« Cancer de l’enfant : l’exposition à certains polluants de l’air augmente le risque de leucémies aiguës »
Date de publication : 6 novembre 2025 Temps de lecture: 2 min

La Croix indique en effet que « l’exposition à certains polluants de l’air au moment de la naissance pourrait constituer chez l’enfant un facteur de risque de leucémies aiguës, affirme l’Inserm ».
Le journal rappelle que « de précédents travaux de chercheurs de l’Inserm, des universités Sorbonne Paris Nord, Paris Cité et de l’INRAE, avaient montré que la proximité du lieu de résidence avec un grand axe routier lors du diagnostic était associée, en France, à un risque accru de développer dans l’enfance une leucémie aiguë myéloïde ».
Le quotidien indique
que « leur nouvelle étude, parue dans la revue Environmental Health […], va plus loin. Elle cherche à évaluer le risque de leucémie aiguë (lymphoblastique ou myéloïde) selon l’exposition aux polluants de l’air sur le lieu de résidence à la naissance. Les chercheurs ont utilisé des données d’une étude (GEOCAP-Birth) fondée sur le registre national des cancers de l’enfant ».
La Croix précise que « l’étude a considéré la proximité (moins de 500 m) d’un axe routier à fort trafic et modélisé l’exposition à plusieurs polluants liés au trafic : dioxyde d’azote, particules fines PM2,5 et carbone suie ».
Le journal retient ainsi que « si les résultats n’établissent pas de lien de cause à effet, ils confortent «l’hypothèse d’un rôle de l’exposition périnatale à la pollution de l’air dans la survenue de leucémie aiguë chez l’enfant», et «en particulier l’implication des particules fines PM2,5 dans la leucémie aiguë lymphoblastique», a précisé Aurélie Danjou (Inserm), première autrice ».
La Croix observe que « les enfants les plus exposés aux PM2,5 présenteraient ainsi un risque supérieur d’environ 70% de développer une leucémie aiguë lymphoblastique par rapport aux moins exposés ».
Le quotidien souligne néanmoins que « la présence d’un axe routier majeur à moins de 500 mètres du lieu de résidence ne semblait pas associée au risque de développer une leucémie aiguë. […] Des études portant sur davantage d’enfants pourraient aider à mieux comprendre «quels autres polluants pourraient jouer un rôle», selon Mme Danjou ».
Un lien possible entre leucémie de l’enfant et exposition prénatale à la pollution atmosphérique
Quentin Haroche | 06 Novembre 2025 https://www.jim.fr/viewarticle/lien-possible-entre-leucémie-lenfant-et-exposition-2025a1000uno?ecd=wnl_all_251106_jim_daily-doctor_etid7855384&uac=368069PV&impID=7855384&sso=true
Selon une étude l’Inserm, plus un enfant a été exposé à des particules fines durant sa gestation, plus son risque de développer une leucémie infantile est important.
Les interrogations sur les facteurs environnementaux favorisant l’apparition de cancers pédiatriques donnent régulièrement lieu à des débats scientifiques et parfois politiques passionnés, tant la question de la santé des enfants est sensible. Les chercheurs de l’Inserm savaient donc qu’ils avançaient dans un terrain miné et que leurs travaux allaient faire couler beaucoup d’encre lorsqu’ils se sont penchés sur les liens entre pollution atmosphérique et leucémie aiguë chez l’enfant. Leur dernière étude sur le sujet a été publié le 22 octobre dernier dans la revue Environnemental Health.
De précédent travaux ont déjà démontré le caractère cancérigène pour l’adulte de certains polluants atmosphériques, notamment les particules fines PM2,5, mais pas encore pour l’enfant. D’autres études ont déjà établi un lien probable entre la survenue d’une leucémie aigue chez l’enfant et la proximité de son domicile avec un grand axe routier, pourvoyeur de pollution. Cette fois, les chercheurs ont voulu déterminer s’il existait un lien entre l’exposition prénatale à des polluants aériens et la survenue de néoplasies chez l’enfant.
Plus l’enfant est exposé aux particules fines à la naissance, plus le risque de leucémie est élevé
« L’équipe s’est intéressée à l’impact sur le risque de développer une leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) ou myéloïde (LAM) de l’exposition aux polluants de l’air au lieu de résidence à la naissance, un indicateur considéré fiable de l’exposition que l’enfant a également pu subir in utero » explique Stéphanie Goujon, chercheuse à l’Inserm et directrice du groupe de recherche à l’origine de l’étude.
