
Crédit photo : Louise Claereboudt
Acclamée par les infirmières, attendue au tournant par les médecins libéraux : Stéphanie Rist prend la tête du ministère de la Santé
La nomination, dimanche soir, de la rhumatologue au poste de ministre de la Santé, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées a été accueillie chaleureusement par les représentants des infirmières, qui saluent son combat pour la pratique avancée et l’accès direct aux paramédicaux. Du côté des médecins libéraux, en revanche, la méfiance est de mise.
Par Aveline Marques
La députée Renaissance Stéphanie Rist, rhumatologue au centre hospitalier d’Orléans, a succédé dimanche soir à Catherine Vautrin -nommée à la Défense- et à son confrère Yannick Neuder à la tête du ministère de la Santé, élargi aux Familles, à l’Autonomie, et aux Personnes handicapées. La praticienne, qui a fait ses premiers pas en politique en 2017, devient ainsi la 10e ministre locataire de l’avenue de Ségur depuis l’élection d’Emmanuel Macron en mai 2017.
« On est au 12e ministre de la Santé, si on compte les paires, corrige le Dr Jérôme Marty. Joint par Egora, le président du syndicat UFML ne cache pas sa lassitude face à la valse ministérielle. « C’est la 12e fois que vous m’appelez pour une réaction. Je n’en ai aucune. On va attendre une quinzaine de jours pour voir si ce Gouvernement tient. Il y en a marre, on perd du temps et le système tombe… Stéphanie Rist elle a peut-être même défait ses cartons qu’elle est déjà partie! », s’exclame le généraliste toulousain.
Une « instabilité politique et institutionnelle » également dénoncée par la CSMF, car elle « fragilise la cohérence de notre politique de santé ». Dans un communiqué diffusé ce lundi matin, la confédération appelle à « une refondation durable du dialogue entre l’État et la médecine libérale », « dans un contexte marqué par une crise profonde de l’accès aux soins ».
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Si en tant que médecin hospitalier toujours en exercice, Stéphanie Rist, récemment nommée secrétaire nationale chargée de la Santé au sein du parti Renaissance, « connaît les réalités du terrain », concède la CSMF, elle est aussi l’auteure de la loi qui a instauré l’accès direct aux IPA et aux kinésithérapeutes, « texte largement décrié par les médecins libéraux car il remet en cause la coordination autour du médecin traitant, pilier du parcours de soins », rappelle le syndicat.
« C’est clair que ses positions sur l’accès direct, le contournement du médecin traitant, ça a été très mal vécu par la profession, confirme à l’AFP la Dre Agnès Giannotti, présidente de MG France. Maintenant, une fois qu’on est nommé ministre, parfois les positions évoluent, on verra. »
Elle connait très probablement moins bien l’exercice libéral et ce qui se trame mais je pense qu’elle est ouverte à la négociation
Plutôt « ouvert » à la « délégation » d’actes, le syndicat AvenirSpé salue de son côté la nomination d’une ministre « du sérail », qui « connait très bien ses dossiers et sait les travailler ». « Elle connait très probablement moins bien l’exercice libéral et ce qui se trame mais je pense qu’elle est ouverte à la négociation », commente auprès d’Egora son président, Patrick Gasser. Le premier syndicat de médecins spécialistes se dit prêt à travailler avec l’exécutif pour mettre en place « rapidement des actions en faveur de l’accès aux soins » des Français, mais à « un an et demi de l’élection présidentielle », il n’est pas question de « renverser la table » et de « déstabiliser l’ensemble de la profession » avec une restriction de la liberté d’installation ou de l’accès au secteur 2. « Sinon ce sera la guerre », met en garde le gastro-entérologue.
Quatre dossiers urgents
De son côté, la CSMF appelle la nouvelle ministre à se pencher sur quatre « dossiers urgents » : la 4e année d’internat de médecine générale qui ne doit pas être une « contrainte », la solidarité territoriale qui doit rester sur la base du « volontariat », le blocage actuel de l’Optam et la « pertinence des soins qui doit devenir un pilier structurant de notre système, loin des logiques purement comptables ».
