« “La santé des femmes est encore mal comprise et trop souvent ignorée”, déplore un collectif de soignants »
Date de publication : 16 octobre 2025 Temps de lecture: 3 min

Le Monde publie une tribune d’un collectif de chercheurs, soignants, acteurs de la société civile et personnalités publiques, qui « alerte sur la négligence qui pèse souvent sur la santé des femmes, notamment en raison de stéréotypes de genre tenaces ».
Les signataires rappellent ainsi que « chaque jour en France, près de 200 femmes meurent d’une maladie cardio-vasculaire. C’est désormais la seconde cause de mortalité féminine.
L’endométriose touche une femme sur dix, mais il faut en moyenne 7 ans pour obtenir un diagnostic.
Près de 12% des adolescentes souffrent de troubles psychiques sévères, un chiffre en forte hausse depuis la crise sanitaire ».
« Et si les femmes vivent plus longtemps que les hommes […] elles ne vivent pas mieux : leur espérance de vie en bonne santé est quasiment identique – environ 64 ans – ce qui signifie qu’elles passent davantage d’années exposées à un risque accru de douleurs chroniques, de maladies invalidantes ou de perte d’autonomie », ajoutent-ils.
Les signataires soulignent que « la santé des femmes est encore mal comprise, trop souvent ignorée. Longtemps réduite à la seule dimension de la maternité, elle doit aujourd’hui être reconnue dans toute sa complexité biologique, psychologique et sociale. Pendant des siècles, la médecine a fait de l’homme le référent universel ».
« Résultat : des essais cliniques concentrés sur des cohortes masculines, des traitements pensés pour des corps d’hommes, des effets secondaires insuffisamment documentés chez les femmes, et des retards de diagnostic aux conséquences parfois fatales », poursuivent-ils.
Ils ajoutent qu’« à tous les âges de la vie, la douleur des femmes est trop souvent banalisée, leur santé mentale ramenée à une supposée fragilité émotionnelle.
Chez les adolescentes, on constate une augmentation significative des cas de dépression et des comportements d’automutilation, présentant une prévalence de 35% supérieure chez les filles par rapport aux garçons. Pourtant, leurs passages à l’acte sont fréquemment minimisés, ce qui retarde la prise en charge et aggrave le risque suicidaire ».
Les signataires relèvent en outre que « d’autres inégalités se jouent sur le terrain du travail. Les femmes sont surreprésentées dans les emplois précaires et physiquement exigeants – aides-soignantes, caissières, aides à domicile – et en paient ce prix au quotidien : elles développent bien plus souvent des troubles musculosquelettiques que les hommes. Cette réalité reste pourtant largement invisible dans les politiques de prévention ».
Ils soulignent ainsi qu’« il est urgent de changer de regard. Cela passe par une sensibilisation à ces enjeux dans le cadre scolaire, une formation médicale qui tienne compte des spécificités et permette une vision plus globale de la médecine, une recherche qui inclue systématiquement femmes et hommes dans les protocoles et analyse les résultats selon le sexe, et des politiques de santé qui garantissent un accès réel et équitable aux soins, en particulier pour les femmes les plus vulnérables : précaires, handicapées, victimes de violences, incarcérées, mères isolées ».