Activités et personnels des services de PMI fin 2023 (Document)
29/10/2025
Émis par : Drees
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) met à disposition les dernières données nationales et départementales sur l’activité des services départementaux de protection maternelle et infantile (PMI) de 2020 à 2023, issues de l’enquête Aide sociale auprès des conseils départementaux, menée chaque année.
Le service de PMI est un service départemental, placé sous l’autorité du président du conseil départemental. Il organise notamment des consultations et des actions médico-sociales de prévention et de suivi en faveur des femmes enceintes, des parents et des enfants de moins de 6 ans, ainsi qu’en matière de promotion de la santé sexuelle.
Consultations et visites à domicile infantiles constituent près de 59 % de l’activité à portée individuelle des services de PMI
Fin 2023, près de 1 117 000 consultations dans les 4 500 points de consultations répartis en France et 541 500 visites à domicile (VAD) destinées aux enfants de moins de 6 ans ont été réalisées par les professionnels des services de PMI[1]. Elles représentent près de 59 % de l’activité, à portée individuelle, réalisée au cours de l’année, devant celle en lien avec la promotion de la santé sexuelle (consultations et entretiens représentant 29 % de l’activité) et les consultations et VAD destinées aux (futures) mères (13 %).
Dans un contexte d’une baisse de 6,7 % du nombre des naissances entre 2022 et 2023 et d’une baisse de 2,4 % de la part des moins de 6 ans dans la population générale au cours de la même période, le nombre de consultations infantiles progresse en 2023, le nombre de VAD, lui, diminue, et finalement le niveau total de l’activité (à portée individuelle) auprès des moins de 6 ans est quasi identique à celui de 2022. Le nombre de consultations en santé sexuelle augmente, lui, de 3,1% mais celui des entretiens baisse de 7 % (soit près de 21 400 entretiens de moins réalisés en un an). Enfin, consultations et VAD maternelles ont respectivement progressé de 4,5 % et 2,5 % en un an.
L’activité des services ramenée aux populations cibles est hétérogène selon les départements
Ce sont respectivement 271 consultations et 131 VAD pour 1 000 enfants âgés de moins de 6 ans qui ont été réalisées en 2023. Néanmoins ces ratios varient sensiblement selon les collectivités. Ces taux de consultations et de VAD sont respectivement supérieurs à 329 ‰ et 179 ‰ pour un quart des départements et inférieurs à 165 ‰ et 96 ‰ pour un autre quart.
Le rapport interquartile[2] varie du simple au double pour les consultations comme pour les VAD infantiles. En 2023, au niveau national, 301 consultations maternelle et 244 VAD pour 1 000 accouchements ont été réalisés.
Le rapport interquartile varie respectivement de 3,7 et 3. Enfin concernant l’activité relative à la promotion de la santé sexuelle, le rapport interquartile varie davantage pour les entretiens (3,7) que pour les consultations (2,7), avec des taux nationaux qui s’établissent respectivement à 37 consultations pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans[3] et 19 entretiens pour 1 000 femmes de cette même tranche d’âge.
Les puéricultrices constituent 45 % des ETP des principaux personnels des services de PMI
Cette activité est rendue possible par l’exercice des professionnels exerçant dans les services de PMI. Fin 2023, ils sont près de 10 900 en équivalents temps plein (ETP). Si les effectifs totaux sont stables en niveau au cours de la dernière décennie, la représentation des différents professionnels a elle sensiblement varié. La part des puéricultrices a gagné 5 points sur cette période ; elles représentent ainsi, fin 2023, 4 900 ETP, soit 45 % des effectifs totaux. Parallèlement, les médecins constituent 13 % de la totalité des principaux ETP exerçant dans les services de PMI, contre 19 % dix ans plus tôt.
Notes :
[1] Hors Mayotte, dont les données collectées sont partielles et diffusées uniquement dans les données brutes, telles que déclarée par les collectivités.