Une femme de courage qui a su affronter les résistances corporatistes
L’engagement de Stéphanie Rist en faveur de la montée en compétences des paramédicaux lui vaut en revanche un accueil très chaleureux des organisations infirmières. Lui adressant ses « plus sincères félicitations », l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa) a salué dans un communiqué une femme « de conviction », « de dialogue, de pragmatisme et de courage », qui a « a su, tout au long de son parcours parlementaire, faire évoluer en profondeur notre système de santé », en affrontant « les résistances corporatistes dans l’intérêt supérieur des patients et du service public de santé ». Le Syndicat national des infirmières et infirmiers (Sniil) a loué sa mobilisation en faveur de l’autonomie et de la reconnaissance des compétences infirmières. Cette organisation représentative des Idel rappelle à la nouvelle ministre que « plusieurs dossiers essentiels demeurent en attente, en particulier la publication des décrets d’application de la loi infirmière, qui doivent concrétiser la réforme engagée pour l’avenir de la profession ».
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Stéphanie Rist est également bien accueillie par le premier syndicat de pharmaciens. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a fait part de sa « confiance » envers cette députée qui a élargi leur rôle, leur permettant notamment « d’administrer les vaccins » ou réaliser certains tests de diagnostic.
Du côté des kinés, les attentes sont fortes. Pour la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes-rééducateurs (FFMKR), la nomination de Stéphanie Rist est « une nouvelle encourageante pour la profession, qui n’a malheureusement à ce jour, aucune perspective ». Alors que le report des revalorisations tarifaires prévues en juillet dernier a été vécu comme une « trahison », « les kinésithérapeutes n’accepteront pas d’être une nouvelle fois le « dommage collatéral » des dérapages budgétaires, alerte le président du syndicat, Sébastien Guérard. La FFMKR demande ainsi à être reçue « sans délai » par Stéphanie Rist « pour ouvrir des discussions sur des mesures urgentes »: « déclencher dès début 2026 les revalorisations prévues », « autoriser des compléments d’honoraires strictement encadrés » et « avancer sur l’accès direct, les rendez-vous de prévention et l’extension des produits prescriptibles ».
Dans un communiqué diffusé dans l’après-midi, Les Libéraux de santé, qui portent la voix de 10 organisations représentatives (dont la CSMF), appellent le nouveau Gouvernement à « s’engager fortement en faveur des soins de ville libéraux et à garantir le financement des accords suspendus au 1er juillet dernier et qui devront impérativement s’appliquer au 1er janvier 2026. Les négociations en cours devront, elles aussi, faire l’objet d’un financement fléché dans le prochain budget. » Pour les Libéraux de santé, « il est indispensable de continuer à investir dans la santé », notamment dans la prévention, la pertinence et « pour encourager les innovations thérapeutiques ».
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Rédactrice en chef web
*Je peux me regarder dans la glace tous les matins » : conspuée par ses pairs, la députée Stéphanie Rist se confie
En 2017, elle était une élue macroniste issue « de la société civile ». Aujourd’hui, elle est l’un des visages les plus connus de la majorité après les membres du Gouvernement. Budget de la Sécu, intérim médical, accès direct aux paramédicaux… la députée-rhumatologue est sur tous les fronts, faisant de la transformation du système de santé, son combat. Au risque de se heurter à ses pairs. Rapporteure générale de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, elle porte désormais le très controversé projet de réforme des retraites. Portrait.

Mardi 7 mars. Malgré un vent glacial, des centaines de milliers de Français foulent les rues de la capitale rejetant le projet présidentiel de réforme des retraites. Aux abords de l’Assemblée nationale, un dispositif de sécurité a été dépêché : quelques camionnettes de police encerclent le palais qui fait face à la Seine, boueuse. On entend au loin les contestataires qui ne s’approchent pas. Ce jour-là, c’est au Sénat que cela se joue. Les députés, qui ont déjà validé le texte en première lecture quelques jours plus tôt, sont quant à eux occupés par les traditionnelles questions au Gouvernement. Après avoir quitté l’hémicycle, Stéphanie Rist nous reçoit dans son bureau situé dans l’une des ailes moins empruntées du palais Bourbon. La lumière naturelle y est peu présente, les fenêtres basses bloquent leur entrée. Une tasse à la main, elle semble pressée. Il faut dire que la députée Renaissance de la 1ère circonscription du Loiret a de quoi faire.
