*Un dispositif de la protection de l’enfance menacé de coupes budgétaires
Société–Sécurités et protections sociales
Salué pour sa politique en matière de protection de l’enfance, le département de Loire-Atlantique avait décidé d’accompagner les jeunes les plus fragiles jusqu’à leurs 25 ans. Il vient de rétropédaler, provoquant la colère du secteur social.
par Elsa Gambin
18 mars 2024 à 06h00, modifié le 10 avril 2024 à 12h16 https://basta.media/dispositif-protection-enfance-menace-coupes-budgetaires
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Plus de 300 000 mineurs sont suivis par la protection de l’enfance. Que se passe-t-il une fois leur majorité atteinte ?
Un contrat jeune majeur (CJM) leur permet de continuer à bénéficier, de 18 à 21 ans, d’un accompagnement vers l’autonomie, grâce à un suivi éducatif et psychologique, mais aussi avec des aides financières pour suivre des études, passer le permis de conduire ou accéder à un logement par exemple.
Ce dispositif, géré par les départements, tente d’éviter ce qu’on nomme les « sorties sèches », à savoir un ou une·e mineur·e qui aurait été suivi·e par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) jusqu’à sa majorité et qui, dès ses 18 ans, se retrouverait seul·e, sans aucune aide, ressources matérielles ou soutien humain.
Les jeunes issus de la protection de l’enfance se retrouvent le plus souvent démunis, ne bénéficiant ni de soutien familial ni de réseau amical ou professionnel. Un CJM permet alors une poursuite d’études ou de formation, et de pouvoir s’appuyer, dans cette quête d’autonomie, sur un ou une travailleuse sociale. Environ 20 000 jeunes adultes en bénéficient.
Suppression d’un budget d’un million pour les plus démunis
Le département de Loire-Atlantique, souvent précurseur dans le domaine de la protection de l’enfance, avait décidé d’aller au-delà, en instaurant en 2020 une disposition extra-légale permettant un contrat jeune majeur après 21 ans, et jusqu’à 25 ans si nécessaire. Un choix politique de la collectivité (à majorité socialiste et écologiste à l’époque) alors applaudi par les acteurs et actrices du travail social.
Mais voilà qu’un courrier du département reçu début février par les directeurs et directrices de structures de la protection de l’enfance annonce, sans plus de discussion, la fin de ce contrat jeune majeur pour les 21-25 ans. Une mauvaise nouvelle qui surprend le secteur social local. « Le CJM 21-25 ans concerne en moyenne une trentaine de jeunes par an, pour un budget d’environ un million d’euros, s’étonne Marie, éducatrice à l’ASE et syndiquée à la CGT. Ce n’est pas grand-chose ! On parle bien des plus fragiles, qui ont besoin d’un tel accompagnement, ou de jeunes sans moyens qui font des études longues, ce qui va remettre en cause le libre choix de leurs études. C’est injuste ! »
La nouvelle a sonné Jade, 20 ans. La jeune femme a signé un CJM il y a deux ans, alors qu’elle avait un grave problème de santé qui nécessitait de nombreux soins. « Ce CJM c’était une question de survie pour moi. Sinon je me serais fait bouffer par la rue. Grâce à cela, j’ai de quoi me loger, me nourrir, mais aussi un peu pour l’hygiène et les loisirs. » Dans sa situation, la jeune femme comptait sur la continuité de cette aide après ses 21 ans.
