« Un trou béant » : situation critique pour de nombreux Albigeois après le départ à la retraite d’un médecin généraliste
Publié le 30/10/2025 à 18:01 , mis à jour à 18:10 https://www.ladepeche.fr/2025/10/30/on-est-tous-tres-inquiet-le-depart-en-retraite-du-dernier-medecin-generaliste-laisse-un-trou-enorme-dans-ce-quartier-dalbi-13021676.php
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La pénurie médicale s’aggrave à La Renaudié. La dernière praticienne du secteur s’apprête à prendre une retraite bien méritée, laissant des centaines de patients sans solution. À Albi, 10 % de la population est désormais sans médecin traitant.
Installée depuis près de trente-six ans au cœur du quartier de la Renaudié, à Albi, la médecin généraliste Isabelle Salse prendra sa retraite le 31 décembre. Son départ marque la fin d’une époque pour de nombreux habitants, inquiets de voir disparaître bien plus qu’un simple cabinet médical.
« Mon mari est diabétique, il nécessite un suivi régulier, alors je suis très inquiète », confie une habitante du quartier. Pour le pharmacien Rémi Boudou, la perte est considérable : « Elle était extrêmement disponible, elle arrivait avant nous, repartait après nous. Elle va laisser un trou énorme dans le quartier. » Depuis des décennies, la docteure Salse incarnait un repère, un lien direct et humain pour les habitants du quartier.

Installée au 4 Place de la Renaudié depuis 1990, la médecin du quartier part en retraite, pour l’instant sans remplaçant.Laura Julien
Le vide qu’elle laisse risque d’avoir des conséquences concrètes. « Il y a une grand-mère dans notre immeuble qui a du mal à se déplacer. Pour elle, c’était très pratique d’avoir sa médecin en bas de chez elle », témoigne une voisine. Dans ce quartier excentré, où les transports sont rares, un tel départ complique un peu plus l’accès aux soins. « Dans le reste de la ville, les cabinets acceptent rarement de nouveaux patients », constate encore Rémi Boudou.
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Dans la salle d’attente, l’inquiétude est partagée. « On ne comprend pas pourquoi il n’y a pas de remplaçant ; elle a pourtant une énorme patientèle. » Les habitants se tournent vers la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du Grand Albigeois, déjà submergée. Depuis septembre, elle a reçu près d’une cinquantaine d’appels : 24 patients ont été réorientés, 28 restent sur liste d’attente. « Pour ce secteur-là, ça devient très compliqué, même si la situation est tendue partout », reconnaît Élisabeth Vaxelaire, directrice de la CPTS.
D’autres tentent leur chance dans les communes voisines, sans plus de succès. « Le cabinet médical de Saint-Juéry s’est déjà bien rempli après le départ de l’ancien médecin d’Arthès », note le pharmacien de la Renaudié. Les places se font rares, et les habitants redoutent de se retrouver sans suivi.
10 % des Albigeois n’ont pas de médecin traitant
LLe constat est implacable : près de 5 000 Albigeois, soit 10 % de la population, n’ont aujourd’hui aucun médecin traitant. « Comme elle était seule et que les médecins préfèrent désormais exercer en structures pour se relayer, il est difficile d’attirer de nouveaux praticiens ici », analyse Rémi Boudou. La mairie tente d’inverser la tendance en misant sur des pôles de santé pluridisciplinaires, censés rendre le territoire plus attractif.
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En attendant, les solutions d’urgence se multiplient. Une cabine de téléconsultation a été installée à la pharmacie de la Renaudié. Le centre de consultations des médecins retraités albigeois, au 26 rue Porte Neuve, accueille du lundi au vendredi, de 8 h 30 à 12 h 30 et de 14 h à 18 h, avec ou sans rendez-vous. Onze médecins retraités, dont un pédiatre, y assurent les permanences, recevant jusqu’à 1 200 patients par mois.
Mais ces dispositifs ne sont qu’un pansement sur une plaie plus profonde. Pour les patients atteints de maladies chroniques, le rôle du médecin traitant reste irremplaçable.