En tant que rapporteure générale de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée, elle porte le projet de réforme des retraites contre lequel, dehors, les manifestants s’insurgent. « Je crois qu’il y a du monde », lâche-t-elle, presqu’impassible. Projetée sur le devant de la scène, elle est devenue en quelques semaines l’une des cibles privilégiées de ceux qui récusent la politique du Gouvernement. Régulièrement lynchée sur les réseaux sociaux. Le 13 mars, après le vote du Sénat, c’est une photo d’elle postée sur son compte Twitter qui a fait bondir les internautes. Deux jours avant la très attendue commission mixte paritaire (CMP)*, on la voit assise derrière un bureau du CHR d’Orléans, où la rhumatologue exerce encore tous les lundis matin. Il n’en fallait pas plus pour que la foudre s’abatte sur elle. On crie à « la mise en scène », à la manœuvre politique.
Parmi ses détracteurs, de nombreux médecins en colère. « Chère consœur, pour la photo du placement de produit réforme des retraites en pleine consultation, vous avez juste oublié de sortir la mine du stylo. Confraternellement », tacle une praticienne. « J’imagine la tête de vos confrères quand ils verront cette jolie mise en scène. Votre métier de député en est un, inutile de faire semblant de faire encore de la médecine pour les caméras, c’est désobligeant pour les autres », écrit une consœur. Ou encore : « Arrêtez ces singeries de politique et retournez vraiment sur le terrain, on a besoin de soignants. »
Veut-on encore une médecine libérale demain ?
Un mur bétonné s’est dressé entre les médecins – notamment libéraux – et la députée depuis qu’elle a proposé une loi visant à améliorer l’accès aux soins « par la confiance aux professionnels de santé », à l’automne, peu après le budget de la Sécu. Eux y voient plutôt de la défiance. Car Stéphanie Rist porte à bout de bras l’accès direct aux paramédicaux (IPA, kinés et orthophonistes). Une ligne rouge pour les syndicats de médecins, qui n’ont eu de cesse d’interpeller leur consœur, espérant une prise de conscience. En vain. « Je ne pense pas du tout contourner le médecin traitant avec cette proposition de loi. Je dis juste qu’il ne sera peut-être pas vu en premier mais restera au centre [du parcours] puisqu’il va être, d’une part, informé et, d’autre part, parce que les malades vont aller le voir dans un second temps », maintient-elle.
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La députée du Loiret – « un territoire vraiment en difficulté » – en est convaincue : pour prendre en charge la population vieillissante et atteinte de pathologies chroniques, il faut « libérer du temps médecin » en confiant davantage de tâches aux autres soignants. Une certitude qui l’habite depuis qu’elle est praticienne hospitalière et plus encore à partir du moment où elle a pris des fonctions administratives (d’abord cheffe de service puis cheffe de pôle, vice-présidente de CME ou encore responsable du GHT sur la partie projet médical). « J’ai eu la chance de travailler avec des infirmières dans mon service. On a travaillé très tôt sur l’éducation thérapeutique, mais aussi sur les protocoles de coopération. Très vite, on s’est rendu compte que c’était un moyen d’améliorer l’accès aux soins et, surtout, la qualité de prise en charge de nos malades. »
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Je remercie le Président de la République @EmmanuelMacron et le Premier ministre @SebLecornu pour leur confiance. C’est avec une profonde humilité et le sens des responsabilités que j’ai accepté cette mission, dans un ministère au coeur de l’humain. Et avec la volonté de construire des compromis solides, avec les parlementaires.
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Elue haut la main députée La République en Marche ! en 2017 alors qu’elle était quasi novice en la matière – puis réélue en juin 2022 sous l’étiquette Ensemble !, la mère de trois enfants a souhaité « poursuivre cet engagement » en politique avec un seul but : « améliorer l’accès aux soins ». « Ce que vous essayez de faire quand vous faites de la politique, c’est écouter les gens, leurs problèmes et essayer d’améliorer les problèmes. C’est pareil en médecine : vous faites un diagnostic, analyse la parlementaire au regard abyssal. Mais en politique, il y a moins de sciences qui vous disent exactement ce qu’il faut faire et quel est le bon traitement. » Une nuance essentielle. Portée par le devoir suprême d’avancer, Stéphanie Rist déplore une incompréhension envers sa PPL. Une occasion manquée, même. « La place de la médecine libérale, qui est un vrai sujet, est malheureusement un peu mise de côté par la caricature qu’on va faire une médecine à deux vitesses, animée par des infirmières qui auront fait trois semaines de stage’ », estime-t-elle, balayant du revers de la main la floppée de « fausses infos qui circulent ».