Las, elle sait que début novembre, lorsqu’elle fêtera son 21e anniversaire, elle devra compter uniquement sur son compagnon. « Qu’arrivera-t-il si demain on se sépare ? Le département dit vouloir prioriser les quelque 300 placements de mineur·es non exécutés [les enfants et adolescents qui font l’objet d’une mesure de protection qui n’a pas encore été mise en œuvre faute de moyens, ndlr], j’entends ça, mais un million pour les jeunes majeurs, ça représente 0,5 % du budget, ce n’est rien du tout ! »
L’accompagnement humain est primordial
Léa, ancienne enfant placée devenue éducatrice spécialisée, s’inquiète pour les nouvelles générations. « Aujourd’hui, je ne peux pas offrir la qualité d’accompagnement que moi-même j’ai reçue. Pourquoi faire disparaître ce budget-là ? Et pourquoi conditionner un CJM uniquement aux revenus alors que l’accompagnement humain est primordial ? » Un avis partagé par Jade, pour qui le soutien émotionnel et la présence des travailleuses sociales a été une véritable béquille. « Il n’y a pas que la question financière. C’était un soulagement pour moi de savoir qu’il y avait des personnes pour me rattraper si ça n’allait pas. Je savais que j’avais toujours cette option. De savoir que celle-ci n’existe plus est très compliqué moralement. »
« C’était un soulagement pour moi de savoir qu’il y avait des personnes pour me rattraper si ça n’allait pas »
Du côté des institutions, la pilule aussi a du mal à passer. Se concentrer sur les mineurs pour les délaisser ensuite une fois majeurs semble incohérent aux yeux des professionnel·les. D’autant qu’un CJM peut ne durer que quelques mois, le temps de stabiliser une situation. « Les jeunes concernés au-delà de 21 ans sont les plus vulnérables, avance Nathalie Thimothée, directrice adjointe du pôle hébergement de l’association Tréméac, qui gère un centre éducatif. Si on arrête la prise en charge, c’est pour les mettre à la rue, il n’y a pas de solution pour eux ! On va les précariser encore plus. Il faut nous faire confiance sur l’évaluation de ces jeunes. On fait très peu de demandes, et elles sont justifiées. L’aspect financier ne peut pas l’emporter sur l’humain ! »
Les directions d’établissements et les travailleuses sociales de Loire-Atlantique ont tiqué sur une autre partie du courrier du Département qui mentionne, pour le CJM 18-21 ans, que « les jeunes bénéficiant de ressources propres au moins égales à 850 euros mensuels […] doivent être orientés vers le droit commun ». Ces jeunes devront donc quitter les dispositifs de protection de l’enfance, quand bien même leur contrat serait renouvelable jusqu’à 21 ans. « C’est incompréhensible, poursuit Nathalie Thimothée.
Ces jeunes commencent à peine à s’en sortir, à trouver un peu de stabilité, et il faudrait stopper l’accompagnement ? »
À 18 ans, Jordy est en CDI et vient tout juste de signer un contrat jeune majeur de quatre mois renouvelables. Il a notamment besoin d’aide pour sa recherche d’appartement, car vivre chez ses parents est inenvisageable. « Savoir que c’est avec mon éducateur que je vais faire cette démarche est rassurant. Je vais avoir besoin de lui pour tout comprendre aux papiers administratifs en lien avec un logement. Ça me paraît plus simple de faire ça avec lui, car il me connaît et connaît bien ma situation. » Sans ce CJM, demain, ces jeunes déjà malmenés dans leur enfance se verront à nouveau renvoyés d’une association à une autre, d’une assistante sociale à une autre, pour apprendre toutes les démarches de la vie quotidienne, sans le soutien d’un·e professionnel·le fixe et de confiance.
Le département dit entendre les inquiétudes des jeunes et des professionnel·les, et assure renforcer son attention sur les 18-21 ans en créant une nouvelle équipe de travailleurs et travailleuses sociales dédiées à l’accompagnement. « Il s’agira pour cette équipe de travailler en amont, de faire levier en débloquant des situations, comme trouver un logement en échangeant avec les bailleurs sociaux par exemple », indique Claire Tramier (divers-gauche), vice-présidente Familles et protection de l’enfance au Département, qui affirme « vouloir rester très attentive aux jeunes après 21 ans ».
