Des politiques publiques qui oscillent entre déni et irresponsabilité pour les impacts du changement climatique sur la santé.

Santé et environnement : un diagnostic mondial toujours plus préoccupant

Malgré les progrès de la science et de la connaissance, les impacts du changement climatique sur la santé des populations continuent d’augmenter.

En cause : des politiques publiques qui oscillent entre déni et irresponsabilité.

Risques  |  Aujourd’hui à 00h01  | https://www.actu-environnement.com/ae/news/bilan-sante-environnement-Lancet-Countdown-2025-47007.php4#ntrack=cXVvdGlkaWVubmV8Mzg3OQ%3D%3D%5BNDExMDgz%5D

 N. Gorbatko

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Santé et environnement : un diagnostic mondial toujours plus préoccupant

© iri.madrid.artEntre 2012 et 2021, l’augmentation des températures avait provoqué le décès de plus d’un demi-million de personnes, en moyenne, par an.

Alors que Donald Trump tente simultanément de décrédibiliser la réalité du changement climatique et de réduire à néant les actions des agences fédérales américaines de santé, les manifestations du réchauffement de la planète se font sentir de manière toujours plus alarmante. Dans l’édition 2025 de son suivi des risques et des effets du changement climatique sur la santé à l’échelle mondiale (Countdown), publié ce mercredi 29 octobre, par exemple, le Lancet aligne les records négatifs pour une grosse majorité de ses indicateurs.

Entre 2012 et 2021, l’augmentation des températures avait déjà provoqué le décès de plus d’un demi-million de personnes, en moyenne, chaque année, rappellent ses experts. Mais, depuis, le nombre de jours de canicule potentiellement mortel s’est considérablement accru, passant de quelques jours à près d’une vingtaine. Le taux d’exposition des nourrissons de moins d’un an a ainsi augmenté de 389 % chaque année en moyenne, entre 2020 et 2024, par rapport aux années 1986-2005. Pour les seniors de plus de 65 ans, il s’est élevé de 304 %.

Si ces deux catégories de population se montrent particulièrement vulnérables à l’élévation du niveau du thermomètre, celle-ci affecte plus ou moins gravement l’ensemble des individus. « À partir d’une certaine température, le corps peut avoir du mal à réguler, il ne peut plus transpirer ou il transpire trop, a expliqué, lors du dernier salon Pollutec, Christian Clot, fondateur, de l’Human Adaptation Institute qui expérimente in situ les réponses de l’organisme soumis à des conditions extrêmes. Le système de digestion, les reins… Toute la physiologie est impactée. »

Les vulnérabilités exarcerbées

Les vagues de chaleur provoquent notamment des infarctus du myocarde, mais elles exacerbent aussi les symptômes et des effets des maladies chroniques : respiratoires, comme l’asthme ou la bronchopneumopathie chronique obstructive, dégénératives, comme Alzheimer ou la sclérose en plaques, et même la schizophrénie, précise Basile Chaix, coordinateur scientifique du programme d’impulsion Changement climatique et santé de l’Inserm, également présent à Pollutec. Les femmes enceintes risquent aussi de donner naissance à des bébés prématurés, quel que soit le mois de leur exposition.

En parallèle, la hausse forte des températures augmente le nombre des accidents du travail, des accidents de la route, le risque de suicide et, de manière plus générale, toutes les manifestations de violences : domestiques par exemple, mais également tueries de masse. « Le cerveau constitue 2 % de la masse corporelle, mais il utilise 20 à 30 % de notre énergie, analyse Christian Clot. Quand il est en surchauffe, il arrête certaines fonctions non vitales : la mémoire, l’activité physique, puis les fonctions sociales qui utilisent énormément d’énergie. »

Du stress et des infections

Mais il ne s’agit ici que la partie émergée de l’iceberg : les liens entre changement climatique et santé impliquent en effet un réseau causal très vaste, comprenant différentes expositions environnementales interconnectées, des événements climatiques extrêmes de différents types, divers mécanismes d’influence, détaille Basile Chaix. Ils se traduisent donc par une variété d’effets sur la santé dont la liste s’allonge progressivement.

