traitants d’Engie ont été condamnés par la justice brésilienne pour travail forcé ».

Les mégaprojets d’Engie et EDF accaparent les terres des populations autochtones.

Olivier Petitjean, de l’Observatoire des multinationales

Engie a répondu à Mediapart que la centrale hydroélectrique de Jirau « a été développée conformément à la législation environnementale brésilienne » et que son site incarne aujourd’hui « une référence en matière de développement responsable des énergies renouvelables ».

EDF, via sa filiale EDF Norte Fluminense, détient de son côté 51 % du mégabarrage amazonien de Sinop, érigé en 2019 sur le fleuve Teles Pires, au nord l’État du Mato Grosso. Le Mouvement brésilien des personnes affectées par les barrages (Movimento dos atingidos por barragens) a alerté en 2022 sur le fait que la construction de la centrale hydroélectrique avait conduit à la disparition de 24 000 hectares de forêt amazonienne ainsi qu’à des négligences environnementales ayant conduit à un risque incendie accru et à une importante mortalité des poissons.

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Vue aérienne du barrage UHE Sinop sur le fleuve São Manuel, dans l’État du Mato Grosso, au Brésil, le 20 mars 2025.  © Photo Pablo Porciuncula / AFP

Sollicitée par Mediapart, EDF a rétorqué que « la suppression de la végétation était nécessaire pour préserver la qualité de l’eau du réservoir », une action réalisée « dans le cadre des autorisations environnementales »délivrées par le Brésil. L’électricien a aussi répondu qu’il n’y a pas eu d’incendies forestiers liés à la centrale de Sinop et que « depuis 2020, aucun épisode de surmortalité de poissons n’a été signalé, ce qui démontre l’efficacité des actions entreprises ».

« Si ces projets de barrage au Brésil d’Engie et EDF sont promus comme étant vertueux pour la planète, en réalité les journalistes brésiliens et les témoignages des personnes impactées révèlent que ces mégaprojets accaparent les terres des populations autochtones, détaille auprès de Mediapart Olivier Petitjean, de l’Observatoire des multinationales. Ce sont aussi des infrastructures qui ouvrent l’Amazonie au développement industriel en faisant venir des travailleurs, puis en fournissant ensuite de l’électricité à d’autres secteurs, notamment miniers. »

Pour terminer, Engie exploite depuis 2019 le gazoduc Urucu-Coari-Manauslong d’environ 600 kilomètres, en plein cœur de la forêt amazonienne, dans l’État de l’Amazonas. « Cet actif soutient la sécurité énergétique et réduit les émissions de gaz à effet de serre dans la région amazonienne en substituant le diesel par du gaz naturel pour la production d’électricité », a soutenu Engie auprès de Mediapart.

Le minier Imerys

De 1996 à 2024, le minier français Imerys a exploité à Barcarena, une ville amazonienne de l’État du Pará (Brésil), une importante plateforme d’exploitation de kaolin, une argile blanche utilisée dans l’industrie.

Le site est régulièrement accusé de pollutions répétées des rivières, menaçant la santé des habitant·es et des écosystèmes. En février 2023, l’Observatoire des mines (Observatório da mineração, un groupe de réflexion et d’investigation journalistique brésilien) avait ainsi recensé au moins moins quinze incidents environnementaux au cours des deux dernières décennies autour de l’installation d’Imerys à Barcarena, notamment des « fuites de kaolin […] qui compromettent l’utilisation de l’eau pour la consommation humaine, les loisirs et la pêche ».

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25 juillet 2021

Le média indépendant brésilien Sumaúma a dénombré pour sa part en mars 2024 plusieurs incidents environnementaux telles, en 2011, une fuite de canalisation d’Imerys contenant des eaux usées acides ou encore la contamination par du kaolin de rivières locales en 2012 et 2016.

Enfin, après un incendie sur la plateforme d’Imerys fin 2021, une enquête de l’Assemblée législative de l’État du Pará, datée du 15 décembre 2021, a estimé que le groupe était « absolument incapable de respecter ses engagements légaux », recommandant la suspension de ses activités.

Contactée par Mediapart, la compagnie minière a entre autres déclaré que ces incidents « ont été immédiatement gérés et traités par la mise en place de plans d’action proportionnés et en coordination avec les autorités locales compétentes ». Pour Imerys, « les installations concernées ont été reconstruites et renforcées avec les meilleures technologies disponibles ».

Le bétonneur Vinci

Pour terminer ce tableau des intérêts privés français en Amazonie brésilienne, Vinci a depuis 2021 fait main basse sur l’exploitation de sept aéroports amazoniens.

La multinationale française vient d’investir environ 220 millions d’eurospour moderniser ces infrastructures, afin de « stimuler le développement économique » et de renforcer les liens de l’Amazonie « avec le reste du monde ».

Pas sûr que, pour ces concessions laissées pour trente ans au géant du BTP, les peuples autochtones aient été, comme le promeut Emmanuel Macron dans ses discours, « au cœur des prises de décisions ».

Mickaël Correia

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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