Comme si chaque jeune devait quitter ses parents dès 19 ans
Face à cette douche froide est née une inédite Coalition de l’enfance en danger, composée de plusieurs dizaines d’associations locales, de la Ligue des droits de l’homme et de Repairs ! (un réseau d’entraide entre jeunes), appelant le département à revenir sur sa décision hâtive, synonyme pour eux d’une « injonction à l’autonomie précoce ». La Coalition rappelle qu’un jeune français quitte en moyenne le domicile familial à 24 ans, alors que « les enfants en danger devenus adultes sont contraints de quitter les services de la protection de l’enfance en moyenne à 19 ans ». Un paradoxe difficilement acceptable quand on sait les parcours fragmentés de ces jeunes, empreints de ruptures, et alors qu’ils sont pour la plupart dépourvus de liens sociaux et familiaux.
Ces coupes budgétaires seraient notamment liées à la longue crise immobilière qui secoue les collectivités – un quart du budget départemental est lié aux droits de mutation à titre onéreux, versés lors de transactions immobilières. Les professionnel·les estiment qu’il faut, dans ce cas, amputer des budgets qui ne touchent pas directement les personnes.
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Le 22 février dernier, à l’appel de la Coalition, des directeurs et directrices d’établissements, des formateurs et formatrices, des travailleuses sociales, des jeunes majeur·es issu·es de l’Aide sociale à l’enfance et de l’association Repairs ! 44 se sont réuni·es devant les grilles de l’hôtel du département de Loire-Atlantique. Une convergence rarissime dans le domaine du travail social, que les fréquentes averses n’ont pas freinée. En témoigne une chorale déterminée, qui a chanté à plusieurs reprises sous les fenêtres des élus sa propre version d’« Être né quelque part », de Maxime Le Forestier : « Ne faites pas d’économies sur l’avenir des enfants qui risquent d’être à la rue […]. Ils ont déjà vécu un passé traumatisant ».
Le budget prévisionnel 2024 de la protection de l’enfance, voté le jour de ce rassemblement, sera finalement le même, voire en légère augmentation, avec 238 millions d’euros, mais toujours sans le contrat jeune majeur amélioré, jusqu’à 25 ans. Alors pourquoi ce revirement d’un département qui se sait scruté dans ce domaine ? « Aujourd’hui, la moyenne de sortie des CJM est à 19,5 ans, explique Claire Tramier. Nous souhaitons mieux accompagner avant 21 ans, et mieux préparer aussi vers les acteurs du droit commun. Mais notre but est toujours le même : aucune sortie sèche de la protection de l’enfance. »
« Ne faites pas d’économies sur l’avenir des enfants qui risquent d’être à la rue »
Pour Jean-Luc Boero, de la Ligue des droits de l’homme, il s’agit de « fausses économies. Le Département, qui se dit solidaire, montre ici toute son ambivalence ». « On demande aux gamins de la protection de l’enfance d’avoir plus de ressources que ceux de familles « ordinaires », c’est une aberration ! » résume Marie, l’éducatrice de l’ASE. Fort de ce collectif naissant, la Coalition pour l’enfance en danger entend ne pas relâcher la pression d’ici fin mars, date où le département devra décider de la répartition du budget.
Elsa Gambin
Photo d’illustration : Une éducatrice et une jeune adulte à Toulouse, où le programme expérimental Un chez soi d abord accompagne ces jeunes vers et dans le logement pour stabiliser leur situation et les aider à se réinsérer socialement/©Thomas Baron/Hans Lucas
« On n’oublie jamais » : enfant maltraitée, Emma Étienne se bat contre les violences intrafamiliales
Elle a subi des maltraitances, été placée, s’est retrouvée sans soutien à 18 ans. Puis Emma Étienne, 23 ans, a fondé une association pour aider les enfants comme elle, Speak !, et publié un essai sur l’incapacité de la société à les protéger.
21 octobre 2025 à 09h30, modifié à 15h16 Temps de lecture :6 min.