L’évolution des conditions climatiques accroit par exemple l’anxiété, mais aussi le risque de transmission de maladies infectieuses potentiellement mortelles comme les pathologies dues aux tiques, la leishmaniose ou la dengue, qui a touché 7,6 millions d’individus au début de l’année 2024. « En France, nous avons passé le cap des 300 cas de chikungunya non importés et on n’est qu’au début de l’histoire », prévient Catherine Touvry, directrice générale d’Harmonie Mutuelle.

En 2023, les canicules et les sécheresses ont par ailleurs plongé 123,7 millions de nouvelles personnes dans l’insécurité alimentaire par rapport aux années 1981-2010, indique le Lancet Countdown. Une situation qui s’installe : en 2024, 61 % de la surface terrestre mondiale a été victime de sécheresse : du jamais vu. Les incendies de forêt, de leur côté, produisent des particules fines (PM2,5). En 2024, elles ont été à l’origine de 154 000 décès.

Climat et santé : quelques chiffres français

En 2024, les Français ont été exposés à douze jours de canicule chacun, en moyenne. Leur exposition à la chaleur a entraîné une perte de 90 millions d’heures de travail potentielles, 111 % de plus qu’entre 1990 et 1999. La chaleur est à l’origine de plus de 3 000 décès par an et les particules fines issues des incendies de forêt de 700 morts prématurées environ. Le pays a aussi connu 2 700 cas d’infection au bacille de Vibrio, associée à des eaux plus chaudes et à la consommation de crustacés. En 2022, 45 300 décès ont été associés à une consommation insuffisante d’aliments végétaux nutritifs et 34 700 décès étaient attribuables à une consommation excessive de produits laitiers, de viande rouge et de viande transformée.

Les finances contaminées

Outre les perturbations sanitaires et les drames humains qu’il occasionne, le changement climatique impacte aussi l’économie : en amoindrissant la productivité des travailleurs, en augmentant leur absentéisme et en alourdissant les dépenses des systèmes de santé. Selon le Lancet Countdown, l’exposition à la chaleur a ainsi fait perdre 639 milliards d’heures de travail potentielles aux sociétés en 2024, 98 % de plus que la moyenne de 1990-1999, plus d’un milliard de dollars, près de 1 % du produit mondial brut. Ceci sans compter les 304 milliards de dollars de pertes liées aux événements extrêmes qui mettent les finances, les systèmes de santé et les assurances à très rude épreuve.

En dépit de ces constats, la priorité accordée à l’action contre le changement climatique dans les programmes politiques recule drastiquement. Les mentions de la santé et du changement climatique dans les déclarations des gouvernements lors du débat général annuel des Nations unies sont passées de 62 %, en 2021, à 30 %, en 2024, chiffrent les experts du Lancet Countdown. « Cet engagement reste principalement le fait des pays les moins responsables du changement climatique, mais les plus touchés par celui-ci, tandis que l’engagement diminue dans certains des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre du monde. »

Des raisons d’espérer

Outre les États-Unis, certains pays comme l’Argentine et la Hongrie ont adopté des positions d’obstruction, tandis que d’autres ont « seulement » renoncé à leurs engagements. Ce manque de volonté se traduit par ricochet de différentes manières : par des retards dans l’accès à une énergie propre qui fait perdurer l’usage de combustibles polluants pour l’atmosphère et les décès qui lui sont liés par exemple, mais également par l’augmentation de l’alimentation à forte teneur en carbone et malsaine, source supplémentaire de surmortalité.

Le Lancet Countdown recense cependant quelques raisons d’espérer. La croissance du secteur des énergies propres est en cours, indique-t-il, permettant l’abandon du charbon. Un nombre plus important de villes accorde aussi la priorité à la protection de la santé dans le cadre de leurs actions contre le changement climatique tandis que les citoyens et les ONG se saisissent du sujet. Sous leur impulsion, la Cour internationale de justice a conclu, en juin 2025, à l’obligations légale des États de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Un an auparavant, les banques de développement avaient lancé une feuille de route pour le financement et l’action en matière de climat et de santé.

Enfin, un Plan d’action mondial sur le changement climatique et la santé a été adopté lors de la 78e Assemblée mondiale de la santé, sous l’égide de l’ONU. « Face aux menaces croissantes qui pèsent sur la vie et la santé des populations, il faut mettre tout le monde à contribution pour assurer une transition juste, équitable et protectrice de la santé. Il n’y a plus de temps à perdre », insistent les experts du Lancet Countdown.