« Pour ce faire, les scientifiques ont utilisé les données du registre national des cancers de l’enfant en France issus de l’étude nationale GEOCAP-Birth, et comparé 581 enfants atteints de LAL et 136 enfants atteints de LAM, nés et diagnostiqués entre 2010 et 2015, avec une population contrôle de près de 12 000 enfants nés sur cette même période. Les indicateurs d’exposition impliquaient la proximité d’un axe routier à fort trafic et des modélisations d’exposition à plusieurs polluants liés au trafic : dioxyde d’azote, particules fines PM2,5 et carbone suie (un dérivé des particules fines)».
Les résultats de l’étude permettent de conclure à un lien possible entre exposition in utero à des polluants de l’air et survenue d’une leucémie chez l’enfant. S’agissant de l’exposition aux PM2,5, chaque augmentation de 2 μ g/m3 de la concentration en particules fines dans l’air est associé à une hausse du risque de développer une LAL de 14 % et une LAM de 12 %.
Les enfants ayant été les plus exposés aux particules présenteraient un risque plus élevé (de l’ordre de 70 %) de développer une LAL par rapport aux enfants les moins exposés.
Un lien qui reste hypothétique et qu’il faudra approfondir
Les chercheurs ont également observé un lien entre l’exposition au dioxyde d’azote et la survenue de LAM, mais estiment que le nombre de cas de cette maladie est trop faible pour en tirer des conclusions.
En revanche, la présence d’un axe routier majeur à moins de 500 mètres de la résidence ne semblait pas associée au risque de développer une leucémie aiguë.
Autre résultat étonnant : les scientifiques n’ont trouvé une corrélation entre l’exposition au carbone suie et le risque de LAL que dans les villes de moins de 100 000 habitants. « Ces résultats laissent penser que des sources de pollution aux PM2,5 et au carbone suie autres que le trafic routier, pourraient être impliquées (par exemple, la pollution liée à la production industrielle ou bien au chauffage domestique) » suggère l’Inserm.
Traffic-related air pollution exposure at birth and risk of childhood leukemia: results from the GEOCAP-Birth case–control study
Aurélie M. N. Danjou,
Antoine Lafontaine,
Bénédicte Jacquemin,
Danielle Vienneau,
Kees de Hoogh,
Laure Faure,
Jacqueline Clavel &
Stéphanie Goujon
Environmental Health volume 24, Article number: 80 (2025) Cite this article
Abstract
Background
Air pollution, in particular due to traffic, is suspected of increasing the risk of childhood acute leukemia (AL), most of the evidence coming from epidemiological studies and literature reviews that focused on the time around diagnosis. Using data on the national scale, we tested the hypothesis that prenatal exposure to traffic-related air pollution increases the risk of childhood AL.
Methods
This case–control study included 581 cases of acute lymphoblastic leukemia (ALL) and 136 cases of acute myeloid leukemia (AML), registered in the French national registry of childhood cancer and born and diagnosed between 2010 and 2015, and 11,908 controls. Exposure indicators were evaluated at the addresses at birth and included major road length in 500 m buffers, and modeled exposures of nitrogen dioxide (NO2), fine particulate matter (PM2.5) and black carbon (BC). Odds ratios (OR) and 95% confidence intervals (CI) were estimated using logistic regression models. Exposures were considered in categories using tertiles’ cut offs or continuously for increments of ½ interquartile range.
Results
Both ALL and AML risks increased with PM2.5 exposure (OR ALL = 1.14, 95%CI = 1.08–1.20 and OR AML = 1.12, 95%CI = 1.00–1.25 for an increment of 2 µg/m3, respectively). The risk of ALL was associated with BC exposure in urban units of < 5,000 inhabitants and of 5,000–99,999 inhabitants (OR = 1.90, 95%CI = 1.22–2.97 and OR = 1.58, 95%CI = 1.16–2.17 for an increment of 0.5 10–5/m, respectively), and not in more urban municipalities. An elevated OR for AML was observed for NO2exposure (OR = 1.4, 95%CI = 0.9–2.1 for the highest versus lowest category). There was no association with the length of major roads.
Conclusion
The results support a role of exposure to air pollution at time of birth in the risk of childhood AL.