Un grenelle de l’agriculture en Occitanie

Coraé : une concertation pour définir une vision commune de l’agriculture en Occitanie

Mettre tous les acteurs autour de la table dans un format Grenelle de l’environnement et y associer un panel citoyen, telle est la démarche lancée en Occitanie par l’Inrae et la chambre d’agriculture afin de partager une vision et des solutions concrètes.

Agroécologie  |  Aujourd’hui à 11h17  https://www.actu-environnement.com/ae/news/agriculture-climat-eau-filieres-occianie-recherche-corae-consultation-47004.php4

|  S. Fabrégat

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Coraé : une concertation pour définir une vision commune de l'agriculture en Occitanie

© mikeosphotoL’agriculture est un secteur économique important pour la région, particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique.

Changement climatique, souveraineté alimentaire, renouvellement des générations… Alors que l’agriculture fait face à de nombreux défis, l’Inrae et la chambre d’agriculture régionale lancent en Occitanie un exercice inédit : une concertation de plusieurs mois pour établir une vision commune des enjeux et solutions à mettre en œuvre localement pour l’agriculture de demain. « L’Occitanie est particulièrement marquée par le changement climatique et l’agriculture est face à des défis existentiels. Il est essentiel que la recherche se mette à l’écoute des attentes, des besoins des agriculteurs et de l’ensemble des acteurs dans le domaine de l’alimentation », souligne Pierre-Benoit Joly, président du centre Inrae Occitanie Toulouse.

L’idée : mettre autour de la table l’ensemble des parties prenantes dans un format de type Grenelle de l’environnement et y associer des panels de citoyens, chercheurs et agriculteurs. « Nous avons besoin de travailler de manière collective pour répondre aux défis futurs, explique Denis Carretier, président de la chambre d’agriculture régionale. On a la volonté et l’ambition de redonner des perspectives et de l’espoir, en rapprochant la recherche et le terrain. »

L’agriculture est un secteur économique important pour la région, particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique. « La place de l’agriculture dans cette région est particulière, avec une grande diversité de territoires, de terroirs et de productions. Elle subit une confrontation au changement climatique avant les autres régions françaises, la nature nous le rappelle chaque année de façon un peu plus violente. Cela nous met tous dans une certaine forme d’obligation », estime Vincent Labarthe, vice-président chargé de l’agriculture au conseil régional.

Plusieurs mois de travaux

Pendant plusieurs mois donc, six collèges (agriculture, filières, élus et collectivités, acteurs publics, association, scientifique et technique) plancheront à la fois sur le diagnostic, l’identification des enjeux et des sujets orphelins, celle des travaux de recherche existants, en cours ou à lancer et la manière de les transférer sur le terrain et les massifier. Y seront associés trois panels constitués respectivement de citoyens, d »agriculteurs et de chercheurs. Le tout supervisé par un comité de pilotage auxquels seront associés les instituts techniques, les agences de l’eau, les organismes de formation.“ L’idée est d’être source de propositions qui pourront être retenues par les acteurs ”Pierre-Benoit Joly, Inrae Occitanie Toulouse

En ligne de mire, la définition d’une vision commune qui sera présentée en juin ou en juillet 2026 à l’occasion d’un forum régional sur la recherche, l’agriculture et l’environnement en Occitanie. « Il s’agira de définir collectivement les priorités en termes de recherche et d’innovation », explique Denis Carretier. « C’est une consultation tournée vers l’impact : créer une vision commune sur les défis, identifier des priorités pour la recherche et innovation et proposer des projets opérationnels », résume Pierre-Benoit Joly. Ces travaux contribueront également à l’élaboration de la feuille de route sur l’innovation de la chambre d’agriculture et le document d’adaptation de la stratégie régionale de recherche de l’Inrae.

L’objectif est bien de faire aboutir des solutions et projets de terrain, à l’instar d’Oracle, l’observatoire régional du changement climatique autour de l’agriculture. « Oracle a permis d’identifier de quoi on parlait exactement, de définir des indicateurs de fiabilité. On sait désormais que l’augmentation de température est de 1,81 °C localement. Cela nous a permis de disposer de paramètres pédoclimatiques et d’indicateurs d’adaptation (dates de semis…) », explique Pierre Colin, agriculteur et référent énergie-climat à la chambre d’agriculture régionale. « Coraé ne va pas répondre à toutes les questions. Les problèmes auxquels font face les agriculteurs sont nombreux, parfois dramatiques et certains nécessitent des réponses urgentes. En revanche, ces territoires nécessitent d’entrer dans une reconstruction et auront besoin de toutes les capacités de recherche et d’innovation. L’idée est d’être source de propositions qui pourront être retenues par les acteurs », explique Pierre-Benoit Joly.

Lever les tabous et recréer du lien

La gestion de l’eau, l’avenir de la viticulture, le lancement de nouvelles filières… « Il faudra que tous les sujets puissent être mis sur la table, nous n’aurons pas de tabou. Il faudra aussi aborder les sujets conflictuels. Nous souhaitons organiser des débats de fond sur ces questions et organiser des discussions civiques et rationnelles, sans posture », insiste le président du centre Inrae Occitanie Toulouse.

L’objectif est aussi de recréer des ponts, à un moment où les tensions sont exacerbées. « Il y a un écart grandissant entre une fraction du monde agricole et le monde de la recherche. Les mouvements agricoles de 2024 et 2025 ont démarré en Occitanie, souligne Tamara Ben Ari, chargée de recherche à l’Inrae. Nous avons pu entendre des paroles fortes, comme au Sénat où il a été dit que l’Inrae coûte cher (1 milliard d’euros) et ne sert à rien. Ces paroles nous ont secoués en tant que scientifiques. La question est comment lutter contre cet écart grandissant et retisser du lien », interroge la chercheuse. Et de rappeler que récemment, le département de l’Agriculture américain a été amputé d’une partie de ses capacités de recherche sur le changement climatique et la gestion des risques.

Sophie Fabrégat, journaliste
Cheffe de rubrique énerg

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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