Comment avoir une flore intestinale saine.

Antioxydants, fibres, fermentation : les clés d’une flore intestinale saine

Marina Urbanietz

9 septembre 2025 https://francais.medscape.com/voirarticle/3613259?ecd=mkm_ret_251026_mscpmrk-FR_InFocus_etid7801671&uac=368069PV&impID=7801671

Le rôle du microbiote intestinal dans les réactions immunitaires et l’impact des processus inflammatoires chroniques sur la santé et les performances physiques font l’objet d’une attention croissante dans la recherche en médecine préventive et sportive. Le Pr Werner Seebauer, directeur du département de médecine préventive à la NESA (New European Surgical Academy) a souligné l’importance d’une stratégie nutritionnelle holistique, lors du 16e congrès d’orthopédie sportive (ZKOS), en partenariat avec la Société germano-autrichienne-suisse de médecine orthopédique et traumatologique du sport (GOTS).

Il en ressort 4 points fondamentaux à retenir :

  1. Les processus inflammatoires passent souvent inaperçus,
  2. Il faut essayer de maintenir une flore intestinale saine (en misant sur les légumes verts et les aliments fermentés, éventuellement les pré- et pro-biotiques),
  3. Il est important de connaître les recommandations nutritionnelles et de savoir repérer les éventuelles carences chez le spatients,
  4. De nombreux médicaments modifient la flore intestinale.

Des processus inflammatoires « invisibles »

Comment survient le processus inflammatoire ? « Lorsque les radicaux libres ne peuvent pas être suffisamment compensés, il se produit un stress oxydatif », explique le Pr Seebauer. Il en résulte des lésions des structures cellulaires qui favorisent à long terme des « inflammations silencieuses », par exemple au niveau de l’endothélium artériel ou de la muqueuse intestinale.

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Le caractère insidieux des inflammations silencieuses réside dans leur invisibilité : « Au début, on ne remarque rien », explique le Pr Seebauer. Elles peuvent néanmoins altérer considérablement la capacité d’absorption de l’intestin et entraîner à long terme des carences en antioxydants, acides aminés et acides gras, avec des répercussions sur la régénération, le système immunitaire et les performances. Il ajoute qu’une « flore intestinale perturbée (« dysbiose ») peut non seulement perturber la barrière protectrice de la muqueuse intestinale et entraîner des intolérances alimentaires, mais aussi provoquer des réactions immunitaires excessives. » Outre des réactions inflammatoires accrues, celles-ci peuvent favoriser les allergies et diverses maladies auto-immunes en cas de chronicisation du déséquilibre immunologique.

Les processus immunologiques expliquent ces liens (par exemple, le passage des lymphocytes TH1 aux lymphocytes TH2). De nombreuses recherches ont été menées sur les processus immunologiques et autres associations, tels que les processus métaboliques et même les facteurs de régulation épigénétique. Dans ce contexte, divers facteurs négatifs peuvent augmenter le risque de maladies cardiovasculaires, de maladies neurodégénératives et de cancer.

Salades et aliments fermentés pour une flore intestinale saine

Le Pr Seebauer souligne que les aliments riches en antioxydants naturels sont particulièrement importants pour la santé intestinale. Il s’agit notamment des vitamines et surtout des substances végétales secondaires. Les fibres solubles et insolubles jouent un rôle décisif. Les aliments fermentés qui ont subi une fermentation lactique sont tout aussi bénéfiques. Tous ces facteurs contribuent particulièrement à la santé de la flore intestinale. Parallèlement, l’alimentation ne doit être ni trop riche en graisses, ni trop riche en protéines.

Il convient de consommer régulièrement et en quantité suffisante des substances anti-inflammatoires telles que les vitamines antioxydantes (par exemple les vitamines C et E) et un large éventail de substances végétales secondaires (telles que les flavonoïdes et les caroténoïdes, qui sont des antioxydants encore plus puissants). Il est également important de réduire les substances pro-inflammatoires, telles que certains acides gras, les polluants et les sucres hautement transformés (Advanced Glycation End Products).

