Médecins du Monde souhaite un retour à l’esprit fondateur de la Sécurité sociale
Dr Blandine Esquerre | 22 Octobre 2025 https://www.jim.fr/viewarticle/médecins-du-monde-souhaite-retour-lesprit-fondateur-2025a1000sr1?ecd=wnl_all_251023_jim_daily-doctor_etid7816735&uac=368069PV&impID=7816735&sso=true
L’ONG Médecins du Monde a mis en place un observatoire de l’accès aux droits et aux soins, dont elle vient de publier le bilan pour l’année 2024*. A l’occasion des 80 ans de la Sécurité sociale, ce document comprend un plaidoyer pour un retour à l’esprit fondateur du conseil national de la Résistance.
Retard de recours aux soins
En 2024, Médecins du Monde (MdM) comptait en France 1402 bénévoles et 166 salariés mobilisés pour mener à bien 43 projets, dont 24 dédiés au renforcement du système de santé, avec des actions mobiles et d’autres en centres fixes. Ces professionnels doivent répondre à différents enjeux tels que la migration, l’exil, les droits des mineurs isolés, la prévention en santé sexuelle et reproductive, la réduction des risques (drogue, prostitution), ainsi que la santé liée à l’environnement (habitat, travail précaire).
Médecins du Monde (MdM) a ainsi assuré 13 431 consultations médicales ayant concerné 9 352 personnes. Plus de la moitié (57%) des patients vus en centre fixe avaient au moins une maladie chronique et plus d’un tiers (34%) présentaient un retard de recours aux soins. L’ONG note encore que 39% nécessitaient une prise en charge urgente ou assez urgente. Plus d’un quart vivaient dans la rue ou dans un hébergement d’urgence et deux tiers de ceux ayant un logement le jugeaient instable. Près de 9 femmes sur 10 en âge de procréer n’avaient pas de contraception et le dépistage du cancer du col par frottis était inconnu ou non réalisé pour 8 femmes concernées sur 10.
Par ailleurs, 62 % des personnes étrangères majeures étaient en situation irrégulière; un tiers des ressortissants hors UE avaient déjà déposé une demande d’asile.
Convention citoyenne
Près de quatre personnes sur cinq éligibles à une couverture maladie n’avaient pas de droits ouverts (89% pouvaient prétendre à l’Aide médicale d’Etat et plus de 59% à la Protection universelle maladie) : pas d’abus donc. En revanche, MdM signale des pratiques discriminatoires de certains services : exigences de justificatifs ou délais excessifs, refus infondés etc. Ainsi certains Centres Communaux d’Action Sociale refusent de domicilier des personnes …sans domicile fixe, en invoquant l’absence de lien avec la commune.
Quatre-vingt ans après la création de la Sécurité sociale en 1945, ce rapport pose un sombre diagnostic quant à l’état de santé actuel de l’octogénaire : encombrée de réformes, bouffie de dématérialisation, négligée par l’Etat et menacée par les logiques privées. Et l’ONG de proposer des soins pour l’aïeule à base de solidarité et de démocratie, avec des remèdes concrets.
Plaidant pour une sécurité sociale vraiment universelle, comme cela était prévu à l’époque de sa fondation (mais alors qu’à l’époque les soins étaient bien moins coûteux et la population bien plus jeune), MdM appelle à une Convention nationale citoyenne de la Sécurité sociale de la santé.
Car la santé, clame son Président, Jean-françois Corty, « c’est aussi un choix politique ».
*https://www.medecinsdumonde.org/actualite/rapport-2025-de-lobservatoire/