Pendant le confinement, Emma Étienne écoutait beaucoup la radio. On y parlait de tout, et de tout le monde : des personnes âgées, des soignant·es… Mais très peu des enfants, a-t-elle remarqué, et encore moins des enfants placé·es. « Ça m’a rendu dingue, se souvient la jeune femme. C’est comme si l’on n’existait pas vraiment. » C’est là qu’elle comprend qu’elle n’est pas seule, qu’ils et elles sont des milliers à être « invisibilisé·es ». Dans la foulée, elle décide de lancer Speak !, une association de lutte et de prévention contre toutes les maltraitances faites aux mineur·es et aux jeunes majeur·es, basée à Dijon.
Emma approche alors de la majorité, un âge qu’elle pensait ne jamais atteindre.
« Quitte à avoir survécu, autant que je fasse quelque chose de ma vie »
, s’est-elle dit. Elle choisit alors de s’engager pour que les autres enfants ne subissent pas les mêmes choses qu’elle. À 23 ans, elle publie aujourd’hui un essai, Enfants sous silence, à paraître en novembre chez Payot, qui décrypte les causes et conséquences des violences faites aux enfants et donne des pistes pour que leurs droits ne soient plus bafoués.
Comme des centaines de milliers de personnes en France, Emma a eu une enfance « faite de toutes les violences possibles » – sexuelles, psychologiques et physiques –, perpétrées au sein de son cercle familial. « Je n’ai pas été protégée, j’ai été très seule, et je rêvais que ça s’arrête », témoigne-t-elle.
Refuge dans la littérature
À plusieurs reprises, elle a demandé de l’aide. Comme un soir, à onze ans, où elle a « tellement peur de mourir » si elle rentre chez elle que « l’instinct de survie » prend le dessus. La collégienne prévient sa professeure, qui cherche alors à alerter le CPE. Mais la porte de son bureau est fermée, et « l’histoire s’arrête là ». L’enfant se tait à nouveau, jusqu’à ses seize ans, où elle décide de « prendre le taureau par les cornes ».
« Quitte à avoir survécu, autant que je fasse quelque chose de ma vie »
Dans le Journal de Jules Renard [écrivain français né en 1864 qui a raconté, notamment dans Poil de carotte, les maltraitances subies enfant, ndlr], qu’elle lit, l’auteur affirme qu’« on ne peut jamais être malheureux tant qu’on a des livres à lire ». L’adolescente, trouve alors refuge dans la littérature et l’imaginaire, épuise le stock du CDI de son lycée. Elle sait qu’elle doit absolument partir, et obtient un rendez-vous avec l’assistance sociale de son établissement scolaire. Sa famille « pète un câble », la qualifie de menteuse tyrannique, de folle.

Un signalement est fait, et Emma « décompense psychologiquement ». Elle est hospitalisée trois semaines en pédiatrie, avant que sa famille décide de la faire hospitaliser en psychiatrie. Pendant quatre mois. « C’était horrible, vraiment, répète la jeune femme. Je n’avais le droit de rien, ni sortir ni écrire… » Elle use de subterfuges pour garder le contact avec ses ami·es, qui l’aident à tenir.
Dans son livre, Emma explique aujourd’hui que le déni collectif autour des enfants maltraité·es et le tabou des violences au sein de la « sacro-sainte famille » empêchent de repérer les violences et de prendre en charge les enfants victimes. Elle suggère de donner davantage de place aux enfants dans la société, pour qu’ils et elles se sentent libres de s’exprimer. Cela va de pair avec l’éducation à la sexualité et au consentement. Elle pointe également certains « impensés de notre société », comme la violence féminine – très minoritaire, mais à ne pas invisibiliser, selon elle – et les violences sexuelles perpétrées par des mineur·es, « souvent un symptôme des violences qu’ils ont eux-mêmes subies, ou de leur exposition à la pornographie ».