Recommandations alimentaires

Le Pr Seebauer recommande de suivre les modèles basés sur preuves que sont la pyramide (pour la qualité) et le cercle (pour la quantité) alimentaires de la Harvard School of Public Health. Pyramide et cercle peuvent être différenciés davantage en fonction des conditions individuelles.

Santé Publique France met également à disposition les recommandations Manger-Bouger pour les patients.

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Diagnostic ciblé pour détecter précocement les carences

Un diagnostic ciblé permet également de détecter précocement les carences. « Les données de laboratoire, issues par exemple des paramètres sanguins ou des analyses de selles, peuvent fournir des indications sur le stress oxydatif, les carences en micronutriments ou une flore intestinale perturbée », explique Seebauer.

Cela comprend notamment la mesure :

  • des produits d’oxydation comme paramètres de substitution pour les dommages à l’ADN,
  • des acides gras (y compris les acides gras oméga-3/oméga-6, les acides gras monoinsaturés, les acides gras saturés et les acides gras trans),
  • de l’indice oméga-6/oméga-3,
  • des paramètres fécaux tels que l’IgA sécrétoire, les résidus digestifs, les paramètres inflammatoires.

Quelle est l’utilité des prébiotiques et des probiotiques ?

L’utilisation ciblée de probiotiques et de prébiotiques peut contribuer de manière significative à la santé intestinale. Selon Seebauer, il est toutefois essentiel d’avoir une alimentation globalement saine et équilibrée, conforme aux principes de la pyramide alimentaire. Celle-ci doit être riche en substances vitales et en fibres alimentaires, tout en évitant les facteurs pro-inflammatoires.

D’autres facteurs peuvent également jouer un rôle, tels que la prise de certains médicaments comme les antibiotiques ou les hypocholestérolémiants, les maladies infectieuses et la pollution environnementale.

Médicaments fréquemment prescrits et flore intestinale

Une étude publiée dans Nature Communications montre les effets de médicaments fréquemment prescrits sur le microbiote intestinal. Les chercheurs ont analysé 41 classes de substances actives. Ils ont constaté des modifications claires de la diversité bactérienne dans 19 d’entre elles.

Ces effets sont particulièrement prononcés avec les antibiotiques, qui tuent de manière non spécifique non seulement les bactéries pathogènes, mais aussi les bactéries utiles. Cela peut créer des lacunes qui sont colonisées par des germes opportunistes.

En réduisant l’acidité gastrique, les inhibiteurs de la pompe à protons modifient le milieu microbien et facilitent l’entrée des bactéries de la cavité buccale dans l’intestin, où elles peuvent perturber les processus métaboliques.

Les laxatifs accélèrent le transit intestinal, ce qui modifie l’équilibre bactérien et peut inhiber la formation d’acides gras à chaîne courte, des substances essentielles à la stabilité de la barrière intestinale.

Les antidiabétiques tels que la metformine ont également des effets significatifs : bien qu’ils favorisent certaines espèces bactériennes utiles, ils modifient globalement la composition microbienne. Les agents chimiothérapeutiques, quant à eux, ont un impact considérable sur la diversité et le fonctionnement de la flore intestinale, affaiblissent la fonction barrière et augmentent la sensibilité aux infections.

De plus, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), les statines, les immunosuppresseurs, les psychotropes, les antimycosiques, les antiviraux et les antihelminthiques perturbent l’équilibre du microbiote. Ils peuvent augmenter la perméabilité de la paroi intestinale (« intestin perméable »), réduire la production de micronutriments importants tels que la vitamine K ou les vitamines B, modifier les réactions immunitaires et favoriser ainsi les processus inflammatoires.

Pour en savoir plus, consultez notre article Comment des médicaments courants détruisent-ils, à l’insu de tous, le microbiome de vos patients ?

LIENS

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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