Pour elle, l’échec des négociations conventionnelles en dit long sur la crise identitaire que traverse la médecine libérale. « La question est : Veut-on encore une médecine libérale demain ? Moi, je suis une grande convaincue de sa nécessité. Ma loi devrait être un vrai levier pour avoir ce débat… » Elle marque un temps d’arrêt puis sourit : « Mais bon, je ne désespère pas. » Stéphanie Rist a d’ailleurs demandé à la présidente de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale de solliciter l’arbitre des négos, Annick Morel, pour que cette dernière présente les conclusions de son rapport. « Parce que je crois qu’il y a une vision politique à avoir sur la médecine libérale… »
« L’agence tout Rist doit fermer »
Engagés dans un bras de fer avec l’Assurance maladie et l’Etat, les médecins libéraux ne voient pas les choses sous le même angle. Ils étaient près de 10 000 (selon les syndicats) à se rendre dans les rues de Paris le 14 février dernier, date de l’examen de la PPL Rist par les sénateurs. Un cortège massif au sein duquel le nom de Rist raisonnait comme un affront. « L’agence tout Rist doit fermer », réclamait l’un des manifestants. « Rist, arrête le hors-piste », pouvait-on lire sur plusieurs pancartes. Ailleurs, le mot « traitre » est prononcé : une médecin qui veut faire sans les médecins ? La députée s’en défend une nouvelle fois. « Je crois qu’il y une place indispensable dans les années qui viennent pour le médecin libéral. Si on passe à côté de ça, du généraliste avec son expertise, dans un contexte de vieillissement de la population, on ne soignera pas correctement les gens. »

Si elle ne se dit pas « touchée » par cette animosité, la députée paraît toutefois quelque peu agacée dans son fauteuil en cuir noir, style Le Corbusier. « L’utilisation de ce terme ‘traitre’ montre que l’on touche à ce qu’on peut appeler de corporatisme. » Elle contredit les allégations selon lesquelles elle mènerait une petite « révolution », dictée par les hautes sphères du pouvoir avec qui elle entretient des liens étroits sur les sujets santé. Mais admet : sa proposition de loi – qui n’est autre que la suite du premier volet entré en vigueur en avril 2021 – « bouscule ». « Elle bouscule cette culture historique du monopole du médecin » construite « en confrontation avec l’Etat ». « Bien que ce dernier ait permis de garder ce monopole en arrêtant les officiers de santé », ajoute-t-elle dans sa lancée. L’Orléanaise pointe également une « hyper sélection élitiste », qui s’est érigée, selon elle, comme un barrage « aux transferts de compétences et au travail multidisciplinaire ». « Toute la société est construite sur le principe que pour avoir fait des études de médecine, il faut avoir eu un bac scientifique mention très bien. Ensuite, vous avez un concours très difficile à l’issue duquel on sélectionne encore les meilleurs… Vous sortez donc de vos études en vous disant que vous êtes le meilleur. »
A elle, on avait dit qu’elle n’arriverait pas à faire médecine, n’étant pas fille de médecins. Ses parents n’ont pas eu le baccalauréat. Elle s’engage malgré tout dans les études médicales en 1993 – un choix fait après avoir visionné à l’âge de 10 ans un reportage sur des enfants cambodgiens blessés en sautant sur des bombes. « Je m’étais dit que je leur remettrai des jambes… un truc d’enfant quoi. » Et entre à la faculté Necker (Paris V). Elle travaille la nuit et les week-ends à l’hôpital de Sèvres en maternité pour financer sa formation. Très vite, elle est plongée « dans ce milieu fermé ». « On a des études difficiles, centrées sur le malade, on n’a pas beaucoup de temps à l’ouverture ni à la culture, or c’est important je trouve. Aussi, nos études ne se font pas avec les autres professionnels de santé, c’est vraiment dommage… » Et les autres dans ce que la députée dépeint comme microcosme ? « Ils n’ont pas assez de QI pour faire ce que l’on fait », lui aurait dit un confrère dans le cadre de sa permanence. Ou encore : « On est les élites, vous n’avez rien à nous demander, on a des droits mais pas de devoirs », rapporte Stéphanie Rist, désapprobatrice. « Tout le monde ne pense évidemment pas comme ça », nuance-t-elle aussitôt. Mais ça l’a marquée. Des années après la faculté, en 2018, dans le cadre d’une mission sur la formation qui lui a été confiée en vue du projet Ma Santé 2022, elle suggéra d’ouvrir les études médicales, de construire des passerelles entre les formations en santé, de créer des internats « mélangés » où tous les soignants pourraient se côtoyer. « Il n’y a pas de raison pour que le métier de médecin soit le seul qui n’évolue pas », poursuit Stéphanie Rist.
Il ne faut pas avoir peur de ses convictions
Bosseuse, elle défend corps et âme ses convictions. « Je dirais quoi qu’il en coûte… » Car sa proposition de loi qui vise, entre autres, à instaurer l’accès direct « est difficile à porter ». « Presque plus que les retraites… », confie la parlementaire. « Ma fille a vu des affiches dans ma ville en se promenant sur lesquelles était écrit : ‘Rist tue’. C’est assez violent pour une enfant de 15 ans, même si elle ne le dit pas. On en discute. Je lui dis que c’est important d’avoir des convictions, qu’il ne faut pas en avoir peur. » Avec une pudeur certaine, elle ajoute : « Je peux me regarder dans la glace. » Elle répétera cette phrase à plusieurs reprises. « C’est important d’être en phase avec vous-même, de faire les choses honnêtement. Le reste passe… » Portée par cette idée « que nous ne sommes que de passage », elle semble passer au travers des menaces et critiques. Mais ne cache pas que lorsque « ça touche à la famille, c’est plus désagréable ». Son ex-mari, qui dirige une société d’informatique, s’est dernièrement retrouvé mêlé aux débats autour de la PPL Rist, certains internautes dénonçant un conflit d’intérêts. « Au moment du Covid, il a eu un projet de formation à la vaccination en e-learning pour les infirmières libérales, explique Stéphanie Rist. Ça n’a rien à voir avec les IPA qui, elles, ont une formation universitaire », répond-elle, agacée. « On embête des gens qui n’ont rien demandé ! »
Alors que sa proposition de loi doit être examinée fin mars en commission mixte paritaire, la députée ne veut pas se laisser atteindre ni être poussée à abandonner. « Je ne voudrais pas que ces difficultés entraînent une part de moi. C’est un peu un risque. Je n’ai pas envie que cela me rende aigrie. » « Mais pour l’instant ça va »,sourit-elle. « Je crois que c’est important de savoir d’où on vient et où on va », poursuit-elle, plus posément. « Et ne pas avoir d’ambition particulière. Ça aide beaucoup en politique. » Si certains la voyaient déjà ministre de la Santé en juillet dernier lors du remaniement, elle se montre désintéressée. « J’ai vraiment l’impression d’être utile à l’endroit où je suis. Si je peux être utile ailleurs, je le ferais, mais je ne me suis pas réveillée un matin en disant ‘je serai ministre de la Santé’. Je ne suis pas sûre que ce soit un cadeau d’ailleurs. La situation est telle… » « Je crois que ce n’est pas important la place, ajoute-t-elle encore, pointant l’urgence de la situation sanitaire dans le pays. L’important, c’est comment on y arrive ensemble. » « On est face à un tel défi qu’on devrait tous, avec nos divergences, aller dans un sens qui permette de soigner les gens demain. Le jour où je ne serai plus députée, je le ferai en tant médecin. »
C’est d’ailleurs pour être plus efficace que la rhumatologue s’est lancée en politique – « avoir une vision sur l’organisation du territoire, c’est aussi savoir soigner un malade », affirme-t-elle. Mais elle n’avait pas l’intention de lâcher son premier métier, celui de cœur. Si elle ne l’exerce plus qu’une demi-journée par semaine, ce temps lui est « indispensable ». « Ça me raccroche à ce que j’aime faire. » Depuis qu’elle a été nommée rapporteure générale de la commission des Affaires sociales, en juin 2022, elle passe le plus clair de son temps dans la capitale. Un rythme éreintant, « mais c’est un choix ». « Le lundi matin fait plaisir, encore plus quand vous faites de la politique. Les gens sont gentils avec leurs docteurs. » Le regard brillant, elle confie espérer que sa fille suive ses traces et emprunte le chemin de la médecine. « Je croise les doigts. » « C’est une chance de pouvoir être médecin, de se lever le matin en se disant qu’on va pouvoir être utile. Une chance que d’autres n’ont pas. » *Stéphanie Rist en faisait partie.
La biographie express :
1973 : naissance à Athis-Mons (Essonne)
1993 : débute ses études médicales
2014 : entre à l’IEP, suit le master gestion et politiques de santé
2017 : élue en juin députée de la 1ère circonscription du Loiret sous l’étiquette En Marche !
2019 : elle est nommée, en février, co-rapporteure du projet de loi « Ma Santé 2022 »
2022 : nommée rapporteure générale de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, juin de cette année-là
A la santé, Stéphanie Rist, une médecin ministre face au défi d’un budget sous tension
La rhumatologue de 52 ans succède au duo de Catherine Vautrin et Yannick Neuder au ministère de la santé. Elle va devoir, dans l’urgence, s’emparer du projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
Après un cardiologue engagé aux côtés des Républicains, c’est une rhumatologue de Renaissance qui prend les rênes du ministère de la santé : Stéphanie Rist, 52 ans, députée du Loiret, a fait son entrée au gouvernement en étant nommée, dimanche 12 octobre, en remplacement de Yannick Neuder. Cette médecin, qui a entamé sa carrière politique lors des élections législatives de 2017 sous l’étiquette macroniste, obtient un ministère de plein exercice, englobant la santé, les familles, l’autonomie et les personnes handicapées, quand son prédécesseur était, lui, sous la tutelle de Catherine Vautrin, ex-ministre de la santé et du travail (nouvellement nommée aux armées).
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Si le secteur de la santé s’est habitué à la valse des ministres – ils ont été huit durant le second quinquennat Macron –, le contexte de cette nomination est inédit. A peine installée, Stéphanie Rist n’aura que quelques heures avant de devoir plonger dans le bain budgétaire. Selon l’agenda initial, mis en avant par le premier ministre, Sébastien Lecornu, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale comme le projet de loi de finances devaient être présentés dans l’urgence en conseil des ministres, lundi 13 octobre, date butoir pour respecter les délais d’adoption pour 2026. Cette présentation devrait finalement intervenir mardi 14 octobre pour les deux textes.
La nouvelle ministre de la santé, bien identifiée par les acteurs du secteur, n’arrive pas en terre inconnue : pilier de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, elle a été rapporteuse générale du budget de la Sécurité sociale de 2022 à 2024. « J’ai pour objectif de faire tout ce que je peux pour obtenir des compromis », a-t-elle déclaré, dimanche, à La République du Centre.
Sur le front budgétaire, la ministre aura, avec d’autres, à traiter du dossier explosif des retraites, alors que le Parti socialiste exige la suspension « immédiate et complète » de la réforme de 2023, comme condition de sa non-censure. Depuis février, déjà, Stéphanie Rist coanimait au sein d’Ensemble pour la République, au Palais-Bourbon, le groupe de travail sur le sujet. Dans l’Hémicycle, elle a, pour sa part, toujours défendu le texte porté par Elisabeth Borne et Olivier Dussopt, adopté en 2023.
Déserts médicaux, crise de l’hôpital, santé mentale…
Autre chantier sensible : la ministre devra trancher à propos des pistes d’économies, très contestées, à réaliser dans les dépenses de santé, à l’heure où l’Assurance-maladie voit son déficit s’aggraver. Telle celle du doublement des franchises médicales, soit ces sommes restant à la charge des patients sur les boîtes de médicaments ou les consultations médicales, promis par l’ex-gouvernement Bayrou.
