Réseau « France santé » : Sébastien Lecornu met 130 millions d’euros sur la table
Quentin Haroche | 31 Octobre 2025 https://www.jim.fr/viewarticle/réseau-france-santé-sébastien-lecornu-met-130-2025a1000u09
Le Premier Ministre a annoncé qu’il allait amender le PLFSS pour financer un réseau de maisons de santé à travers la France.
Sébastien Lecornu continue de naviguer en eaux troubles. Si le Premier Ministre a réussi à se maintenir en poste grâce à des concessions faites au Parti Socialiste (PS), il se sait sur un siège éjectable. À tous moments, les discussions actuelles à l’Assemblée Nationale sur les budgets de l’Etat et de la Sécurité Sociale peuvent aboutir à la censure. Mais en attendant sa future (et probable) chute, l’ancien ministre des Armées continue le combat, notamment sur l’un des fronts dont il a fait sa priorité : l’accès aux soins.
On se souvient en effet que l’un de ses tout premiers déplacements en tant que chef du gouvernement, le 13 septembre dernier, avait été sur le thème de la désertification médicale. En visite à Mâcon, en Saône-et-Loire, le nouveau Premier Ministre avait évoqué la création d’un vaste réseau de 5 000 maisons de santé d’ici 2027, dénommé « France Santé », sur le même modèle que les maisons « France services » (qui proposent un guichet unique pour les démarches administratives). L’objectif était clair : lutter contre la désertification médicale en assurant à tous les Français la présence d’un centre de santé à moins de 30 minutes.
50 000 euros pour chaque centre de santé
Ce projet, qui restait pour le moment quelque peu flou, s’est précisé ce jeudi lors d’un nouveau déplacement du Premier Ministre. Accompagné de la ministre de la Santé Stéphanie Rist, le chef du gouvernement s’est parachuté à Carentan dans la Manche pour y labeliser la toute première maison « France santé » et venir détailler son plan de lutte contre la désertification médicale.
Plutôt que de créer des milliers de centres de santé ex nihilo, le Premier Ministre souhaite en effet labeliser des structures déjà existantes. Pour être labelisé « France santé »,
-pouvoir garantir la présence d’un médecin et d’un infirmier,
-assurer des consultations sans dépassements d’honoraires (décidément bien mal perçues par le gouvernement),
-ouvrir au moins cinq jours par semaine et participer au service d’accès aux soins (SAS). « Parfois ce sont des pharmacies qui constitueront la maison France santé parce que dans certains territoires ruraux, de toute façon, la seule présence que vous avez, c’est la pharmacie » a précisé Sébastien Lecornu.
Une fois labelisée, chaque maison de santé recevra une subvention de 50 000 euros. « Les 50 000 euros pourront être employés pour venir protéger les structures, faire des travaux, embaucher une secrétaire médicale, pour venir accompagner l’arrivée d’un nouveau soignant, d’un kiné… » détaille le Premier Ministre. « Je souhaite qu’on ait globalement 15 à 20 maisons France santé qui soient agréées d’ici à Noël pour amorcer le processus » puis « on doit avoir une montée en puissance très rapide pour atteindre les 2000 maisons d’ici l’été 2026 et les 5000 d’ici 2027 » a-t-il poursuivi, indiquant que la priorité sera donnée aux 151 zones rouges prioritaires particulièrement dépourvues de médecins, définies dans le cadre du programme de solidarité territoriale.
Lecornu lâche du lest sur le budget de l’hôpital et sur les franchises médicales
Pour mener ce projet à bien, le Premier Ministre a annoncé qu’il allait déposer un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2026, actuellement débattu au Parlement, pour investir 130 millions d’euros dans ce réseau de maisons de santé.
Les mauvaises langues remarqueront que ces 130 millions ne sont qu’une goutte d’eau comparés aux 7 milliards d’euros d’économie sur la santé prévus par ce même PLFSS. Sur ce sujet, le Premier Ministre s’est justement dit prêt à lâcher du lest, en « desserrant un tout petit peu la pression sur les économies » prévues à l’hôpital. Actuellement, le PLFSS prévoit une hausse de l’Ondam hospitalier de 2,1 %, largement insuffisant selon la Fédération hospitalière de France (FHF) qui estime nécessaire de porter la hausse de l’Ondam à 3 %.
En revanche, Sébastien Lecornu se dit déterminé à doubler le montant des franchises médicales, ces dépenses sur les médicaments et les consultations qui restent à la charge des patients et ce au lendemain d’un vote défavorable des députés sur cette question à la commission des affaires sociales. Toujours prêt au compromis, le chef du gouvernement n’exclut pas en revanche d’étendre le nombre de patients qui sont exemptés de ces franchises, qui sont déjà plus de 18 millions actuellement.
« Est-ce que le tout gratuit peut exister ? » s’interroge le Premier Ministre. Au pays de la Sécurité Sociale, certains sont prêts à la croire.
« France santé » : 50 000 euros par structure pour la garantie d’un rendez-vous médical en 48 heures
Le Gouvernement va consacrer un budget de 130 millions d’euros dans le budget de la Sécurité sociale pour amorcer le déploiement du réseau labellisé « France santé » en 2026. Objectif : offrir à chaque Français « une solution de santé » à moins de 30 minutes de chez lui et un rendez-vous médical sous 48 heures. Calendrier, structures éligibles au financement, critères à respecter… Egora fait le point.