À dix-sept ans, Emma est finalement placée en foyer de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Elle y passe « de très beaux moments », mais ces quelques mois là-bas sont difficiles. En plus du confinement, elle est confrontée à l’injonction à se construire un avenir alors même qu’elle va très mal. « Un éducateur a profité de mes traumatismes pour abuser de mon corps et exercer des violences à mon égard, écrit-elle aussi dans son livre. Les agresseurs sont là où les potentielles victimes se trouvent. »
L’ASE, « délaissée par l’État », est gérée par les départements. « Certains ont beaucoup plus investi, comme la Loire-Atlantique, où des jeunes ont pu bénéficier d’un contrat jeune majeur –[un accompagnement vers la vie active], explique Emma. D’autres, comme ici en Côte-d’Or, ont sous-investi, et la plupart des jeunes sont lâchés à 18 ans. » Dans tous les cas, le manque de moyens est criant, et les conditions de travail régulièrement dénoncées.
Manque d’action politique
Emma, comme les professionnel·les engagé·es sur le sujet, demande une revalorisation salariale des travailleur·ses du secteur et une formation adéquate pour toutes les personnes au contact d’enfants, comme les professeur·es, les médecins ou les agent·es de police. « Investir massivement dans un plan gouvernemental qui tienne la route serait aussi une solution », complète-elle, sceptique face au manque d’actions des politicien·nes.
« Je n’ai pas été protégée, j’ai été très seule, et je rêvais que ça s’arrête »
Emma n’a quant à elle pas pu bénéficier d’un contrat jeune majeur. Elle a dû quitter le foyer de l’ASE peu après ses dix-huit ans. Aujourd’hui, elle suit à distance un master en sciences de l’éducation, effectue un cursus libre à l’École des hautes études en sciences sociales, et travaille comme bénévole 35 heures par semaine pour son association Speak ! – les subventions n’étant pas suffisantes pour dégager un salaire.
L’association qu’elle préside propose un accompagnement « à hauteur d’enfant », c’est-à-dire qui s’adapte à chaque cas, sans rien imposer. Les bénévoles font également du plaidoyer pour tenter d’agir sur les politiques publiques et forment des professionnel·les.
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« Mais je ne fais pas que cela de ma vie, sourit Emma. Je suis aussi passionnée de littérature, de musique, de montagne… et de baleines ! »
Si sa vie semble aujourd’hui en apparence plus sereine, Emma continue en réalité de se battre. Il y a plusieurs mois, un membre de sa famille l’a attaquée en diffamation alors qu’elle dénonçait dans une interview une partie de ce qu’elle a subi dans l’enfance. Voir la justice se retourner contre elle lui a semblé « lunaire » et a été « très éprouvant ».
Toujours des cauchemars
La personne à l’origine de la plainte s’est finalement désistée la veille du procès, mais l’étudiante s’est retrouvée à devoir payer des frais d’avocat « énormes ». Elle-même a déjà déposé deux plaintes pour les violences dont elle a été victime. Comme dans la majorité des cas semblables, elles ont été classées sans suite. Elle prépare un nouveau dossier, mais attend d’avoir suffisamment d’énergie pour s’engager pleinement dans une procédure.

Car les violences ont laissé des traces, physiques et psychologiques. « Ça fait six ans que je n’ai pas fait une nuit complète, sans cauchemar », explique Emma, qui évoque aussi ses troubles alimentaires et ses crises d’épilepsie traumatiques. « Il y a des flashs qui apparaissent à tout moment. Je n’en suis jamais vraiment partie, j’y suis toujours… » Les séquelles sont aussi sociales et économiques : Emma, aujourd’hui « incapable de travailler de façon conventionnelle », vit grâce à l’allocation adulte handicapé (AAH).
À l’avenir, elle aimerait pouvoir travailler à mi-temps pour son association, qu’elle espère pouvoir développer en milieu rural. Elle pense aussi à la recherche, et à poursuivre l’écriture. Et pourquoi pas, travailler un jour par semaine en tant que psychologue, même si elle doit reprendre des études pour cela. Ayant « une petite hypersensibilité » depuis toujours, elle sait maintenant qu’elle consacrera sa vie à prendre soin des autres, en particulier des enfants.