ÉCRYPTAGE. Pourquoi la ville d’Albi met fin à sa régie municipale agricole et lance un appel à projets pour trouver de nouveaux maraîchers
Publié le 29/10/2025 à 18:01 https://www.ladepeche.fr/2025/10/29/decryptage-pourquoi-la-ville-dalbi-met-fin-a-sa-regie-municipale-agricole-et-lance-un-appel-a-projets-pour-trouver-de-nouveaux-maraichers-13017819.php
l’essentiel
C’est un nouveau revirement dans la gestion de la zone maraîchère de Canavières à Albi. Après avoir décidé de cultiver en propre ses terres agricoles, la ville met fin à l’expérience et tente d’installer de nouveaux maraichers. Retour à la case départ.
L’expérience n’aura pas duré très longtemps. Après un peu plus d’une année d’existence, la ville a décidé de mettre un terme à la régie municipale de maraîchage à Canavières.
En avril 2024, la ville avait décidé de reprendre les terres en régie à la suite de la cessation d’activité de la Landelle, qui était un des fournisseurs principaux de la cuisine centrale. L’association faisait partie des maraîchers installés par la ville sur la plaine de Canavières. En effet, depuis 2014, la municipalité a décidé d’y relancer le maraîchage. À l’époque, le projet est ambitieux. Il est même question d’arriver à « l’autonomie alimentaire en 2020 ».
Ainsi, en 2016, une zone d’aménagement différé est créée et la ville se met à acheter les terrains disponibles afin d’y installer des maraîchers. Malheureusement, la grande majorité n’arrivent pas à perdurer dans le temps pour différentes raisons. « On a eu des désillusions », avoue la maire, Stéphanie Guiraud-Chaumeil.
Alors, face aux difficultés pour installer des maraîchers durablement, la ville a donc décidé de reprendre les terres en régie en 2024. Elle répondait ainsi au besoin de sa cuisine centrale, dont La Landelle était un des plus fournisseurs, qui produit 4 000 repas par jour et qui ne cesse de se développer. Pour la cuisine, la ville veut des légumes bios. Une demande de label Ecocert avait été déposée afin de produire des légumes bios. Autre avantage, les plantations pouvaient se faire en fonction des demandes des cuisiniers, comme le panais, les vieux légumes ou des variétés de tomates anciennes, ou encore des lentilles et des pois chiches. Enfin, la ville mettait en avant le bilan carbone « exceptionnel » d’une telle expérience et ne « s’interdisait rien » quand à l’avenir.
« Pas vocation à durer »
Plus d’un an plus tard, l’expérience prend donc fin. Du côté de la ville, on assure que la fin de cette régie était dans l’ordre des choses. « Cette régie n’avait pas vocation à durer. Nous avons pallié à un souci (l’arrêt de la Landelle). L’objectif est d’installer des acteurs comme le Jardin d’André », explique Jean-Michel Bouat, l’élu en charge du dossier.
Dans ce cadre, un appel à manifestation d’intérêts va être lancé. En continuant à acheter des terres, elle a réussi à former deux ensembles de terres continues, accessibles et potentiellement irrigables. La dispersion des terres et l’absence d’eau étaient le principal problème. La première fait cinq hectares et est destinée à l’exploitation de maraîchage diversifié et d’arboriculture. L’autre, de sept hectares, est destinée à l’activité de maraîchage de type légumier.
Les porteurs de projets pourront bénéficier d’un accompagnement technique, administratif et économique dans le cadre d’un partenariat avec la chambre d’agriculture. Reste à savoir si cette nouvelle tentative réussira.
Articles antérieurs
Pourquoi la ville d’Albi va produire ses propres légumes
Agriculture, Tarn, Urbanisme – Aménagement
Publié le 15/04/2024 à 19:01 https://www.ladepeche.fr/2024/04/15/pourquoi-la-ville-dalbi-va-produire-ses-propres-legumes-11892846.php
Pourquoi la ville d’Albi va produire ses propres légumes
La ville effectue actuellement les plantations DDM – DDM- MARIE PIERRE VOLLE
Agriculture, Tarn, Urbanisme – Aménagement
Publié le 15/04/2024 à 19:01
l’essentiel
Désormais la cuisine centrale sera en partie alimentée par des légumes produits par les agents municipaux. Après l’arrêt de la Landelle, la ville a décidé de lancer une régie de production sur Canavières.
« À la fin de l’année, on fera le bilan », souligne Jean-Michel Bouat, adjoint au maire à l’agriculture urbaine. Mais jusqu’au 31 décembre, la mairie vient d’ajouter une nouvelle corde à son arc : le maraîchage. Désormais, ce sont les employés municipaux qui cultivent une partie de la plaine de Canavières. Une activité au final pas si différente pour le service du patrimoine végétal. Au lieu de cultiver des fleurs, ils cultivent des légumes. Cela reste des végétaux. D’ailleurs, à part un dérouleur, la ville n’a pas eu besoin d’acheter de matériel.
Pourquoi ce tournant ? À cause de la cessation d’activité soudaine de la Landelle. L’association était un des plus gros fournisseurs de la cuisine centrale. Dans un premier temps, les semis et les plants ayant été engagés, il a fallu trouver une solution. Ce sont les élus et les personnels de la ville qui ont ramassé les légumes. « Nous n’avons rien perdu de ce qui avait été mis en œuvre par la Landelle », se félicite l’élu.
À lire aussi : Albi. Mais que se passe-t-il dans la plaine maraîchère de Canavières ?