[2] Le rapport interquartile se définit comme le rapport entre le 3ème quartile (25 % des collectivités se situant au niveau ou au-delà de la valeur) et le 1er quartile (25% des collectivité se situant au niveau ou en-deçà de la valeur). Ce rapport permet ici d’apprécier l’ampleur des écarts entre 25 % des départements ayant les valeurs les plus basses et 25 % des territoires ayant les valeurs les plus hautes.
[3] Les entretiens peuvent également être destinés aux hommes ou aux couples, néanmoins, les femmes étant très largement majoritaires dans le public reçu, il a été choisi de normer les ratios sur la catégorie des femmes âgées de 15 à 49 ans.
Pour en savoir plus :
- Des données brutes déclarées par les conseils départementaux sont disponibles sur le site open data de la Drees.
Consulter les publications :
- Amrous N. (2022, mars). Protection maternelle et infantile (PMI) : un recul de l’activité et une forte baisse des effectifs de médecins entre 2016 et 2019. Drees, Études et résultats, 1227.
- Amar E., Borderies F. (2015, avril). Les services de PMI : plus de 5 000 sites de consultations en 2012. Drees, Études et résultats, 913.
Sources, outils & enquêtes
L’enquête Aide sociale auprès des conseils départementaux
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« Il faut donner une nouvelle jeunesse à la protection maternelle et infantile »
Tribune
Ce service public de prévention, en déshérence, faute notamment d’un investissement politique et financier suffisant par les pouvoirs publics, doit être revitalisé pour lutter contre la hausse inquiétante du taux de mortalité infantile en France et contre les inégalités de santé, alerte un collectif de professionnels dans une tribune au « Monde ».
Publié aujourd’hui à 14h00 https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/10/31/il-faut-donner-une-nouvelle-jeunesse-a-la-protection-maternelle-et-infantile_6650604_3232.html
Temps de Lecture 4 min.
Il y a juste 80 ans, dans la foulée de la Sécurité sociale, étaient créées la santé scolaire et la protection maternelle et infantile (PMI), deux services publics de prévention universelle à destination des bébés, des enfants et des jeunes. L’ordonnance du 2 novembre 1945 instituant la PMI précisait alors dans son préambule : « La mortalité infantile atteint aujourd’hui en France des chiffres si alarmants que des mesures rigoureuses doivent être prises immédiatement pour l’enrayer. Depuis quarante ans, des efforts persévérants avaient fait tomber la mortalité infantile des enfants de moins d’un an de 15 à 6,5 % en 1938. Depuis cette date, la mortalité infantile a cessé de décroître et a même dangereusement remonté. (…) C’est pour la France une question de vie ou de mort de l’enrayer dans le plus bref délai. »
A la sortie de la guerre, en 1945, le taux de mortalité infantile (nombre de décès d’enfants de moins d’un an rapporté au nombre de naissances vivantes) atteignait en effet 11,4 % : un nombre considérable, puisqu’un enfant sur dix mourait donc avant l’âge d’un an. Après la création de la PMI, sous l’effet de mesures associant soins et prévention, et dans un contexte de progrès économique et social, le taux de mortalité infantile va ensuite reculer, pour atteindre 0,35 % en 2014. Devant de tels succès, de nombreux pays se sont inspirés du modèle français de PMI qui associe suivi avant et après la grossesse, activités de consultation et visites à domicile, gratuité et accompagnement pluridisciplinaire.
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Cependant, depuis 2014, le taux de mortalité infantile a remonté pour atteindre 0,41 % en 2024, représentant 2 700 bébés décédés cette année-là. La France, qui se situait au 3e rang des pays de l’Union européenne en matière de mortalité infantile en 1996, se situe dorénavant au 22e rang. Ce recul doit être considéré comme un véritable signal d’alarme, tant la mortalité infantile « est un indicateur-clé de la santé de la population, étant donné sa forte relation avec le développement socio-économique et la qualité des soins préventifs et curatifs existants dans le pays » (Inserm, 2022).
Vocation préventive
Les professionnels de la grossesse et de la petite enfance sont bien conscients du rôle des déterminants sociaux devant cette évolution péjorative de la mortalité infantile. Une toute récente étude parue dans le British Medical Journal montre ainsi que cette hausse de la mortalité infantile et néonatale touche presque deux fois plus souvent les bébés nés dans les catégories sociales défavorisées que ceux issus de familles les plus favorisées. Et les hypothèses explicatives renvoient pour partie à des facteurs accessibles à la prévention et à un meilleur accès aux soins durant la grossesse.