Nadia Gorbatko, journaliste
Rédactrice spécialisée

« Selon un rapport du Lancet, l’inaction contre le changement climatique cause “des millions de morts” »

 Date de publication : 30 octobre 2025 https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=1e020f78c4524c2dd111750ae99d6cc5&id_newsletter=22730&liste=0&site_origine=revue_mediscoop&nuid=44baf5968540a6248a8065e80f2f7273&midn=22730&from=newsletter

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Le Figaro indique en effet : « Canicules, sécheresses, pollution aérienne… Les effets du réchauffement climatique sur la santé continuent à s’aggraver dans le monde, avec des millions de morts à la clé, prévient […] un rapport annuel publié par la revue médicale Lancet ».
Le journal évoque ainsi

 « le Lancet Countdown, rédigé chaque année à partir de l’état général des connaissances scientifiques par une centaine de chercheurs internationaux coordonnés par l’University College London, en lien avec l’OMS ».
Ses auteurs soulignent que « le changement climatique menace la santé à un niveau sans précédent ».


Le Figaro explique que « le rapport […] énumère de nombreuses conséquences de ce réchauffement, dangereuses pour la santé : vagues de chaleur – avec un poids particulièrement lourd pour les personnes âgées et les bébés -, sécheresses – qui mettent en danger l’alimentation de nombreuses personnes -, pollution aérienne, feux de forêts… ».


Le quotidien note que le document « propose des estimations précises de la mortalité liée à certains de ces phénomènes. Selon ses auteurs, une moyenne de 546.000 personnes sont mortes à cause de la chaleur chaque année entre 2012 et 2021, une nette hausse par rapport aux années 1990. La fumée des feux de forêts, elle, aurait causé 154.000 décès en 2024 ».


Le Figaro ajoute que « plus largement, la pollution aérienne en extérieur et liée aux énergies fossiles a causé plus de 2,5 millions de décès en 2022, selon le rapport. Il y a «chaque année des millions de morts évitables» à cause de l’inaction des États en matière de lutte contre le réchauffement climatique ».


Le journal note enfin que « les auteurs regrettent que les énergies fossiles restent fortement subventionnées par les États. […] Mais le rapport pointe un «retour en arrière» plus général au niveau des politiques publiques. Il évoque ainsi le recul de l’aide des pays riches au développement des plus pauvres, souvent essentielle pour l’adaptation au réchauffement climatique ».

Le coût humain et sanitaire toujours plus lourd du réchauffement climatique

Les experts du Lancet Countdown estiment que le nombre de morts liées à la chaleur dans le monde a augmenté de 23 % depuis les années 1990, en majorité en raison du changement climatique. 

Par Delphine RoucautePublié aujourd’hui à 05h55 https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/10/29/le-cout-humain-et-sanitaire-toujours-plus-lourd-du-rechauffement-climatique_6650110_3244.html?M_BT=53496897516380

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Une épaisse fumée provoquée par un incendie de forêt près de Pendeli, en Grèce, le 12 août 2024.
Une épaisse fumée provoquée par un incendie de forêt près de Pendeli, en Grèce, le 12 août 2024. ANGELOS TZORTZINIS / AFP

Les menaces sanitaires liées au changement climatique atteignent des niveaux sans précédent, alertent, mercredi 29 octobre, 128 experts du Lancet Countdown, dans la neuvième édition de leur évaluation annuelle portée par la revue britannique The Lancet.

« Le bilan sanitaire de cette année dresse un tableau sombre et indéniable des effets dévastateurs sur la santé partout dans le monde, avec des menaces record pour la santé dues à la chaleur, aux phénomènes météorologiques extrêmes et à la fumée des incendies de forêt, qui tuent des millions de personnes », avertit Marina Romanello, directrice exécutive de l’initiative à l’University College de Londres. Elle appelle à « mettre fin à notre dépendance aux combustibles fossiles » et à « améliorer notre capacité d’adaptation ».

Premier enseignement, les auteurs notent une augmentation de 23 % du nombre de morts liées à la chaleur depuis les années 1990, pour atteindre 546 000 décès par an en moyenne entre 2012 et 2021 – cette évaluation prend en compte la croissance de la population humaine et donc des populations vulnérables.

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C’est la première fois que les experts produisent un chiffre absolu des morts liées à la chaleur, grâce « aux efforts considérables déployés pour collecter des données quotidiennes, hebdomadaires et mensuelles sur la mortalité dans chaque pays », précise Marina Romanello, ce qui en fait « probablement la meilleure estimation à l’heure actuelle ». Globalement, 84 % des jours de canicule potentiellement mortels auxquels la population a été exposée chaque année entre 2020 et 2024 n’auraient pas eu lieu sans le changement climatique.

Stress thermique

En 2024, année la plus chaude jamais enregistrée, les chercheurs estiment qu’en moyenne chaque humain a été exposé au stress thermique lors d’une activité physique modérée en extérieur pour un nombre record de 1 609 heures, soit 35,8 % de plus que dans les années 1990. Cela a entraîné, en 2024, la perte de 639 milliards d’heures de travail potentielles (+ 98 % par rapport aux années 1990), avec des pertes de revenus équivalant à plus de 1 000 milliards de dollars (soit 857 milliards d’euros, près de 1 % du produit intérieur brut mondial).

« Nous sommes sur le point d’atteindre, à un rythme alarmant dans différentes parties du monde, les limites de basculement physiologique, où la combinaison de la température et de l’humidité auxquelles les personnes sont exposées rend la survie impossible pendant une durée d’exposition donnée », alerte Ollie Jay, directeur du Centre de recherche sur la chaleur et la santé à l’université de Sydney et contributeur du Lancet Countdown.

Parmi les autres estimations pour 2024, la pollution de l’air en particules fines due à la fumée des incendies de forêt a entraîné un nombre record de 154 000 morts. Sur l’année, 6,7 millions d’hectares de forêts tropicales primaires sont partis en fumée, générant plus de quatre fois les émissions de tous les voyages aériens en 2023, relevait en mai la plateforme Global Forest Watch. Par ailleurs, au niveau mondial, le potentiel moyen de transmission de la dengue, une maladie véhiculée par des moustiques dont l’activité est boostée par le réchauffement climatique, a augmenté de 49 % depuis les années 1950.

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Pour ce qui est de l’impact sanitaire de la pollution de l’air, les auteurs soulignent que 2,5 millions de morts sont provoquées, tous les ans, par le résultat de la combustion continue de l’énergie fossile. La grande majorité de ces morts sont liées à la pollution de l’air intérieur et à l’utilisation domestique de combustibles polluants et peu fiables, comme le charbon servant encore pour la cuisine et le chauffage dans de nombreux pays. « Les femmes et les enfants sont exposés de manière disproportionnée à ces stress environnementaux », rappelle Ollie Jay.

Soutien accru aux combustibles fossiles

Dans le même temps, les systèmes énergétiques nationaux restent très dépendants des combustibles fossiles, dont les prix sont très sensibles aux conflits géopolitiques. Près de 1 000 milliards de dollars de subventions nettes ont ainsi été alloués en 2023 aux combustibles fossiles, en lien avec la hausse mondiale du prix de l’énergie due à la guerre en Ukraine.

« Pendant quelques années, la courbe est restée stable et plate, et le soutien apporté par le secteur bancaire aux énergies fossiles a même diminué, mais, depuis l’année dernière, nous constatons une nouvelle augmentation, et nous atteignons à nouveau 600 milliards [de dollars] injectés dans l’économie chaque année », analyse Nadia Ameli, professeure de finance climatique au University College de Londres. Les chercheurs soulignent également que, en 2023, 15 pays ont dépensé davantage pour subventionner les énergies fossiles que pour la santé (Algérie, Angola, Azerbaïdjan, Bahreïn, Venezuela, Brunei, Egypte, Irak, Iran, Kazakhstan, Koweït, Libye, Arabie saoudite, Turkménistan et Ouzbékistan).

Malgré le désengagement de la cause climatique de plusieurs gouvernements, les Etats-Unis en tête, les experts mettent en avant l’impact positif de certaines initiatives. Ils estiment à 160 000 le nombre de vies sauvées chaque année grâce à la fermeture de centrales à charbon et à l’assainissement de l’air qui en résulte, tandis que la production d’énergie renouvelable atteint des sommets.

« Nous n’avons pas d’autre choix que de rester optimistes, suggère Niheer Dasandi, professeur de politique mondiale et de développement durable à l’université de Birmingham. Même si l’on considère un monde où le réchauffement atteint 2,7 °C au lieu de 3,4 °C, cela représente une énorme différence en termes d’impact sur la vie et la santé des populations. »

Delphine Roucaute

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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