Par Aveline Marques
POLITIQUE DE SANTÉ DÉMOGRAPHIE MÉDICALE
A l’occasion d’un déplacement, jeudi 30 octobre, à Carentan dans la Manche, le Premier ministre Sébastien Lecornu a confirmé le déploiement d’un réseau de structures labellisées « France santé ». Un budget de 130 millions d’euros sera inscrit, par amendement du Gouvernement, dans le PLFSS 2026. Objectif : offrir à chaque Français une « solution de santé » à moins de 30 minutes de chez lui et un rendez-vous médical sous 48 heures.
Quelles structures ?
Les structures « France santé » pourront être des maisons de santé pluriprofessionnelles, des centres de santé, des cabinets libéraux… voire des pharmacies, a précisé le Premier ministre. « Dans certains territoires ruraux, la seule présence que vous avez, c’est la pharmacie« , a-t-il relevé.
Dans « les zones les plus critiques« , France santé soutiendra le déploiement de solutions de télésanté et de structures « mobiles » telles que les médicobus.
« Il ne s’agit pas pour l’Etat de venir se substituer aux collectivités locales ou à l’intelligence locale, il ne s’agit pas pour l’Etat de courir après ce qui existe déjà, au contraire il s’agit de le protéger« , a soutenu Sébastien Lecornu.
Quel financement ?
Une enveloppe de 50 000 euros sera attribuée à chaque structure labellisée « France santé ». Elle servira à financer des travaux, des équipements, une embauche de personnels médico-administratifs, ou à accompagner l’installation d’un nouveau soignant dans la structure.
Le budget de 130 millions débloqué par le Gouvernement va servir à financer 50% du déploiement et sera complété.
Quels critères ?
« Ce sont des critères simples », a promis Sébastien Lecornu, fustigeant la tendance à la « rigidité » administrative et à la « centralisation » étatique.
En contrepartie du financement, les structures « France santé » devront s’engager à assurer des consultations sans dépassements d’honoraires, à ouvrir au moins 5 jours sur 7 et à participer au Service d’accès aux soins (SAS). Par ailleurs, la « présence » d’un médecin et d’une infirmière devra être garantie.
Quel est le calendrier ?
Le pôle de santé de Carentan est la première structure labellisée « France santé ». L’exécutif souhaite aller « vite« , en labellisant 15 à 20 structures d’ici à la fin de l’année 2025, puis 2000 d’ici à l’été 2026. L’objectif reste d’atteindre les 5000 à l’horizon 2027 car l’accès aux soins ne peut attendre l’élection présidentielle, a souligné Sébastien Lecornu.
Auteur de l’article
« Portées par Sébastien Lecornu, les maisons “France santé” sur la rampe de lancement »
Date de publication : 31 octobre 2025 https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=d6ee250252833c85ac4a70399f0ec4a8&id_newsletter=22731&liste=0&site_origine=revue_mediscoop&nuid=44baf5968540a6248a8065e80f2f7273&midn=22731&from=newsletter
Temps de lecture: 3 min

Nathalie Raulin observe dans Libération que « les maisons «France santé» sont de retour. Le 13 septembre, à l’occasion de son premier déplacement officiel, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, s’était offert un buzz en annonçant vouloir bâtir d’ici à 2027 un réseau de soins de proximité, accessible à 30 minutes de chez soi ».
« Un projet de nature à séduire les Français, de plus en plus anxieux face aux départs en retraite massifs des médecins généralistes », relève la journaliste.
Elle indique que « ce jeudi 30 octobre, lors d’une visite au Pôle santé de Carentan-le-Marais (Manche), Sébastien Lecornu de nouveau en selle à Matignon y revient. Et met cette fois des moyens conséquents sur la table ».
Sébastien Lecornu a ainsi déclaré : « Par amendement au projet de budget de la Sécurité sociale, France santé va se déployer avec des moyens importants, 130 millions d’euros ! On accordera un forfait de 50.000 euros à chaque maison labellisée. Pour obtenir le label, elles devront remplir quelques critères seulement, comme pas de dépassement d’honoraires, et une amplitude d’horaires d’ouverture suffisante en semaine ».
Nathalie Raulin remarque que « des structures de tout type pourront prétendre au label. Les maisons professionnelles de santé, apanage des médecins libéraux, comme les centres de santé, employeurs de médecins salariés ».
Le Premier ministre a ajouté que « ce pourra même être des pharmacies qui constitueront la maison France santé car dans certains territoires ruraux, la seule présence en santé, c’est la pharmacie. […] Je souhaite qu’il y ait 15 à 20 maisons France santé agréées par département d’ici Noël ».
« Soit peu ou prou, 2000 maisons France santé labellisées «très vite» », note la journaliste.
Elle s’interroge toutefois : « En quoi ce label peut-il remédier à la désertification médicale ? Car il ne s’agit nullement de créer une nouvelle offre de soin ex nihilo. A première vue, il s’agit tout au plus d’un petit coup de main donné aux centres de santé de médecins salariés ou aux Maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) ».
Nathalie Raulin observe que pour ces dernières, « la jauge monte. Lentement. Trop lentement pour contrer l’expansion des déserts médicaux. Dans le même temps, les centres de santé, qui favorisent, eux aussi, l’exercice médical coordonné, ont marqué des points. Pour Sébastien Lecornu, il s’agit désormais d’embarquer tout ce petit monde sous une même bannière ».
« Façon pour l’Etat d’être à même de mieux répartir sur le territoire le temps médical que les réformes du numerus clausus et des docteurs juniors vont bientôt libérer. L’exécutif change donc de cible. La priorité devient de labelliser «5000 maisons France santé d’ici 2027» », relève la journaliste.