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La PMI a précisément une vocation préventive qui s’inscrit dans une logique d’universalisme proportionné, s’adressant à tous mais avec des intensités de réponse adaptées aux situations concrètes et au gradient social. Elle est donc en mesure de contribuer à la lutte contre les inégalités de santé et à leurs effets quant à l’excès de mortalité infantile dans les milieux socialement précarisés.
Ce service public de santé, dont de nombreux rapports officiels ont reconnu la pertinence médicale et sociale, souffre cependant d’un désengagement des pouvoirs publics. Ainsi, la députée Michèle Peyron, dans son rapport parlementaire de 2019, indiquait que « l’efficience de la prévention précoce est bien établie scientifiquement et que la PMI constitue un levier de prévention adapté pour réduire les inégalités sociales de santé », mais qu’« au fil de l’eau, et sans un sursaut des pouvoirs publics, la poursuite des évolutions observées pourrait aboutir à une extinction de la PMI dans la majorité des départements d’ici une décennie ».
En première ligne
La PMI est aujourd’hui véritablement étranglée, même si certains départements la soutiennent résolument. Entre 2010 et 2022, le nombre de médecins en PMI a baissé de 38 % et celui des psychologues de 20 %, tandis que l’activité de consultations médicales et de visites à domicile de puéricultrices et de sages-femmes a chuté de près de 50 % en 30 ans, faute notamment d’investissement politique et financier par les pouvoirs publics. Pourtant, outre sa contribution dans la lutte contre les inégalités de santé par l’accès aux soins et par « l’aller vers » les populations les plus éloignées des services de santé, la PMI est en première ligne dans de nombreux domaines pour promouvoir la santé de tous : dépistage et orientation des troubles du développement et des troubles psychiques des jeunes enfants, éducation à la santé (hygiène, alimentation, écrans, santé environnementale…), suivi médical et accompagnement périnatals, soutien à la parentalité et à la qualité des modes d’accueil, promotion de la santé sexuelle, etc.
La feuille de route gouvernementale présentée lors des Assises de la pédiatrie de 2024 prévoyait des mesures pour revitaliser la PMI mais, dix-huit mois plus tard, aucune n’a été mise en œuvre. Donner une nouvelle jeunesse à ce dispositif est un impératif de santé publique. Cela passe par un financement accru des services de PMI, qui représente actuellement environ 0,2 % de la dépense nationale de santé, par une gouvernance nationale conjointe du ministère de la santé et des départements de la politique de PMI, par des normes minimales d’effectifs pour l’exercice des missions, par une meilleure attractivité des statuts et rémunérations et une plus grande pluridisciplinarité des équipes de PMI. Il est urgent de dépasser la seule écriture d’une « feuille de route » pour paver véritablement le chemin de refondation de la PMI, et fêter ses 80 ans au bénéfice de la santé des bébés, des enfants, des jeunes et des familles.
Signataires : Peggy Alonso, puéricultrice, Association nationale des puéricultrices(teurs) diplômé(e)s et des étudiant(e)s ;Christelle Bénard, psychologue, Association nationale des psychologues pour la petite enfance ; Ophélie Berger, médecin, Syndicat national des médecins de PMI ; Micheline Boivineau, sage-femme, Association nationale des sages-femmes territoriales ; Stéphanie Chiffoleau, puéricultrice, Association nationale des puéricultrices (teurs) diplômé(e)s et des étudiant(e)s ; Cécile Garrigues, médecin, Syndicat national des médecins de PMI ; Géraldine Goure, psychologue, Association nationale des psychologues pour la petite enfance ; Pierre Suesser, médecin pédiatre, Syndicat national des médecins de PMI ; Chantal de Vitry, sage-femme, Association nationale des sages-femmes territoriales. Tous représentent la plate-forme Assurer l’avenir de la PMI https://assureravenirpmi.org