Dans le domaine de la santé, cette proche de Gabriel Attal a porté plusieurs lois très débattues : une sur le plafonnement des rémunérations des médecins intérimaires à l’hôpital, en 2021, une autre élargissant les compétences de plusieurs professions paramédicales, en 2023. Sur ce dernier texte, elle a dû engager un bras de fer avec les médecins libéraux.
Plus récemment, celle qui exerçait encore un jour par semaine au CHU d’Orléans a été l’autrice d’un rapport sur la prise en charge de la ménopause, rendu public au début de 2025. Elle avait été nommée en septembre secrétaire nationale « santé et prévention » au sein de son parti.
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De nombreux dossiers en souffrance attendent la nouvelle ministre, en premier lieu celui de la lutte contre les déserts médicaux. Entre le projet d’une mission de « solidarité territoriale » des médecins, jusqu’à deux jours par mois, qui peine à entrer en vigueur, et plusieurs propositions de loi en cours d’examen au Parlement sur le même sujet, le cap pour améliorer l’accès aux soins reste peu lisible. Opposée de longue date à toute contrainte frappant l’installation des médecins, Stéphanie Rist aura à le clarifier.
Sur le terrain, les alertes portent aussi sur la crise de l’hôpital, des urgences saturées à la psychiatrie sous tension, en cette année 2025 où la santé mentale a été érigée en grande cause nationale. Sans compter la promesse de légiférer sur l’aide à mourir, pour laquelle le calendrier parlementaire reste en suspens.
Camille Stromboni et Mattea Battaglia
Les ministres valsent, le système de santé continue de décliner
Communiqué de la Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité
Les ministres se succèdent à la santé tandis que l’hôpital et tout le système de santé agonisent ! Le changement de nom ne suffit pas : il faut des moyens, à commencer par annuler le projet de faire faire plus de 5 milliards d’économies sur le budget de l’Assurance Maladie. Nos hôpitaux n’en peuvent plus. Ils étaient déjà en difficulté. La circulaire de F. Bayrou au printemps, demandant aux ARS de leur serrer la vis, a encore aggravé la situation, favorisant la mise en place de plans de retour à l’équilibre financier (PRE), en fait des plans de suppressions de lits ou d’activité, de restrictions de personnels. Le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale 2026 doit donner aux hôpitaux les moyens de répondre aux besoins, de même qu’il doit arrêter de faire payer les malades avec les franchises. Et pas touche à l’AME.
La nouvelle ministre de la santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées, Stéphanie Rist, n’est pas une inconnue du monde de la santé. Elle s’est illustrée en faisant voter une loi voulant moraliser l’intérim médical. Il s’agit là en effet d’un fléau, entravant le développement d’équipes soignantes stables indispensables à la qualité des soins, et narguant les médecins hospitaliers titulaires par des salaires astronomiques. Mais sans aucune mesure d’accompagnement, sans augmenter le nombre de médecins formés, sans évolution vers une égalisation des revenus entre public et privé, cette loi a surtout mis de nombreux hôpitaux en difficulté, a justifié des fermetures de services, au prétexte du manque de médecins et a servi le secteur privé !
La Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de proximité rappelle ses exigences d’une loi de financement de la Sécurité Sociale répondant aux besoins et cela nécessite d’augmenter les recettes par les cotisations. Il est nécessaire d’inscrire dans le budget de l’État des crédits supplémentaires pour permettre aux universités de former plus de soignants. La Coordination défend le service public à l’hôpital et en ambulatoire avec un service public territorial de soins de premier recours autour des centres de santé, contre une financiarisation de la santé, pesant sur les finances publiques et les malades. Elle appelle à signer et à faire signer la pétition « La Sécurité Sociale, c’est vital ».
« La situation est trop grave » : Neuder refuse d’intégrer le nouveau Gouvernement Lecornu
Approché pour intégrer le nouveau Gouvernement de Sébastien Lecornu, Yannick Neuder a expliqué avoir refusé d’en faire partie. Les conditions ne sont pas « réunies pour prendre soins de la santé des Français et de nos soignants », a indiqué dimanche l’ancien ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins.