Restait la suite. Face aux difficultés pour installer des maraîchers durablement, la ville a donc décidé de rependre les terres en régie. Elle en a besoin pour le fonctionnement de sa cuisine centrale, qui produit aujourd’hui 4 000 repas par jour et qui ne cesse de se développer. « La régie est un super outil. Cela ne s’est jamais démenti. On a de plus en plus de services intégrés en régie », souligne Jean-Michel Bouat.
Pour cuisine, la ville veut des légumes bios. Or, aujourd’hui, c’est plus compliqué à trouver avec la crise que traverse la filière. Dans ce cadre, un dépôt de label Ecocert a été déposé. Enfin, continuer à produire les légumes sur place offre un bilan carbone « exceptionnel ». D’autant plus que les terres ne sont pas mécanisées !
À lire aussi : Canavières : la ville continue d’étendre la zone de maraîchage
Autre avantage : elle va pouvoir produire en fonction de la demande de la cuisine. Comme le panais, les vieux légumes ou des variétés de tomates anciennes. Ou encore des lentilles et des pois chiches. « C’est le jardin maraîcher de la cuisine centrale qui se met en place », conclut l’élu.
Néanmoins, la ville compte toujours installer des maraîchers privés sur la plaine. « Nous avons d’autres sites si on trouve un acteur », souligne Jean-Michel Bouat. Au total pas moins de 20 hectares de terres, bientôt.
Pour produire ses légumes, la ville a donc embauché quatre personnes dont l’ancien chef de culture de la Landelle.
À lire aussi : Plaine de Canavières : une démarche innovante ou un échec ?
Les plantations ont été effectuées : 700 batavias, 180 pieds de courgettes, 800 de blettes, 600 de tomates. Si cette année, les plants ont été achetés, dans l’avenir, la ville va produire ses propres semences. L’achat du domaine Vigné et de ses serres permettra de les faire pousser.
À terme, il pourra aussi y avoir d’autres modes de faire-valoir que la cuisine centrale. « On ne s’interdit rien », conclut l’élu.
Plaine de Canavières : une démarche innovante ou un échec ?
ABONNÉS
LA MAIRE A MONTRE LES PHOTOS DES TERRAINS DDM – EMILIE CAYRE
Publié le 13/02/2024 à 07:01 https://www.ladepeche.fr/2024/02/13/plaine-de-canavieres-une-demarche-innovante-ou-un-echec-11761335.php
l’essentiel
Hier soir, les élus ont voté l’achat de nouvelles terres maraîchères à Canavières. Un vote qui a donné lieu à un débat sur le projet d’autonomie alimentaire, développé par la ville.
Décidément, ils ne seront jamais d’accord. Même quand ils votent ensemble la délibération et qu’ils préconisent des solutions similaires, opposition de gauche et majorité se déchirent sur les analyses. Hier soir, comme on pouvait s’y attendre, l’acquisition d’un ensemble immobilier à Michel Vigné à Canavières a donné lieu à débat au conseil municipal. Non par sur l’achat par la ville de ces 3 hectares, les deux groupes ont voté pour. Mais sur le fait de savoir si la politique d’autonomie alimentaire menée par la ville depuis 2014 est une démarche innovante ou un échec.
Pour une partie de l’opposition de gauche c’est un échec. « Dix ans après, il faut tout reprendre à zéro. L’autonomie alimentaire est une illusion vendue par des communicants » dénonçait Jean-laurent Tonicello, qui rappelait que tous les maraîchers implantés par la ville avaient fini par abandonner. Ce à quoi, il faut ajouter les difficultés de la Landelle (eux principalement dus à la politique des aides aux structures d’insertion).
À lire aussi : Les jardins de la Landelle confrontés à des problèmes financiers
Face à ces échecs, le collectif proposait de créer un pôle maraîchage sur la zone en régie municipale afin de fournir la cuisine centrale. « Quand tous les acteurs arrêtent, c’est bien qu’il y a un problème global », constatait l’élu.
À lire aussi : Albi. Mais que se passe-t-il dans la plaine maraîchère de Canavières ?
Si Jean-Michel Bouat, l’adjoint en charge du dossier, reconnaissait du bout des lèvres ces arrêts « liés aux vicissitudes de la vie », la maire, Stéphanie Guiraud-Chaumeil, avait une autre analyse. Elle rappelait que la ville n’avait pas forcément installé les bonnes personnes. Des utopistes. « Mais, le maraîchage c’est compliqué, la terre est basse ». D’autres, dont certains « amis » de l’opposition n’ont même pas exploité les terres que la ville avait mises à leur disposition. « Ils ont fait des décharges, ont accueilli des gens sur les parcelles. On leur a donné leur chance mais Ils n’étaient pas là pour développer du maraîchage ». Et de montrer les photos de l’état des terrains avant le passage des employés municipaux.
Enfin, il y a eu des vrais maraîchers comme Elise, qui » ont été confrontés à la réalité de la situation ». Obligés de s’arrêter parce que » le bio, c’est compliqué d’en vivre ».
À lire aussi : Étranglée financièrement, Elise arrête son activité de maraîchère après avoir nourri sainement les Albigeois pendant 3 ans
Néanmoins, la maire tient à rappeler que cette démarche a le mérite » d’être innovante, de préserver les terres et de les rendre aux maraîchers. Nous avons réussi à recomposer l’espace hectare après hectare ». Mais, elle a admis que la démarche avait « besoin de réglages ».
« Tout est sur la table. Nous allons essayer de trouver des solutions pour cette année. Et de redémarrer sous d’autres formes. Mais nous ne renoncerons pas. Nous continuerons à développer la zad », indiquait peu avant Jean-Michel Bouat. Une façon d’annoncer une reprise par les employés municipaux ? Un peu comme une régie…
Voir aussi: