Débat sur l’A380, pourquoi cet échec industriel ?

L’Airbus A380 « saboté » par les compagnies américaines ? C’est l’avis du patron d’Emirates pour expliquer l’échec industriel du géant des airs

La compagnie Emirates est le principal exploitant des Airbus A380, avec 116 exemplaires au sein de sa flotte.

Écrit parRobin Doreau

Publié le29/10/2025 à 11h54 https://france3-regions.franceinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/airbus-ressort-un-a380-stocke-depuis-trois-ans-pour-le-transforme-le-geant-des-airs-en-avion-d-essai-3227375.html

Temps de lecture : 3 mins

Occitanie

  • France3 Régions sur Facebook (Nouvelle fenêtre)

Interrogé dans le podcast « The Air Show », le président de la compagnie aérienne Emirates, Tim Clark, a exprimé sa théorie sur l’échec commercial de l’A380. Le Britannique est persuadé que les compagnies américaines ont boudé le fleuron technologique d’Airbus pour causer du tort à son groupe. Explications.

Mis en service en 2007, l’A380, symbole du savoir-faire d’Airbus au XXIe siècle, a cessé d’être produit en 2021. Boudé par de nombreuses compagnies, l’une fait exception : Emirates.

La compagnie émiratie a fait, au fil des ans, de l’A380 son principal atout et sa signature. Basée à Dubaï, elle a commandé plus d’appareils que ses concurrents réunis, avec 116 exemplaires à sa disposition.

À lire aussi :VIDÉO. La fabuleuse histoire des 20 ans de l’Airbus A380 : « Il a permis de concurrencer Boeing de façon durable »

Son président, l’homme d’affaires britannique Tim Clark, n’a visiblement pas digéré l’arrêt de la production de son avion favori. Interrogé au micro du podcast « The Air Show », le dirigeant a développé sa théorie sur l’échec commercial de l’A380, provoqué selon lui par les compagnies concurrentes.

Tim Clark, président d'Emirates, assure que l'échec commercial de l'A380 est dû à une stratégie de nuisance de ses concurrents.

« Les compagnies américaines ne voulaient de toute façon rien avoir à faire avec cet avion, car à cette époque, c’était l’arme maîtresse d’Emirates, explique Tim Clark. Il fallait donc empêcher Emirates de continuer à en acheter, car cela permettait à Airbus d’en construire de plus en plus. C’est pour cela qu’aucune d’entre elles n’a acheté l’appareil. »

Un sabotage organisé ?

Dans le viseur du Britannique, le groupement de compagnies aériennes « Star Alliance », composé de Air Canada, Lufthansa, Scandinavian Airlines System, Thai Airways International et United Airlines.

Il aurait selon lui saboté le marché de l’A380 : « Il y avait un mandat clair au sein du groupe Star : ne pas acheter l’A380, car cela donnerait un immense pouvoir à Emirates. Ils se disaient « Si nous ne l’achetons pas, le programme finira par disparaître ». Et en vérité, c’est ce qu’il s’est passé. »

Basée à Dubaï, la compagnie Emirates a profité ces dernières décennies de son « super hub ». Dans la ville des Emirats-Arabes-Unis, elle a pu développer l’activité de ses A380, particulièrement adaptés aux transits entre des destinations européennes (Francfort, Londres, Milan, Paris et Zurich) et asiatiques (Bangkok, Hong Kong, Kuala Lumpur, Singapour…).

L'aéroport international de Dubaï, un "super hub" parfaitement adapté aux Airbus A380.

À ce sujet, là encore Tim Clark pointe du doigt ses concurrents : « Les autres compagnies n’ont tout simplement pas commandé assez d’appareils pour développer leurs réseaux à grande échelle. Un super hub comme Dubaï permet réellement à l’avion d’exprimer tout son potentiel « .

Un raisonnement remis en question

Blogueur spécialisé dans l’aéronautique et l’A380, Ben Schlappig analyse la prise de parole du patron d’Emirates.

Sur son site One mile at a time, il remet en question l’analyse de Tim Clark, en s’appuyant sur cet argument du « super hub » : « Les autres compagnies espéraient-elles l’échec de l’A380 ? Probablement. Mais est-ce que cela a vraiment motivé American, Delta ou United à ne pas en commander ? Certainement pas. […] Il faut un super hub comme Dubaï (pour que l’A380 soit exploitable, ndlr), et un réseau qui permette à un passager de prendre un A380 pour enchaîner sur un autre A380. »

L'Airbus A380 n'était pas adapté aux stratégies commerciales des compagnies américaines.

Ben Schlappig rappelle que la stratégie des compagnies américaines est différente de celle d’Emirates « simplement parce qu’elles préfèrent exploiter des avions long-courriers plus petits, avec une approche de capacité disciplinée, afin de maintenir des rendements élevés ». Dans ce contexte, un porteur de la taille de l’A380 n’est pas adapté, ce qui peut expliquer le manque d’engouement pour l’avion d’Airbus.

À lire aussi :Airbus ressort un A380 stocké depuis trois ans pour transformer le géant des airs en avion d’essai

« En dehors du contexte particulier du Golfe, il n’est pas surprenant que cet avion n’ait jamais vraiment trouvé sa place ailleurs« , conclut le blogueur.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

Laisser un commentaire