Par Chloé Subileau

Quelques heures avant la nomination de Stéphanie Rist à la Santé dimanche 12 octobre, l’ancien ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, Yannick Neuder, a annoncé sur ses réseaux sociaux avoir « refusé en conscience » d’intégrer le nouveau Gouvernement de Sébastien Lecornu.
Les conditions ne sont « pas réunies pour prendre soin de la santé des Français et de nos soignants« , a précisé le cardiologue de profession, resté dix mois au ministère. « Comme député de l’Isère, je serai un acteur vigilant des choix budgétaires à venir. »
« Il n’y a pas de ligne politique, pas d’accord gouvernemental. Si j’acceptais ce poste, ce serait juste pour moi mais là, ce n’est plus possible, la situation est trop grave« , a précisé Yannick Neuder, à nos confrères du Figaro, affirmant avoir pris cette décision « seul« . Le député LR à toutefois préciser ne pas vouloir « rajouter de la division à la division » au sein de son parti.
[avec Le Figaro]**
**«La situation est trop grave» : Yannick Neuder refuse de reprendre le ministère de la Santé
Par Emmanuel Galiero 13/10/2025

Selon le ministre démissionnaire, les conditions ne sont plus réunies pour accepter l’offre de participation de Sébastien Lecornu à rester au gouvernement.Passer la publicité
C’est un refus aux allures de coup de gueule. Yannick Neuder, ministre de la Santé démissionnaire, vient d’annoncer sur les réseaux sociaux son refus de participer au gouvernement Lecornu 2. Contacté par Le Figaro, l’élu confirme son intention de «ne pas rajouter de la division à la division» au sein de sa formation politique des Républicains. Le parti LR a décidé, samedi, un soutien sans participation au gouvernement mais sur fond de guerre naissante avec une partie des députés.
«Je ne suis pas là pour négocier un poste.»
Mais Yannick Neuder, passablement agacé par des incertitudes politiques qui n’ont que trop duré et peu convaincu par l’espérance de vie du nouveau gouvernement, ferme la porte à cette proposition de rejoindre le gouvernement, avec un certain soulagement. « Je ne suis pas là pour négocier un poste. On me l’a proposé mais les conditions ne sont pas réunies. Il n’y a pas de ligne politique, pas d’accord gouvernemental. Si j’acceptais ce poste, ce serait juste pour moi mais là, ce n’est plus possible, la situation est trop grave»
Affirmant avoir pris cette décision «seul» et en son «âme et conscience», le parlementaire Isérois, qui fut un soutien de Laurent Wauquiez lors de la campagne interne, entend «respecter la démocratie» au sein de son propre mouvement et rester «loyal» à l’égard du président du parti, Bruno Retailleau.
Plutôt partisan d’une poursuite des actions de la droite au sein du gouvernement, Yannick Neuder a constaté que les LR en ont décidé autrement samedi. Il ne voit pas comment il pourrait y avoir une suite avec le nouveau premier ministre, tout en estimant qu’il existe trop d’incertitudes, y compris sur les questions budgétaires liées à la Santé.
Le précédent Genevard
Le ministre démissionnaire croit-il que ce gouvernement puisse être condamné avant même de pouvoir exister ? «J’avoue que je n’y crois pas. On ne sait plus. Je dois dire aussi que tout cela dure depuis une semaine et j’ai envie de sortir de ce truc. À un moment, il faut savoir s’arrêter. Et tout le monde devrait retrouver son calme et sa respiration. Moi, je suis clair avec moi-même».
Yannick Neuder affirme n’avoir pas échangé avec sa collègue Annie Genevard, ministre de l’Agriculture démissionnaire que beaucoup annoncent présente dans le nouveau gouvernement. La présidente de la commission nationale d’investiture des LR est déjà critiquée en interne par les Jeunes LR, alors qu’elle n’a pas encore confirmé sa décision. Mais certains réclament déjà son exclusion. Le président des Jeunes LR, Théo An’Saadi, lui a lancé un message en réclamant le respect de la décision du bureau politique. «Annie, vous ne pouvez pas faire ça», a écrit le jeune cadre LR, en espérant déminer ce qui serait, à ses yeux, un «débauchage».