La secrétaire nationale des Ecologistes a fait acte de candidature dans « Le Nouvel Obs ».

Marine Tondelier officialise sa candidature à l’élection présidentielle de 2027

Assurant le rôle de « casque bleu de la gauche » qu’elle s’est elle-même attribué, la secrétaire nationale des Ecologistes a fait acte de candidature dans « Le Nouvel Obs ». Elle enjambe ainsi le scrutin de désignation de son parti. 

Par Sandrine Cassini et Olivier Pérou

Publié aujourd’hui à 18h01, modifié à 18h40 https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/10/22/presidentielle-2027-marine-tondelier-se-presente-candidate_6648904_823448.html

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Marine Tondelier, avec la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain, et l’eurodéputé David Cormand, à Paris, le 3 octobre 2025.
Marine Tondelier, avec la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain, et l’eurodéputé David Cormand, à Paris, le 3 octobre 2025.

Marine Tondelier, avec la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain, et l’eurodéputé David Cormand, à Paris, le 3 octobre 2025. CYRIL BITTON/DIVERGENCE  POUR « LE MONDE » 

Chez Marine Tondelier, tout est vert. A l’entrée de son bureau tout de vert meublé, installé dans ses nouveaux locaux au bout d’une impasse du 11e arrondissement de Paris, la secrétaire nationale des Ecologistes a installé un portant sur roulettes. Tous ses blazers malachite y sont accrochés, dont l’un lui a été offert par l’ONG de défense des droits des animaux PETA, garanti 100 % viscose – un plastique d’origine végétale. Un peu trop criard à son goût.

Ce morceau de tissu coloré est devenu sa carte d’identité politico-médiatique, et elle adore en parler. Une veste, ou plutôt une « valeur refuge » de la gauche qui se bat pour l’union et l’organisation d’une primaire, dont elle serait l’incarnation depuis la naissance du Nouveau Front populaire, en 2024. « Ma tenue était devenue un objet transitionnel, comme disent les psychanalystes. L’équivalent d’un doudou pour adulte de gauche angoissé par les législatives en cours », explique-t-elle, avant de s’interroger : « Est-ce que je suis écoutée à cause de ce que je dis ou à cause de ce que je porte ? »

Ce costume, elle lui a même consacré tout un chapitre dans Demain, si tout va bien… (Albin Michel, 240 pages, 16,90 euros), un livre politique, paru le 1er octobre, qu’elle juge « pas comme les autres ». Imprimé à 18 000 exemplaires, dit-elle, son ouvrage, qui s’est vendu à 963 exemplaires en vingt jours, n’est pas un « programme », promet-elle. « Les gens sont déjà sympas de prendre le tract qu’on leur tend sur les marchés, alors on ne va pas non plus leur en vendre. Qui va acheter un programme à 20 euros ? Je voulais faire un livre feel-good, qui donne de l’énergie, contre la résignation générale. »

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Deux cent quarante pages pour parler d’elle, de son parcours du combattant à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) contre Marine Le Pen et l’extrême droite. Une figure littéraire imposée pour n’importe quel aspirant à l’élection suprême. Ce qu’elle assume d’être désormais. Dans un entretien au Nouvel Obs, paru mercredi 22 octobre, elle qui se revendique « Mozart de l’empathie » plutôt que de la finance brise enfin un secret de polichinelle : « Je suis candidate à l’élection présidentielle. »

Scepticisme grandissant

Mais le chemin de la dirigeante écologiste vers l’élection présidentielle de 2027 est semé d’embûches. Elle le sait. « Je ne suis pas une tête brûlée », modère-t-elle dans l’hebdomadaire. Au Monde, elle explique sa démarche : « Une partie de la décision appartient aux adhérents écologistes et, ensuite, au reste de la gauche dans le cadre de la primaire. »

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La veste verte et ce totem de l’union, qu’elle chérit plus que les socialistes et bien plus que les « insoumis », peinent à cacher un bilan en demi-teinte à la tête du mouvement écologiste. L’union – certes populaire dans l’électorat à gauche – n’étant pas un programme en soi, le capital politique des Ecologistes dégringole depuis cinq ans. L’arrivée de Marine Tondelier à la tête du mouvement, en décembre 2022, n’aura pas enrayé cette tendance de fond.

La treizième vague de l’enquête annuelle « Fractures françaises », réalisée par Ipsos pour Le Monde, le Cevipof, la Fondation Jean Jaurès et l’Institut Montaigne, s’avère particulièrement cruelle pour le mouvement écologiste. « C’est d’abord un effondrement de leur socle. En 2020, 12 % des Français se déclaraient sympathisants d’EELV [Europe Ecologie-Les Verts], et 14 % du Rassemblement national [RN]. En cinq ans, le RN fait bondir son socle à 22 % quand celui des Ecologistes dégringole de sept points, à 5 % », explique le secrétaire général de la Fondation Jean Jaurès, Gilles Finchelstein.

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En 2020, 52 % des sondés considéraient le parti « proche » de leurs préoccupations. Cinq ans plus tard, ils ne sont plus que 35 %. Un scepticisme grandissant dans toutes les catégories socioprofessionnelles. Et l’exercice du pouvoir, ces cinq années où les Verts ont été aux manettes d’une dizaine de grandes villes, n’aura pas inversé la tendance : seulement 23 % des interrogés considèrent le parti « capable de gouverner », et 31 % se disent séduits par le projet de société des Ecologistes. En 2020, ils étaient 44 %.

Stratégie de « trait d’union »

S’il ne rend pas Marine Tondelier seule et unique responsable de cet effondrement, l’ancien candidat à l’élection présidentielle Yannick Jadot, héraut de deux années plus flamboyantes pour l’écologie politique, 2019 et 2020, jette un regard amer sur l’état de sa famille politique : « Jusqu’en 2022, l’écologie était un outil de transformation de la gauche, pour qu’elle se recompose autour de ce sujet. Une ligne de conquête », déplore-t-il. De quoi donner de l’eau au moulin des contempteurs du parti, qui critiquent une ligne s’éloignant de l’écologie pour se concentrer essentiellement sur la lutte contre le capitalisme, sur l’antifascisme ou sur les thématiques sociétales. Le sénateur de Paris juge également « paresseuse » la stratégie de « trait d’union » de la gauche portée par la secrétaire nationale des Ecologistes. « La réconciliation entre le Parti socialiste [PS] et les “insoumis” n’est pas le rôle de l’écologie politique », assène-t-il.

Ce rôle de « casque bleu de la gauche » que s’est attribué Marine Tondelier hérisse au plus haut point les socialistes et les « insoumis ». « Marine, elle dépolitise. Elle n’assume aucune position. A la fin, quelle est son orientation ? Elle esquive le débat politique », tance le coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard. Au PS, on n’en pense pas moins, même si l’on a choisi de taire publiquement les désaccords pour ne pas renvoyer l’écologiste dans les bras des « insoumis ».

Proche de Marine Tondelier, l’eurodéputé David Cormand perçoit dans le recul du parti écologiste les conséquences d’un phénomène mondial plutôt que celles de la stratégie engagée par la secrétaire nationale. « Depuis 2019, l’écologie a des ennemis, notamment à l’extrême droite, qui ont réussi à monter un front contre elle. On le voit en France, en Europe ou aux Etats-Unis avec Donald Trump », observe-t-il. Et de prendre la défense de Marine Tondelier, dont il inspire la stratégie :« Ceux qui lui reprochent de parler trop d’union de la gauche sont inconséquents. La présence médiatique de Marine permet de parler d’écologie. Qui le ferait, si elle n’était pas là ? Qui l’aurait fait dans les réunions avec Sébastien Lecornu à Matignon ou avec Emmanuel Macron à l’Elysée, si elle n’avait pas été là ? »

« Processus de verrouillage »

En s’avançant si tôt candidate à la présidentielle, Marine Tondelier enjambe une séquence politique surtout occupée par la bataille du budget à l’Assemblée nationale, au risque de cannibaliser la présentation du contre-budget des députés écologistes, prévue jeudi 23 octobre. Une déclaration qui contourne, aussi, le scrutin de désignation de son parti, organisé en décembre, même s’il a, en réalité, tout d’une formalité pour elle : la native d’Hénin-Beaumont avait gagné son dernier congrès avec 73 % des scrutins.

Sauf surprise de dernière minute, elle deviendra alors la candidate écologiste pour l’hypothétique primaire de la gauche qu’elle tente de pousser sous la houlette de Lucie Castets, l’ancienne candidate pour Matignon du Nouveau Front populaire, et à laquelle François Ruffin et Clémentine Autain participent déjà. Avec cette candidature, elle met aussi la pression sur Olivier Faure. Bien que favorable à la primaire, le premier secrétaire du PS a décidé, contre l’avis de ses alliés à gauche, d’aller négocier avec le premier ministre, Sébastien Lecornu, un accord de non-censure en contrepartie d’une suspension de la réforme des retraites.

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Le principe même de ce système de désignation au sein du parti a fait tousser en interne. La députée de Paris Sandrine Rousseau, qui rêve de participer au concours, a dénoncé un « processus de verrouillage ». Au-delà de cette dernière, Marine Tondelier craignait visiblement de voir d’autres visages surgir, à l’instar de la discrète Mélanie Vogel. Certains poussent la sénatrice des Français établis hors de France, très populaire dans le parti, qui avait notamment en premier défendu l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution, à se lancer.

Au téléphone, alors que cette dernière critiquait l’idée et le timing de ce processus interne, Marine Tondelier avait fini par lui demander ses intentions pour 2027. Il y avait de quoi s’inquiéter : « Mélanie Vogel 2027 », un compte créé par des « fans », est même apparu récemment sur le réseau social Instagram. Mais, que Marine Tondelier se rassure, la sénatrice n’a, selon nos informations, pas le projet de concourir à la primaire. En revanche, Sandrine Rousseau, elle, n’a pas dit son dernier mot.

Sandrine Cassini et Olivier Pérou

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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